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Index du Forum » » Discussions & Débats » » Le jeu vidéo comme arme de propagande
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Auteur Le jeu vidéo comme arme de propagande
tony[jeuxcity]
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Inscrit : Apr 15, 2002
Messages : 480
De : hum

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Posté le: 2003-12-06 15:40
Manuel : considérer ce débat social comme une mode s'apparente à nier que toute idée de changement est possible.

Et si les jeux étaient présentés par les médias et la presse spécialisée comme tu le souhaite, peut-être qu'on se poserait justement les vraies questions et on ne se réduirait pas à des accusations "psychologisantes" dont personne n'a la réponse (genre : les avis des psys sur les effets des jeux "violents" sont opposés ...).

En plus, ce questionnement est souvent le fait d'une morale bien pensante. Genre : on va s'attaquer à GTA 3 parce qu'il propose un schéma symboliquement déviant sous couvert d'arguments quant à sa violence "physique".

Aussi, ceux qui dénoncent le caractère violent de GTA 3 sont moins prompts à fustiger l'évolutionnisme américano-centré de Civilization ainsi que la vision "historique" quasi-génocidaire d'American Conquest et enfin le manichéisme plombant des Rainbow 6 qui passent forcément mieux.

D'un point de vue personnel, je trouve plus gênant de larguer une bombe atomique sur une ville de 5 millions d'habitants dans une quasi-impunité dans Call to Power que de voler des bagnoles et d'être poursuivi par les flics dans GTA.
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kitano
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De : Nancy

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Posté le: 2003-12-06 16:31
Je pense qu'une personne analysant une oeuvre y verra parfois plus ou du moins autre chose que les intentions de départ des auteurs.

C'est certainement d'autant plus vrai dans le cas d'un jeu vidéo où des créateurs pensent avant tout au gameplay et à une ambiance qu'ils espèrent fun. Autant un essai traite par essence un sujet en émettant des hypothèses et en donnant des arguments sans prétendre l'épuiser, autant un jeu vidéo peut se baser sur un tout autre cahier des charges : possibilités d'interaction, graphisme, musique, moteur physique, et scénario "cohérent" pour lier le tout. Bien sûr, le cas des jeux de stratégie est différent, puisque dans certains cas il y a forcément une recherche historique, mais au fond de moi, j'ose imaginer un brainstorming chez un développeur :"et si on proposait une option bombe atomique ?" "ah ouais, excellent !" Je simplifie à outrance, mais les personnes travaillant dans cette industrie étant parfois des joueurs avant tout, je me dis que, peut-être, de tels principes ne se basent au départ non pas sur une réflexion idéologique mais sur une réflexion ludique. Comme le mouton explosif dans Worms, c'est rigolo, ce n'est pas une métaphore cynique des commandos kamikazes.


Je comprends bien que les analyses se basent avant tout sur le phénomène de réception, mais c'est également une limite. Ne pas s'intéresser explicitement aux intentions des auteurs, c'est aussi favoriser un développement en corrélation avec sa propre idéologie.

Pour m'adresser directement à Tony, sur ce sujet "jeu vidéo et idéologie" n'as-tu pas l'impression de nous vendre avant tout une idéologie à laquelle tu te rattaches en te servant du contenu des jeux vidéo comme autant d'arguments dénonçant ce que tu considères comme étant les travers d'une société ? Autrement dit et sans agressivité aucune, ne fais-tu pas dire à des jeux vidéo qui ne peuvent ni "se défendre", ni te répondre ce qui sert à ton discours ?


Je m'adresse à toi ca tes réactions sont très intéressantes dans ce topic mais c'est une question ouverte.

Cerebus
Gros pixel



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Messages : 1408

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Posté le: 2003-12-06 17:45
Le problème Tony c'est que tu fais une lecture sociologique que tu plaques sur GTA. Autant on peut démontrer qu'un jeu comme Civilization est centré sur une représentation unique du progrès (l'industrialisation marchande), autant ça me paraît beaucoup plus hasardeux comme analyse concernant GTA. Je crois qu'il faut distinguer le jeu en lui-même et le bruit un peu déraisonnable qui l'entoure que ce soit dans les médias ou sur le net.

GTA propose tout de même une narration linéaire et n'a rien de révolutionnaire dans son approche du jeu. C'est un jeu intéressant, oui. Un peu rock'n'roll, certes. Mais moins que Duke Nukem 3d. Qui laisse une certaine liberté, certes, mais surtout à cause d'un moteur 3 d qui permet d'offrir un terrain assez vaste. Je ne vois pas comment tu vas montrer que ce jeu est subversif JUSTE parce qu'on joue un méchant. Ca fait vendre du papier dans les médias, mais ce n'est qu'un épiphénomène qui n'a rien à voir avec le jeu ou presque.

Kitano, ce n'est pas forcément mal de voir plus que les intentions de l'auteur; ce qui est dangereux c'est de mélanger sa propre interprétation avec ces intentions, enfin c'est de ne pas savoir de quel point de vue on se place. L'intérêt de la critique c'est de clarifier, de mettre à jour soit des potentialités soit des non-dits de l'oeuvre. Si l'on devait se commenter de voir ce qu'a fait l'artiste, il y aurait longtemps qu'on aurait arrêté la critique d'art. Sans rentrer dans le débat de la nature de l'art etc.

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kitano
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Inscrit : Mar 06, 2002
Messages : 2251
De : Nancy

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Posté le: 2003-12-06 19:36
"Kitano, ce n'est pas forcément mal de voir plus que les intentions de l'auteur; ce qui est dangereux c'est de mélanger sa propre interprétation avec ces intentions, enfin c'est de ne pas savoir de quel point de vue on se place. L'intérêt de la critique c'est de clarifier, de mettre à jour soit des potentialités soit des non-dits de l'oeuvre. Si l'on devait se commenter de voir ce qu'a fait l'artiste, il y aurait longtemps qu'on aurait arrêté la critique d'art. Sans rentrer dans le débat de la nature de l'art etc."

Je ne dis pas le contraire. Désolé ne pas faire référence à Baudrillard ou à Bourdieu, mais l'exemple de ce soir sera Starship Troopers de Verhoeven. A sa sortie, nombre de critiques ont dit que Starship Troopers était un film fasciste et que le réalisateur l'était donc aussi. Faut-il occulter le point de vue de Verhoeven qui déclare pourtant que le propos du film est à l'opposé et qu'il s'agit d'un pamphlet ? On pourra tenir une analyse visiblement pertinente et documentée amenant à penser que Starship Troopers est un film fasciste, mais ce serait occulter le seul non-dit qui transpire pourtant de chaque exubérance narrative, diégétique et plastique de ce film. La dénonciation se découvre dans son outrance et son cynisme formel et ce serait occulter tout simplement les intentions (pourtant limpides auprès d'un grand nombre de spectateurs) du réalisateur.

Voir plus (loin) que les intentions de l'auteur, je conçois que cela fasse parti de la critique, de l'analyse et de la réflexion, y voir quelque chose de différent n'est pas non plus saugrenu dans la mesure où le mécanisme de réception de chacun dépendra aussi de notre culture, idéologie, humeur et autre, mais par rapport au jeu vidéo, oeuvre peut-être plus collective encore dans son processus de création qu'un film, il me semble raisonné de mettre de l'eau dans son vin. Bien sûr, le jeu vidéo est parfois un miroir reflétant inconsciemment ou non les principes fondateurs de notre société actuelle. Mais une fois de plus, si analyse il doit y avoir, peut-être faut-il accorder un peu d'intérêt aux intentions des créateurs et aux perceptions des autres joueurs ?

Si la majorité des joueurs considèrent GTA3 simplement comme un jeu marrant, rock n roll et le disent en quelques mots : "c'est marrant, c'est rock roll, ça me défoule", tandis quelques personnes vont en faire une lecture plus approfondie et sociologique (dont je ne conteste aucunement l'intérêt, bien au contraire), autant pour les premiers je peux admettre qu'ils ne se soucient pas une seule seconde des intentions des têtes pensantes de Rockstar, autant dans le second cas, il me paraît important non seulement de s'intéresser aux intentions des "réalisateurs" mais aussi et surtout de la réception auprès des autres joueurs et de leur point de vue (aspect auquel tu sembles d'ailleurs très attaché Tony). Autrement, le risque est de faire une lecture par trop personnelle d'un jeu visant à y extraire des éléments corroborant sa propre démonstration.

Mais j'entends bien que le débat social dont il est question vise à montrer qu'il existe une idéologie dominante (et une sorte de contre pouvoir souvent plus opportuniste d'ailleurs) dans les jeux vidéo. Là où je tique simplement, c'est quand il s'agit de montrer que cette idéologie est présente de telle manière dans tel jeu. Si une lecture politique, culturelle ou autre est toujours intéressante, je pense vraiment qu'il faut prendre d'énormes pincettes avant d'y déceler par exemple une forme de propagande. D'ailleurs, même si propagande il y avait, je me demande encore de quelle manière cela pourrait influencer consciemment ou non le comportement du joueur lambda lorsqu'il a éteint sa console ou son ordinateur. Mais le débat reste ouvert n'est-ce pas ?

tony[jeuxcity]
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De : hum

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Posté le: 2003-12-06 19:40
Dans l'article en question, je m'en suis tenu à une étude du gameplay et du scénarios des jeux qui permet en outre de comprendre pourquoi les médias se sont focalisés sur GTA 3. D'ailleurs, on vise GTA 3 parce que il a réussi à entrer dans le top 10 des meilleures ventes de produits culturelles en France et que ce succès s'explique forcément autrement que par ses "prouesses" techniques (sinon True Crime marcherait super bien ajourd'hui).

Dans mon étude, GTA 3 est inclus dans le corpus de jeux que j'ai catégorisés en tant que "subversifs" parce que les points qui les réunissent (vaste liberté d'action, possibilité de se détourner du schéma narratif proposé, espace de jeu immense fractionné en plusieurs communautés, rôle de "coercition" de l'Etat remis en cause et affaibli voire contestation du libéralisme et de la bienséance, langage cru voire trash etc...) s'opposent aux jeux "néo-libéraux". Cela m'apparaissait flagrant.

Même si GTA est linéaire au niveau de la narration, on ne peut pas dire qu'il soit dirigiste et que la sensation de liberté (et d'impunité) n'y soit pas prégnante. De surcroît, le contraste entre une ville yankee symbole de l'American et les possibilités de "subversion" apparait saisissant (on commence par ne pas respecter le code la circulation pour finir à fuir les tanks de l'armée).

Pour en revenir à ce que disait Kitano, il me semble que l'étude que j'ai réalisée est objective. En aucun cas, la lecture que je réalise des jeux me parait tendancieuse. D'ailleurs, entrer dans le débat social n'était pas mon intention de départ. Cela fait presque un an que j'ai écrit le dossier publié sur Planet Jeux (au départ, une simple idée...) et si j'ai poursuivi mon étude, c'est parce qu'on m'y a invité et parce qu'elle avait rencontré un écho particulier.

Dans tous mes papiers, je n'adopte pas une posture dénonciatrice du style de ce que l'on peut lire dans les médias, je reste dans un registre "compréhensif". Après avoir mené mon analyse sans intention de départ, s'est dégagé une idée : le contenu idéologique des jeux n'est pas neutre et rentre en concurrence avec d'autre systèmes de valeurs (dont la morale humaniste traditionnelle). Ensuite, est apparu aussi un autre constat cette fois-ci plus alarmant à savoir que la pensée unique est des plus développées dans les jeux vidéo. C'est avant tout cela que je déplore. Après libre à chacun de se positionner en fonction de ses opinions politiques et culturelles, si vous êtes néo-libéral, vous pouvez dire "chouette, il y a plein de jeux néo-libéraux". Après tout, cela ne me gêne pas. Mais concernant certains jeux, il faut remettre les pendules à l'heure par rapport aux préjugés ambiants qui circulent ici ou là. Un certain nombre de gens pensent que Civilization, c'est l'Histoire (de même qu'Age of Empires, suffit de lire les critiques des magazines) et là encore c'est avant tout cette supercherie que je dénonce au dela de son schéma évolutionniste assez cracra. (et dire que certains parlaient même de faire entrer Civilizaton à l'école !)

Au final, et pour ceux qui veulent aller plus loin, mon souhait est de pousser les gens à vraiment se poser la question de savoir si la violence idéologique des jeux vidéo ne seraient pas plus grave au fond que la violence "physique" qui y est véhiculée ? En ce sens, on peut émettre des doutes sur certains médias au contenu contestable qui se permette d'adopter une posture "accusatrice" à l'égard des jeux vidéo au nom de la défense du "politiquement correct" !

Bref, je laisse plusieurs degrés de lecture mais mon but est d'inciter à un questionnement. Et apparemment, il y a encore quelques personnes sur Terre qui souhaitent questionner leur passion...

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tony[jeuxcity]
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De : hum

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Posté le: 2003-12-06 19:59
Je veux bien rechercher l'intention de l'auteur mais pour nombre de jeux vidéo, c'est souvent compliqué et casse-gueule. Je ne pense pas sncèrement que les créateurs de Age Of Empires adhèrent à une vision génocidaire de l'Humanité... hum... cela me parait un peu gros. Pourtant, telle est la vision du jeu !

En plus, l'intention ne fait pas nécessairement le résultat et ne suffit pas à l'examen critique. Ce n'est pas parce que les développeurs n'ont pas voulu "politiser" leur produit qu'il est neutre pour autant. Une vision idéologiquement orientée s'imprime certainement inconsciemment à travers les thématiques des jeux vidéo.

De surcroît, s'il y a intention particulière ou second degré, l'oeuvre risque d'être reçue différemment selon les publics, en fonction de leur niveau d'éducation. Alors que pour Scream, certains se bornent à voir une boucherie sanglante entre amis, d'autres y déceleront la dénonciation du puritanisme d'une petite ville des USA.

Il en est nécessairement de même des jeux vidéo.


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kitano
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Posté le: 2003-12-06 20:09
les concepteurs, par obligations diverses, souvent techniques, n'en sont-ils pas tenus à appliquer une logique de la simplification ? D'où l'impression d'une idéologie prédominante dans les thématiques abordés par les jeux vidéo ?

Je ne dis pas que la simplication est absolument nécessaire, mais qu'elle peut s'imposer par souci technique ou purement ludique, non ?

tony[jeuxcity]
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Posté le: 2003-12-06 20:33
Je pense plutôt qu'on se dirige vers une complexification des thématiques des jeux. Un bouquin consacré entre autre à une analyse très détaillée des suites de Civilization 1 et 2 va sortir l'année prochaine. Il démontre que la complexification de leurs principes n'aboutit aucunement à une remise en globale de leur idéologie (il y a des "attenuations", certes mais elles restent minimes...).

Il est amusant de constater que les graphismes évoluent vers le photo-réalisme mais que le fond idéologique, lui, n'a pas beaucoup changé.

On se retrouve au final avec de splendides RTS dotés de beaux effets pyrotechniques en 3D mais qui conceptuellement demeurent aussi dirigistes et aliénants... que l'antique Command & Conquer (produire en masse des unités militaires en veillant à optimiser constamment et à donf la productivité, attendre l'attaque de l'adversaire et contre-attaquer).

De même, (d'un point de vue éclairé !), ne trouvez-vous pas Freedom Fighters un rien archaïque et échaudé (presque kitsch même) malgré son gameplay des plus frénétiques et ses graphismes derniers cris ?

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Laurent
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Posté le: 2003-12-06 20:46
Tony, sans vouloir me joindre à la discussion dont beaucoup des termes et références employés me dépassent, je trouve ça étonnant que tu différencies les jeux néo-libéraux de ceux qui ne le sont pas. De ce que j'en sais, les jeux vidéo sont tous néo-libéraux : Leur but est de se vendre afin d'exister (cf : Les séries qui sont abandonnées sous prétexte de méventes quelque soit leur qualité réelle).

- GTA3 est un jeu rock'n'roll qui défoule, doté d'un bon gameplay.
- GTA3 est un jeu subversif d'où se dégage une réflexion politique qui mérite qu'on s'y penche.

Ces deux états de fait aboutissent au même résultat : Le jeu se vend, on en parle. Et le simple fait qu'il se vende fait qu'on en parle, et en conséquence il se vend encore plus. Pas étonnant que les développeurs évitent de s'exprimer, ils ont sûrement peur de briser cet enchaînement miraculeux.

Véhiculer un vrai discours sociologique politique dans une oeuvre d'art, seuls quelques génies peuvent se le permettre. Dans la plupart des cas, le discours fait la preuve de sa vacuité une fois le soufflé médiatique retombé et les profits planqués en Suisse. Vous entendez encore parler des publicités Bennetton, vous ?

Autre chose : Je connais au moins un jeu dans lequel les méchants sont des militaires américains et des capitalistes en costard-attaché case : Half-life. Curieusement, le discours politique a du dans ce cas être masqué par une montagne de gamplay, car jamais personne ne le mentionne !

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Cerebus
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Posté le: 2003-12-07 09:57
Kitano, l'exemple de Starship troopers est intéressant, d'autant que j'ai vu le DVD hier soir, avec les commentaires audio, et d'ailleurs je me suis "engueulé" au sujet de savoir si ceux-ci étaient plus mièvres que le film. Bref. Je suis d'accord avec Tony concernant le droit du critique à voir plus loin que l'auteur: son analyse sur Age of Mythology est très pertinente. De toutes façons, certains jeux vidéo, ne nous voilons pas la face, ont été écrits par de gros nerds qui ne se rendent pas compte du tout des implications politiques et morales de leur oeuvre. Il faut peut-être que quelqu'un puisse dire "eh les gars, vous croyez pas que..." En ce qui concerne le film de Verhoeven, l'analyse qui consiste à dire que c'est une oeuvre fasciste est clairement en dessous du message du film, n'en a pas percé l'ironie, qui est pourtant évidente. Le critique n'a pas fait son travail de décryptage, ou alors il défend une idéologie sans la citer, et cette idéologie est le fascisme dénoncé par le film. La critique a par contre le droit de dénoncer ce procédé ironique si elle l'a compris et qu'elle aime pas l'ironie ou qu'elle la considère dangereuse. Elle peut aussi faire des analyses et des rapprochements auxquels Verhoeven n'as pas pensé.

Par ailleurs, Laurent, est-ce qu'il y a déjà eu un topic sur les jeux et la politique ?

La série des Ultima était intéressante sur ce point, pas directement "subversive" (plus j'emploie ce terme plus j'ai l'impression qu'il s'use), mais proposant des situations complexes où de nombreuses considérations morales rentraient en jeu. ce modèle n'a guère été suivi...

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Posté le: 2003-12-07 10:12
Citation :

Le 2003-12-07 09:57, Cerebus a écrit:

Par ailleurs, Laurent, est-ce qu'il y a déjà eu un topic sur les jeux et la politique ?


Pas que je me souvienne.

Concernant Verhoeven, il faut aussi regarder le reste de sa filmo. Dans Robocop, il dénonçait le modèle américain sans ambigüité.
Le truc, c'est qu'il le fait en n'oubliant pas au passage de faire du film de genre bien spectaculaire.
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Posté le: 2003-12-07 12:16
Ben si Laurent. Consécutivement à la publication de mon dossier (*) sur Planet Jeux il y a un an, j'ai lancé un topic sur GP (du temps de Xiga ) :

http://www.grospixels.com/phpBB/viewtopic.php?topic=2663&forum=3

J'avoue toutefois que le débat que nous avons là est infiniment plus fin et intéressant que celui que nous avions eu à l'époque, quelque peu parasité par mon manque de recul vis à vis du sujet et par Xiga (non que ce qu'il dise soit faux dans le fond mais la forme était plutôt maladroite).

A mon sens, le débat sur l'idéologie des jeux vidéo est beaucoup plus pertinent que celui sur la violence. Comprendre le rapport entre les jeu vidéo et notre société permet de saisir pourquoi les médias fabriquent des débats en trompe l'oeil tel que celui, souvent stérile, ayant trait à la violence des jeux vidéo.

"l’honnêteté scientifique consisterait à dire que l’on n’en sait rien, qu’on ne peut rien prouver." affirme à ce sujet le psychologue Luc Bastide. C'est exactement ça. Pour résumer, je dirai qu'une oeuvre peut être reçu de manière différente par ses différents public eu égard à leur niveau d'instruction leur permettant de prendre un recul plus ou moins important vis à vis d'elle.

Et s'il y a manque de recul, d'éducation, c'est qu'il y a derrière des causes sociales plus profondes (déliquescence des rapports sociaux, précarité, chômage etc...) que les médias se gardent bien d'évoquer guidés par une idéologie ultra-libérale (justification des inégalités sociales, de la compétition, l'individualisme...) en concurrence avec la morale humaniste traditionnelle (solidarité, égalité des chances, redistribution sociale...) tenue tant bien que mal à l'heure actuelle par le bloc républicain en France.

Vouloir comprendre où les jeux vidéo se situent dans ce champ là, c'est en somme questionner sa pratique et juger de l'évolution des normes et des valeurs qui cimentent notre société.

Libre à vous de vous situer selon vos convictions politiques, religieuses mais le tout est d'en être conscient et de jouer de manière éclairée et intelligente.

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Posté le: 2003-12-07 13:05
En relisant le topic dont tu parles, Tony, je retrouve ce bon vieux Xiga et je me félicite une fois de plus de l'avoir lourdé. A l'époque, un topic ne suscitait l'intérêt des forumers que quand Xiga était venu nous y balancer ses 12.000 signes bourrés de fautes. Je retrouve avec plaisir aussi ses talents de manipulateur, quand il cite, pur me faire passer pour un c..., ma conclusion de l'article de Rainbow Six :

En conclusion, encore un jeu qui vaut largement le détour, et qui contribue à faire entrer le jeu vidéo dans son âge adulte en proposant des sensations de jeu bien plus évoluées que les bons vieux jeux d'avant qui ne prenaient pas la tête. Rainbow Six, c'est du tout bon.

En se gardant bien de mentionner cette phrase qui intervient deux paragraphes avant :

Ce genre de jeu, militariste et pro-américain à souhait, véhicule une idéologie un peu limite. Jamais les motivations de l'ennemi ne sont détaillées. Pas de sentiments, juste de l'efficacité dans le travail, qui n'est en général bien fait que quand tous les ennemis sont au tapis. Ceci-dit, ce n'est qu'un jeu, et le plaisir qu'il procure est tel qu'on aurait tort de le bouder.

Comme à l'époque je n'ai pas répondu (car je ne lisais plus les topics xigifiés), je tiens à le faire. Cet article sur Rainbow Six, je l'ai écrit aux tout débuts du site, bien avant la sortie de GTA3. A l'époque, j'étais conscient de ce que ce genre de jeu pouvait signifier en deuxième analyse, mais je revenais systématiquement au strict point de vue du joueur. C'est aussi ce que j'ai fait dans le dossier "violence et jeu vidéo", en minimisant les effets néfastes de Counter Strike, mais là j'ai carrément modifié l'article par la suite.

Je continue néanmoins à dire que les tous premiers FPS réalistes sur PC étaient très porteurs de gameplay et d'immersion. J'ai décroché d'un coup après l'écoeurant SWAT 3, dans lequel on pouvait abattre de sang-froid les terroristes une fois que ceux-ci avaient les menottes aux poignets sans que ça change quoi que ce soit au rapport final de mission.

Pour moi, ce type d'approche à atteint son nirvana avec Half-life, et puis les choses ont dérivé vers la non-créativité (cf le level-design sans intérêt de Return to Castle Wolfenstein) et le recours systématique à des schémas manichéens simplistes. J'attribue essentiellement ça à la montée en puissance du jeu en réseau et à certains énergumènes qui s'y sont adonnés, que les développeurs ont avant tout tenu à rassasier, loin à mon avis de vouloir transmettre un message politique en particulier.

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