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Index du Forum » » Groblogs » » Groblog Odysseus : Les jeux, jouets et techniques qui ont fait le jeu vidéo
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Auteur Groblog Odysseus : Les jeux, jouets et techniques qui ont fait le jeu vidéo
Captain Algeria
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Inscrit : Mar 04, 2007
Messages : 76

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Posté le: 2007-08-05 20:32
Contrairement aux jeux vidéo, les jeux mécaniques ont encore une place importante dans les salles d'arcade, les fêtes foraines et les bowlings.

Perso, j'en croise encore beaucoup. Les ufo catchers, les jeux de tir mécaniques, les jeux de shoots, les punching ball mecanique, les jeux de bras de fer, les jeux de turf mécaniques, etc.
D'ailleurs, certains jeux vidéo sont à la base des jeux mécaniques, genre Sonic Blastman de Taito ou Cosmo Game The Video de Namco.

Nono, si ça t'interresse, je te conseil de mater du coté de l'industrie des medal games au Japon. Sinon, si tu veux des sites, je te conseil de commencer par des sites genre American Vending Sales, Coin-Up Express ou plus simplement les pages jaunes (en tappant "jeux automatiques").

Il y avait un magasin du genre, qui vendait de vieux jouets, il a fermé (je crois que le gars vend sa collection par internet. Faudrait que je contact un gars que je connais, qui a un magasin de figurines vintage, pour voir s'il n'aurait pas plus d'infos).

Vivement le début de la fête foraine de Lille, le 25 aout prochain.


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Xirius_Thir
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De : Meaux (77)

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Posté le: 2007-08-09 21:44


Toute ses merveille mecanique font rever en tout cas ! que d'ingeniosité !!

et que cela doit etre jouissif de pouvoir jouer avec certain ! (les jeux de boxe par exemple) qui n'a jamais resentit la difference fondamentale entre une partie de flipper sur un ecran et un vrai dans un café.. la sensatoion de lourdeur de la bille est vraiment jouissif !
et que de partie endiablé avec un baby foot... le jeu video est encore loin de donner cette sensation.. celle de ressentir le reel !

enfin bref; en tout cas toute ses machines ont été forcée de disparaitre, vu le cout de fabrication et de maitenance de chacune
Mais en voyant tout cela, on ressent bien les premices clairs des jeux d'arcades, et il est evident que les premier jeux videos sont basé sur les mêmes "rêgles" et que leur createur s'en sont inspirés d'un premier abord

Il est marrant de voir que la plupart des pubs d'epoque montre une femme en train de jouer (rarement des enfants.. ils ne doivent pas trainer dans les bars je pense !) dans les societés bien machiste d'epoque cela voualit surement montré que le jeu en question etait à la portée de tout le monde.. même les femmes, donc "pas compliqué"

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Niloc-Nomis
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Joue à Dishonored (One X) / Metro 2033 (Switch)

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De : Ferté sous Jouarre

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Posté le: 2007-08-09 22:47
C'est vraiment un merveilleux topic que tu nous offres là Nordine.

Pour les amateurs jevous conseille fortement d'aller voir le musée des arts forains à Paris vers Bercy.
J'ai eu la chance d'y aller peu avant qu'il ne soit plus qu'ouvert aux groupes (ce qui est logique) et c'était vraiment superbe.
_________________

... mais j'ai rebranché la Master System sous la télé!


Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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De : Αἰαία

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Posté le: 2007-08-12 20:19
Une spéciale Sega dans ce post, donc des jeux relativement récents.

La première partie est consacrée à deux jeux ayant repris un concept pour en initier un autre (en attente de sources supplémentaires).

La seconde partie est axée sur l'évolution des jeux de moto de chez Sega, avec le passage du jeu électro-mécanique au jeu vidéo.

------------------

Le premier est Gun Fight, de Sega donc, et fabriqué en 1970.

Ce jeu entièrement électro-mécanique reprend le même principe établit plusieurs décennies avant par les divers jeux de boxe anglaise présentés dans ce sujet.
Deux joueurs se font face pour un duel à mort, celui cumulant le plus de tirs faisant mouche ou atteignant les dix points le premier remportant l'affrontement .
Le système de jeu consiste à déplacer son personnage sur un axe horizontal pour se placer face à son adversaire pour faire feu mais aussi se mettre à couvert, les cactus situés du côté des joueurs faisant office de boucliers protecteurs.

Les tirs sont illimités et accompagnés de bruitages, mais la partie est elle cadrée autour de 30 secondes. Néanmoins, les propriétaires peuvent modifier la durée du chronomètre.
Chaque joueur peut lire son score sur une languette placée face à lui où les points en cours sont illuminés.
Également, une fois la partie terminée, un petit écran fixé du côté du joueur qui a théoriquement mis l'argent dans la borne (25 cents la partie) indique "Game Over".
Enfin, un tube néon éclaire la plateau de jeu dans toute sa longueur.

Gun Fight est, à ma connaissance, le premier jeu de tir en versus où chaque joueur est le véritable ennemi de l'autre, contrairement à quelques bornes précédemment abordées qui plaçaient avant tout les joueurs en compétition contre des ennemis gérés par la machine (voir page précédente).
Sont introduites les notions d'esquive, de couverture, de frags (ici, contrairement à d'autres gun games abordés sur la page précédente, seul le nombre de cibles abattues compte et non pas le score qui y est rattaché).








Dodgem Crazy, 1970.

Autre jeu électro-mécanique, cette fois à rouleau.
Même principe que les jeux de course à rouleau qui l'ont précédé, sauf qu'ici le but n'est pas de remporter une course mais de réaliser le plus d'accidents dans un laps de temps donné.

Au pied de la borne se trouve une pédale d'accélération qui permet de rattraper la voiture qui nous dépasse, qui est justement celle que l'on doit renverser.
Plus le joueur accélère et plus le bras dirigeant la voiture cible s'allonge, donnant ainsi au joueur l'impression d'une course-poursuite.
Pour renverser la voiture-cible, il faut se placer juste derrière elle, la taper au cul tout en virant à gauche ou à droite. Si l'on réussit son coup, un "hit" est comptabilisé, l'objectif étant d'atteindre les sept "hits" suprêmes indiqués sur le cadre.
Évidemment, tout n'est pas si facile puisqu'au fil des accidents, la voiture-cible esquive, braque, accélère et décélère.

La jauge de temps est située en bas, à droite du cadre. Aussi, si un joueur remporte les sept "hits" avant la fin du temps imparti, il gagne une partie gratuite.

On retrouve encore aujourd'hui ce principe dans des séries telles que les Burnout ou les Flatout, même si pour ces titres l'objectif de remporter la course prime sur le reste.




---------------

On attaque maintenant les jeux de moto, toujours de chez Sega, avec le passage du jeu électro-mécanique au jeu vidéo.

En 1970 sort Night Rider, l'un des premiers jeu de pilotage de moto fabriqué par Sega (notez qu'ils réalisent en 1968 le jeu MotoPolo qui propose de diriger ces véhicules mais ce n'est pas un jeu de pilotage à proprement parler). Assez étrangement, les jeux de moto sont très rares si on en compare le nombre de productions aux jeux de voiture qui, eux, sont très populaires dès les années 20.

J'ai peu d'informations au sujet ce cette borne si ce n'est qu'elle utilise un système identique au Mutoscope utilisé dans Air Fighter, de chez Kasco (voir page précédente).



Étrangement, Sega sort Moto Champ en 1973, soit trois ans après Night Rider, un jeu à rouleau strictement électro-mécanique, à la réalisation et au design plus proche des jeux de la fin des années 60. Déduction toute personnelle, je suppose que ce jeu dormait dans les cartons du Sega d'origine avant son rachat et semi-transfert en société japonaise.
Aussi, le coût de fabrication est moindre que les celui des bornes utilisant le système Mutoscope, on remarque d'ailleurs que la jauge de temps est exactement la même que celle utilisée sur Dodgem Car (voir au-dessus), ça sent la mauvaise passe financière.

Dans Moto Champ, le joueur pilote une moto de course sur un circuit dédié, le but étant d'arriver premier sur la ligne d'arrivée.
Peut-être pour la première fois dans une borne de ce type, le joueur affronte plusieurs concurrents (quatre pour être précis), tous gérés via un système de "patterns".
Une autre spécificité de ce jeu est que, si le joueur touche ou heurte un autre pilote, il est immédiatement sanctionné par une pénalité, chacune rendant l'accès à la première place plus difficile. Si le joueur cumule quatre pénalités (le nombre est indiqué en bas, à gauche du cadre), c'est le "game over".
Divers bruitages accompagnent le jeu et le temps est paramétrable de 50 à 80 secondes..
Enfin, si le joueur remporte la course, il remporte une partie gratuite.





En 1976, Sega sort deux jeux de moto, deux bornes qui ne sont autre que des jeux vidéo.

Ces deux jeux sont identiques, à ceci près que leurs thèmes sont différents, l'un, Moto-Cross, utilisant une licence crée par Sega, l'autre, Fonz, exploitant celle du personnage de Fonz dans la célèbre série Happy Days.

Le système de jeu est exactement le même que celui de Night Rider, lui même très inspiré des jeux de voiture des années 20, sauf qu'ici le décor est celui d'un vrai jeu vidéo et non pas une vidéo pur jus, qui remplace donc le système à rouleau, devenu moins impressionnant et immersif aux yeux des joueurs.
A noter que le motard et son cheval de fer sont en réalité un élément en plastique que le joueur déplace à l'aide du guidon. On nage donc dans une période de transition, entre une technique éprouvée du jeu électro-mécanique et du jeu vidéo qui n'en est qu'à ses tâtonnements.

ci-dessous, les images respectives de Moto-Cross et Fonz:





Simply Smackkk
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Posté le: 2007-08-13 09:31
Un jeu avec Fonz? Whaaa. Au passage, s'agirait-il du premier jeu électro-vidéo à licence où y'en avait-il eu avant (en parlant pas des flippers bien sur)?

C'est quand-même bien trouvé l'idée du fondu autour de l'écran pour faire croire à une impression de vitesse. Ce n'est peut-être que de la poudre aux yeux mais ça montre bien qu'il y avait du travail derrière ces bornes.
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Odysseus
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De : Αἰαία

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Posté le: 2007-08-14 01:51
L'un des tous premiers sinon le premier jeu d'arcade à licence est Aviation Striker, créé en 1928 par la société Exhibit Supply Company (voir page 2), qui reprend la figure de Charles Lindbergh pour illustrer sa borne. De ce que j'ai comme infos, il y a finalement très très peu de jeux d'arcade à utiliser des licences, qu'ils soient purement mécaniques, électro-mécaniques ou électro-vidéo.

Donc, en attente d'autres sources, on peut dire que Fonz est le premier de sa catégorie.
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Warner
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Posté le: 2007-11-19 11:29
Je remonte un sujet pas trop vieux tant son contenu est intéressant et construit.

Pour apporter ma pierre à l'édifice "historique" initié par Nordine, je voulais souligner que le premier système arcade* à proposer des vues animés** n'est autre que le Kinetoscope de Thomas Edison (ils sont forts ces Thomas). C'est là qu'on a vu les premières images animées avant le cinéma d'aujourd'hui (ou d'hier devrais-je dire): le cinéma en salle.

* (arcade car finalement, ce type d'installations étaient regroupés sous des arcades)
** (autre particularité des jeux vidéo mis à part leur caractéristiques interactives)

Pour Edison, une invention technique n'est jamais loin de son exploitation commerciale, mais cela est une autre, bien longue, histoire.

Pour plus d'infos: un site bien connu (enfin je crois) le KLOV, rattaché à l'International Arcade Museum. Ces deux-là, s'ils ne sont pas exhaustifs, et parfois américano-centrés, n'en demeurent pas moins d'excellentes ressources pour les historiens ou les curieux.

@Nordine: il y aurait donc eu un Gun Fight de Sega (1970) avant le Gun Fight de Midway (1975)?

Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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De : Αἰαία

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Posté le: 2007-11-19 12:00
Yep. Le Gun Fight de Sega est aussi, à priori, le premier du genre (jeu de tir en versus et non plus en compétition).
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"Il n'est pas de lutte plus violente et déterminée que celle d'un homme face à son envie d'aller aux toilettes" - Karate Boy


Warner
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Posté le: 2007-11-19 12:12
Compétition: jouer alternativement, comme les fléchettes electro-mécaniques
Versus: le duel.
Je me trompe pas j'espère.

Ces deux notions sont à l'origine du jeu vidéo, tu l'as d'ailleurs remarqué plus tôt.
La coopération n'est arrivée que bien plus tard (et puis même un jeu en état de coopération laisse pas mal de place à la compétition au niveau du high score).
Quant aux jeux strictement un joueur, bien plus scénarisés, ils ne sont arrivés que bien plus tard (surtout quand le scénar fait disparaître "définitivement" le tableau des high scores...).

Mais les premiers jeux étaient bien versus, non?

Thezis
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Joue à Far Cry 3

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De : Bruxelles

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Posté le: 2007-12-13 13:06
Topic mort et enterré?

Nordine, tu penses toujours ré-utiliser le travail accompli sous une autre forme?
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Dans la vie, il y a 3 catégorie des personnes : ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter. (Anonyme)

Image


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Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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De : Αἰαία

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Posté le: 2008-03-24 18:21
Il a été question à plusieurs reprises dans ce sujet de la société Mutoscope et des divers procédés et genres qu'elle a créé ou fait évoluer.

Aussi, pour en rappeler les origines et faire un détour par le point soulevé par Warner, voici une autre tranche des machines, jeux mécaniques et électro-mécaniques auxquels est redevable le jeu vidéo d'aujourd'hui.

En 1895, la société American Mutoscope and Biograph Company démarre la production de ce que l'on appel en France des vues animées.
Il s'agit de boîtes montées sur pied exclusivement consacrées à la projection d'un film (rappelons qu'à l'époque un film n'excède pas une poignée de minutes).
En vérité, nous sommes encore assez loin, dans le procédé technique, des vrais films déjà projetés dans quelques foires et les très prochaines salles de la chaîne Nickelodeon (vi vi vi, ceux-là même qui de nos jours produisent Bob L'éponge par exemple).
Ces bornes sont composées assez simplement de 850 cartes qui défilent à l'aide d'une manivelle actionnée par le spectateur. Une petite ampoule électrique dont la dynamo est reliée à la manivelle permet de rétro-éclairer ces cartes, le tout donnant l'illusion d'animation des images selon un procédé connu depuis déjà bien longtemps (CF, par exemple, les lanternes magiques en versions améliorées sous Louis XIV).





Les utilisateurs de ces premiers appareils doivent glisser une pièce de 5 cents (?), ce qui ouvre le clapet de vision puis de poser leur visage dans la fente binoculaire prévue à cet effet. Il est déjà possible d'effectuer une pause simplement en arrêtant de tourner la manivelle. Une fois le film terminé, le clapet se referme.



Les premiers mutoscopes sont dédiés à un film unique, présenté par une affichette située juste au-dessus, à la manière des bandeaux (ou marquees) actuels des bornes d'arcade.
Très simples d'utilisation, peu coûteux, prenant très peu de place (moins d'un mètre carré par borne), ils sont également conçus pour que les bobines de cartes qui composent leur films soient aisément interchangeables, tout comme l'affichette de présentation.
Immédiatement, ces mutoscopes se multiplient à travers tout le pays. Chaque penny arcades en proposent, mais aussi tous les autres types de commerces tels de simples épiceries. L'objet est si populaire que les premiers cinémas en dur en proposent à leur entrée.

En 1900, un nouveau modèle voit le jour, appelé "clam shell".
Avec son design résolument plus moderne, il est aussi nettement plus solide puisque entièrement métallique, contrairement à son ancêtre du siècle précédent fait d'une coque en bois (nous verrons peu après l'importance d'un tel changement).



Mais la société prend un tournant majeur quand, en 1926, Bill Rabkin rachète les droits de fabrication de ces mutoscopes et fonde la société International Mutoscope Reel Company en fusionnant sa société (?) avec la American Mutoscope and Biograph Company.
Dès lors, les cartes qui composent les films sont métalliques, ce qui garantie une certaine durée de vie aux exploitants, en particulier à cause de l'usage énergique qu'en font certains spectateurs.

Mais la vraie révolution réside dans les films eux-mêmes. Jusqu'ici, il s'agissait avant tout de photographies à cadre fixe d'une scène unique, avec un mouvement somme toute limité à cause du nombre de cartes réduit.
Désormais, les mutoscopes peuvent contenir jusqu'à 1500, soit près du double de la première version, donc de vrais films.

Bill Rabkin est un petit malin et comprend qu'il ne gagnera pas la guerre contre le cinéma, qui prend de plus en plus de place. Il mise alors tout sur le petit prix, l'accessibilité de son produit ainsi que les films eux-mêmes, qui ne sont autres que ceux projetés au cinéma, mais en version remontée pour correspondre à ce format particulier. Cependant, il produit également ses propres films. On notera, par exemple, le Don Juan du célèbre John Barrymore.



Néanmoins, la véritable clef du succès de ces nouveaux modèles est la projection de films et scènes érotiques voire pornographiques, le mutoscope n'obéissant pas à la législation appliquée au cinéma, tout est permis.
Les messieurs peuvent désormais se pencher à volonté sur ces machines devenues nettement plus solides, s'y bousculer ou masquer une éventuelle gène derrière l'imposant design ne forme de coquillage.



Ce modèle produit jusqu'en 1949 sera remplacé par un autre, répondant au doux nom de "deluxe console light up".
Celui-ci est encore plus résistant que son aîné, sa manivelle repensée ainsi que son mécanisme, qui désormais empêche tout enrayement. Aussi, un modèle pour les enfants avec des films pensés pour eux sort la même année.



Peu après, le Mutoscope Selecto voit le jour. Ce nouveau modèle, qui sera le dernier de la société, permet un choix de cinq films différents.
Le procédé utilisé est un peu différent des précédents, les cartes étant inversées sur les roues de projection mais surtout il est maintenant impossible d'en changer.
Aussi, le design est moins esthétique et pratique. Enfin, le mutoscope est maintenant régit par les mêmes règlementations que le cinéma. Fini les films érotiques et bienvenue aux films tous public, sur des bornes que se partagent enfants et adultes.
Tous ces éléments cumulés feront que le Mutoscope Selecto sera un échec commercial, et la société Mutoscope de se consacrer pleinement aux bornes d'arcades sur lesquelles elle travaillait depuis longtemps.







Ci-dessous la carte tirée d'une pile d'un film érotique:



Enfin, on notera que durant les années 40 fût créé "Penny a Peel Mogul", un magazine entièrement consacré au mutoscope dans lequel Bill Rabkin donna d'ailleurs une interview en 1947.

Simply Smackkk
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Posté le: 2008-03-25 17:37
Whaaa

*yeux qui brillent*

Encore merci pour cette lecon d'histoire. J'imagine les gens rivés sur cet appareil à faire défiler les images par la manivelle. On devrait redistribuer ce genre d'appareils dans les foires ^^.

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Odysseus
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De : Αἰαία

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Posté le: 2008-06-21 01:48
Mutoscope, la suite. Ou plutôt, l'évolution.

En 1939, aux Etats-Unis, apparait un appareil similaire au Mutoscope, le Panoram, créé par la société Mills Novelty Company, qui fabrique également divers machines électro-mécaniques.
La différence majeure entre le Mutoscope et le Panoram est que ce dernier est spécialisé dans la projection de films musicaux d'environ trois minutes.
Il s'agit ici non pas de cartes mais de véritables bobines de 16mm, équipées d'une bande-son (la partie sonore du film se situe sur le côté gauche de la pellicule) qui est diffusée via un haut-parleur.
Le film est quant à lui rétro-projeté via un système de miroirs, soutenu par un véritable écran en verre, précurseur des premières télévisions (nous sommes en pleine guerre industrielle pour la création du premier téléviseur, les allemands ayant envoyé le premier signal hertzien de l'histoire - un discours d'Adolph Hitler - il y a peu).
Ce procédé est créé par la société RCA, que l'on retrouve plusieurs décennies plus tard, toujours dans le domaine de l'audio-visuel.

Comme pour le Mutoscope, l'utilisateur doit entrer une pièce de 10 cents, choisir son film et le regarder.
Mais la construction de la machine fait que toutes les personnes proches en profites, contrairement au Mutoscope qui reste une projection privée et contraignante.
L'objet est très travaillé, avec une coque en bois et dans le plus pur style art-déco. De fait, il coûte cher à produire, à distribuer et à entretenir, bien plus qu'un Mutoscope.
Cependant, le succès est immédiat, en particulier grâce aux films et chansons proposés.



En effet, le Panoram est le seul moyen pour accéder facilement et légalement à l'interdit que représente la musique noire américaine, et en particulier le jazz.
De très grands musiciens et chanteurs comme Fats Waller, Louis Amstrong, Dule Ellington, Count Basie ou Cab Calloway se font connaître du grand public blanc par le biais de cette fabuleuse machine.
Ces artistes font la fortune du constructeur qui co-produit en parallèle la plupart des films musicaux qu'il distribue, soit les premiers clips.
Souvent soignés, ces films coûtent peu et rapportent énormément, mais leurs réalisateurs sont le plus souvent d'illustres anonymes, tandis que la renommée des artistes qui s'y montrent croît d'avantage.
Également, d'importantes sociétés produiront des films à des fins publicitaires pour ce format.



Le succès est tel que les utilisateurs réguliers nomment l'appareil "soundie". Certains modèles, comme le MI-1340, porteront d'ailleurs ce surnom.
Hélas, la production du Panoram sera interrompue brusquement à l'entrée des États-Unis dans la seconde guerre mondiale, l'effort de guerre nécessitant la réquisition et la réduction de nombreuses productions industrielles.
Durant cette courte période, environ 1100 films seront produits et réalisés.

Il faut attendre 1959 pour voir le concept resurgir.

Présenté à l'occasion de la foire de Milan par la société Cinebox, le Scopzione reprend toutes les bases de son aîné, avec quelques améliorations techniques en plus ainsi qu'une mise au goût du jour niveau design.
Mais c'est début 1960 que le concept reprend pleinement vie à travers le célèbre Scopitone, créé par la société CAMECA, en France.



Il est toujours question de petits films 16mm, avec bande-son magnétique et rétro-projection sur écran de verre, mais cette fois, l'image est en couleur!
A l'époque, seul le cinéma est en mesure de proposer des images animées en couleurs naturelles, la télévision balbutiante devant se contenter du noir et blanc.
Aussi, l'on passe d'une douzaine de films disponibles pour le Panoram à 36 films pour le Scopitone.
Enfin, chaque film se rembobine automatiquement après visionnage.



Extrêmement populaire, en particulier auprès des jeunes, le Scopitone est présent dans tous les cafés et bars de France, mais aussi et surtout chez les disquaires.
En effet, les sociétés de productions musicales comprennent l'enjeu et l'intérêt promotionnel énorme de l'appareil.
Car outre de solliciter les adolescents à verser une pièce d'un Francs dans la fente pour regarder et écouter leurs vedettes préférées - le plus souvent découvertes à la radio ou dans la presse jeunesse - ces machines permettent de promouvoir de nouveaux talents jusqu'ici inconnus.
Parmi eux, on citera Johnny Halliday, Eddy Mitchel (à l'époque en groupe avec Les Chaussettes Noires), Serge Gainsbourg, Françoise Hardy, Claude François et j'en passe.
Toutes les idoles de "Salut les Copains", nouvelles stars et futurs ringards, se battent pour obtenir une bobine de leur dernière chanson dans ces machines.



Rapidement, le Scopitone franchit les frontières pour partir à la conquête de l'Europe ainsi que des Etats-Unis où il devient un incontournable des "dinners", et supplante par endroits les juke-box traditionnels.
De cette exportation naît le ras de marée anglo-saxon en France, du rock à la soul en passant par la pop.

De très nombreux modèles de Scopitone voient le jour, de 1960 à 1974.
Les premiers Scopitones proposent de large écrans d'environ 55 cm et vont s'agrandir au fil du temps pour atteindre jusqu'à 2,10 m.



Pour beaucoup de jeunes réalisateurs, le Scopitone est le moyen de se faire les dents en matière de cinéma tout en parvenant à vivre correctement de leur travail.
De plus, les auteurs de ces films sont souvent crédités, contrairement au Panoram, ce qui leur permet de se faire un nom auprès du public.
Ainsi, un certain Claude Lelouch réalisera plusieurs dizaines voire centaines des 700 et quelques films sortis en Scopitone. On lui doit en particulier le tournage de la chanson "Tous les garçons et les filles de mon âge" de Françoise Hardy, pour lequel il a récemment expliqué avoir été obligé de faire voler les jupes afin de susciter l'intérêt du public. Pari largement gagné.

Comme pour le Panoram, ces films ne coûtent rien à produire et rapportent énormément.
Les réalisateurs, souvent seuls derrière la caméra, doivent rendre un travail monté dans les heures qui suivent un tournage à la va-vite, souvent sans autorisation et avec une liberté de création toute relative.
La CAMECA, tout comme la Mills Novelty Company en sons temps, co-produit ou produit ces films au lance-pierre afin de rentabiliser le moindre centime.

Le Scopitone continuera son superbe succès jusqu'en 1974, année qui verra la fin commerciale de l'appareil, désormais supplanté par la télévision dans laquelle la CAMECA décide de s'investir pleinement.
En 1983, le Scopitone reviendra très brièvement en surfant sur la vague retro-nostalgique des années 1960, mais sans succès.

chatpopeye
Camarade grospixelien


Joue à Alan Wake 2

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De : Poitiers

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Posté le: 2008-06-21 09:30
Ce sujet est un vrai bonheur pour les yeux et le cerveau. Nordine, merci infiniment de nous faire partager tout cela. J'ignorais tout de ces ancêtres des video-clips. Pour moi, les Scopitone étaient certes des films 16 mm, mais destinés aux particuliers. Je ne me doutais pas qu'ils pouvaient y avoir des "juke-boxes" video dans les bars des années 60...

chatpopeye
Camarade grospixelien


Joue à Alan Wake 2

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De : Poitiers

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Posté le: 2008-06-21 12:32
Encore un doublon...

Simply Smackkk
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Posté le: 2008-06-22 14:45
Je ne connaissais pas du tout. Et pourtant, je m'intérèsse beaucoup à tout ce qui est culturel dans cette période. Peut-être parceque ç'était une machine pour les bars, que ç'est moins "glamour" que le cinéma ou la télé?

En tout cas, merci à toi Nordine pour toutes ces précisions.

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chatpopeye
Camarade grospixelien


Joue à Alan Wake 2

Inscrit : Jan 19, 2003
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De : Poitiers

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Posté le: 2008-06-22 16:26
Deux doublons dans le même week-end. Désolé...

Sodom
Gros pixel



Inscrit : Jan 28, 2005
Messages : 1895

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Posté le: 2008-06-24 12:14
Tout simplement passionnant J'apprends plein de trucs sur une période mal connue de l'industrie des loisirs "prévidéoludique"

Sebinjapan
Camarade grospixelien


Joue à Disgaea (PSP)

Inscrit : May 02, 2007
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De : Thionville

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Posté le: 2008-06-24 14:43
Ca faisait longtemps que je n'avais plus cliqué sur ce topic : honte à moi car le contenu est passionant, bravo Nordine. Si tu sors un jour un bouquin sur le sujet, j'achète les yeux fermés !

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Gamerphil
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De : Nord

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Posté le: 2008-06-24 21:33
Idem pour moi ! Je ne connaissais rien de tout cela, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas posté, mais ce sujet est un véritable vivier de connaissances, c'est vachement passionnant à lire. Très bien joué Nordine !


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