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Mafia
Année : 2002
Système : Windows, Playstation 2, Xbox
Développeur : Illusion Softworks
Éditeur : Take Two Interactive
Genre : Aventure / Action
Par IsKor (11 juillet 2011)

1938. Un homme entre dans un café, pose son borsalino et son pardessus sur le porte-manteau, et s'assied à la table de l'Inspecteur Norman. Cet homme se nomme Thomas Angelo, et travaille pour la famille Salieri depuis 8 ans maintenant.
Mais tout ça, c'est de l'histoire ancienne : Tommy veut raccrocher, et contre la protection de sa petite famille, il dira tout des activités illégales de la famille Salieri à l'Inspecteur.

Nous voilà projetés dans le passé, en 1930, alors que Tommy n'est encore qu'un simple taxi qui vivote. Un soir il est témoin d'une échaufourrée entre 2 voitures, et il est forcé de prendre deux malfrats dans son taxi pour leur sauver la vie : le jeu démarre alors sur les chapeaux de roue, Tommy doit semer ses poursuivants avec son taxi poussif !

Tommy est embarqué de force dans l'aventure.
S'ensuit une course poursuite démentielle... À 30km/h.

La toute première mission nous met aux commandes du taxi de Tommy, qui devra déposer des clients aux quatre coins de Lost Heaven, une manière de faire connaissance avec la cité qui s'étend sur quelques 12km². C'est lorsque Tommy se fait rosser par les hommes de Morello, le rival de Don Salieri, qu'il se rend compte qu'il devra travailler pour la famille Salieri s'il veut vivre. Chacun des membres de la famille possède un caractère bien trempé et colle à l'idée qu'on se fait des membres de la pègre : Don Salieri, calme mais implacable, Paulie la tête brûlée, Sam le colosse timide... Ces personnage centraux contribuent à l'immersion dans le jeu. La modélisation des personnages est très réussie, avec des textures superbes.

Lost Heaven est très vivante, assez étendue, et à la manière d'un GTA, des zones se débloqueront au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Techniquement, les textures sont convaincantes, toujours de bonne facture, l'architecture est variée, la ville est simplement fidèle à ce qu'étaient les cités américaines dans les années 30. Pour accentuer le réalisme, Lost Heaven est truffée de très nombreux piétons et voitures.
Pour soulager les PC d'alors, le jeu affichait un brouillard au fond de la zone de jeu... Aujourd'hui, il existe des patches pour que le jeu possède une distance d'affichage infinie très impressionnante, la puissance des cartes vidéo ayant considérablement augmenté.

Certaines missions vous mettront au volant de vrais bolides au comportement routier digne d'une savonnette.
Négociations dans un parking, Thomson à la main.

Mafia est souvent décrit comme un GTA dans les années 30. Lorsqu'on joue au jeu, on se rend compte qu'on est loin de l'aspect bac à sable d'un GTA : la ville est assez étendue, mais impossible de flâner dans les rues en allant voir de nombreux PNJ pour avoir des sous-quêtes, les quelques missions annexes consistant à aller voler un nouveau modèle de voiture.
Les missions constituent la colonne vertébrale du jeu : elles s'enchaînent sans temps morts et consistent la plupart du temps en des fusillades, assassinats, courses-poursuites, ou règlements de compte, certaines en temps limité. Elles sont également très scriptées et très linéaires.
Il est aussi très important de bien penser chaque mouvement, les sauvegardes automatiques se faisant lors de passages par des checkpoints avant ou après des passages difficiles. Certaines missions sont très délicates, comme celle où Tommy doit faire sauter le bureau du directeur de l'hôtel Corleone, qui se poursuit en escarmouche avec les policiers sur les toits pour finalement terminer en bain de sang dans l'église, ou encore la mission dans l'aéroport de Lost Heaven truffé d'hommes armés jusqu'aux dents. Le summum de la difficulté est atteint avec la très exigeante mission de la course automobile : il faut aller chercher une voiture de course pour la faire trafiquer, retourner au circuit en temps limité, pour aller courir cette course le lendemain ! Le comportement extrême des voitures de course des années 30 n'aide pas à gagner cette épreuve. Heureusement, le patch 1.1 introduit une sélection de difficulté en début de course, alors BIEN plus facile. Beaucoup de joueurs ont abandonné par dépit, car la course n'est que la quatrième mission du jeu !

Les négociations ayant échoué, on fait parler les pétoires !
Aucun lieu n'est épargné, même pas les lieux sacrés.

Au début de chaque boulot, Ralphie, un gars limité intellectuellement mais qui n'a pas son pareil pour ouvrir une voiture, vous proposera de crocheter un nouveau modèle de voiture : une bonne manière pour le joueur d'appréhender petit à petit le comportement très différent des quelques 60 modèles qui peuplent le jeu. Chaque véhicule est très bien rendu, et est fondé sur des vraies voitures d'époque. On commence dans une Bolt Ace (en fait une Ford T), pour terminer dans des carosses impressionnants, comme la Lassiter V16 (Cadillac V-16) ou la Ulv er Airstream (Chrysler Airflow). Certains modèles sont déclinés en plusieurs carrosseries : coupé, quatre portes, phaeton, cabriolet, et même utilitaires. La conduite diffère grandement d'une voiture à une autre, et mener une Bolt Ace au sommet d'une petite colline testera votre patience tant la voiture se traîne : il n'est pas rare de rouler à moins de 30 km/h en côte. Heureusement, des véhicules plus puissants arrivent rapidement.

Mission infiltration, très rafraîchissante.
Stoppez cette voiture, à tout prix ! Facile à dire, la voiture jaune est une grosse cylindrée...

Tous les véhicules peuvent être endommagés sous toutes les coutures : lors de crashs sérieux, on pourra voir les phares, pare-chocs ou rétroviseurs tomber, les vitres se casser et la carrosserie se déformer significativement. Il est aussi possible de crever les pneus ou de percer la réserve de carburant, très utile car le jeu gère la jauge d'essence : il est possible de tomber en panne sèche !
Vous pourrez apprécier l'admirable travail de modélisation des voitures dans l'Encyclopédie, disponible dans le menu principal.

Petite bouffe avec Don Salieri, chez Pepe.
Pour voler une voiture, il faut maintenir une touche tant que la jauge n'est pas remplie.

Tommy peut porter plusieurs armes sur lui, qui vont de la batte de baseball à la Thomson, en passant par le fusil à canon scié ou plusieurs revolvers. Vous pourrez également tirer depuis les voitures, très utile lorsqu'il faudra ralentir d'une voiture qu'on poursuit. À noter qu'à la différence des GTA, Tommy ne portera jamais de gilet pare-balles : son plus épais blindage est le costume qu'il porte, ce qui le rend très vulnérable. Une rafale de Thomson ou un tir de fusil à pompe peuvent tuer en un coup.
À chaque boulot, vous aurez à conduire sur de longues distances, et il vous faudra faire attention aux forces de police, qui peuvent être en voiture (signalées en bleu sur le radar) ou à pied. À chaque infraction, même minime (limitation de vitesse non respectée, accident, piéton renversé, matériel public détruit, feu rouge grillé), vous devrez absolument vous arrêter dans les plus brefs délais, et payer l'amende, sinon vous serez activement recherchés, et les voitures de police sont TRÈS puissantes. Si jamais les poulets vous voient marcher dans la rue arme au poing, c'est l'arrestation sans sommation.

Echaufourée sur les toits avec les forces de l'ordre.
La carte est disponible à tout moment. Tant que la touche TAB est pressée, elle apparaît en surimpression.

En plus du mode histoire, il existe deux autres modes de jeu, bien moins intéressants selon moi : les modes Circulation Libre et Circulation Utra Libre. Le premier est disponible sans avoir fini le jeu, mais des options vont se débloquer au fur et à mesure de l'avancée dans la campagne (ville plus grande, trafic plus dense, choix jour/nuit..). C'est simplement la ville de Lost Heaven mise à la disposition du joueur, vous pouvez cette fois-ci faire ce qu'il vous chante. Pour être autonome dans ce mode, il faudra gagner de l'argent, ce qui peut être fait en tuant les malfrats qui patrouillent en ville, semant les forces de Police, roulant très vite ou même en faisant un honnête boulot de taxi. Cet argent vous servira à vous armer et vous soigner, entre autres. Pour sauvegarder la progression, il suffira de vous rendre au bar de Don Salieri.

La plupart des textures de bâtiments sont superbes.
Après quelques collisions à vive allure, la carrosserie est déformée, et le moteur peine à faire avancer la voiture...

Le mode Circulation Ultra Libre n'est quand à lui disponible que lorsque le jeu est terminé. Il s'agit ici d'arpenter Lost Heaven pour trouver des personnes qui vous donneront des missions assez ardues, et vous récompenseront avec des prototypes sélectionnables dans le mode Circulation Libre. Ces prototypes sont des versions survitaminées de leur équivalent dans le jeu. Après un jeu très sérieux, les missions de ce mode sont rafraichissantes car totalement barrées: sauver une demoiselle en détresse avant qu'elle ne soit dévorée par un monstre marin, poursuivre un homme invisible, suivre un OVNI...

En mode Circulation Ultra Libre, il vous faudra trouver 19 bonshommes comme celui-là pour faire les missions et remporter les prototypes délirants.
Les nombreuses options du mode Circulation Libre, une foid le jeu terminé.

L'ambiance sonore est très réussie, assurément l'un des points forts du jeu : la bande sonore tout à fait dans le ton avec de très nombreux thèmes de l'immense Django Reinhardt, qui diffèrent à chaque quartier traversé, ainsi que quelques thèmes des Mills Brothers. Fait suffisamment rare pour être notifié, le doublage français est excellent, je le trouve même supérieur au doublage original (vous me verrez rarement écrire une chose pareille).

Là où des jeux comme GTA3 ou Vice City ont bénéficié de versions consoles ou PC presque identiques, les versions console de Mafia ont été bridées pour s'adapter aux processeurs plus lents des consoles. De plus, Illusion Softworks n'a pas été impliqué dans la conversion : il en résulte un Mafia amoindri, possédant des graphismes moins léchés, des textures affreuses, un aliasing significatif, plus aucun trafic routier, un framerate poussif, des contrôles mous, des déplacements lents et de nombreux bugs... Bref, vous l'aurez compris, les versions consoles sont à fuir.

Les quelques instructions du mode Circulation Libre.
L'Encyclopédie du jeu vous permettra d'admirer le travail de modélisation de chacun des modèles de voitures présents dans Mafia.

Mafia n'est pas exempt de défauts, mais l'ambiance incroyable, les personnages charismatiques, l'histoire prenante et les graphismes à tomber gomment tout le négatif. J'ai pour ma part découvert le soft par hasard. Dès le démarrage, ça a été un vrai coup de coeur, et il figure maintenant parmi mon top 10 des jeux PC. Un jeu à essayer absolument!

IsKor
(11 juillet 2011)
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