Il est bon ici de s'arrêter un instant avant d'aborder la troisième génération qui marque une lourde brisure dans le cœur de chacun, et de parler de créatures qui continuent de faire rêver les petits et les grands : les Pokémons Légendaires. Ce sont des créatures qui partagent un certain nombre de points communs :
Ils ne peuvent se trouver que dans des donjons, où ils apparaissent clairement sur la carte ; la seule exception à cela (pour ces deux générations, s'entend) restent les trois félins légendaires, Raikou, Entei et Suicune, qui courent le long du globe selon un trajet délimité.
Ils sont asexués, et ne peuvent donc en aucun cas être reproduits.
Le fait de les mettre K.O. les fait disparaître à jamais.
Ils sont toujours à un niveau fixe, généralement entre 40 et 70.
Ils sont incroyablement difficiles à attraper.
Ils possèdent des statistiques superbement impressionnantes et des attaques dites « signatures », qu'ils sont les seuls à maîtriser, raisons notamment pour lesquelles ils sont interdits lors des compétitions.
Si ce n'est réellement pour compléter le pokédex, j'avoue ne m'être jamais totalement servi de pokémons légendaires au sein de mon équipe, pour une raison fort logique : le fait d'être capable de résister à leurs assauts et de les capturer prouve que votre équipe est assez forte pour finir le jeu. Aussi, si ce n'est pour remplir un « trou » dans mon équipe concernant leurs types, je préfère volontiers m'en passer. Après tout, on ne demande pas à Pelé d'affronter l'équipe de foot de l'école du coin...
On a également tendance, et ce à partir de ces deux premières générations, à classer les Légendaires en trois catégories distinctes. Tout d'abord, les Légendaires « élémentaires ». Les plus nombreux, ils symbolisent souvent un élément en particulier : le feu, la glace, l'électricité, l'eau... dans les deux premières générations, ils sont représentés par des oiseaux et les félins légendaires. Nous avons donc d'une part le trio des oiseaux légendaires : Artikodin (n°144), l'oiseau légendaire de la glace, de type Glace/Vol ; Électhor (n°145), l'oiseau légendaire de la foudre, de type Électrique/Vol ; et Sulfura (n°146), l'oiseau légendaire du feu, de type Feu/Vol.
D'autre part, le trio des félins légendaires : Raikou (n°243), le tigre de l'orage, de type Électrique ; Entei (n°244), le lyon de la lave, de type Feu ; et Suicune (n°245), la panthère de l'aurore, de type Eau.
Et, enfin, le duo des Dieux des Cieux : Lugia (n°249), l'oiseau de la nuit, de type Psy/Vol ; et Ho-Oh (n°250), l'oiseau du jour, de type Feu/Vol.
Deux grandes catégories, les légendaires « maîtres », qui généralement n'ont aucune contrepartie d'aucune sorte et ne sont souvent accessibles qu'à la toute fin du jeu. Dans les deux premières générations, il n'y a que Mewtwo (n°150) qui répond à cette définition (type Psy).
Enfin et non des moindres, les légendaires appartenant à « la génération de Mew ». Contrairement aux autres légendaires qui apparaissent comme des brutes sans nom, ceux-ci paraissent mignons, insouciants. Ils sont légers et flottants, et partagent souvent un lien prégnant avec la nature ; ce sont de vrais petits pokémons écologistes ! Nous en avons ici deux, qui se situent à la toute fin de leur pokédex respectif : Mew (n°151) bien évidemment, le pokémon origine, de type Psy et Celebi (n°251), le pokémon temporel, de type Psy/Plante.
S'il est possible d'obtenir lors d'une partie régulière la majorité de ces légendaires, la seconde génération introduit l'idée du « légendaire emblème » : chaque version de Pokémon présentera sur sa pochette un pokémon légendaire, le seul du duo auquel il appartient que l'on peut alors capturer. Si cela est encore faux pour la deuxième génération, cela deviendra une triste réalité dès la troisième. À noter que la troisième itération d'une génération, qui sort en règle générale un an après les deux premiers épisodes correspondants, permet d'attraper les deux légendaires en question. Enfin, reste la « génération de Mew », logiquement impossible à capturer. Je dis « logiquement », mais cela me permet d'évoquer la connectivité des jeux Pokémon, connectivité qui dépasse l'imagination et invite à considérer que Nintendo, concernant sa console portable cependant, peut apparaître comme une façon de précurseur.
Je reviens sur la première génération. Bien que le bug de la version Verte ait été corrigé dans la version Bleu, tout le monde « savait » que Mew était présent au sein de la cartouche. Après tout, cela était logique : puisqu'il était possible de l'obtenir par le biais de Nintendo, en connectant sa console à une borne de téléchargement sans rien de particulier, c'est que les données étaient présentes dans le jeu. Après plusieurs années de rumeurs et d'essais, on parvint à trouver un bug, appelé maintenant le « Bug de Mew » capable de débloquer sans aucun problème la créature. Cela est d'autant mieux, du reste ; si au Japon et aux États-Unis, la distribution se faisait de façon libre à des endroits précis, à la façon d'une tournée autour du pays, en France, cela ne se faisait qu'à l'issue d'une compétition organisée par Nintendo, et uniquement à Paris. C'était un grand tournoi faisant s'affronter des joueurs de tout horizon... Inutile de dire que les gamins ne purent que difficilement y aller. Et ainsi, l'on ne trouve en France que seize Mew officiels pour la première génération, ce qui est bien dommage.
Ayant eu vent de cette « fourberie » de la part de Game Freak, Nintendo décida de s'occuper personnellement de cette histoire de bug et verrouilla les versions de la deuxième génération. Si Célébi, cette fois-ci, était encore une fois présent au sein de la cartouche, ce n'était pas de façon directe cependant : pour le rencontrer, il fallait réécrire un bout de code. Pour ce faire, il fallait donc l'écraser avec de nouvelles données, données que Nintendo s'arrangeait pour distribuer, à nouveau, lors d'une grande tournée... tournée qui se déroula en France de la même façon que la première, c'est-à-dire de façon confidentielle. D'après mes informations, seule une vingtaine de Célébi officiel a été distribuée en France. Le fait est que cette fois-ci il était impossible, en ne possédant que le jeu, de débloquer ce pokémon légendaire-ci. Il existe bien un bug, mais celui-ci est incroyablement plus compliqué et dangereux que le premier, car il peut sans sourciller effacer toute votre sauvegarde en un tour de main. La seule solution était de passer par un accessoire du type « Action Replay » pour écraser le code en question (ce que j'avais d'ailleurs fait à l'époque, mais il s'agissait du dernier pokémon qui me restait à acquérir... Non, je n'ai pas honte !).
La solution « officielle » était très intéressante. Il y en avait en réalité deux : la première, celle que connut le monde entier, y compris l'Europe, était encore un système de « borne de transfert », borne sur laquelle il suffisait de brancher sa Game Boy pour acquérir le précieux animal. Mais il y avait une autre solution, uniquement disponible au Japon : c'était un système de téléchargement. Les habitués de Grospixels connaissent sans doute le BS Satellaview, module de téléchargement que l'on branchait sur la Super Famicom pour télécharger, par l'intermédiaire d'un réseau satellite, des jeux sur des cartouches vierges. Pour cette fois, Nintendo utilisa plus spécifiquement le réseau des téléphones portables, alors très développé au Japon. En branchant un module particulier à la Game Boy, il était possible de se connecter à ces ondes « magiques » et de télécharger Célébi en faisant fi des réunions diverses organisées par Nintendo. Cette génération introduit ainsi ce système de connectivité, connectivité qui sera à présent l'un des maîtres-mots de Pokémon au fur et à mesure des générations. Nous y reviendrons en temps voulu.