(quelques grammes de finesse dans un monde de 3 -- OK, je sors, dans quelques centaines de caractères)
Ces deux dernières semaines, je n'ai pas touché à ma X-Boîte. Tout d'abord parce que j'avais du boulot, et ensuite (surtout?) parce qu'il y a deux semaines, je suis allé faire un tour à Micromania, armé de mon fidèle portefeuille et d'un bon de réduc', pour acheter .hack//Infection, le premier volume du "simulateur de mec qui joue à un MMORPG" de Bandai (publié en France par Atari). A ce propos, respectons une ligne de silence à la mémoire des pauvres marketeux qui ont été chargés de répondre à la question "Expliquez ce qu'est .hack en moins de 30 mots".
[Mute City]
Voilà. Comme je l'ai déjà plus ou moins laissé entendre (cassons le suspense), c'est de la bombe, mais avant tout des explications s'imposent. Parce que mine de rien, .hack, c'est un projet assez immense. Ou du moins complexe. .hack (prononcer "Dot Hack"), c'est:
- Deux séries TV
- Quatre jeux
- Un OAV de 4 épisodes
- Un manga
- Du papier cul, des tampons hygiéniques et des capotes furent initialement prévus, mais des problèmes de logistique ont contraint Bandai à abandonner l'idée.
Jusqu'ici rien d'exceptionnel, sauf que tout était prévu dès le départ. .hack n'est ni un JV dont on a tiré des animes, ni un anime dont on a tiré des JV. Les séries, les jeux, les OAV et le manga forment un tout, une sorte de méta-histoire composée de plusieurs histoires. J'y reviens dans quelques paragraphes.
Aux commandes du projet, on trouve Yoshiyuki Sadamoto (chara designer; il a notamment bossé sur Evangelion, Nadia et FLCL), Kazunori Ito (scénariste, collaborateur de Oshii sur les scénars des films Ghost in the Shell et Patlabor) et Koichi Mashimo (directeur de l'animation; a entre autres bossé sur la très bonne série Noir). Bref, du beau monde.
The World est un MMORPG d'Heroic Fantasy, quotidiennement pratiqué par environ 20 millions d'adeptes. Vous n'en avez jamais entendu parler? C'est normal, il n'existe pas encore (dommage): l'histoire se passe en 2010. Vous allez voir le coup de génie.
Tout commence avec la série TV .hack//Sign, qui est si on veut le (gros) prologue de la méta-histoire. Elle se passe presque entièrement dans The World, et raconte les aventures de Tsukasa, un personnage/joueur pris au piège dans l'univers du jeu. Non pas qu'il soit accro, non: il ne sait ni pourquoi, ni comment, mais il est
dans le jeu.
C'est dans l'ensemble une assez bonne série, avec des personnages intéressants, un bon scénar, un graphisme agréable et (point très important pour moi) une bande-son absolument magnifique, composée par Yuki Kajiura (dont j'avais déjà adoré le travail sur Noir). Elle passe actuellement sur Game One (en VF, hélas) et mérite amplement qu'on la regarde. Attention cependant: quand on arrive à la fin, on est pris dans l'ambiance et on a
vraiment envie de se taper les jeux. (note: j'ai regardé l'intégrale de la série pendant les dernières vacances)
Justement, les jeux. Il y en a 4: .hack//Infection, .hack//Mutation, .hack//Outbreak et .hack//Quarantine. C'est dans ces jeux que le gros de l'histoire se passe, et si on veut définir une pierre angulaire au projet .hack, ce sont eux.
6 mois après les événements décrits dans .hack//Sign. On incarne un étudiant de 14 ans qui vient de se mettre à The World. Autrement dit, on n'incarne pas un personnage de MMORPG mais le joueur qui incarne ce personnage. La distinction est très importante: en effet, quand on lance le jeu (.hack), on se retrouve en 2010, devant le bureau de l'ordinateur du personnage. De là, on peut lire les news, consulter ses e-mails, changer le fond d'écran si ça nous amuse, et lancer The World pour se retrouver devant la page de présentation du jeu (The World, pas .hack) où l'on peut lire les forums et (cette fois c'est bon) lancer le jeu (The World).
Loin d'être un simple gadget pour mettre l'ambiance, cette dualité est essentielle: en effet pendant qu'on joue à The World, des choses se passent dans le monde réel (enfin, celui du jeu), et inversement. On peut être contacté par e-mail à propos d'événements qui se passent dans le jeu, par exemple par d'autres joueurs (de The World, mais qui sont des NPC de .hack). D'ailleurs, tout le monde (dans .hack) ne passant pas sa vie à jouer (à The World), vous ne pourrez pas toujours compter sur n'importe qui n'importe quand.
Il est important de noter que contrairement à
Phantasy Star Online qui est un MMORPG pouvant se jouer en solo, .hack n'est en aucun cas multijoueur. C'est The World, le MMORPG, pas .hack: connecter votre PS2 à Internet ne vous servira à rien.
En pratique, .hack est donc un RPG (pas MMO), un dungeon-RPG avec combats en temps réel, pour être précis. Et qui dit RPG dit scénario, surtout avec un concept de base aussi prometteur et original que celui que je viens de vous expliquer.
Vous démarrez donc le jeu (.hack) face à l'écran de login, prêt à entrer dans le jeu (The World) sous l'identité de votre personnage, Kite. Vous êtes accueilli par Orca, le personnage de votre ami et camarade de classe Yasuhiko. Orca (ainsi que son coéquipier Balmung) est une célébrité dans The World (Orca et Balmung étaient d'ailleurs mentionnés à plusieurs reprises dans .hack//Sign, et des personnages de la série interviennent dans le jeu, ce qui est somme toute logique). Accessoirement, il va vous expliquer comment on joue, faisant office de tutoriel. Détail amusant, il est conscient du fait que les tutoriaux sont chiants, et vous le fait remarquer à plusieurs reprises ("Tu dois commencer à en avoir marre, non? Courage, j'ai presque fini").
Orca vous escorte donc pour votre première excursion dans The World, et votre premier donjon. C'est censé être une promenade de santé...
...Mais au fond du donjon, vous apercevez une mystérieuse fille en blanc (celle qu'on voit sur la jaquette de .hack//Infection -- et accessoirement un personnage important de .hack//Sign) poursuivie par une étrange et visiblement belliqueuse créature (apparue, d'ailleurs, à la fin de .hack//Sign). Tandis que vous (de .hack) vous demandez ce que c'est que ce bug, Orca s'interpose. La fille lui donne un livre étrange. Il attaque le monstre. Aucune de ses attaques ne passe, et soudain le monstre riposte avec une attaque aux effets graphiques très Rez-iens. Orca meurt. Le livre échoue à Kite. Votre ordinateur crashe (celui du jeu, hein, votre PS2 fonctionne encore très bien -- pensez Psycho Mantis)... Et Yasuhiko (le joueur d'Orca) s'effondre devant sa machine, dans le coma... Et je ne vais pas plus vous en dire sur le scénar parce que ce serait vous gâcher le plaisir. ^^
Là, vous devez commencer à comprendre les raisons de la ligne de silence au début de ce post. Y'a eu des morts chez Bandai.
J'ai décidé d'attendre de terminer .hack//Infection (ce que j'ai fait il y a 2 jours) avant d'écrire ce post, parce que mon avis dépendrait largement de la fin. En effet, si le concept de base de .hack est plus que prometteur, une donnée importante est qu'on va se retrouver au final à payer 240 euros à Bandai pour un seul jeu divisé en 4. La grande question que je me suis donc posée tout au long de ce volume 1 fut donc, "Est-ce du foutage de gueule?". Autrement dit, en ai-je vraiment pour mes 60 euros (OK, 50, vive le bon de réduc) avec seulement un quart du jeu? Est-ce suffisant pour me faire acheter la suite?
Alors, voici les faits. Dans les RPG, j'ai une sale tendance à être extrêmement dépendant du scénario. Comprenez par là que j'ai toujours envie de savoir ce qui se passera ensuite, très vite. Même quand je sais que tout est scripté et que de toute façon tout m'attendra parce que je suis le héros, mon esprit rationnel n'arrive pas à prendre la décision d'aller élever des poulets pendant un mois alors que la fin du monde est imminente et qu'il faut que j'y fasse quelque chose. Comprenez par là qu'il m'arrive assez rarement de parcourir le monde dans tous les sens à la recherche de la moindre quête annexe.
Prenant cette donnée en compte, il m'a fallu une vingtaine d'heures pour venir à bout de la trame scénaristique principale de .hack//Infection (autrement dit, de la séquence d'intro au "To Be Continued" de la fin). Cela me paraît honnête, sachant qu'une fois ladite trame scénaristique principale terminée on est libre de continuer à jouer et qu'on débloque une quête secondaire.
Ca n'a l'air de rien, mais c'est une excellente idée. Sans entrer dans les détails, The World fonctionne sur un système de zones (contenant chacune un donjon), générées semi-aléatoirement à partir de 3 mots-clés. Sachant que les chaque mot-clé peut être choisi parmi une vingtaine, et qu'une même combinaison donne un résultat différent sur un autre serveur (il y a 8 serveurs au total, dont 2 sont accessibles dans Infection) cela fait un total théorique de plus de 15000 zones différentes à explorer. Si vous aimez taper sur des monstres, il y a de quoi vous occuper pendant de longues heures.
Du point de vue technique, c'est moyen. .hack a mis deux ans pour arriver en France, et ça se sent. Si les modèles de personnages sont soignés (et le chara design très bon) et les effets spéciaux varient du moyen au joli (certains FX font vraiment très
Rez, d'ailleurs -- ceux utilisés lors d'opérations pas très, euh, légales dans The World), les décors sont... Moches. Esthétiquement, ils sont souvent réussis (très jolis ou franchement glauques -- certains donjons donnent l'impression qu'on se balade dans les entrailles d'un organisme, yuck), mais techniquement, c'est vraiment pas ça. Le polycount est faible, les textures floues et la distance d'affichage pas extraordinaire (ceci dit, on est encore loin de
Turok). Et en plus, le jeu est en 50Hz (optimisé).
Bah oui, mais voilà, le gameplay est fun (même si le système manque de profondeur), l'interface très intuitive, la bande-son se laisse écouter, l'ambiance est bonne, les persos charismatiques et surtout le scénar est béton.
Donc non, à mon avis ce n'est pas du foutage de gueule. Je me suis amusé, je suis pris dans l'ambiance et je veux connaître la suite de l'histoire, donc j'achèterai les suivants. Mutation sort le 18 Juin (3 mois entre chaque sortie, Infection étant sorti en Avril), ils ont déjà un client.
Bon, je vais rendre l'antenne pour le moment, y'en a vraiment trop à dire. Juste deux choses: Tout d'abord, sachez qu'avec chaque jeu est offert un épisode (45 minutes) de l'OAV, .hack//Liminality, qui se passe en même temps que les jeux et suit Mai Minase, une fille qui enquête (dans le "monde réel") sur ce qui est arrivé à son petit ami Kasumi, tombé lui aussi dans le coma alors qu'il jouait à The World. En achetant les 4 jeux on a donc l'OAV complet. Sympa. J'ai vu le premier, et ça se laisse regarder. Pris indépendamment du reste ça n'a pas un grand intérêt, mais ça renforce grandement l'immersion dans l'univers de .hack: à la manière des bons romans de Tom Clancy, on suit les histoires de plusieurs personnes, en parallèle, qui convergent et s'entrecroisent sans jamais totalement fusionner. Une méta-histoire, donc, et moi j'adore ça.
Ensuite, j'avais lu sur Gamespy et consorts que le jeu proposait des textes en 5 langues et des voix en Anglais et Japonais sur le même disque. C'est donc avec un sourire d'une oreille à l'autre que j'ai inséré le disque dans ma console. Vous me connaissez, je suis un fan de la VO, et le fait que le manuel soit imprimé dans le sens de lecture d'un manga n'a fait que me rendre plus heureux.
Et là, c'est le drame. Dans la version PAL (et
uniquement dans la version PAL) d'Infection, pour avoir accès à la piste-son Japonaise, il faut terminer le jeu! Un grand bravo à Infotari, champion du monde de jemetiredanslepied.
Il faut cependant admettre que les voix Anglaises sont de bonne qualité, mais quand même... Reste à espérer qu'il n'en sera pas de même dans les trois autres jeux, ou au moins qu'avoir terminé Infection permettra de débloquer la VO sur Mutation et ainsi de suite... *sigh*
Allez hop, à vous. Quelqu'un d'autre y a joué? Vous ai-je donné envie d'y jouer? Connaissez vous .hack//Sign? Des détails à ajouter? Des questions?
Suis-je en train de m'époumoner dans le vent?
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https://twitter.com/MaxNoelBass
https://www.youtube.com/c/TheTiberianSons
Posté le: 2004-05-13 23:30
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