Cette deuxième génération sortit en 1999 au Japon (2000 pour la version Cristal) et elle représente, à mes yeux, tout simplement la meilleure de toutes. Si le cœur du jeu n'a pas évolué d'un iota, le nombre de modifications est tout simplement prodigieux et impressionnant, compte tenu du support sur lequel ces titres se trouvent.
Les dresseurs errants peuvent maintenant regarder dans toutes les directions, ce qui les rend plus difficiles à éviter.
Cent nouveaux pokémons ont été ajoutés aux précédent, ce qui monte le total à 251 bestioles.
Deux nouveaux types ont été créés pour permettre un meilleur équilibrage : Ténèbres, qui est efficace face au type Psy et insensible à ces dernières attaques, et Acier, immunisé face au Poison et super efficace contre la Glace notamment.
Les pokémons peuvent à présent porter des objets. Ce peut être des objets de soin, dont ils se serviront en cas de problème, mais aussi des objets leur conférant de meilleures résistances face à certains types voire augmenteront les dégâts donnés. Cela permet notamment d'avoir accès à de nouvelles évolutions d'anciens pokémons, en les échangeant alors qu'ils tiennent un objet spécifique.
L'histoire globale est moins linéaire et possède même certains moments surprenants.
Le jeu gère non seulement le cycle jour/nuit en fonction d'une horloge interne au jeu, mais également les jours de la semaine, certains événements ne se déroulant qu'à des moments précis, comme l'apparition de certains pokémons.
Enfin, il est possible de faire se reproduire les pokémons...
Ce dernier point est peut-être le plus intéressant de tous. Les pokémons - à l'exception des légendaires - sont à présent sexués et peuvent produire des œufs qui finiront par éclore. Pour ce faire, il faut confier à la « pension pokémon » deux pokémons de sexes différents et, sous certaines conditions de compatibilité, un œuf finira par vous être confié. Non seulement cela permet d'avoir accès à des « pré-évolutions » inaccessibles autrement, mais cela vous permet de compléter plus facilement votre pokédex puisque le pokémon qui naît sera toujours au stade minimal d'évolution de celui-ci. Autrement dit, une fois que vous avez obtenu un Voltali, il suffit de le faire se reproduire pour obtenir un nouvel Évoli qui peut évoluer ensuite en Pyroli etc., etc.
L'on était combattant, stratège, marchand, l'on devient donc ici éleveur de pokémons, un métier intéressant, qui apparaît annexe de prime abord mais qui forme le grand charme que ce jeu peut posséder.
Les nouveautés ne s'arrêtent pas ici. J'ai parlé plus haut du passage à la couleur et de bugs liés à cela. En effet, il arrivait dans Pokémon Jaune que certains pokémons n'apparaissent pas selon la couleur programmée et ce pour des raisons assez obscures, que l'on parvint cependant à reproduire avec le temps. Game Freak, loin d'être décontenancé, choisit de faire de ce bug une fonction de jeu.
Dans Pokémon Or, le joueur arrive à un moment donné dans un endroit bucolique appelé le « Lac Colère », habité par des Léviators. Cependant, les personnages nous font savoir qu'ils ont vu quelque chose d'étrange dans ce lac : un Léviator rouge... mais normalement, un Léviator, c'est bleu, non ? Décidé à lever ce mystère, vous explorez le lac... et trouvez ledit pokémon rouge. Le monde entier venait de rencontrer les pokémons chromatiques, dits « Shiny » dans les pays anglophones.
Les shiny ressemblent exactement à leurs contrepoints « normaux », si ce n'est donc que leur couleur est bien différente et que leurs statistiques ont tendance à être légèrement plus élevées que la normale. Leur légende vient surtout de leur rareté : un joueur a une chance sur 8192 d'en rencontrer un (et cela est valable pour les starters et les légendaires également). Moi qui vous parle, je n'en ai jamais rencontré qu'un et un seul jusqu'à présent, alors que je dois compiler plus de mille heures de jeu, toute génération confondue. Cela a lancé une grande frénésie autour du monde... ainsi qu'une grande propension à la triche, mais je reviendrai à cela plus tard.
Enfin, de nombreux autres éléments apparaissent encore, et notamment un quota de bonheur. En prenant soin de son pokémon, en le soignant, lui faisant porter des objets etc. il aura tendance à être de plus en plus heureux, ce qui se traduira par une évolution nouvelle parfois ainsi qu'une augmentation de la puissance de certaines attaques. Je pourrai encore citer l'apparition de pokéballs spécifiques à certaines catégories de monstres (pour attraper plus facilement des pokémons lourds, aquatiques, insectes...), l'apparition de baies, des fruits permettant de soigner les pokémons, et j'en passe.
L'écart séparant la première de la deuxième génération est réellement incroyable, le plus grand qu'il existera jamais entre deux itérations de Pokémon. Du reste, les surprises ne s'arrêtent pas ici.
Le jeu prend place trois ans après la première génération, dans une toute nouvelle région de cet univers, Johto. Cependant, il faut noter que Johto et Kanto sont frontaliers : et par ailleurs, une fois les huit champions de Johto affrontés, et la ligue Pokémon vaincue... vous pourrez revisiter entièrement Kanto et vaincre les huit anciens champions ! Autrement dit, nous avons là deux aventures pour le prix d'une, une continuité que j'aurais aimé voir plus souvent hélas. Ce sera dans tous les cas l'occasion de revoir d'anciennes têtes et d'affronter d'anciens ennemis, notamment ce grmblblm de Gary Oak, qui a été promu depuis champion d'arène... et si vous cherchez bien, il se peut que Sasha soit quelque part, en train d'essayer de remplir son pokédex.
Si graphiquement, enfin, le jeu a été grandement amélioré, l'on ne peut en dire autant de l'ergonomie, toujours aussi lourde et épuisante. Même si l'on sent que des efforts ont été faits pour améliorer l'ensemble, il est toujours très compliqué de naviguer dans les différents menus avec aisance. La version Cristal ne possède pas de réelles nouveautés contrairement à la version Jaune, et inaugure en ce sens l'habitude de « l'épisode bonus », qui a été respecté jusqu'à présent, épisode qui en profite toujours pour corriger les bugs des épisodes précédents mais qui n'introduit souvent aucune réelle nouveauté.
Un dernier mot se doit d'être dit concernant la connectivité entre la première et la seconde génération. Après tout, cela est normal : impossible de trouver les starters et les légendaires de Rouge/Bleu/Jaune dans Or/Argent/Cristal... Heureusement, Nintendo a prévu le coup et permet aux joueurs de transférer les pokémons de la première génération vers la seconde et réciproquement, mais sous certaines conditions uniquement :
Bien entendu, impossible de transporter des pokémons de la génération II à la génération I.
Les pokémons transférés dans le passé ne doivent avoir ni attaques n'existant pas précédemment, ni tenir d'objets. À noter qu'il y a ici une tolérance vis-à-vis des pokémons ayant appris une attaque existant certes dans le passé, mais qui ne pouvaient alors pas l'apprendre et celles qui ont changé de type entre temps, comme « Morsure » qui est passé du type « Normal » au type « Ténèbres ».
Enfin, pas de shiny.
Malgré ces nombreuses restrictions, l'on peut très facilement amener nos pokémons d'une version à l'autre... et les faire se reproduire pour obtenir leur prime forme, faisant grossir au fur et à mesure notre pokédex.
C'est là qu'on se rend compte à quel point ce système d'échange est mal fait. Transférer ces pokémons un par un prend un temps infini, tout ceci est bien long et fastidieux... Encore une question d'ergonomie qui sera, heureusement, légèrement améliorée par la suite.
Le jeu est sinon d'une conformité désarmante face à la première génération. Après le choix du starter, vous commencerez votre parcours pour récolter huit badges d'arène et en affrontant votre rival, qui cette fois-ci est plus méchant qu'énervant. Vous rencontrerez même la Team Rocket, bien que démantelée, qui essaie de se reformer. L'aventure se fait cependant moins linéaire, et il est même des instants où vous pourrez retarder votre progression pour remplir des quêtes « annexes » assez intéressantes. Pour toutes ces raisons, le jeu est véritablement formidable. Sans aucun doute mon petit préféré jusqu'à aujourd'hui, il fut une claque pour tous les fans des versions Rouge/Bleue/Jaune tant la tâche à accomplir semblait immense. J'ai dû passer près de 150 heures sur cette seule version, puisque j'ai pu rapatrier pas mal de mes anciennes captures de la première génération, le reste n'étant qu'une question de patience et d'utilisation active du processus de reproduction.
Le jeu m'a également paru bien plus facile. Non seulement je connaissais la façon de « monter une équipe » et ce de façon efficace, mais la ligue elle-même n'est plus que l'ombre d'elle-même puisqu'étant presque quinze niveaux plus faibles que lors de la génération précédente. Le jeu ménage quand même de sacrés moments de stress, notamment ce combat dans l'arène du spécialiste des pokémons de type Normal, incroyablement difficile à ce stade-là de la partie et qui en a fait baver plus d'un. Même à haut niveau, ses créatures pouvaient mettre K.O. n'importe lequel de vos combattants. Parce qu'il est une réellement révolution et non pas une simple évolution, ce jeu fait partie des must have de la portable de Nintendo. Et pendant très longtemps, en fait jusqu'aux versions Blanche/Noire, il resta mon petit préféré.