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Defenders of Oasis
Année : 1992
Système : Game Gear
Développeur : Sega
Éditeur : Sega
Genre : RPG
Par J (28 janvier 2018)

Début des années 90. À cette époque, sur consoles, bien rares sont les RPG à trouver le chemin du Vieux Continent. Mais des exceptions existent et Sega, qui a déjà fait partager aux joueurs européens l'expérience Phantasy Star sur consoles de salon, va récidiver avec un nouveau titre, cette fois sur Game Gear. Nous sommes en 1992 quand débarque sur la portable couleur un RPG à l'univers bien particulier : Defenders of Oasis.

Zoom arrière puis effet de lumière sur son logo emblématique...Sega soigne son entrée !

La console est à peine allumée et déjà, après quelques secondes, commence à s'installer une atmosphère de Mille et Une Nuits. La séquence d'introduction retrace en effet l'historique de la lutte millénaire qui oppose la Lumière aux Ténèbres dans le monde d'Oasis. Puis l'écran-titre apparaît, bientôt illuminé par un Génie tout droit sorti d'un conte.
Il ne reste qu'à sélectionner New Game pour initier une nouvelle sauvegarde. L'aventure peut commencer.

Ce que la photo n'illustre pas, c'est la beauté de la musique qui accompagne cet écran-titre !

Il était une fois...

Vous êtes le jeune Prince du royaume de Shanadar et votre vie d'insouciance est sur le point de basculer. En effet, alors que la Princesse du royaume voisin est en visite dans vos contrées, vous assistez à l'invasion de Shanadar par les forces de l'Empire.

Sommé par votre père de fuir avec la Princesse et de protéger l'Anneau sacré qu'il vous confie, vous allez bientôt apprendre à vos dépens le sens du mot "traîtrise"...

Vous venez de tomber dans une embuscade !

Court mais intense, le jeu se divise en cinq chapitres (pour une dizaine d'heures de jeu) et vous mènera du royaume de Shanadar jusqu'au cœur des Ténèbres, vous faisant vivre en chemin différentes péripéties inspirées de contes moyen-orientaux.

Qui détiendra la lampe magique s'assurera l'aide d'un précieux allié...

Dépaysante, l'aventure n'en sera pas moins dirigiste dans son cheminement. D'ailleurs, ici, pas de grande carte du monde à explorer : les déplacements d'un lieu à l'autre se feront la plupart du temps via un sort de téléportation.

En fait, comme le laissait entrevoir la division en chapitres, plus qu'un voyage, le jeu raconte avant tout au joueur une histoire. Une histoire faite de magie, d'alliés, d'ennemis, de combats...

D'abord rejoint par le Génie,
le Prince se liera ensuite d'amitié avec un jeune marin (Saleem) et un voleur (Agmar).

De l'art de combattre

Ces combats, arrêtons-nous quelques instants pour les étudier.

Ils se déroulent au tour par tour mais au lieu de planifier les actions de l'ensemble de l'équipe au début de chaque tour, vous donnez les instructions à chacun de vos personnages lorsqu'il est sur le point d'agir.

Oubliez ce passage du manuel. Une fois la console en mains, rien ne se passe comme indiqué !
Mais alors, comment le système attribue-t-il les tours de jeu ?

Pour bien comprendre le déroulement de ces affrontements, il y a un élément-clef à intégrer : contrairement à ce qu'indique le manuel, la statistique de vitesse des différents protagonistes n'influe pas sur leur ordre d'intervention... mais sur la fréquence moyenne à laquelle ils agissent au cours du combat.

À titre d'exemple, même si la distribution des tours comporte une part d'aléatoire, un protagoniste ayant une statistique de vitesse deux fois supérieure à celle d'un autre tendra à avoir deux fois plus de tours de jeu que lui. Difficile de s'en rendre compte dans un combat court mais plus l'affrontement va durer, plus cela va se vérifier.

Une fois cette subtilité intégrée, on peut réfléchir plus sereinement au rôle à faire jouer à chacun.

En combat, vos quatre héros sont représentés par leur nom et leurs points de vie en haut de l'écran.
Les ennemis, eux, bénéficient de graphismes soignés (mais figés).

À chaque tour, chaque personnage de l'équipe dispose d'un panel de quatre actions : attaquer, utiliser un objet, se défendre ou exécuter une quatrième action, différente en fonction du personnage. Le Prince peut ainsi tenter de fuir le combat (avec ses compagnons), Saleem entamer une "danse de la mort" blessant potentiellement tous les ennemis présents, Agmar se cacher pour infliger des dégâts accrus lors du tour suivant. Et le Génie, me direz-vous ? Lui dispose d'une compétence-clef : il est le seul capable de lancer des sorts !

Le Génie est décidément un personnage à part : il n'a ni équipement, ni points d'expérience.
Pour améliorer ses statistiques, vous devrez utiliser des objets dédiés.

Venons-en à un aspect un peu clivant du jeu : la fréquence des combats.

Globalement élevée, elle est surtout particulièrement variable. Tantôt vous ferez jusqu'à plusieurs dizaines de pas sans être agressé, tantôt vous serez projeté dans un nouveau combat à peine le précédent terminé. En fait, l'expression "rencontres aléatoires" aura rarement aussi bien porté son nom que dans Defenders of Oasis !

Deux astuces non-documentées :
en combat, vous pouvez accélérer le défilement des messages à l'aide du bouton 1 ;
quant au bouton 2, il permet de valider plusieurs actions à la suite si vous le maintenez enfoncé.

Bien sûr, si vous rechignez à vous faire interrompre en pleine exploration, vous aurez la possibilité d'écourter ces combats, par exemple en fuyant. Mais si vous abusez de cette stratégie, vous finirez tôt ou tard par vous heurter à des boss qui sauront vous le faire regretter.

Vous venez de déclencher la colère de Salwa... Espérons que votre équipe est bien préparée !

L'ergonomie, élément-clef dans un RPG

En matière d'ergonomie, sur certains aspects, le jeu accuse son âge. Ainsi, ni les objets en votre possession ni les sorts du Génie ne bénéficient d'une description lorsque vous les consultez dans votre inventaire. De même, lors des achats en magasin, aucune autre indication que le prix n'est fournie pour les objets proposés à la vente, que ce soit pour les objets consommables ou pour les pièces d'équipement. Vous êtes contraint d'acheter pour tester.

Des objets, leur prix... et c'est tout !

Mais relativisons : le jeu n'étant pas très long, vous n'aurez jamais à composer avec une liste pléthorique d'objets et de sorts. Et si vraiment vous aviez du mal à vous y retrouver, n'hésitez pas cette fois à consulter le manuel : il recèle de précieuses informations sur les différents sorts et sur les premiers objets de l'aventure.

Dans les autres domaines, le jeu dispose d'une maniabilité simple et intuitive, tant dans la navigation au sein des menus que dans les phases d'exploration.
La rapidité naturelle du personnage vous fera d'ailleurs vite oublier le fait qu'il ne peut ni se déplacer en diagonale, ni courir.

Le Prince en pleine exploration.
La caverne derrière lui ne s'ouvre que si l'on prononce la formule adéquate. Ça ne vous rappelle rien ?

Enfin, s'il est un point d'ergonomie où Defenders of Oasis se démarque, c'est dans son mode de sauvegarde. Ici, pas d'église à visiter ni même de menu à ouvrir : le jeu sauvegarde en permanence votre progression. Ainsi, si vous éteignez la console (ou que vous êtes vaincu), le jeu vous ramène lors de votre prochaine session à l'endroit précis où votre partie s'était interrompue ! Bluffant !

En complément de son système de sauvegarde automatique, le jeu propose au démarrage une interface permettant d'effacer mais surtout de dupliquer une sauvegarde existante.

Et la réalisation dans tout ça ?

Abordons enfin la partie technique. Les photos illustrant cet article parlent d'elles-mêmes : le jeu est agréable à l'œil, les couleurs chaudes, les graphismes fins. Les animations, même si elles sont rares (surtout en combat), ont le mérite d'être soignées et le scrolling fluide.

Quant aux musiques... ah, les musiques ! Parmi les plus belles qu'il ait été donné d'entendre sur la console, elles contribuent en grande partie à l'atmosphère de conte moyen-oriental distillée par la cartouche.

Les bruitages enfin, quoiqu'adaptés, sont plutôt discrets... mais le jeu pourrait bien vous surprendre par quelques courtes voix digitalisées au moment où vous vous y attendrez le moins !

Comble du luxe, des cut-scenes (légèrement) animées présentent les agissements de l'Empire.

Au final...

Bien moins connu que la saga Phantasy Star du même Sega, Defenders of Oasis est pourtant une vraie réussite. Si les joueurs réfractaires aux rencontres aléatoires passeront probablement leur chemin, les autres pourront s'enivrer d'un RPG court mais sans temps morts, à l'atmosphère unique et à la qualité de réalisation surprenante pour une console 8-bits. Définitivement l'une des perles de la Game Gear.

Vous avez aimé le thème musical de l'écran-titre ? Les crédits de fin vous permettront d'en découvrir la superbe version longue...

J
(28 janvier 2018)
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