Mastodon
Le 1er site en français consacré à l'histoire des jeux vidéo
Mouse Trap
Année : 1981
Système : Arcade, Atari VCS, Colecovision, Intellivision
Développeur : Exidy
Éditeur : Exidy
Genre : Arcade / Labyrinthe
Par JPB (23 août 2010)
Le flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Merci au site Arcade Flyer Archive !

Dans mon article sur Pepper II, je vous ai déjà parlé de mon regret de ne pas avoir vu Pac-Man, l'officiel, adapté sur la Coleco. Mais les gens de CBS, n'ayant pas pu (ou voulu ?) en obtenir la licence, n'ont pas baissé les bras. Des jeux de labyrinthe, il y en avait légion à cette époque, non seulement des clones de Pac-Man mais surtout des évolutions. Comme je vous l'ai déjà montré dans Crush Roller, les idées ne manquaient pas pour renouveler le genre. Alors, ces messieurs ont réussi à obtenir les droits d'adaptation de Lady Bug, Mouse Trap, et Pepper II - entre autres.

Pour cette fois, je vais vous montrer ce qui fait le charme de Mouse Trap. Qui dit labyrinthe dit personnage à contrôler, parcours à effectuer, éléments à ramasser. On va détailler tout ça.

Squiiik ?

Dans Mouse Trap, vous dirigez une souris (d'où le nom du jeu, merci à ceux qui suivent). Elle est représentée par sa tête souriante, bleue bien entendu, qui nous adresse continuellement un petit clin d'œil ; du coup on la trouve immédiatement sympathique. Moi, je l'aurais dessinée en vert, après tout, on en a bien fait une chanson... mais bon.

L'écran d'accueil et celui de présentation des personnages.

Tout comme Pac-Man doit ramasser ses pastilles, les éléments que la souris doit ramasser sont des bouts de fromage. Le labyrinthe en est rempli, il y en a 88, et bien évidemment pour passer d'un niveau au suivant, il faut tous les gober. Toujours pour comparer avec Pac-Man, ici les quatre super-pastilles sont des os, rouges de préférence, qui se trouvent dans les coins du labyrinthe. Grande nouveauté : quand la souris ramasse un os, un petit bruitage l'indique, mais rien ne se passe. L'os est stocké pour pouvoir être utilisé plus tard, pour éviter de perdre une vie. On peut ainsi en mettre 4 ou 5 en réserve, c'est une excellente idée.

Miaou !

Venons-en maintenant aux monstres. Rôdant dans le labyrinthe se trouvent six affreux chats de gouttière, jaunes bien entendu. Ils tournent en rond dans leur cage jusqu'à ce qu'ils puissent en sortir, et là ils se mettent en chasse de votre souris. Chaque chat a une vitesse qui lui est propre, et leurs déplacements sont plus ou moins aléatoires. Dans certains cas, on pourra prévoir la trajectoire de l'un d'eux, mais prudence, ils peuvent être imprévisibles.

Départ du jeu, la souris commence
toujours à cet endroit.
Aïe, je me suis fait attraper !

Les chats ne sont pas les seuls à avoir des vues sur la souris. Un faucon fait son apparition régulièrement, en poussant un cri de singe bien entendu, et il se dirige aussitôt en zigzags vers le rongeur. Le volatile est bien plus imprévisible que les chats ; mais ce qui est surtout difficile, c'est d'arriver à gérer tout ce petit monde en même temps. Autre problème lié au faucon : il est invulnérable, le seul moyen de s'en débarrasser est de le "rendre bête" dixit le jeu, mais j'y reviendrai un peu plus loin...

Ouah ouah !

Maintenant qu'on a vu comment jouer, et quels ennemis affronter, voici le grand moment : quand le joueur décide de manger un des os qu'il a mis en réserve, ce qui peut être fait absolument n'importe quand. Pour cela, il suffit d'appuyer sur le bouton "chien" ; aussitôt, un aboiement se fait entendre, et la souris se transforme en chien, représenté par sa tête rouge bien entendu. Les chats s'enfuient, normal, ils ne sont pas fous : le chien peut désormais les attaquer.

Je suis devenu un chien,
et les chats s'enfuient devant moi.
Mais même le chien ne peut rien
contre le faucon.

Mais attention, l'effet ne dure pas bien longtemps : le chien clignote et tout à coup, c'est de nouveau la souris qui se trouve dans le labyrinthe. Attention à ne pas vous faire avoir en espérant avoir encore le temps de croquer un matou.
Et vous vous en doutez, si vous n'avez plus d'os en réserve, impossible de vous transformer.

Euh... C'est quoi déjà le cri d'un labyrinthe ?

Contrairement à Pac-Man, le labyrinthe est un acteur à part entière du jeu. Si vous regardez bien, en plus des murs classiques dessinés en vert, vous verrez des portions jaunes, rouges et bleues. Ce sont des portes, qu'il est possible de faire pivoter à tout moment, en appuyant sur le bouton de couleur correspondant. Je précise pour que ce soit clair : vous pouvez décider à n'importe quel moment du jeu, de bouger en une fois toutes les portes d'une couleur, par un appui sur un des trois boutons de cette même couleur. Les chats sont incapables de forcer un passage, mais attention à ce qu'ils ne vous contournent pas en passant par une nouvelle ouverture.

Les deux dispositions, avant et après avoir bougé toutes les portes.

Autre élément du labyrinthe : l'entrée du tunnel représenté par un "IN" bleu au milieu de l'écran, et les sorties du tunnel aux quatre coins de l'aire de jeu. Ce tunnel permet d'échapper au faucon : quand vous y entrez, vous ressortez instantanément par l'une des quatre extrémités du labyrinthe, mais il vous est impossible de savoir laquelle à l'avance. Le faucon se retrouve désorienté, ayant perdu votre trace, et il quitte l'écran.
Le faucon peut sortir de lui-même du labyrinthe au bout d'un moment, s'il n'a pas réussi à vous toucher ; mais le passage par le tunnel est plus sûr et plus rapide.
Vous pouvez aussi vous servir du tunnel pour échapper aux chats, il n'y a pas de limite d'utilisation.

Le panneau de contrôle, avec ses fameux boutons pour le basculement des portes,
et celui de la transformation en chien. Notez qu'ils tombent parfaitement sous
les doigts de la main gauche, rien à redire sur l'ergonomie.

Dernier élément du labyrinthe : les bonus, d'une part le fromage qui donne 10 000 points à la fin de chaque niveau si vous l'avez récupéré, et d'autre part les éléments divers (trombone, clé, pomme...) qui vous donnent un bonus dès que vous les ramassez ; ces bonus continuent d'apparaître tant que vous ne vous faites pas attraper, et leur valeur augmente à chaque fois.

Réalisation et conversions

Mouse Trap a été réalisé en 1981 par Larry W. Hutcherson, qui réalisera un an plus tard Pepper II (ce qui explique que de très nombreux bruitages soient communs à ces deux jeux).

Les graphismes sont très simples, mais les mimiques des protagonistes sont réussies. Les couleurs sont suffisamment différentes pour qu'on ne puisse pas confondre la souris et les chats, ni le faucon qui plane au-dessus des murs. Au final on a un jeu aux couleurs vives, au look cartoon, et c'est très réussi.

L'animation est fluide et sans reproche. Tout ce petit monde va son chemin, à des vitesses différentes, et rien ne bloque. Enfin, c'est plutôt côté maniement que ça coince un peu : il est souvent difficile de jouer de façon fluide car la souris a tendance à se cogner dans les murs. Parfois négocier un passage est ardu, et si vous êtes poursuivi ça risque d'être pénalisant. Il faut prendre le coup de main pour tourner quand on est pile en face du chemin désiré. Dommage, si le maniement avait été plus souple, le jeu aurait certainement connu un plus grand succès.

Versions Atari VCS, et Mattel Intellivision.

Les bruitages sont très marrants. Lors de l'initialisation de la borne, on entend toute la ménagerie qui répète... Inutile de dire que chaque animal est parfaitement reconnaissable... Sauf le faucon : quand il apparaît à l'écran, moi j'entends un chimpanzé qui rigole, en tout cas pas un sifflement d'oiseau. En dehors de ce point (j'attends que vous me disiez ce que vous en pensez d'ailleurs), je dirai que les petites musiques d'accompagnement sont très répétitives, mais que quand on est concentré sur le jeu on n'y fait plus attention.

Version CBS ColecoVision, très proche de l'original.

Je finirai cet article sur les conversions. La version VCS, la moins belle, s'en sort très honorablement (bien plus que la conversion de Pac-Man ou de Burger Time). C'est surtout une bonne surprise d'avoir si bien réussi à imiter le miaulement des chats qui se font manger, quand j'ai entendu le bruitage j'ai trouvé ça excellent ! La version Intellivision est un cran au-dessus, quant à la version Coleco, une fois de plus, elle est pratiquement identique à l'arcade.

Conclusion

Mouse Trap est une agréable surprise, un jeu qui est plus prenant qu'il en a l'air. Le fait de pouvoir gérer une partie du labyrinthe (de façon plus subtile que dans Lady Bug), ainsi que pouvoir se transformer en chien quand on en a envie, lui donnent tout son cachet. Je le conseille à ceux qui aiment les jeux de labyrinthe, mais attention : il faut s'accrocher pour réussir à être bien synchro avec tous les éléments, les premières parties ne durent en général pas longtemps. C'est Bill Bradham qui doit rigoler s'il lit ça : il détient le record avec 61 366 060 points, le 24 juillet 1983 !

JPB
(23 août 2010)
Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum
(10 réactions)