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Carmageddon
Année : 1997
Système : Mac, DOS, Windows ...
Développeur : Stainless Software
Éditeur : SCi Games
Genre : Jeu de Course / Action
Par JPB (09 juillet 2012)

Lors de sa sortie, Carmageddon a défrayé la chronique par sa violence purement gratuite. Écraser des piétons, mais surtout être récompensé de le faire, ça ne s'était encore jamais vu ! C'est ce qui fit une grande part de sa renommée et de son succès - ça me rappelle, des années plus tôt, Barbarian de Palace Software qui fit également polémique à cause d'une part du poster quasi-dénudé de Maria Whittaker, et d'autre part de la si efficace (et il faut le reconnaître, jouissive) décapitation. Si ça vous intéresse, je ne peux que vous conseiller de lire l'article correspondant.

La jaquette de Carmageddon (merci au site Mobygames pour la face arrière que je n'ai plus).

Bref, Carmageddon vit le jour et les courses automobiles ne furent jamais plus comme avant. Mais se limiter à la violence du jeu est une erreur, car il est rempli de qualités - et avant tout, il faut toujours savoir faire la part des choses, dans le jeu vidéo comme ailleurs, je ne vais pas vous faire la leçon.

Note : j'ai acheté ce jeu lors de sa sortie, version française intégrale, qui diffère de celle que je suis en train d'utiliser pour y rejouer et faire les captures écran nécessaires (j'y reviendrai d'ailleurs en fin d'article) ; ainsi je vous donnerai par moments certains aspects VO et VF pour comparaison.

Inspirations

Carmageddon devait être au départ, en 1995, un jeu de Banger Racing (mélange de Stock Car et de Demolition Derby), puis l'idée fut abandonnée pour devenir un jeu sous licence Mad Max. Mais au final c'est la licence de Death Race 2000 qui fut retenue.
Ce film réalisé par Paul Bartel en 1975, connu en France sous le nom de La Course à la Mort de l'An 2000, met en scène plusieurs pilotes qui se défient en traversant les états-Unis d'est en ouest, et en marquant des points lorsqu'ils écrasent des piétons. Il s'agit d'un film de série B qui critique ouvertement le système de la télé-réalité. Deux acteurs de renom : David Carradine et Sylvester Stallone, s'y affrontent jusqu'à la mort dans leurs bolides.
N'ayant jamais vu ce film, je ne peux pas vous en dire plus. Je pense qu'il a eu un succès comparable en son temps à Rollerball, du fait de la violence qu'il montre... En tout cas vous pourrez en savoir plus sur Wikipedia, IMDB, ou cet article en français (où vous trouverez les photos présentées ci-dessous et la bande-annonce originale).

Affiche originale et quelques images de Death Race 2000.

Autres sources d'inspiration possibles : le jeu d'arcade Death Race d'Exidy, dans lequel on doit écraser des zombies pour les transformer en pierres tombales, et Roadwar 2000 (qui me ferait plus penser à l'univers de Mad Max).
S'il est possible qu'il n'y ait en fait pas de lien réel entre ces jeux et Carmageddon, il faut toutefois noter que Death Race a été un des tout premiers jeux controversés pour sa violence, et que cette "publicité" ne lui permit pas de dépasser les 500 bornes vendues... Vous aurez plus d'infos sur KLOV ou Arcade History.

Un tour sur le bolid'

Si le personnage rigolard (et un peu inquiétant il faut l'admettre) de la jaquette ne vous a pas mis la puce à l'oreille, l'introduction en images de synthèse ne vous laissera plus le moindre doute : il s'agit d'une course illégale de bolides, tous plus ou moins déjantés (vous verrez un peu plus tard que les propriétaires sont parfaitement en accord avec leur voiture), dans des environnements variés, et où tout sera permis.

Après avoir fait rugir leurs moteurs, pendant que les habitants tentent de se barricader chez eux,
les concurrents s'élancent alors que le pauvre homme n'a même pas baissé son drapeau !

Le début de la course correspond hélas à la mort de l'officiel qui lance le départ de la course, les concurrents lui roulant carrément dessus parce qu'il gêne. Ce qui indique qu'en cours de jeu, au moment du départ, vous pourrez faire de même... Ne vous en privez pas pour gagner des points !

Jeu de course, ou de baston ?

Carmageddon est atypique en ce sens qu'il s'agit peut-être du premier jeu de course "bac à sable".

"Hang on to yer helmet", traduit par "Accroche-toi à tes bretelles"... Enfin, on comprend le sens général !

Concrètement, la course elle-même n'est pas essentielle. Ici, on vous fournit un terrain assez conséquent, avec un circuit sur lequel vous devez parcourir plusieurs tours ; mais tout ce qui se trouve autour de la piste est explorable, et la plupart du temps vous offrira de bonnes raisons de fouiner. Vous êtes donc libre de faire la course au plus vite, ou de chercher à gagner du temps supplémentaire, et pour cela détruire vos concurrents, écraser piétons et vaches, rouler sur les bonus de temps... De plus certaines actions vous rapportent des crédits, et d'autres vous en coûtent : il faut gérer cet aspect-là en plus du reste. Un vrai bac à sable, je vous dis !

Vous commencerez par choisir une nouvelle partie et un niveau de difficulté parmi 3, dont les traductions évocatrices, dans la version française, sont : "Bon pour les minables", "Carnage quotidien standard", et "Plus difficile que rouler un patin à un cobra". Ce niveau influe sur le temps gagné lors des actions, et sur le calcul de gain de niveau en fin de course.

"Aussi facile que tuer des lapins avec des haches"... Ça dépend si le lapin peut s'enfuir !

De toute façon, vous devez partir du principe que trois choses vous font perdre :
- le compte à rebours arrive à zéro ;
- un concurrent termine la course avant vous, ce qui est assez rare vu leur état d'esprit ;
- plus subtil : vous n'avez plus d'argent à la fin d'une course (vos fonds sont en négatif).

Et pour gagner c'est encore plus simple :
- finir les tours impartis en première place ;
- réussir à éliminer tous les piétons de la carte (pas évident vu leur nombre) ;
- détruire toutes les voitures adverses.

Tronches de cake et tranches de vie

Concurrents

Vos adversaires, justement, parlons-en : ils sont particulièrement gratinés. Leur nom est la plupart du temps un calembour plus ou moins réussi, mais leur comportement laisse entendre qu'ils seraient plus à l'aise dans une émission de télé-réalité sur les dangers de la consanguinité à la 3ème génération qu'au volant d'une quelconque chose roulante.

Quelques concurrents.
Kutter fait penser à Frankenstein (David Carradine) dans le film cité plus haut, encore un clin d'œil.

Vous allez ainsi affronter Stig O'Sore (Dean O'Zore en VF), Val Hella (Val Quirit), Madam Scarlett (Renée Carlate) ou encore Ivan the Bastard (Ivan le Fou). Les descriptions des personnages sont parfois surréalistes : ainsi on explique que Halwit Harry (Pat Romalin) cherchera à gagner par tous les moyens pour pouvoir dépenser ses gains pour Squealer, son cochon domestique. La description de Burly Shirley (Shirley Belform) en rajoute : sœur de Pat Romalin, elle voue la même dévotion que son frère à Squealer, le cochon domestique (l'autre trait de famille est un Q.I. désastreux).

Bref, ces vingt-quatre fous du volant n'hésiteront pas à laisser tomber la course elle-même à la moindre provocation de votre part - ou pas, en fait - pour vous chatouiller la tôle.

D'autres concurrents, pas plus recommandables.
Véhicules

Je vous ai montré leurs visages, mais ce ne sont pas les pilotes que vous allez directement affronter : ce sont leurs engins. Chacun d'eux est caractérisé par sa vitesse maximum, son poids, et son accélération. Ce n'est donc pas tant le pilote qu'il faut examiner avant une course, mais la chose qui risque de vous éperonner - ou que vous allez tenter d'écrabouiller. Dans l'absolu, il faut faire autant attention en se battant contre une petite voiture ridicule mais rapide, que contre un énorme camion de chantier lent et pesant : il est toujours possible de se faire avoir bêtement. Mais en pratique, comme on peut - parfois - arriver à voler les voitures détruites des autres...

Les véhicules respectifs des concurrents du tableau précédent.

Ah oui, j'oubliais que dans certaines courses, la police s'invite au volant de petits blindés horriblement difficiles à éliminer (même si c'est faisable), et qu'il existe un énorme véhicule qui fait penser à celui qu'on voit dans le film Robocop 2, présent sur une seule course, qu'on vole systématiquement si on arrive à le détruire ! Bon courage pour y arriver, mais ensuite, quel pied !! :)

Et vous dans tout ça ?

Mais on parle des concurrents, et pas des personnages que vous pouvez incarner : je vous rassure, ce ne sont pas des anges non plus. Vous pourrez choisir entre Max Damage (Max les Menaces) ou Die Anna (Steph' de Marteau). À voir leur tronche, on peut même se demander s'il ne s'agit pas des plus psychopathes de tous ! Vous aurez accès à leur visage pendant la course (que vous pourrez désactiver si ça vous gêne), et leurs mimiques affichées en fonction des actions que vous effectuez valent vraiment le détour.

Max et Anna, avec leur voiture respective.

Le choix entre les deux est principalement affaire de goûts entre leur sexe, leur visage, ou leur engin, car ces deux voitures ne sont que très légèrement différentes : celle de Max, la Red Eagle (Aigle Rouge) est un peu plus résistante et un peu moins rapide que la Yellow Hawk (Faucon Jaune) d'Anna, et leur différence d'apparence se joue sur le plan de l'emplacement du cockpit.
Personnellement je préfère jouer avec la Yellow Hawk dont j'adore le look (extérieur et intérieur), mais je préfère les tronches absurdes de Max... C'est comme je le disais, une affaire de goûts.

Les deux vues intérieures des voitures de Max et Anna.

Les deux acteurs sont Tony Taylor et Faye Morey, vous verrez leur visage sur cette vidéo.

Les environnements et les circuits

Les différentes zones

Concernant les environnements proposés par la dizaine de zones, on trouve de tout : ville, neige, désert, industrie, marina, mine... Bien entendu, les couleurs, les décors, les obstacles et les piétons changeront en fonction de cet environnement pour rester cohérents (vous avez déjà vu des vacanciers dans une mine vous ?)

Quatre zones parmi la dizaine proposée. Les trois premières courses du jeu sont disponibles sur les
trois premières images ; la quatrième zone est un secteur souterrain.

Certains lieux sont ainsi particuliers. Par exemple, le lac gelé, dans la zone de neige, est un endroit où toute voiture qui y pose les roues se retrouve pratiquement incapable de contrôler sa glissade, aussi il vaut mieux l'éviter. Mais en même temps il faut à tout prix l'avoir fait au moins une fois pour la bonne rigolade que ça entraîne ! Autre emplacement incontournable : l'immense trou dans la mine : si vous y tombez sans prendre garde, vous vous demanderez longtemps s'il y a vraiment un fond...

Le plus important à savoir, à propos de ces différents endroits sur lesquels vous concourez, c'est qu'ils sont fixes. D'une course à l'autre sur la même zone, tous les éléments que vous pouvez utiliser (j'y viens dans pas longtemps) sont systématiquement placés au même emplacement. Du coup, il est vraiment intéressant de se promener, histoire de repérer les bons coins : les lieux remplis de piétons, ceux où se trouvent des bonus très utiles, les mines, les raccourcis, les tremplins pour les lieux cachés... Sans en faire une obsession : même si vous n'en avez pas eu le temps, d'autres courses sur la même zone vous feront passer par des endroits où vous découvrirez d'autres trésors... L'essentiel est de bien retenir leur emplacement !

Circuits

Comme je viens de l'expliquer, vous irez forcément plusieurs fois dans la même zone pour négocier de nouveaux parcours. En général les tournants sont balisés et les mauvaises routes sont bloquées par d'énormes blocs de béton avec indicateurs en chevrons ; en principe, on ne peut donc pas se tromper et on suit la bonne route... mais on n'est pas souvent vissé sur la piste, et il est des fois délicat de retrouver le checkpoint recherché pour passer à la suite quand on s'est retrouvé propulsé à l'opposé de la zone !
Au moindre doute, un appui sur la touche Tab permet d'afficher une carte, et de savoir quel est le circuit actuel, où sont les checkpoints, et où se trouvent les concurrents.

La première course dans la neige. Voyez le parcours à suivre assez simple, avec 3 checkpoints.
En bas de la carte, le fameux lac dont je parlais plus haut. À droite en noir, un complexe souterrain.

La plupart du temps, la course est un simple circuit à parcourir plusieurs fois, mais vous aurez aussi droit à des parcours plus difficiles à négocier : avec des souterrains, des loopings, des ponts brisés à franchir correctement, et dans mon souvenir le pire : quelques courses obligeant à passer par des tremplins, de toit en toit, sans vous tromper ni tomber (quand des années plus tard, j'ai vu Batman Begins, je me suis bien amusé à voir l'énorme Thumbler (la nouvelle Batmobile) sauter de toit en toit pour rejoindre l'autoroute... J'ai tout de suite pensé à ces courses de Carmageddon). Bref, l'imagination des développeurs n'a pas été limitée et ils se sont vraiment lâchés !

Piétons et objets

Il s'agit de ce que vous pourrez percuter au cours de vos pérégrinations.

Piétons

Hommes, femmes ou vaches, même combat ! En général, ils essaient de s'enfuir en hurlant quand vous leur arrivez dessus à toute vitesse, mais des fois ils sont paralysés par la peur (ou par un bonus que vous avez ramassé au préalable) et il vous suffit de les écraser pour gagner plusieurs secondes dont le nombre dépend du niveau de difficulté. N'oubliez pas que, si vous le faites avec grâce (en dérapant, en les broyant contre un mur, en leur envoyant dans la figure un quelconque objet - comme un lampadaire - ou en leur tombant dessus à la fin d'un saut...) vous obtenez des bonus de style supplémentaires ; et que si vous arrivez à en éliminer plusieurs d'un coup, vous avez droit à un multiplicateur combo.

Ôôôôh la jolie grappe de piétons ! "Les Dents de la Mer", c'est dépassé...

Le nombre de piétons est en général assez élevé, et s'il est possible de tenter de tous les éliminer, je ne crois pas avoir déjà réussi à le faire. Une récompense spéciale en fin de course est cependant prévue si vous y arrivez.

Bonus et malus

Autres éléments, fixes cette fois : les bonus/malus, représentés par des piles de pneus, des bidons... comptez-en une bonne quarantaine ! Certains sont clairement indiqués par une couleur et un symbole qu'on finit par reconnaître (temps ou crédits supplémentaires, conduite aquatique...) tandis que d'autres affichent un point d'interrogation et seront la Surprise du Chef. Attention, il n'y a pas que des bonus : vous pouvez par exemple récupérer le malus pinball, qui transforme la moindre surface que vous touchez en bumper de flipper : votre voiture risque de ne pas supporter les chocs...

Un coin intéressant : piétons et bonus.
Plusieurs bidons de temps supplémentaire.

En fait les bonus/malus sont de trois catégories :
- celle qui affecte les piétons (piétons explosifs, piétons aveugles, le génial rayon électrique qui électrocute tous les passants autour de votre voiture...) ;
- celle qui touche à votre voiture (en bien : augmentation des dégâts, invulnérabilité, ou en mal : pneus graissés, carrosserie détruite...) ;
- et une dernière plus générale (réparations gratuites, gravité jupitérienne, l'horrible mode pinball...).

Si vous voulez en savoir plus : leur liste complète (en anglais) est ici.

Mines

Ce sont des éléments statiques qui font exploser et envoient tout véhicule qui les touche en l'air... N'hésitez pas à pousser vos adversaires contre une mine. Mais écartez-vous vite pour ne pas subir le même sort !

Des mines dans une arène en plein air et dans un réservoir rempli d'eau (la maniabilité devient horrible).
Sur la seconde image, regardez Ivan qui vole suite à une collision justement !

D'expérience, dans un champ de mines, il est possible en jouant finement de pousser un concurrent contre une première mine, et de le détruire en quelques coups grâce à une réaction en chaîne - si elle réussit - qui le fait voler d'une mine à l'autre : dans ce cas, votre concurrent finit par retomber, broyé, au bout de 5 ou 6 explosions, quel bonheur !

Déroulement d'une épreuve

Oui, parce que je ne peux pas écrire "déroulement d'une course", forcément.

Avant le départ

L'évolution dans le championnat se déroule de façon régulière : chaque circuit est disponible à partir du moment où vous avez le niveau pour y participer. Vous commencez niveau 99, où trois courses vous sont accessibles : vous pouvez choisir celle que vous voulez parmi celles qui apparaissent en vert. On ne peut jouer que sur 5 niveaux autour du sien, ce qui fait qu'on ne peut à un moment donné choisir que quelques courses parmi les 36 existantes.

Choix de la course, et écran d'infos sur celle-ci (parcours, concurrents...)
Mon niveau 97 ne me permet pas encore d'accéder à la Death Valley.

Profitez de ce moment pour regarder les concurrents qui vous chercheront des poux et bien voir le tracé imposé (comme je l'ai déjà dit, vu que plusieurs courses se déroulent sur une même zone, des fois on est un peu perdu). Ensuite, c'est le moment de changer de voiture si vous trouvez que vos adversaires sont un peu trop forts pour vous, à condition que vous ayez déjà volé au moins une voiture auparavant ; vous pouvez aussi décider de dépenser de l'argent en améliorant les capacités de votre engin (armure, propulsion, dégâts offensifs) ; si vous ne le faites pas, le jeu vous le proposera de toute façon.

Choix de la position de départ.
Scarlett me défie... J'ose ou pas (poule mouillée) ?

Enfin, il se peut lors de certaines épreuves qu'on vous permette, ou qu'on vous mette au défi de changer de position au départ. Ce n'est pas systématique, et je vous conseille de vous demander si c'est vraiment une bonne idée de le faire...

Le départ

Voici ce qu'il faut savoir pour gérer correctement sa course.

Le départ. Notez l'officiel avec son drapeau, il ne va certainement pas faire long feu...
Ses restes, avec le drapeau planté au milieu, seront visibles tout au long de la course.

En haut à gauche, à côté de la grosse figure de votre avatar, l'écran indique en premier lieu le prochain checkpoint (CP, sur le nombre total), le tour en cours (LAP, sur le nombre total), et en-dessous le nombre d'adversaires éliminés (WASTED, sur le nombre total qui est généralement de 5). Ensuite, le temps restant écrit en gros, pour qu'on ne le rate pas. Enfin, vous savez si vous avez des crédits (PROFIT) ou si vous en devez (mauvais signe si c'est indiqué LOSS), et dessous le nombre de piétons/vaches écrasés (KILLS, sur un nombre total assez conséquent).

À droite de l'écran sont indiqués les niveaux d'armure (A pour ARMOR), de propulsion (P pour POWER) et de dégâts offensifs (O pour OFFENSIVE).

En bas à gauche, c'est la vitesse en vert, le rapport en jaune, et le compte-tours. En bas à droite, c'est l'indicateur de dégâts, qui indique la gravité de la panne en allant du vert (petit dégât) au noir (complètement foutu), avec le jaune et le rouge en niveaux intermédiaires. Il est conseillé de réparer sa voiture en cours de course (touche Backspace), quand on le veut, mais attention : ça coûte des crédits.

Voilà, le compte à rebours est fini, les concurrents s'élancent. Des fois l'officiel au drapeau arrive même à s'échapper. Mais dès le démarrage, essayez de lui rouler dessus si personne ne l'a fait avant vous, vous avez une réputation à préserver !

L'épreuve

Vous devez d'abord gagner un peu de temps, pour cela vous pouvez percuter les bornes vertes qui octroient quelques secondes, ou mieux : écraser quelques piétons histoire de vous faire la main. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il est nécessaire de vous constituer au plus vite une petite réserve de temps, disons au moins 10 minutes - voire plus si vous êtes en forme - afin de pouvoir ensuite décider du style que vous suivrez.

Typiquement ce qui fait plaisir à Max : écraser quelque chose.
Et hop : 8 secondes de gagnées (difficulté intermédiaire), et 1200 crédits en plus.

- Si vous voulez éliminer vos concurrents, ne cherchez pas à faire la course : soyez vil. Foncez-leur dedans, aplatissez-les contre une paroi, poussez-les dans des précipices, faites-les sauter sur une mine, vous trouverez bien des trucs marrants à faire. Mais soyez prêt à dépenser pas mal de crédits pour réparer votre voiture en cours de jeu, car vous l'esquinterez forcément plus que si vous vous contentez de faire une course standard.

- Si vous préférez faire la course au plus vite, le jeu est moins spectaculaire. Mais c'est faisable, il faut juste vérifier que vos adversaires sont bien derrière vous et assez loin de préférence (impossible de savoir où ils en sont dans leur passages des checkpoints, c'est dommage à mon sens) et prendre garde à ne pas vous tromper lors d'embranchements ou de passages acrobatiques. En général, les concurrents calquent une partie de leur comportement sur le vôtre : si vous essayez de rouler, ils seront moins combatifs que si vous décidez de les éliminer - mais ce sont quand même des psychopathes et ils ne se contenteront jamais de vous doubler en rigolant.

Le plus simple... c'est d'agir en fonction de vos envies. Vous pouvez très bien décider de rouler, puis si vous êtes vexé par un des fous du volant, de partir en croisade contre lui. Vous pouvez aussi tenter de décimer toute la population d'une zone, mais attention, certains piétons sont vraiment planqués dans des endroits pratiquement inaccessibles ; il faut voir si le temps gagné à les écraser reste plus important que celui passé à les chercher, ou c'est perdu d'avance.

L'arrivée

Chaque fois que vous gagnez une course, vous aurez droit à une petite animation absolument ridicule. Ensuite, en fonction de vos actions et surtout de l'argent obtenu, vous gravissez les échelons et accédez à de nouvelles pistes et concurrents, jusqu'à arriver bien entendu au niveau 1 (où à ce stade, toutes les épreuves deviennent jouables quand on le désire).

Ici, la course est finie "à la régulière"
(il reste un concurrent non détruit au loin).
L'animation de victoire. Votre personnage se fait éjecter
par une bouteille de champagne géante...

Vous pouvez ensuite choisir d'améliorer votre voiture, sachant que les réparations sont complètes et gratuites entre deux courses. C'est aussi à ce moment qu'on vous propose de voir dans quel état ont fini les voitures des concurrents.

Gains de la course, pertes de la course, et au final
crédits actuels : je gagne cinq niveaux.
Je vais me payer un moteur plus performant.

Attention : si vous êtes à découvert financièrement, la partie est finie.

Replay

Pour continuer dans le bon goût - enfin, pour rester dans le style du jeu, Carmageddon propose un mode replay très bien fait, accessible n'importe quand, qui permet de revoir l'action depuis plusieurs vues notamment la caméra de poursuite, fantastique, que j'appelle "caméra sprotch". Cette vue cadre votre véhicule, avec au premier plan la future victime que vous allez écraser. Et quand vous lancez l'action, vous voyez votre voiture qui se rapproche, le piéton (ou la vache) qui tente de s'enfuir... mais peine perdue : sprotch.

Par défaut la caméra se positionne là où on va en prendre plein la vue...
Le drame va se jouer dans une fraction de seconde !

C'est amusant car la vue permet d'avoir des gros plans des piétons, qu'on ne voit pas forcément dans le feu de l'action. Et encore une fois, il faut reconnaître que les développeurs sont allés jusqu'au bout de leur idée... On ne peut pas s'empêcher de rigoler en repassant la scène. En dehors de toute considération du gameplay (points supplémentaires, gain de temps...) on finit par soigner au micropoil la chorégraphie des accidents pour que le replay soit particulièrement impressionnant.

Cette vache est condamnée...
... et lui aussi.

N'oubliez pas : Carmageddon n'est qu'un jeu. Tout comme Death Race 2000 n'est qu'un film.
Si vous voulez en savoir plus : http://carmageddon.wikia.com/wiki/Main_Page (en anglais).

Réalisation

Graphismes

Parlons tout d'abord de l'élément principal de Carmageddon : les voitures. Elles sont en 3D texturée, et plus ou moins originales - on retrouve des inspirations dignes des Fous du Volant, de films futuristes, de Death Race 2000 bien entendu... Le look final de ces engins est particulièrement ravageur. Sachant qu'en plus, il est possible d'avoir une vue intérieure de tous les véhicules, en tout cas une fois qu'on a réussi à les voler à la fin d'une course... Le travail des graphistes est réellement impressionnant.

Deux vues intérieures de voitures volées, la première à Vlad et la deuxième à Ed 101.
Notez à droite un blindé de la police.

Les objets inanimés sont des sprites en 2D ; ils sont suffisamment reconnaissables de loin pour qu'on puisse agir et changer de trajectoire si besoin (pour éviter une mine par exemple).
Par contre gros travail au niveau des innombrables modèles de piétons, qui sont eux aussi des sprites en 2D. On a une bonne vingtaine de personnages - si ce n'est plus - qui vont tenter d'échapper à votre voiture ; et là aussi, les développeurs n'y sont pas allés de main morte : en plus des savants en blouse, techniciens avec le casque de chantier, on croise des vacanciers en maillot de bain, ou des personnes âgées avec canne... On n'a que l'embarras du choix ! Il me semblait qu'il y avait eu une polémique à propos de femmes avec une poussette, mais je n'en ai vu aucune dans mes courses récentes.

Pour finir, les décors sont eux aussi très travaillés. Non seulement au niveau de l'ambiance visuelle (couleurs, ciel, textures...) mais aussi au niveau des parcours. On a vraiment une impression différente entre une course en ville, sur une île ou dans un complexe industriel - ça paraît logique mais il faut encore y arriver - et là, c'est très réussi.

Remarque importante : le jeu fut censuré dans certains pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne : les piétons furent remplacés par des zombies au sang vert, ou des robots à l'huile noire... mais des patches furent proposés pour remettre les piétons d'origine dans ces versions !

Animation

Vous avez sous les yeux un des premiers jeux qui utilisaient la basse résolution (320x200), la haute résolution (640x480) et la 3dfX : un patch était paru peu de temps après la sortie du jeu. La haute résolution native était trop gourmande pour les machines de l'époque, ce qui fait qu'avant le patch 3dfX, on jouait en 320x200. Mais une fois le patch appliqué, le jeu se métamorphosait, la fluidité était exemplaire, c'était le renouveau !
Du coup, jouer en 3dfX est encore plus fluide que la basse résolution. Les images sont fines et l'animation ne souffre d'aucun ralentissement. C'est du beau travail, mais c'est vrai que la 3dfX était exceptionnelle...

Ma voiture s'est faite laminer par le malus Pinball. Mais j'ai des sous et je l'ai réparée sans souci.
Au redémarrage, j'ai patiné pendant quelques secondes à cause de l'huile...

En dehors de l'aspect technique, l'animation des véhicules est parfaitement bien rendue. Petite mention spéciale au fait que, quand vous broyez un concurrent, sa voiture laisse échapper une tonne d'huile... et que quand on a le malheur de mettre les roues dedans, la voiture devient incontrôlable tant que les pneus ne se sont pas nettoyés. C'est un peu pareil avec les piétons, mais en moins gênant.

Bruitages

Les bruitages sont parfaits. On n'a rien de surprenant, mais tout est parfaitement calibré. Les piétons hurlent quand on se dirige vers eux, Max ou Anna hurlent eux aussi quand vous faites quelque chose qui ne leur plaît pas trop. Le vrombissement des moteurs n'est pas le plus réussi dans le jeu, même s'il change d'une voiture à une autre ; par contre, on entend parfaitement les dérapages et les chocs. Total : une ambiance sonore survoltée, parfaitement en phase avec l'action déjantée du jeu.

Le fantastique Suppressor, qu'on peut voler (si toutefois on arrive à le détruire, bon courage !)
lors de la course "Blood on the rooftops" ("Du sang sur les toits").

Petite remarque : il n'y a pas de musique.

Jouabilité

Elle est géniale. Les voitures se dirigent par défaut au pavé numérique (encore qu'on puisse changer les touches) et réagissent au quart de tour, mais attention : il faut arriver à les dompter pour faire des cascades époustouflantes... Un peu d'entraînement est nécessaire pour cela. En parallèle, on a vraiment un comportement qui change du tout au tout d'un engin à un autre, donc là aussi dépaysement total et jouabilité aux petits oignons. Vous verrez ainsi que l'Annihilator, le dragster de Vlad, est impressionnant en ligne droite mais complètement à la ramasse dès qu'il faut tourner ; de test en test, vous finirez par trouver LA voiture qui vous ressemble et vous permettra de vous éclater au mieux (qui a dit le Suppressor ?)

J'ai l'air mal en point, mais ne vous inquiétez pas : je contrôle la situation.

Mais la grande réussite du jeu, c'est de pouvoir faire ce qu'on veut. Choisir d'explorer une zone pour découvrir des bonus, de se fixer sur le parcours ou sur l'élimination des concurrents dans l'espoir de récupérer une voiture intéressante... Cela permet de jouer, de rejouer différemment, sans lassitude. D'accord, ce n'est pas GTA : on ne peut QUE piloter un bolide ; mais la liberté d'action est appréciable et relativement nouvelle dans une course de voitures de 1997.

L'après Carmageddon

Un add-on appelé Carmageddon : Splat Pack, sortit quelques mois après le jeu. Il proposait quelques variantes (véhicules un peu modifiés et nouveaux parcours, surtout la gestion native de la 3dfX). Disons qu'il n'apportait rien de nouveau, mais permettait de continuer à s'éclater (c'est le cas de le dire !) avec de nouvelles données.

Le Splat Pack : les nouvelles voitures d'Anna et de Max.
Détail amusant : un des nouveaux concurrents conduit une version trafiquée d'une 2CV !

Le jeu suivant fut Carmageddon II : Carpocalypse Now, sorti en 1998. Grosse nouveauté : tout était en 3D, y compris les piétons, et le jeu gérait nativement OpenGL ou Direct3D. Il offrait un gros travail de recherche sur les véhicules, les décors, les parcours... tout était nouveau. Par contre l'esprit du jeu était toujours le même, et on pouvait remarquer une gestion de la physique (voitures, objets...) démentielle. Je me rappelle particulièrement de l'énorme masse qu'on peut récupérer via un bonus, et qu'on traîne péniblement derrière sa voiture : les réactions étaient impressionnantes de justesse.
Carpocalypse Now fut bien noté, et je me rappelle de l'avoir fini lui aussi avec autant de plaisir que le premier épisode.

Carpocalypse Now.

Le dernier jeu fut Carmageddon : TDR 2000, paru en... 2000. Encore amélioré au niveau de la physique, de la maniabilité et des graphismes, il proposait lui aussi des pistes totalement nouvelles (la fête foraine par exemple). Seul souci : régulièrement, une épreuve demandait à être réussie pour avancer dans le mode solo, et je me souviens de n'avoir jamais réussi à terminer la première - donc je n'ai pas pu passer le début du jeu. Bref, j'étais enthousiasmé par la réalisation mais déçu par le progression. Le jeu a juste eu un succès d'estime.

TDR 2000.

Après TDR 2000, il fut un temps question d'un nouveau jeu, mais il fut annulé... et plus rien.
Alors imaginez mon sourire quand j'appris, en début 2012, que Carmageddon était censé ressortir en milieu d'année 2012 sur les nouvelles plateformes (Iphone)... Et mieux encore, imaginez ma joie quand je lus sur le net que Carmageddon : Reincarnation serait de la partie en 2013... Quelle excellente nouvelle !

Carmageddon : Reincarnation, qui devrait reprendre le meilleur des trois jeux
avec les personnages et véhicules du premier épisode (vérifiez par vous-mêmes plus haut sur cette page).

Je place de grands espoirs dans ce nouveau jeu - et je ne suis pas le seul, j'espère que les développeurs sauront retranscrire toute l'ambiance du premier jeu avec une réalisation digne de 2012 !

Conclusion

Voilà un jeu inoubliable. Et franchement marrant, en tout cas moi j'ai bien rigolé en y jouant à l'époque, et en y rejouant pour rédiger cet article (d'ailleurs je viens de fêter mes 10 ans de contribution à Grospixels, ça s'arrose).

Vous voulez y jouer à votre tour ? Facile : Carmageddon est aujourd'hui disponible en abandonware, en version complète avec l'extension Splat Pack, avec ou sans version 3dfX. Vous le trouverez à cette adresse, téléchargez la "version automatique"... et voilà ! L'installation est un modèle du genre : on l'installe, on lance le raccourci, et ça marche. Préférez la version 3dfX pour un plaisir de jeu complet, mais attention, il y a parfois des bugs graphiques avec cette version (notamment les vues intérieures capricieuses, et le replay qui ne fonctionne pas, c'est pour ça que dans cet article certaines images sont un peu moins nettes que d'autres).

J'aurais tendance à vous conseiller de vous dépêcher, qui sait si le jeu sera encore abandonware d'ici quelques mois...

Carmageddon : Reincarnation, qui devrait reprendre le meilleur des trois jeux
avec les personnages et véhicules du premier épisode (vérifiez par vous-mêmes plus haut sur cette page).

En tout cas un immense merci à Abandonware France d'avoir permis de jouer en 2012 à ce titre fantastique, en ayant créé cette version automatique qui tourne parfaitement bien, et en plus sous 3dfX, alors que la version que j'ai achetée est inexploitable en l'état sous XP, croyez-moi : j'ai plusieurs fois essayé des trucs depuis des années et rien à faire.

N'oubliez pas, une dernière fois, qu'il s'agit d'un jeu, qu'il est dangereux de reproduire ce genre de situation dans la vraie vie, et qu'il faut manger au moins 5 fruits et légumes par jour (de préférence ni trop sucrés, ni trop salés).

Carmageddon fut testé :
- dans le Joystick n°84 de juillet/août 1997 (80%) ;
- dans le Gen4 n°101 de juillet/août 1997 (Hit, 4/6).

JPB
(09 juillet 2012)
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