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Nicky Boom
Année : 1992
Système : Amiga, Atari ST, Windows
Développeur : Microïds
Éditeur : Microïds
Genre : Action / Plate-forme
Par Tonton Ben (21 avril 2004)

1992, l'année de la sucrerie. Dans un monde vidéoludique en proie à la guerre pour l'épice (Dune), voire à la Seconde Guerre Mondiale tout court (Wolfenstein 3D), des héros se battent pour la suprématie de la friandise. Oui, 1992 est une date où les puissants lobbies du dentifrice alliés aux contructeurs de fraises de dentistes (ces derniers étant eux-mêmes partisans de la conspiration) financent la promotion de jeux tels que Magic Pockets, Zool et... Nicky Boom.

Le fils spirituel de Charles Manson.
Et on laisse un fou pareil en liberté...

Encore un coup des Américains, ça !

Même pas, Nicky Boom est un pur produit français de chez Microïds, déjà responsables du jeu de plates-formes (enfin, plates n'est peut-être pas le terme exact) Carlos. Ca sent l'endoctrinement de la jeunesse, tout ça. Et le p'tit Nicky, dans l'histoire ? Hé bien pour prétexter l'empiffrement frénétique et éhonté du jeune bambin, ce dernier a inventé une vague affaire de grand-père enlevé par la sorcière du coin, qui a transformé tout le voisinage en ménagerie. Pfffou, j'en ai raconté des bobards quand j'étais mioche, mais des comme ça... Ça relève plus de la méchante et prohibée hallu que du mensonge. Je crois avoir eu des trips comme ça, mais j'étais un peu plus grand... enfin, passons. Rassurons-nous, Carlos n'est plus impliqué dans l'affaire (du moins en apparence), le jeu est donc pour tout public. Enfin, c'est ce qu'on croyait.

Des environnements très colorés.
Cherchez les passages secrets !

Manque de sport et sucreries : une jeunesse décadente

Alors Nicky le Psychopathe, ni une ni deux, il part à la recherche de grand-papy, qui comme toutes les personnes de son âge, attire les jeunes avec des pelletées de bonbons (parce que pour le faire bouger de devant la télé, faut VRAIMENT le motiver). Tel le petit poucet, Nicky le Glouton suit la piste toute fraîchement semée de friandises qu'il s'empressera d'engouffrer. Note aux lecteurs : techniquement, dans l'édition originale, le petit poucet ne gobe pas les cailloux dans la forêt, il ne fait que les ramasser. On imagine aisément les conséquences douloureuses de l'ingestion d'éléments comme des cailloux dans l'estomac du pauvre garçonnet. Notre héros, lui, se moque complètement du fonctionnement de son appareil digestif, et se goinfre joyeusement de cochonneries pâtissières en tout genre, tant pis pour les conséquences.

Même les plantes s'y mettent.
On aura enfin trouvé une utilité aux méduses.

Un modèle de honte pour les enfants d'aujourd'hui

Non content de casser le moral de curistes au régime sévère à la Bourboule, Nicky le Sanguinaire persévère dans le mauvais esprit puisqu'il s'en prend à la faune locale en leur sautant dessus (et on imagine à quel point cela peut être fatal après absorption de quelques quintaux de douceurs). Escargots, fourmis, grenouilles, lapins... Tout y passe, un vrai bulldozer. Je vois d'ici les membres de la protection s'offusquer d'une telle apologie de violence sur des animaux, je me joins à leurs protestations. Mais s'il n'y avait que ça... Nicky le Boucher prend un malin plaisir à leur balancer divers détritus, ses projectiles préférés étant des trognons de pomme, mais aussi des bûches (servant accessoirement à former des ponts au-dessus de précipices), ou des bouboules en plastique, participant ainsi activement à la dégradation de l'environnement. Éloignez les enfants de ce jeu qui peut causer de sévères troubles comportementaux. Tout au moins, n'achetez plus de pommes, ces fruits qui déciment notre jeunesse (trop de morts par trognons de pomme, stop la violence !). Comme si ce n'était pas suffisant, Nicky l'Artificier doit son nom aux bombes qu'il fait sauter (lorsqu'il en trouve) pour révéler des passages obstrués, et aux grenades qu'il peut lancer afin de faire tomber la confiserie suspendue hors de sa portée.

Des pâtisseries plus grosses que le bonhomme.
Le lapin ninja veille sur les bonbons !

Arrêtons-là le massacre !

Et non, Madame, il faut pourtant bien parler des graphismes. Big Fat Nicky est aisément reconnaissable à sa bedaine largement mise en valeur, et à son visage joufflu. Il sème la terreur dans huit niveaux aux couleurs chatoyantes, et au parcours labyrinthesque. Pièges, portes à clés, tout est bon pour le freiner. Pire que Hulk, Nicky la Brute est même capable de détruire certains murs pour révéler des pièces secrètes. Un carnage, je vous dis. Le sadisme est à son comble lorsqu'il signe ses méfaits en jetant des « Youpi », voire même dans quelques cas des « Yahoo ». En plus, il est agile le bougre, et n'a, chose surprenante, aucune difficulté à se mouvoir, sautant tel le cabri (avant qu'il ne l'abatte) pour atteindre les plates-formes les plus élevées. Rien ne l'arrête.

Un petit air de Shadow of the Beast ?
Ou peut-être même de Gods ?

J'espère que cet exemple de production amorale, qui conduit à créer une génération sacrifiée sur l'autel du marketing bucco-dentaire, exécutée contre le mur de l'obésité encouragée, et brûlée sur le bûcher de la violence gratuite envers les animaux vous amènera à choisir les bons jeux, ceux qui prônent une vraie morale ! Non mais des fois.

Tonton Ben
(21 avril 2004)
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