Oui, en complément de ce que je disais sur Thimbleweed Park: si en rejouant à Maniac Mansion et Day of the Tentacle qui m'ont impressionné, j'ai trouvé l'échec de Thimbleweed Park encore plus accablant, rejouer aux deux premier Monkey Island a adouci mon diagnostic... En fait, les soucis de Thimbleweed Park étaient déjà dans les deux premiers Monkey Island, donc si on aime toujours ces deux jeux, on aimera sans doute Thimbleweed Park.

En fait, je dirais même que Thimbleweed Park est globalement meilleur que les deux premiers Monkey Island même si son histoire est tout de même moins bien bouclée et sa qualité moins constante. Sur le fond, c'est bel et bien la même mentalité.

Lien vers le topic où je parle de mon (re)parcours des jeux SCUMM:

https://www.grospixels.com/phpBB/viewtopic.php?topic=10290&forum=3&cible=534459

Et Thimbleweed Park est effectivement très beau avec une bonne ambiance, ce qui rend son délitement d'autant plus frustrant. Comme je l'ai dit, je me retrouve totalement dans ce que Laurent disait sur Yooka-Laylee (je crois) en parlant d'insécurités et d'auto-dépréciation narcissique, ça laisse la même impression.

Sinon, je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de nouveaux point'n click sur Steam, mais trouver ce qui pourrait nous convenir dans cette jungle...

EDIT: d'accord avec ce que dit MTF sur ZEPLAYER sur la fin du jeu...

Je n'ai fait qu'une run de Thimbleweed Park et je te trouve quand même assez dur même si comme d'habitude tu étayes parfaitement ton propos et ton avis est plus que légitime.

Je suis par ailleurs tes conclusions aussi sur the return of MI sur un autre topic.

Je ne me souviens plus de TP mais j'avais adoré, trop heureux de retrouver le felling d'un Point & click à l'ancienne.

D'abord j'ai trouvé le jeu magnifique, les musiques géniales et vraiment cette atmosphère propre à la belle époque de lucasart.

Mais reste la fin très méta qui peut rebuter et décevoir, ce qui est mon cas pour la déception, mais ne me rebute pas. Je comprends l'envie de casser le 4ième mur mais comme tu dis cela n'a aujourd'hui plus rien d'original et au final ça reste quand même une paresse d'écriture.

Autre déception c'est qu'au final ce TP est resté une tentative unique de revenir au Point & click (bon il y a eu le dernier MI je l'avais oublié, mais ce n'est pas une nouvelle licence) pour ses auteurs, (en partie aussi du à la fin) alors que j'aurais bien aimé avoir ma dose régulièrement, là aussi comme à la belle époque.

Bref moi je le conseille vivement ce Thimbleweed Park.

Toujours à explorer les jeux qui traînent dans ma collection Steam depuis des années, je me suis attaqué aux point'n click: j'ai vite désinstallé The Darkside Detective qui est extrêmement léger en présentation, narration, puzzles et humour, et j'ai enchaîné avec Thimbleweed Park de Ron Gilbert, que j'ai joué jusqu'au bout.

Thimbleweed Park, c'est une histoire qui commence bien mais finit mal, m'évoquant irrésistiblement ce gag sur Internet:



Au départ, j'ai été très pris par l'ambiance, l'univers, les personnages, la technique, le mélange entre le retour à un style très rétro façon Maniac Mansion ou Zak McKracken and the Alien Mindbenders (la ligne graphique avec des grosses têtes et gros pixels mais en bien plus détaillé et ne respectant pas vraiment la grille de pixels ou les limitations de couleurs, ce que je n'aime pas habituellement mais ici je trouve que ça fonctionne bien, ou le retour à une interface "neuf verbes" mais avec un gameplay plus fluide)... les personnages sont forts et amusants, les références évidentes aux années 1980/1990 (Twin Peaks, X-files, les Simpson) sont claires mais le jeu semble trouver son propre ton...

Dans cette première phase, chaque fois que l'on commence à reprocher quelque chose au jeu, il se corrige tout de suite: dès qu'on trouve les déplacements trop longs ou qu'il devient difficile de se repérer, on débloque la faculté de se déplacer à partir d'une carte, dès que l'on est débordé par le nombre d'objets et de lieux, le jeu démarre des mini-épisodes clos qui limitent les possibilités et font avancer l'intrigue. J'ignore si c'était là au lancement, mais l'aide incorporée au jeu est excellente (sous forme d'un numéro de téléphone à appeler dans le jeu, qui donne des indices précis et surtout gradués), les fiches "to do" pour chaque personnage permettent de bien se repérer: tout en étant old school, le jeu semble plus dynamique que ceux de 1980/90.

Et puis au bout d'un moment, ça commence à patiner, des défauts initiaux deviennent envahissants. Le jeu démarre en étant beaucoup trop bavard, avec de très longs dialogues redondants, ce que l'on pardonne au départ car on pense que ça pose les personnages et le cadre, mais ça dure et dure... Les auteurs semblent aussi prendre plaisir à "troller" le joueur en accentuant de vieux défauts: on est inondés d'objets qui ne servent à rien et encombrent notre inventaire, le jeu se moque du "pixel hunting" en proposant une collecte littérale de pixels, des tas de chemins sont inutilement longs et tortueux (des sentiers, monter en ascenseur, les égouts), des gags de répétition tirent sur la corde... on commence à s'impatienter car il n'y a pas de narration qui semble se dégager de tout ça. En plus, il y a les références: "vous avez vu, c'est la même composition de frigo que Maniac Mansion", "vous avez vu, c'est la même horloge/salle que dans Maniac Mansion", "vous avez vu, il y a une tronçonneuse dont on peut enfin se servir, contrairement à Maniac Mansion" - oui, OUI, ON A COMPRIS. Il faut ajouter à ça toutes les blagues "méta" explicites, le petit festival nerd à la fin auto-référentiel, etc. qui font que l'on a petit à petit plus l'impression de jouer à un commentaire nombriliste qu'à un jeu.

Quand j'ai démarré le jeu, comme d'habitude je regarde les options en premier lieu, et il y avait une case "blagues internes agaçantes" désactivée. Je l'ai activée puisque j'ai connu l'époque et le contexte, mais à posteriori, je me demande bien ce qui se passe si on joue en décochant: le jeu se désinstalle? TOUT tourne en réalité autour du commentaire, avec des références qui font comme si l'on avait joué à ces jeux avant-hier (j'ai gagné Maniac Mansion avec toutes les fins possibles sur Amiga de ma propre initiative sans aide extérieure et j'ai eu un plaisir incroyable à le faire, mais pourtant j'avais loupé plein de références dans Thimbleweed Park avant de relancer Maniac Mansion pour comparaison - ils s'attendent à quoi, à ce que l'on se souvienne de la composition exacte du frigo trente ans après)?

Et puis, au lieu de se consolider et amalgamer ses éléments en un tout cohérent, le jeu se délite: des éléments d'intrigue sont abandonnés, les cinq personnages que l'on dirige semblent avoir de moins en moins à voir avec le reste (le clown n'a absolument rien à voir avec rien, c'est presque aussi le cas des agents du FBI, les fantômes ne sont connectés à rien), etc. alors que les puzzles semblent de plus en plus gratuits, avec parfois des connections hasardeuses. Et puis, on trouve certains éléments narratifs, on se dit: "Oh non, ils ne vont pas faire ça?!" et trois plombes après, on se rend compte que si, ils font exactement "ça", un royal "ON S'EN FOUT, LOL" qui a l'air d'une énième provocation.

Ce jeu m'a rappelé certains commentaires que j'ai lus sur Yooka-Laylee: les types semble à la fois incapables d'arrêter de parler du passé et de construire quelque chose de nouveau alors qu'ils passent leur temps à se MOQUER du passé et faire tourner le joueur en bourrique façon: "c'est drôle parce que c'est nul, haha"! Bon sang, mais si le passé est de la merde, alors faites autre chose, et si c'était bien, alors mettez en avant ses qualités sous un nouvel angle sans dauber dessus de façon pseudo "spirituelle"! C'est très bizarre, on a l'impression de se retrouver pris en otage dans un monologue de psychothérapie amour/haine où les gars ressassent, c'est très déplaisant et on se sent en réalité comme un intrus. Pourquoi nous faire perdre autant de temps dans de longs dialogues répétitifs au début du jeu si tout cela ne rime à rien et ne mène à rien? On se croirait dans ces (nombreuses) séries TV qui jouent la montre en se perdant dans de longues sous-intrigues bavardes, et on tolère ça car on espère que ça mène quelque part, et puis ça finit en pétard mouillé car en réalité les auteurs ne savent pas ce qu'ils font et improvisent jusqu'à ce que leur mécano s'écroule sur eux.

Dans la foulée, juste après avoir désinstallé cette *beep*, j'ai lancé Day of the Tentacle Remastered qui dort depuis des années sur mon disque dur, et j'ai donc progressé dans Day of the Tentacle et même Maniac Mansion, et c'est le jour et la nuit: pas de gras, on va tout de suite dans le vif, les lieux sont hyper denses, les gags sont concis et surprenants en arrivant vite et partant vite, etc.

Quelle catastrophe.

Il faut dire qu'ayant grandi avec l'Apple II, je suis historiquement de l'école Sierra et de son interface point'n click qui finira par donner son nom au genre. J'aime aussi énormément les jeux LucasArts, bien sûr, mais je n'ai pas développé un rapport affectif aussi profond envers eux que pour la plupart des autres joueurs ici. Et même si j'ai évidemment adoré Day of the Tentacle, Monkey Island, et les autres, mon intérêt pour LucasArts n'a réellement explosé qu'après l'abandon de cette fameuse interface 9 verbes (Full Throttle et Grim Fandango comptent parmi mes jeux d'aventure favoris)...

C'est plus joli comme ça, merci MTF !

Merci de l'info Seb, j'étais passé à côté du post de Goycoechea et je n'avais pas fait de recherches. J'ai fondu les topics entre eux, cela rendra la lecture du post original plus agréable.

De mon coté, j'ai beaucoup trop de jeux en cours / en retard pour l'attaquer de suite, mais il est quand même dans mes "top priorités". Contrairement à JC, je suis très heureux de retrouver cette interface. D'un part par nostalgie (c'est grâce à elle, et à Zak Mc Kracken que j'ai appris l'anglais), et d'autre part parce qu'elle permet des énigmes et (surtout) des gags qui ne sont plus possibles avec une interface simplifiée. Je suis curieux de voir si Ron Gilbert et ses potes sauront autant me faire rire qu'à l'époque de Monkey Island.

Thimbleweed Park est évidemment dans ma shopping-list, mais avec tous les jeux d'aventure que j'ai déjà en stock, je ne pense pas y jouer avant un bon bout de temps... En fait, je ne suis pas spécialement nostalgique de la célèbre interface à neuf verbes de tonton Lucas, et à choisir, je suis plus intéressé par l'idée de me refaire une petite session de Full Throttle, remastérisé récemment ^^.

Ce que je peux te conseiller Bonaf, et que je conseille à ceux qui me répondent la même chose, c'est qu'il n'y a aucune honte à terminer ce genre de jeu avec un guide sur les genoux. On peut essayer de trouver la solution et si jamais celle-ci est inaccessible, on regarde ce qui nous manque et on poursuit L'intérêt de TP aussi, c'est que la résolution d'énigmes s'appuie sur celle de "micro-puzzles" que l'on peut faire dans l'ordre qu'on le désire, parfois bien avant le moment où on en aura besoin. Comme on a de plus un carnet de notes dans lequel sont listés tous ces objectifs intermédiaires, il est difficile de se sentir véritablement bloqué car l'on peut toujours réfléchir à un autre problème avant de revenir - souvent sous le coup d'une épiphanie - à l'endroit où on peinait.

Aussi, si le mode "hard" est sans doute le meilleur, le mode "easy" est une bonne entrée : on a globalement la même histoire mais beaucoup d'énigmes sont simplifiées (trois lieux sont même totalement absents), et cela donne une idée assez claire de la direction du jeu.

Oui, mais hélas je n'ai plus la même patience qu'avant, du coup quand tu dis " il m'a fallu plusieurs nuits blanches pour terminer le mode "hard" - en réalité, le seul et vrai mode du jeu -", ça fait vraiment office de repoussoir en ce qui me concerne.