Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Vertes, pas mûres, et mangeuses de pizzasEn 1988, Konami se montre peu inspiré dans sa production en arcade. De nombreux titres sortent, mais les thèmes sont toujours les mêmes (sport, shoot’em’up, beat’em’up) et les joueurs ne retiennent guère ces jeux qui se suivent et se ressemblent : Devastators (jeu de tir en 3d), Main Event (jeu de catch inspiré des retransmissions télé américaines), Ajax (jeu d’action militaire), Thundercross et Vulcan Venture (deux shoot’em’up horizontaux), Kitten Kaboodle, Hot Chase, Gang Busters, Konami’88, Hyper Sports Special, et Gradius II. Un seul hit significatif à signaler, Super Contra (sequelle logique du premier). Sur NES, par contre, c’est encore une année fructueuse, avec de nombreux hits qui contribuent à rendre accros les possesseurs de cette consoles : Simon’s Quest (la suite de Castlevania), Skate or die, Life Force, Blades of Steel et Jackal. A la traîne pour les jeux d’arcade, Konami a une longueur d’avance sur consoles, et le phénomène deviendra encore plus marqué par la suite. Ce succès est du reste confirmé par l’entrée de la compagnie en bourse, une des sensations à Tokyo cette année là. En 1989, un miracle se produit dans la division jeu d’arcade de Konami : la découverte d’une bande dessinées en noir et blanc : The Teenage Mutant Ninja Turtles. Devenue un phénomène aux USA, avec des adaptations en BD couleur, dessin animé et même cinéma, ces tortues karatéka sont une mine d’or pour Konami, dont les facultés à exploiter un concept pour en faire un jeu qui remporte instantanément l’adhésion ne sont plus à prouver. Le premier jeu d’arcade sur le concept des TMNT, un jeu massif pour 4 joueurs, est un succès immédiat, sur le thème simple et efficace du beat’em’up à scrolling horizontal qui fait toujours recette si les personnages et décors sont accrocheurs. Les salles d’arcade commandent tant d’exemplaires que Konami ne peut faire face à la demande, et finit par vendre un kit permettant de transformer n’importe qu’elle borne d’arcade en borne TMNT. C’est le plus gros succès du genre depuis Donkey Kong. Sur consoles, le jeu adapté est différent, plutôt orienté aventures, mais cela ne nuit pas à ses ventes, qui ne reposent que sur la présence des tortues mangeuses de pizza. Konami, qui lorgne sur les jeux micros, sort également sur NES Defender of the Crown, avec le concours de Cinemaware, The Adventure of Bayou Billy, et Silent Service, développé avec le concours de Rare, studio alors débutant, et Jack Nicklaus Golf. En arcade, d’autres titres la même année : M.I.A (action militaire), Crime Fighters (beat’em’up policier), S.P.Y, Cue Brick et Black Hole. Konami se lance également dans le développement de jeux plus ou moins nouveaux sur la petite console qui monte, la Game Boy, avec Castlevania Adventures, Motocross Madness (bien avant le hit de Microsoft sur PC). A signaler également Gradius III sur MSX, un des tous derniers jeux Konami pour le standard, avec l’étonnant Space Manbow (MSX2, un shoot’em’up digne d’une borne d’arcade), et le méconnu Metal Gear 2 - Solid Snake sur MSX2+ qui aura du attendre le phénomène de l’émulation pour être enfin traduit du Japonais. En 1990, les salles d’arcade ne voient guère arriver de titres Konami marquants, mais les TMNT continuent d’enrichir la compagnie au delà de toutes ses espérances. A signaler tout de même le beat’em’up Aliens, basé sur le film du même nom, qui marche très fort aux USA. D’autres titres passent plus inaperçus : Punk Shot (un jeu de basket dont les équipes sont composées de punks au look délirant), Overdrive, Surprise Attack ou Lightning Fighters.
Sur consoles et micros, Konami fait très fort cette année là avec Parodius, un titre qui, sous la forme d’un véritable shoot’em’up à la Gradius, innove en mettant en scène avec un humour satirique inattendu la majeure partie des personnages vus dans les jeux Konami, et quelques éléments de la culture Japonaise. C’est probablement un des jeux Japonais les plus décalés et surprenants jamais vus, de la part d’une compagnie qui oeuvrait plutôt dans le politiquement correct jusque là. Sur NES, c’est une déferlante de hits : Castlevania 3 (jeu d’action pur par opposition au précédent qui donnait plutôt dans l’aventure), TMNT : the Action Game (cette fois adapté du jeu d’arcade), Metal Gear 2 : Snake’s Revenge (différent de la séquelle sur MSX2+), Ski or Die, Mission : Impossible, Rollergames, et Super C (Super Contra). Sur Game Boy, les titres vendeurs se succèdent au même rythme : NFL Football, Skate or die, Nemesis, Quarth et Operation C (remake simplifié de Super C). Alors que les jeux Konami et les derniers épisodes de Mario constituent les dernières heures de gloire de la vieillissante NES, Konami fait une entrée fracassante sur la toute nouvelle 16-bits de Nintendo, la Super Famicom, avec Castlevania 4. Ce jeu exceptionnel, un des meilleurs de la console (en dépit de graphismes améliorables), confirme la facilité incroyable avec laquelle Konami s’adapte aux capacités d’un nouveau système, après ses premières productions sur MSX2 qui avaient scotché toute concurrence alors que cette deuxième version du standard venait à peine de sortir. En 1991, après une années quasi sabbathique pour le département jeux d’arcade de Konami, la sortie du mega hit planétaire Street Fighter chez le concurrent Capcom provoque une réaction immédiate. C’est d’abord une licence juteuse qui est exploitée avec The Simpsons, série animée dont les personnages et décors sont aisément transposables dans un jeu vidéo, puis le remarquable Sunset Riders, un beat’em’up sur le thème des westerns qui est une véritable superproduction. Les deux titres sont prévus pour être joués par 4 personnes simultanément, et sont conçus pour provoquer l’insertion du plus possible de pièces dans le monnayeur pendant la partie. Le temps des jeux d’arcade ayant chacun un gameplay subtil et totalement différent (Q*Bert, Centipede, Gauntlet....) est définitivement révolu, et dans les salles d’arcade, le toujours plus est de mise, aussi bien pour ce qui se passe sur l’écran que pour le matériel utilisé. Peu à peu, ce manque d’imagination entraînera une baisse de fréquentation de ces lieux autrefois enfumés et grouillants. Les Teenage Mutant Ninja Turtles reviennent avec Turtles in Time, une séquelle au gameplay quasi identique proposant des niveaux plus variés (encore le thème du voyage dans le temps) et des graphismes plus délirants, qui ne parvient pas à endiguer le raz-de-marée Street Fighter 2. D’autres titres sont également lancés, moins importants : Roller Games, Bells and Whistles, Golfing Greats, Thundercross II, Vendetta et Twin Bee 2, ainsi qu’un très bon shoot’em’up nommé Xexex sorti uniquement au Japon. Pour la sortie mondiale de la SuperNES, Konami est bien présent, avec Castlevania 4 et Gradius III (apparus peu après la commercialisation de la console), et continue à alimenter la Game Boy de bons titres : Bill Elliot’s NASCAR Challenge, Double Dribble, Castlevania II : Belmont’s Revenge, Tiny Toons Adventure (encore une licence astucieusement acquise auprès de Warner Bros), The Lone Ranger, Where in the world is Carmen San Diego ?, Monster in my Pocket, Bucky O’Hare, Base Wars, Pirates et Nightshade. La NES n’est pas abandonnée, Konami lui faisant même l’honneur d’un jeu totalement nouveau dans sa conception : Laser Invasion, basé sur l’utilisation d’un casque que le joueur oriente dans la bonne direction avec la tête, et commande les tirs par des commandes vocales. Avec R.O.B, le petit robot et la multitude de jeux utilisant le lightgun, ce jeu a contribué à faire de la NES une des console proposant le plus d’approches différentes du jeu vidéo. A signaler également la sortie de jeux Konami sur NEC PC Engine, première infidélité faite à Nintendo sur le marché des consoles, avec des conversions magnifiques de Nemesis et Salamander. En 1992, alors que les deux TMNT continuent à engranger des pièces de monnaies dans le monde entier, Konami ne s’endort pas sur ses lauriers, et fait l’acquisition de nouvelles licences plutôt bien ciblées pour jeux d’arcade à succès. C’est d’abord Asterix, notre gaulois bien de chez nous, et ensuite X-men, un beat’em’up époustouflant basé sur le comic de la marvel, qui conserve, contrairement au film sorti quelques années plus tard, le look original des héros.Lethal Enforcers s’impose également comme un des meilleurs jeux d’arcade lancés par la compagnie cette année, avec des graphismes d’un réalisme étonnant et une action trépidante (le jeu, qui consiste à tirer sur des truands au moyen d’un pistolet optique, se rapproche des simulateurs d’entraînement pour policiers), qui fait écho au hit Terminator 2 de Midway sorti peu avant. Sur SuperNES, Konami fait cette année feu de tous bois, avec beaucoup de titres excellents : Axelay (shoot’em’up vertical), TMNT 4 (une conversion de Turtles in Time), Prince of Persia, Tiny Toons : Buster Busts Loose et Contra 3 : the Alien Wars. Sur Sega Megadrive, Konami fait une apparition à titre exceptionnel avec 3 titres, Tiny Toons : Buster’s Hidden Treasure, Sunset Riders et TMNT : The Hyperstone Heist. Sur Game Boy, ce sont : Top Gun : Guts and Glory, Track & Fields, World Circuit Series et Ultra Golf, et la NES en fin de carrière se voit gratifiée de 4 titres : King’s Quest 5 (adaptation du classique de Sierra), Contra Force (une adaptation du Contra original), Tiny Toon Adventures Cartoon Workshop et Batman Returns. Konami n’abandonne pas la NEC PC Engine en dépit de chiffres de vente qui indique clairement qu’elle ne menace pas l’empire Nintendo, et sort de nouveaux titres, souvent dans le domaine de prédilection de la machine, le shoot’em’up : Parodius, Twin Bee et Gradius II, ainsi qu’un jeu d’aventure futuriste d’inspiration cyberpunk utilisant le support CD-ROM : Snatcher, qui par sa qualité apporte un soutien inespéré à la console. C’est dans l’ensemble une petite année sur le plan de la créativité. Konami vit sur ses acquis, et fonctionne en pilotage automatique. Licences, continuation de formules éprouvées, adaptations de titres existants sur d’autres consoles, le temps ou la compagnie émerveillait par son inventivité est bien loin, même si le savoir faire est toujours là. Passage à videEn 1993, la division arcade de Konami connaît une grave crise d’inspiration. Il faut dire que les salles d’arcade ne proposent alors plus grand chose d’autre que des clones de Street Fighter 2 ou Mortal Kombat. Ainsi, une série de titres médiocres sortent de chez Konami : Martial Champions, Mystic Warriors, Violent Storm, Cowboys of Moo Mesa, Polynet Commander, Da Dan Dan, Gaiapolis, Run’n’Guns...des titres qui ne retiennent guère plus le joueur qu’une ou deux parties. Sur consoles, la compagnie fait meilleure figure, en s’inspirant volontiers des développeurs occidentaux et en s’adaptant aux caractéristiques des différents systèmes sur lesquels elle travaille. Sur SuperNES, ce sont Cybernator (mélange de shoot’em’up et de beat’em’up mettant en scène un robot), NFL Football, Batman Returns, Zombies Ate my Neighbours (un jeu surprenant d’inspiration très Américaine), Sunset Riders (très bonne conversion), Lethal Enforcers (de même), et TMNT : Tournament Fighters (un jeu de combat à la Street Fighter avec les tortues). La Megadrive, seule console Sega qui aura bénéficié d’un nombre correct de jeux Konami, est le support d’adaptations de Lethal Enforcers et TMNT : Tournament Fighters, ainsi que de Castlevania : Bloodlines, un des rares épisodes de la série à être sorti sur autre chose qu’une console Nintendo (la liste de ces exceptions comprend aussi l’original sur MSX2, et des adaptations dispensables sur Amiga et PC). Un jeu Konami original est même développé sur Megadrive : Rocket Knight Adventures, et Lethal Enforcers sort sur Sega-CD, dans une version quasiment identique à celle sur cartouche, comme hélas la plupart des jeux de cette machine maudite de Sega. Sur Game Boy, sort ZEN : Intergalactic Ninja, Tiny Toon Adventures : Montana’s Movies Madness, Kid Dracula, Raging Fighter, Batman the Animated Adventure et TMNT 3 : Radical Rescue. 3 titres sortent sur NES, malgré l’agonie commerciale de la console : Tiny Toons 2, TMNT : Tournament Fighters, et Zen : Intergalactic Ninja, sont des titres peu intéressants qui résultent certainement d’une close contractuelle entre Nintendo et Konami. 1994 reste une année morne pour les fans de jeux d’arcade Konami, alors même que les concurrents Capcom, Namco, Midway et Sega font carton plein avec des engins incroyables à leur enseigne dans toutes les salles. Chez Konami, on se contente de Brain Busters, Monster Mauler, Racing Force, Funky Monkey, Konami Open Golf Championship et Fantastic Journey, des produits courants, sans éclat. Seul Lethal Enforcers 2 : Gun Fighters, relève le niveau, en appliquant la conception du premier (tir sur l’écran au lightgun et graphismes photo digitalisés) à une ambiance western dans laquelle le joueur incarne un shérif. Avec ce titre, Konami réussit une fois de plus en récupérant les concepts de ses anciens titres (Sunset Riders, Lethal Enforcers, Cowboy of Moo Mesa), et en les renouvelant au sein d’un titre à la réalisation parfaite. Sur le marché des consoles, le bilan de cette années n’est guère plus brillant, avec des titres qui ne sont, pour la plupart, que des séquelles des jeux de l’année précédente ou des adaptations de titres existants sur un nouveau système. La compagnie est le cadre d’une mutinerie comparable à celle que connut Atari au début des années 80 : L’équipe de développeurs responsable des hits Castlevania 4 et Contra 3 se rebelle contre un système qui ne les met jamais en avant (il faut terminer un jeu Konami pour que le staff apparaisse, et dans certains cas c’est une sacré gageure, surtout pour les jeux d’arcade), et démissionnent pour créer Treasure, une équipe qui sera amenée à développer des jeux mythiques sur Megadrive (Gunstar Heroes), Saturn (Radiant Silvergun) ou Dreamcast (Ikaruga). Malgré ce coup dur, Konami sort deux titres sur Game Boy : Contra : Alien Wars et Tiny Toon Sports. Sur Megadrive, la liste s’allonge avec Double Dribble, Contra Hard Cops, Sparkster (Rocket Knight Adventure 2), Lethal Enforcers 2, Tiny Toons ACME All-star et Animaniacs (encore une licence, c’est définitivement devenu une des marques de fabrique de Konami, dont les jeux commencent à manquer singulièrement de charme oriental). Sur Sega CD, deux titres : Lethal Enforcers 2 et Snatcher. Sur SuperNES, ce sont Animaniacs, Batman and Robin (la licence de Batman est celle qui aura entraîné le plus de jeux) et Biker Mice Form (un jeu d’action en vue isométrique assez original), un bilan assez pauvre pour l’année. On voit Konami, après plus de quinze ans d’activité, est en panne de nouvelles idées et utilise systématiquement les techniques commerciales les plus éculées : séquelles, licences exploitées jusqu’à écoeurement, inspiration puisée dans les produits Américains en vogue et infantilisation globale de sa production. Cette période a fait perdre une part de sa crédibilité à ce qu’on considérait autrefois comme une des pionniers du jeu vidéo Japonais. Konami marche sur les traces de Disney, fait du sous-Nintendo, et semble prendre ses joueurs pour des gamins écervelés. Inutile de rappeler que Sony a su parfaitement exploiter l’inertie créative de ses concurrents au moment de la sortie de la Playstation, mais comme on le verra plus loin, c’est là un train que Konami saura prendre en marche.
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