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Déjà Vu
Année : 1985
Système : Amiga, Apple IIGS, Atari ST, C64, GBC, Mac, NES, Windows
Développeur : Icom Simulations
Éditeur : Mindscape
Genre : Aventure
Par Laurent (13 novembre 2002)

Déjà-Vu: A Nightmare Comes True est le premier opus d'une ligne de quatre jeux d'aventure créés par Icom Simulations et édités par Mindscape, sous le label MacVenture. Comme ce nom l'indique, il s'agit de quatre jeux d'aventure élaborés spécifiquement pour le Macintosh, même s'ils ont rapidement été adaptés sur d'autres machines (le nom MacVenture étant alors « traduit » selon les circonstances, par exemple par AmigaVenture). Déjà-Vu est le seul auquel j'ai joué, alors je ne vous parlerai que de celui-là.

Version Mac (sur un Classic)

Les jeux Icom Simulations adoptent une présentation à base de fenêtres et d'icônes, exactement à la manière d'une interface graphique pour système d'exploitation. La fenêtre principale représente le décor, il y en a une autre qui contient les divers objets de l'inventaire représentés par des icônes, et les actions se font par des boutons. Cette présentation très originale permet de comprendre instantanément le mode de jeu (sur micro on a la sensation d'être toujours sous GEM, Workbench ou Mac OS selon la version, comme si on utilisait un soft utilitaire). Une fenêtre en bas de l'écran fait défiler des dialogues et des commentaires qui vous informent sur la progression du scénario, un peu à la façon des jeux d'aventures textuels d'autrefois. Pour utiliser un objet, il suffit de le prendre dans l'inventaire (en faisant du « drag'n drop »), de choisir une action, et éventuellement de cliquer sur l'objet ou l'élément de décor avec lequel on veut le faire interagir. Bien sûr, tout ceci est bien joli, mais le gameplay est finalement très proche de celui d'un jeu d'aventure en mode texte, à savoir que l'intérêt repose surtout sur le scénario, même si les graphismes, simples et efficaces, maintiennent un repère visuel constant et évitent d'avoir à taper des commandes.

Version Amiga

Si je vous parle de ce jeu que tout le monde a oublié depuis belle lurette, c'est justement parce qu'il est excellent, et se situe dans un genre assez rarement abordé sur 16-bits (mais plus courant sur PC après l'apparition du CD-ROM) : le roman noir.

Au début du jeu, vous vous réveillez avec d'énormes maux de têtes dans un bar, désert à l'exception d'un cadavre tué par balles. Vous avez totalement perdu la mémoire et ne savez plus qui vous êtes. Commence alors l'inspection du bâtiment et de divers objets qui vont vous aider à reconstituer le puzzle. Rapidement, vous découvrez que vous êtes dans un mauvais pas, qu'une conspiration a été fomentée contre vous dans le but de vous faire endosser un meurtre et un kidnapping. D'autre part, le produit que l'on vous a injecté pour vous faire perdre la mémoire vous tue lentement. Vos investigations vous conduiront à visiter plusieurs lieux et à enquêter sur une affaire qui met en scène un truand et un riche homme d'affaires. Vos ennemis n'ont en tête que l'idée de vous envoyer sur la chaise électrique, et même si votre propre identité est facile à déterminer (vous êtes le détective privé Ace Harding), le cerveau de l'affaire n'est pas forcément celui que l'on croit. Le temps presse, et bien que mal en point et incapable de vous souvenir de ce qui s'est précisément passé, vous devrez remonter jusqu'à la source de vos ennuis, puis accumuler des preuves pour vous disculper.

Si vous y parvenez, vous aurez la vie sauve, serez lavé de tout soupçon et même honoré d'un diplôme de détective professionnel, que voici :

Étant donné que les versions PC et pour émulateurs NES, ST, et Amiga sont très faciles à trouver sur les sites d'abandonware, je ne vous révélerai pas la suite du scénario, car Déjà-Vu est un jeu ni trop difficile, ni trop long, qui se déguste comme une sucrerie, à condition d'avoir un bon niveau en anglais, car il n'a jamais été traduit. L'ambiance fleure bon le film noir des années 40 (l'action se passe au moment de l'attaque de Pearl Harbour comme l'indiquent les journaux aperçus dans un kiosque) : chapeaux mous, anti-héros cyniques, truands, femmes fatales, crimes passionnels et flics peu compréhensifs sont au programme. On se croirait dans un roman de James Ellroy, d'autant que plus on avance dans le jeu, plus l'histoire s'avère complexe et pleine de fausses pistes (les clichés du genre sont sans cesse mis en lumière, puis démentis). Le style dans lequel l'action est commentée dans la fenêtre du bas est excellent, bourré d'humoir noir. Un seul regret : il n'y a presque aucune phase de dialogue, tout passe par des interactions (à la souris) sur les objets et décors observés dans les trois fenêtres principales.

Version NES

À la fin du jeu, ça tourne un peu au ridicule avec une série d'objets qu'il faut jeter dans un égoût (sans en oublier un seul, et à un endroit bien précis) pour éviter d'avoir des pièces à conviction sur soi, mais dans l'ensemble Déjà-Vu est un jeu d'aventure qui mérite le déplacement. On regrettera simplement que dans la phase finale du jeu aucune indication sur ce qu'il faut faire ne soit donnée au joueur. Par ailleurs, les énigmes réservent un ou deux pièges très vicieux (dont un est situé au tout début du jeu, et ne révèle ses effets néfaste qu'à la fin !) qui peuvent empêcher la réussite de l'aventure, et on se retrouve souvent bloqué, parfois même au point d'avoir à tout reprendre du début (on peut toutefois sauvegarder autant que l'on veut).

Version Amiga

Déjà-Vu est sorti d'abord sur Macintosh en 1985, avant d'être adapté deux ans plus tard sur Amiga, Atari ST, PC, Apple II GS et C64. Puis on le retrouve en 1990 sur NES dans une version repensée pour console de salon et enrichie en musiques d'ambiance. Icom Simulations a par ailleurs édité en 1993, sous le nom d'Infinite Ventures, une version Windows 3.1 avec des graphismes améliorés qui comprend Déjà-Vu et Déjà-Vu 2: Lost in Las Vegas, intitulée The Ace Harding Casebooks. En dehors de ces deux aventures d'Ace Harding, Icom a sorti à l'époque deux titres d'inspiration fantastique, Shadowgate et Uninvited. Ces quatre titres furent accueillis avec enthousiasme malgré une réalisation anachronique (graphismes simples et pas de son ou presque).

Par la suite, Icom Simulations a produit divers jeux d'aventure et d'action, et s'est de nouveau fait remarquer avec la série Sherlock Holmes Consulting Detective (trois volets sortis sur PC entre 1991 et 1993), enquêtes utilisant le support CD-ROM pour inclure des séquences vidéo. En 1993, la société a été rachetée par Viacom New Media, puis rebaptisée Rabid Entertainment, avant d'être finalement dissoute en 1998, après avoir travaillé sur Violent Seed, un projet de shoot'em up sur Playstation qui n'est jamais sorti.

La version Windows de 1993
Laurent
(13 novembre 2002)