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Crazy Taxi 1 & 2
Année : 2000
Système : Dreamcast
Développeur : Sega
Éditeur : Sega
Genre : Arcade
Par Kitano & Tequila (15 août 2001)

Crazy Taxi 1

Attention, j'ai décidé de commencer cet article par une devinette supra-intellectuelle ! Si je vous dis : soleil, surf, belles nanas et fast-foods ; à quoi vous pensez ? Alors, alors ?... J'attends les réponses !

Houla, laissez tomber, vous êtes loin, je ne parlais pas de la Bretagne mais de la Californie ! Hé oui, la patrie du punk-rock, du beach-volley, de San Fransisco et Los Angeles... C'est dans ce cadre plutôt ensoleillé que Crazy Taxi vous invite à dévaler les rues de deux mégalopoles à la recherche de sensations fortes et, accessoirement, de clients kamikazes !

Let's go get some crazy money!

Réalisé sur carte Naomi (la Dreamcast en version arcade) en 1999 par le studio AM3 (rebaptisé Hitmaker depuis le printemps 2001), Crazy Taxi s'appuie sur un concept aussi simple que génial : vous vous déplacez à bord d'une grosse décapotable américaine, vous repérez un client qui correspond à vos attentes et une fois la victime embarquée, vous l'amenez à destination dans l'urgence la plus totale ! En clair, il ne faudra pas hésiter à rouler en contresens, effectuer des dérapages monstrueux ou des jumps de folie afin d'arriver dans les délais impartis ! Sachez que votre habilité et votre prestance seront récompensées par des bonus de temps ainsi que des espèces sonnantes et trébuchantes...

Tout dépend de la satisfaction de vos clients. À propos de ces derniers, sachez qu'ils sont répartis entre plusieurs catégories identifiables par leurs couleurs : les teintes varient entre le rouge (course de proximité) et le vert (longue course). Avec l'expérience, le joueur apprend à enchaîner stratégiquement les différents types de course afin de repousser l'échéance inévitable : le chrono, véritable épée de Damoclés pointée sur nos pauvres portefeuilles...

Enfin, en arcade, parce que là, on est sur Dreamcast...

Hey, Hey, Hey : Naomi versus Dreamcast !

Le match va se jouer sur deux points : la réalisation et la profondeur de jeu. Je commencerai par ce dernier point, si cela ne vous dérange pas...

Bon, au niveau des modes de jeu, c'est un peu gagné d'avance pour la version console qui propose une ville supplémentaire et une « Crazy Box » remplie d'épreuves rigolotes. En ce qui concerne la ville supplémentaire, Sega ne s'est pas moqué de ses clients puisqu'elle représente une excellente alternative au parcours originaire. Alors que la version Naomi était « relativement » linéaire (en arcade, l'objectif n'est pas de perdre le joueur), le nouveau tracé apparaît comme beaucoup plus ambitieux au niveau de sa construction. En clair, il est beaucoup plus cohérent au niveau des embranchements et des infrastructures : les quartiers comme le port, le centre ville ou la zone commerciale « s'emboîtent » beaucoup plus logiquement. Au final, l'impression de se déplacer dans une ville est beaucoup plus importante (attention, cela n'enlève en rien le charme de la course arcade !). En contrepartie, cela demande aussi de plus grandes ressources pour la console...

Techniquement, la version Dreamcast est très proche de son homologue sur Naomi, les couleurs sont lumineuses, les décors regorgent de détails et les textures utilisées sont de qualité variable. Les petits défauts d'aliasing semblent moins prononcés sur console que sur carte Naomi. En ce qui concerne l'animation, la fluidité est plus constante sur borne d'arcade, le pop up des décors plus discret même si le clipping d'objets reste équivalents sur les deux systèmes. Évidemment, il m'est impossible de pousser la comparaison sur la deuxième ville. Celle-ci souffre d'un clipping un peu plus important que la ville initiale mais cela est dû, je le répète, à son architecture plus compliquée...

Ce petit comparatif étant terminé, concentrons-nous donc sur le plaisir de jeu.

Let's have some fun!

Une ambiance aussi détonnante ne se rencontre pas tous les jours. Crazy Taxi restitue à merveille la vie trépidante d'une ville en activité : les piétons sont omniprésents, la circulation est dense et les quartiers visités font preuve d'une belle variété...

Les galeries marchandes, le parc naturel, le réseau ferroviaire, la marina : tant de lieux qui peuvent être parcourus dans l'anarchie la plus totale ! Dans le même esprit, les clients se manifestent en fonction de vos talents : ils se lèvent de leur fauteuil, vous encouragent ou vous insultent (le coup du curé qui hurle : « you suck! », ça ne se loupe pour rien au monde !)

Ce n'est pas tout, le jeu est aussi servi par une maniabilité excellente : la prise en main est très facile et autorise rapidement quelques subtilités comme les dérapages, les super accélérations ou les freinages de dernière seconde. Il ne faut pas non plus oublier la bande son survoltée qui participe pleinement à l'ambiance dynamique du jeu : on retrouve à ce titre deux grands noms du punk-rock Californien, Offspring et les mythiques Bad Religion, véritables pionniers du hardcore mélodique...

En un mot comme en cent : Crazy Taxi dépote !

So what?

Après ce tableau fort réjouissant, j'en viens à aborder deux points qui ne font pas l'unanimité chez les joueurs : la durée de vie et l'intérêt du soft. Pour caricaturer, on trouve deux catégories de joueur qui réagissent très différemment face à Crazy Taxi. Il y a ceux qui se lassent très rapidement et qui ne ressentent aucune envie de se replonger dans le jeu après quelques heures, et il y a ceux qui, comme moi, prennent beaucoup de plaisir à se défouler ou à battre leurs scores dans les niveaux de difficulté les plus élevés. En ce sens, la durée de vie comme l'intérêt du jeu prennent une dimension radicalement subjective. En réponse à ceux qui trouvent Crazy Taxi superficiel, je serais assez ennuyé, comment leur expliquer qu'après tout ce temps en ma possession, je ressens assez souvent le besoin de m'éclater sur ce jeu ? Je ne dis pas que j'y passe des heures mais que j'y reviens très régulièrement, et qu'au final, la durée de vie me paraît importante. Peut-être que les sceptiques devraient approfondir les circuits ou la maniabilité du jeu, pas si primaire qu'il y paraît au premier abord...

Quoi qu'il en soit, si vous êtes amateur de sensations fortes, de cascades irréalistes et de jeux purement arcade, Crazy Taxi s'impose comme une des plus belle réussite sur Dreamcast !

Crazy Taxi 2

En résumé : toi ramasser client, toi rouler très vite, toi déposer client. Si toi problème, toi appuyer sur bouton pour « Crazy Jump », et toi plus problème.

Le taxi fou est de retour... et après ? Hé bien ce n'est toujours pas un bon entraînement pour passer le permis de conduire. Je dois développer ? Très bien, attachez votre ceinture alors. Et puis non, ne l'attachez pas finalement, ce n'est pas la peine : ce sera si vite fait d'arriver à bon port avec un chauffeur tel que moi.

Crazy Taxi I est un jeu sans foi ni loi, mais bourré de sensations fortes, et où les cellules grises se mettent au point mort tandis que les réflexes poussent les rapports au maximum. C'est donc tout naturellement que Crazy Taxi s'est fait sa place au soleil dans la ludothèque des joueurs spiralés (joli raccourci métaphorique de ma part pour désigner les possesseurs de Dreamcast). Seul point faible selon certains : malgré un gameplay génial, le challenge, bien trop répétitif, manque de profondeur, et diminue considérablement sa durée de vie.

New-York, New-York...

Dans ce nouvel opus, nous nous retrouvons donc à New york. Adieu les dénivelés vertigineux de San Francisco, bonjour les rues quadrillées de Big Apple. On quitte nos précédents chauffards de la côte Ouest (enfin, pas tout à fait...) et on retrouve de tout nouveaux « Taxi Drivers » : vous pouvez vous glisser dans la peau de Slash, Iceman, Cinnamon ou encore Hot-D. En plus d'un style vestimentaire et capillaire « out of this space », ils possèdent chacun une guimbarde différente, au look très rétro.

Au niveau de la zone de jeu, nous avons donc une ville inédite, découpée en deux zones distinctes : Small Apple et Around Apple. Le but est toujours le même : amener des clients à leur destination dans les temps impartis, tout en sachant qu'en explosant les chronos on récoltera une somme d'argent plus importante (à vous la joie d'assouvir votre vénalité).

Petite nouveauté au niveau des options, la « Crazy Pyramid » succède à la « Crazy Box » : il s'agit toujours de petits jeux absolument débiles mais profondément jouissifs (remarquez cela va souvent de pair) : toi dans taxi reculer, prendre élan, foncer devant toi, sauter et taper dans balle de golf énorme, et balle de golf devoir aller loin, très loin. Ou encore : toi devoir sauter de toits d'immeubles en toits d'immeubles pour déposer afro-américains faisant représentation de « Staying Alive ».

Il faut donc bien l'avouer, si le jeu propose des espaces différents, il demeure par son concept très identique au premier opus. Si ce n'est l'action engendrée par la pression d'un certain bouton Y sur le pad...

- Sauter ? - Oui, appuie sur le bouton Y. - Mais c'est débile ! - Oui, c'est le crazy jump.

Ah, Sega... Ses hérissons bleus, ses renards à double queue, ses speakerines de l'espace, et enfin ses Crazy Jumps. La voilà la « révolution » de Crazy Taxi 2. À vous les joies de reproduire vos scènes préférées de K2000 (vous savez, Mickaël Knight le boulet : « Kit, ramène-toi, j'ai un problème. »), et surtout, à vous la possibilité de réfléchir encore moins !

Je m'explique : dans Crazy Taxi, lorsque vous aviez devant vous un obstacle que l'on dénommera A (comme Autobus ), deux choix s'offraient à vous. Soit vous contourniez par la gauche, soit vous contourniez par la droite, bien qu'il s'est avéré que certains trouvaient plus judicieux de foncer dans A, en espérant que celui-ci finisse par ne plus constituer un obstacle.

Maintenant, avec le Crazy Jump, tout devient plus simple : on voit A, on appuie sur Y, et on passe tout droit au dessus de A. Voilà, c'est ça le Crazy Jump... Révolutionnaire, n'est-ce pas ?

Taxi 2K2 ?

Redevenons sérieux : Crazy Taxi 2 est très loin d'être une révolution. Il fait plus figure d'add-on en fait. D'un point de vue tout à fait personnel, je le trouve même moins efficace que le premier Crazy Taxi : non seulement l'architecture urbaine me paraît moins intéressante (disparition des dénivelés de folie, décors moins variés, et la désagréable impression que le trafic est moins dense) mais en plus il manque de réelles innovations, mis à part le Crazy Jump, bien que l'on puisse avoir des réserves sur ce nouvel élément.

Enfin, il ne faut pas négliger un point important : l'effet de surprise provoqué par Crazy Taxi a disparu.

Du côté des réelles qualités : si le clipping est toujours présent, les graphismes sont plus fins, et l'animation toujours aussi speed. Quant au gameplay, il est parfait, et vous maîtriserez rapidement les démarrages au quart de tour et les dérapages à 90 degrés, actions absolument vitales dans cette ville de New York dont la plupart des croisements sont perpendiculaires.

Quant aux musiques, elles sont du niveau du premier épisode et comprennent toujours en grande partie des morceaux du groupe Offspring. Elles sont pêchues et accompagnent bien l'action, mais on n'est pas forcé d'aimer le style.

Note sur les modes de jeu :

  • Arcade rules : Vous démarrez avec un chrono très bas (50 secondes), et devez tenter de gagner de précieuses secondes en déposant le plus vite chaque passager. Si le chrono arrive à zéro, c'est le game over.
  • Work for 3 minutes : Vous avez 3 minutes pour gagner le maximum d'argent.
  • Work for 5 minutes : Idem, mais durant 5 minutes.
  • Work for 10 minutes : Idem, mais durant 10 minutes.

En sus des passagers uniques habituels, vous avez également la possibilité de ramasser un groupe de passagers : vous devrez alors déposer chacun d'entre eux à un endroit différent, tout en mettant le turbo car vous avez un temps limité pour le groupe en lui-même, et non pas pour chaque individu. Vous n'encaissez donc votre argent que lorsque les passagers du groupe sont tous déposés à destination.

  • Crazy Pyramid : En venant à bout de chaque série de mini-games, vous gagnerez des options, comme des carte de la ville, ou encore des véhicules bonus, tel que le... pousse-pousse ! )

Conclusion

Pour conclure, je tenais juste à vous signaler que cette course va vous coûter 300 $, car il ne faut pas déconner tout de même, j'ai pris de magnifiques raccourcis tout en vous faisant admirer les merveilleux détails stylistiques parsemant mon article.

Pas de pourboire ? Radin...

Kitano & Tequila
(15 août 2001)
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