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L'Aigle d'Or
Année : 1984
Système : Oric 1 ...
Développeur : Loriciel
Éditeur : Loriciel
Genre : Aventure

Les autres jeux de Louis-Marie Rocques

Après la reconnaissance et le succès commercial de l'Aigle d'Or, son jeune auteur était devenu populaire au sein de la profession ! L'éditeur Loriciels lui proposa alors de concevoir de nouveaux jeux après l'adaptation de son hit sur les micro-ordinateurs Thomson. C'est sur ces mêmes machines que sortent donc ses 3 réalisations suivantes...

INTOX ET ZOE / 1985

Intox et Zoé sont tout d'abord des personnages apparaissant dans l'émission de TF1 «TIFY ... S'il te plaît, raconte-moi une puce». Ils sont incarnés à l'écran par Bernard Haller et Annie Fratellini et l'émission dans laquelle ils apparaissent a pour objectif de familiariser les téléspectateurs français avec ces étranges machines qui apparaissent alors et qui se nomment "micro-ordinateurs".

L'émission se veut didactique, un peu trop peut-être, et son succès sera très discret. Pour raviver vos souvenirs, dirigez-vous ici. Le jeu est quant à lui divisé en 2 phases. Dans la première, on voit Intox et Zoé dans une ville qui est générée en début de partie et donc toujours différente. Le joueur doit les amener vers la sortie en les faisant passer d'un écran à un autre avec les flèches du clavier. En arrivant à une intersection, une question en rapport avec la micro-informatique est posée et une bonne réponse permet d'obtenir une indication concernant la direction à suivre.

Deux choix de direction s'élimineront si vous répondez correctement.
Certaines questions ne posent aucun souci

Cette phase est joliment illustrée avec des personnages grands (mais peu animés) et des rues dessinés avec une perspective qui rappelle un peu l'Aigle d'Or. Régulièrement, notre progression est interrompue par une "épreuve" et on passe à la seconde phase de jeu.

Certes, c'est laid, mais ça bouge bien !
Dommage qu'il n'y ait qu'un seul tableau.

Il s'agit en fait d'un jeu d'échelles à la Donkey Kong qui se révèle jouable, rapide et particulièrement amusant. On dirige Zoé qui doit ramasser tous les objets présents dans le niveau et parvenir en haut de l'écran en évitant les barils que lui lance Intox. Les objets sont en fait les différentes parties d'un ordinateur (clavier, lecteur de disquettes, écran...) Cette séquence peut se jouer à la manette ou avec les touches et est franchement réussie, avec des sauts précis et un personnage qui répond immédiatement aux commandes. Quel dommage qu'elle soit si laide, et surtout limitée à un seul niveau, toujours le même qui revient inlassablement avec les objets placés aux mêmes endroits et une difficulté qui n'augmente pas, outre le fait qu'on doive accomplir un score toujours plus important à chaque fois. Avec des écrans en plus, on avait là de quoi concurrencer Yeti, le "Donkey-Kong-like" préféré des utilisateurs de Thomson (sorti chez Loriciels aussi d'ailleurs ...)

COLISEUM / 1985

Toujours en 1985, le prolifique Louis-Marie Rocques nous concocte un jeu de combat en arène intitulé Coliseum, dans lequel s'affrontent des gladiateurs à l'époque de la Rome antique. On dirige le combattant de gauche auquel on peut faire accomplir plusieurs mouvements en fonction des directions de la manette, avec ou sans bouton de tir enfoncé. Coliseum dispose d'un beau graphisme et d'animations correctes, on peut juste lui reprocher une maniabilité par très instinctive (jouez plutôt au clavier).

On débute contre un adversaire ayant une barre de vie 2 fois supérieure à celle du joueur !
Une jouabilité qui se veut subtile mais difficile de réaliser ce qu'on souhaite.

On est loin de la précision et de la variété offertes par le Swashbuckler de l'Apple 2.

LE TEMPLE DE QUAUTHLI / 1986

En 1986, Louis-Marie Rocques peut s'atteler à un projet plus personnel et plus ambitieux : la suite officieuse de son hit L'Aigle d'Or. En effet ce jeu reprend exactement le même gameplay et le but de l'explorateur qu'on dirige est à nouveau de retrouver la précieuse statue du volatile (Ndt : Louis-Marie Rocques explique d'ailleurs dans son interview sur Alone in the Past que "Quauhtli signifie l'aigle dans la langue aztèque"). Cette fois, c'est la jungle d'Amazonie qu'il faudra fouiller de fond en comble, en affrontant des animaux dangereux et de terribles sauvages, jusqu'à pénétrer dans un temple rempli de pièges.

Si L'Aigle d'Or faisait un petit clin d'œil à Indiana Jones et aux Aventuriers de l'Arche Perdue, en nous demandant de poser la statue de l'aigle de plomb en lieu et place de celle de l'aigle d'or afin de pouvoir s'en emparer, Le Temple de Quaulthi est encore plus explicite, comme on peut en juger à partir de l'illustration de l'écran d'intro, et surtout du célèbre thème de John Williams que le Thomson tente de restituer du mieux qu'il peut. Une autre influence évidente, à moins que ce soit un sacré hasard, provient du jeu Aztec que nous avons déjà évoqué puisqu'en plus d'un contexte similaire, le jeu de Louis-Marie Rocques nous sert aussi un héros armé d'une machette et d'un pistolet.

On est en terrain connu !
Faire un carton dans le village des indigènes n'est pas le meilleur moyen de progresser...

Mais plus qu'à Aztec, c'est fort logiquement à L'Aigle d'Or qu'on pensera en jouant. La progression dans l'aventure, les commandes et l'interface de jeu sont en effet très semblables. Diverses touches du clavier permettent toujours d'exécuter des actions comme sauter, boire, s'abaisser ou attaquer. Et ça c'est nouveau. On peut ainsi tirer avec son pistolet et ce dans plusieurs directions, y compris vers le bas ce qui est bien pratique pour toucher les serpents, mais attention car les munitions sont limitées. L'autre arme, c'est la machette qu'on lance droit devant soi et qu'on peut ramasser ensuite.

L'autre grande nouveauté, c'est qu'on fait des rencontres dans cette aventure... de mauvaises rencontres pour la plupart ! Mais il n'est pas toujours souhaitable d'affronter les sauvages l'arme à la main, faire offrande d'un objet sacré trouvé en route peut se révéler bien plus payant.

On peut entrer dans les huttes des villages.
Les serpents sont pénibles...

Le moteur de jeu du Temple de Quauthli a clairement été amélioré : le héros se déplace très vite, les graphismes sont plus fins et plus colorés. L'aventure est de très longue haleine avec de très nombreux écrans. D'ailleurs le jeu est divisé en 2 parties qui se chargent en mémoire séparément : la première couvre la jungle et la seconde le temple.

Voici donc un jeu très intéressant. Mais le problème, car il y en a un, c'est sa difficulté. Comme dans L'Aigle d'Or, il faudra faire un plan mais cela va se révéler très très délicat ici : les écrans de jungle se ressemblent tous et proposent jusqu'à 4 sorties. Et les combats et nombreux pièges auront tendance à trop vite mettre fin à la vie du héros ou à la patience du joueur. Malgré cela, Le Temple de Quauthli reste jouable et intéressant mais il demandera au rétrogamer qui lui donnera sa chance beaucoup plus d'investissement et de persévérance que pour L'Aigle d'Or. Le jeu n'a d'ailleurs pas eu le même impact que son grand frère, ni reçu le même accueil chaleureux de la part de la presse. Il faut dire qu'en 1986, on trouve des jeux plus impressionnants graphiquement et que de nombreux jeux de qualité sortis après L'Aigle d'Or ont imposé de nouveaux standards. Mais si on s'en tient à la ludothèque des micro-ordinateurs Thomson, Le Temple de Quauthli fait indiscutablement partie de ses meilleurs titres.

L'héritage de L'Aigle d'Or

En 1987, Louis-Marie Rocques décide de passer à la vitesse supérieure et, avec son frère, il crée sa propre société de développement et d'édition de jeux-vidéo : Silmarils. Parmi les softs créés par cette nouvelle société sur micro-ordinateurs 16 bits et sur PC, l'histoire a surtout retenu la trilogie de jeux de rôle Ishar et les jeux de stratégie StormMaster et Transarctica. Pourtant, Silmarils a également développé plusieurs jeux mélangeant action et aventure avec un personnage vu de côté, dont les influences renvoient directement à L'Aigle d'Or ainsi qu'au Barbarian de Psygnosis, il faut bien l'avouer.

Le logo de Silmarils, société crée par Louis-Marie Rocques.
Colorado sur Amiga, un jeu de Louis-Marie Rocques.

Certains de ces jeux ont directement été programmé par Louis-Marie Rocques. On y trouve tout ce qui a fait le charme de L'Aigle d'Or ou bien du Temple de Quauthli qui revit littéralement à travers Le Fétiche Maya, un jeu reprenant le même contexte.

Le Fétiche Maya passe presque pour un remake du Temple de Quauthli
Les touches de fonction permettent d'accomplir diverses actions.

Ainsi le Fétiche Maya met également en scène un explorateur parti rechercher des trésors dans des temples d'anciennes civilisations d'Amérique du Sud, le gameplay est tout à fait similaire, avec un héros qui se déplace librement d'écrans en écrans, et qui utilise des objets ou accomplit des actions en appuyant sur les touches du clavier (les touches de fonction ici). Des affrontements sont également présents (on utilisera ses poings dans un premier temps), on trouve toujours des serpents venant nous mordiller les guiboles, et des temples remplis de pièges. Petit clin d'œil sympathique : il est possible au tout début du jeu de rendre visite à un marchant pour s'équiper en échange de son argent, comme dans L'Aigle d'Or, et ici aussi il faut faire des choix !

Le marchand est présent au tout début de l'aventure, comme dans L'Aigle d'Or.
L'un des gros défauts du jeu : ces serpents dont on n'arrive pas à se débarrasser ...

Pendant ce temps chez Loriciels, ou plutôt Loriciel sans "s" puisque c'est le nouveau nom de l'éditeur français : coup de théâtre ! Une suite officielle à L'Aigle d'Or, intitulée L'Aigle d'Or Le Retour sort en 1992 avec tambours et fracas (si on croit le nombre de pages de publicité dans la presse JV française).

Retour d'un mythe, jeu de l'année, et illustration digne d'un James Bond, Loriciel ne lésine pas sur la com' !(cliquez sur l'image pour en avoir une version plus grande)

Louis-Marie Rocques n'a pas du tout travaillé sur ce jeu, il a juste donné son accord afin que le nom de son "bébé" soit utilisé. De leur coté, les joueurs français sont heureux de voir que le jeu fétiche de leur enfance n'a pas été oublié. C'est malheureusement une déception qui les attend. D'abord, ils ne retrouvent en rien l'ambiance du titre de 1984 puisque l'aventure se déroule cette fois dans le futur et voit notre héros combattre au pistolet-laser. Ensuite, le jeu imite maladroitement Prince of Persia, Another World et peut-être aussi Flashback sorti la même année. Ce n'est pas en soi un mal tant ces influences sont honorables mais elles se diluent dans ce soft manquant de personnalité et abondant de passages frustrants en raison d'une maniabilité exaspérante. Pourtant action et aventure sont bien au rendez-vous avec de nombreux écrans constituant un labyrinthe à explorer. On retiendra aussi la façon dont l'intrigue progresse avec la possibilité de consulter des messages sur des bornes interactives, nécessitant malheureusement d'incessants changements de disquettes...

Le héros a la classe quand il sort son flingue. Certaines animations rappellent Another World.
Il faudra sauter par dessus cette plaque électrifiée comme on sautait par dessus les oubliettes autrefois.

Mais rien à faire, la mayonnaise ne prend pas et le jeu ne se fera remarquer que grâce à sa réalisation graphique sympathique, particulièrement sur Amstrad CPC, puisqu'il exploite la palette de couleurs étendue de la gamme CPC+. Dommage que Loriciel ait manqué l'occasion de ressusciter la légende de L'Aigle d'Or avec cette suite. Mais peut-être qu'un jour, un éditeur se penchera sur son cas et la fera revenir sur le devant de la scène comme Ubi Soft l'a fait avec Prince of Persia ?

Quand à Louis-Marie Rocques, il a continué à créer des jeux pour Silmarils jusqu'à ce que la société ferme ses portes en 2003. Mais dès l'année suivante, il monte une nouvelle société : Eversim. Et que fait Eversim ? Des jeux ! Mais les mondes fantastiques inspirés de Donjons et Dragons et de Indiana Jones ne sont plus d'actualité puisque Eversim se spécialise plutôt dans le "serious gaming" et les simulations complexes et réalistes telles Rulers of Nations qui vous met à la tête d'un pays et gère énormément de paramètres.

Rules of Nations sur PC : c'est du sérieux !

Voilà qui semble très intéressant mais, ce type de jeu est-il aussi ludique et fun que ce bon vieil Aigle d'Or ? Je vous laisse en juger mais moi j'ai déjà mon avis sur la question !

Sebinjapan
(17 janvier 2011)
Sources, remerciements, liens supplémentaires :
- Certaines informations présentes dans cet article ont été trouvées/vérifiées grâce à l'interview de Louis-Marie Rocques présente sur l'excellent site Alone in the Past.
- Les captures d'écran de la video de TIFY : Raconte-moi une puce proviennent de l'indispensable site Abandonware Videos.
- Les jaquettes des jeux Thomson proviennent du site DCMOTO, une adresse indispensable pour tout ce qui concerne nos bons vieux micros franco-français.
- La publicité pour L'Aigle d'Or : Le Retour provient du site Abandonware France.
- La capture d'écran de Ruler of Nations provient du site d'Eversim.
- L'anecdote à propos de la version CPC buggée de L'Aigle d'Or a été lue dans le test du jeu sur le site Emunova.
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