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Jak & Daxter
Année : 2001
Système : Playstation 2
Développeur : Naughty Dog
Éditeur : Sony Computer Entertainment
Genre : Plate-forme
Par Corentin M. (21 mai 2004)

E3 2001. La PlayStation 2 est sortie depuis un an. La machine de Sony, prétendûment surpuissante, souffre de défauts qui font quelque peu tâche aux côtés de ce discours mirobolant. Les productions d’alors s’avèrent en effet piégées dans un étrange brouillard et plombées par des scintillements en tous genres, une basse résolution chronique, une étonnante pixellisation... C’est dans cet étrange climat de succès non-mérité – car les ventes de PlayStation 2 explosent – que les petits gars de Naughty Dog, emmenés par Jason Rubin, s’apprêtent à calmer tout le monde après avoir mis la PSone au pied du mur avec sa série Crash Bandicoot, véritable merveille technique au potentiel fun inépuisable. Jak & Daxter est annoncé. Véritable régal visuel et racoleuse leçon de programmation, le jeu fait l’effet d’une véritable bombe. Sony peut souffler. Son monstre est enfin désinhibé. Et Mario commence à trembler. Car Jak & Daxter semble en plus bien parti pour devenir le meilleur jeu de plates-formes du moment.

Noël 2001. Jak & Daxter est enfin là. Et force est d’admettre que la PlayStation 2 assure vraiment, finalement. Car la réalisation de Jak & Daxter est vraiment de très haute volée : couleurs chaudes et chatoyantes, animation souple, rapide et fluide, effets spéciaux dévastateurs, modélisation impressionnante, expression faciales cartoon convaincantes, absence totale de chargements. Rien à redire, d’autant plus que Naughty Dog ruse habilement : les rares faiblesses de la PlayStation 2 sont élégamment maquillées. C’est ainsi que la résolution relativement faiblarde des textures s’efface comme par magie au milieu d’un déluge de couleurs pétantes et d’un level-design des plus impressionnants. Mais, en plus d’être une habile démonstration des capacités techniques de la console, Jak & Daxter s’avère être un des plus formidables aboutissement de ces dernières années en termes de gameplay. C'est même un véritable monstre vidéoludique. Rien que ça.

Il s'agit d'un jeu de plates-formes pur et dur... Jak est un jeune homme espiègle, hyperactif, avec une pure coupe de cheveux jaunes à la Dragon Ball Z. Daxter est son grand pote. Nos deux comparses sont bien évidemment toujours fourrés ensemble. Ils vivent dans un petit village bien paisible, en bord de mer. En face se trouve une petite île menaçante, que le vieux Sage du village interdit de visiter. Évidemment nos deux zouzous ne peuvent s’empêcher d’aller y jeter un œil, et ce qu’ils découvrent va les plonger dans une mélasse bien épaisse. Ils tombent nez à nez avec de sombres personnages qui projettent de prendre le contrôle de leur monde en s’appropriant les pouvoirs de l’Eco Noire, forme d’énergie maléfique. Et ce qui devait arriver arrive. Daxter le maladroit tombe dans la fosse d’Eco Noire et en ressort transformé en un improbable mélange de raton, de squons du désert et de furet... Un design absolument génial. Nos deux amis rentrent dare-dare au village et racontent tout au vieux Sage... Branle-bas de combat ! Il faut à tout prix empêcher ces sinistres personnages de prendre le contrôle du monde et tenter de redonner à Daxter son apparence normale. Voilà pour le prétexte à de géniales déambulations dans un univers fascinant.

Jak devra donc franchir de multiples mondes avant d’atteindre et affronter les grands méchants. Il devra donc se frayer un chemin au travers de vastes et nombreux niveaux, affrontant les méchants Lurkers et collectant des piles d’énergie qui permettent d’ouvrir les portails donnant accès aux nouveaux mondes... On retrouve ici les sempiternels thèmes des jeux de plates-formes : jungle, plage, volcans, montagne enneigée, monde sinistre... Loin d’être de soporifiques redites, ces niveaux s’avèrent parmi les meilleurs jamais conçus dans un tel jeu. Incroyablement vastes, ils se parcourent sans l’ombre d’un temps de chargement ni le moindre ralentissement, et ce avec la constante qualité graphique déjà évoquée... Une véritable prouesse technique en somme ! Comme d’hab’, Jak apprend de nouveaux mouvements au fur et à mesure dela progression, sans non plus que cela devienne un mic-mac éprouvant à la manette... Le contrôle est donc totalement intuitif. On ressent constamment la tenue de Jak et jamais on ne doute de sa capacité à le faire franchir des environnements à la topographie pourtant torturée. Ici, pas de sauts hasardeux ni de combats tirés par les cheveux, pas de scènes d’actions incontrôlées à la Sonic. Non, la maniabilité est tip-top, parfaitement dosée, la caméra docile et intelligemment placée. Une jouabilité ultime donc, nouvelle preuve du talent des gens de Naughty Dog...

Vous ne pourrez donc vous en prendre qu’à vous-même lorsque vous aurez loupé votre coup ! La difficulté est toujours savamment dosée, notamment grâce à des check-points parfaitement bien disposés pour pallier à la difficulté que proposent certaines scènes d’actions. Parmi elles, on trouve les inévitables boss ou courses effrénées et totalement speedées à bord d’engins qui restent parfaitement maniables au-travers d’environnements hostiles... Bref, un challenge qui sait se corser proportionnellement au plaisir de jeu pour des moments ludiques purement intenses ! Tout cela, sans doute, grâce à des séances de bêta-testing que l’on imagine monstreusement longues et prise-de-tête. Bravo Naughty Dog. Les musiques, elles, sont génialissimes, douces ou entraînantes. Les dialogues sont à mourir de rire, bien que Jak ne décroche pas un mot de tout le jeu ! C’est en fait le génialissime Daxter, au design déjà tordant, qui s’occupe de lancer les phrases qui tuent, notamment lorsque Jak, vaincu, s’effonfre : Daxter sort alors systématiquement une bêtise en regardant Jak (la caméra en fait !) du genre « Non, Jak, ne te dirige pas vers la lumière ! Jaaak ! »... Avec, toujours, des grimaces et mimiques désopilantes...

Comment, aussi, ne pas parler de la récolte des piles d’énergie qui font office de points de sauvegardes, et lors desquelles se lancent de petites animations tordantes, genre Jak faisant une passe à Daxter qui reprend la pile en halley-oop ou Daxter – toujours lui – en train de faire un moon-walk... Pour finir, la durée de vie est franchement satisfaisante, et propose un véritable challenge : celui de collecter les 101 piles d’énergie et les 2000 orbes... Une aventure de longue haleine donc, variée, drôle et passionnante, ou jamais le joueur n’aura à pester contre des contrôles approximatifs ou des passages à la difficulté insensée. Non, Jak & Daxter est un jeu difficile mais juste ce qu’il faut, et représente donc sans doute le mètre-étalon du jeu de plate-forme classique. Il aura fallu attendre 2001 pour que le mythique Super Mario 64 sorti en 1996 trouve enfin à qui parler, et un digne successeur... Un grand bravo donc au studio Naughty Dog...

La suite de Jak & Daxter, sortie fin 2003 et nommé Jak II : Hors la Loi, opère un changement de gameplay plutôt marqué : Jak est désormais un fou furieux doté de supers pouvoirs diaboliques et assoiffé de vengeance, le tout dans un monde industriel avec une maniabilité quelque peu GTA-style ou l’on peut obtenir des armes à la puissance de feu décoiffante... Une évolution notable donc, pas forcément du goût de tout le monde, notamment en termes de design, mais qui reste un très grand jeu d’action/plates-formes... On retrouve heureusement un Daxter toujours aussi désopilant... À noter que Jak III est en cours de développement au moment où cet article est mis en ligne (juin 2004). Vivement Noël 2004.

Corentin M.
(21 mai 2004)
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