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Snake Rattle and Roll
Année : 1989
Système : NES ...
Développeur : Rare
Éditeur : Nintendo
Genre : Plate-forme
Par LVD (30 octobre 2004)

Allez comprendre pourquoi, le serpent a toujours été un animal mal-aimé ; peut-être parce qu'il est à l'origine du Péché Originel ? (très fort, j'ai réussi à placer une référence biblique dans cet article...) De ce fait, rares sont les jeux où on vous propose d'incarner un de ces sympathiques reptiles. Des chiens, des chats, des pingouins, des hérissons (bleus), des pandas, des kangourous (Cf. Tekken [sic]), oui mais des serpents très rarement. Heureusement, ce manque est réparé avec ce qui est un des meilleurs et des plus beaux jeux de plates-formes de la NES, à savoir le fabuleux - mais ô combien difficile - Snake Rattle'n Roll. Un soft de 1989 signé Rare, qui s'illustrera particulièrement avec Donkey Kong Country et Killer Instinct sur SNES quelques années plus tard, ainsi qu'une belle carrière sur Nintendo 64 avant de passer chez Microsoft au début des années 2000. Rare semble spécialisé dans les prouesses techniques, et même si Snake Rattle'n Roll n'est pas le plus beau jeu de la console, il n'en reste pas moins dans le peloton de tête.

Le jeu est tout en 3D isométrique, à l'instar de Solstice. On remarquera d'ailleurs que les jeux qui choisissent ce type de représentation sont moins fréquents sur console que sur micro, mais j'ignore pourquoi... Le but du jeu est le suivant, et est immuable d'un niveau à l'autre (sauf le dernier) : gober un certain nombre de boules colorées plus ou moins faciles à attraper afin d'atteindre un certain poids (l'absorption de nourriture augmentera progressivement la taille de votre queue [non, il n'y a rien de salace dans cette phrase !]), une fois cette limite atteinte, vous devrez vous peser sur une balance placée généralement vers la fin du niveau. Si vous êtes suffisamment gros, la balance fera sonner une cloche et ouvrira la porte qui permet d'accéder au niveau suivant. Enfantin comme principe n'est-ce pas ? En théorie oui, mais la pratique est nettement moins évidente... La faune locale vous étant franchement hostile ! Vous devrez en effet faire face à des empêcheurs de gober en rond tel que requins, enclumes volantes, coquilles Saint-Jacques, pieds à la pointure encore plus large que les persos de SNK VS Capcom sur Neo-Geo Pocket, pièges vicieux de toutes sortes, et bien sûr le design du jeu lui-même, qui vous obligera parfois à faire des sauts de fou sans garantie de retombée indemne...

Les graphismes sont vraiment superbes et très colorés, même s'ils varient peu d'un stage à l'autre. Mention spéciale aux stages 9 et 10, qui arrivent à rendre une véritable impression de glace (et de glisse) transparente. À noter que le jeu est composé d'une succession d'étages (vous partez du sol au niveau de la mer, et grimpez jusqu'à la Lune !), ce qui fait que dans le bas de l'écran du début d'un niveau, on peut apercevoir la fin du stage précédent ! (mais n'essayez pas de le rejoindre, vous perdriez une vie bêtement). Quant à la musique, c'est du grand art ! On aurait pu s'attendre à une musique passe-partout pour tout le jeu (genre Adventures of Lolo, que j'adore, mais dont je coupe systématiquement le son au bout de 20 minutes...), mais Rare s'est surpassé, nous proposant des mélodies variées et entraînantes, parfois avec un côté très rock'n roll (d'où le titre du jeu ?) Enfin, du rock'n roll version NES hein... Elles contribuent pour beaucoup à l'ambiance.

Passons au point le plus important, la jouabilité. Dans l'ensemble, elle est tout à fait correcte, mais certains sauts en diagonale sont parfois assez délicats. Du fait de la 3D isométrique, on évalue parfois mal les distances ou les directions, et au-dessus du vide, une telle erreur est très souvent fatale... Dans les deux premiers niveaux, où il y a la mer en bas pour vous recevoir au cas où, on s'en tire encore mais après, tout saut raté sera durement sanctionné... Les chocs avec les ennemis vous font généralement perdre un niveau de queue, et au dernier consommé, une vie. Vous disposez de 3 vies et 3 continues. On reprend exactement de l'endroit où l'on a perdu, mais n'allez pas croire que cela rende le jeu trop facile pour autant. Autant les 5 premiers niveaux (le jeu en compte 11) ne poseront pas trop de problèmes avec un peu d'entraînement, autant les suivants se feront arracher les cheveux à plus d'un joueur.

Il est possible de jouer à deux simultanément !! Le premier joueur contrôle Rattle (le serpent rouge), et le second Roll (le violet). Ce qui augmente assurément le capital « convivialité » de ce soft, mais présente aussi un inconvénient. Selon où il se trouve, l'un des deux joueurs peut bloquer l'écran, ce qui peut paralyser temporairement son camarde ou, dans le pire des cas, le faire tomber dans le vide et ainsi perdre une vie.

Comme il est écrit plus haut, vous devez gober des boules colorées, elles sont de trois types : rouge, violette, et ocre. Rattle doit attraper les rouges et Roll les violettes ; les boules ocre pouvant être gobées indifféremment par l'un ou l'autre. Attention, certaines boules sont en fait des bombes...

Enfin, pour neutraliser la plupart des ennemis, il faudra leur donner des coups de langue (celle-ci aussi pouvant s'allonger, à l'instar de la queue).

Je vous propose une visite guidée des différents stages qui composent le jeu.

STAGE 1

On commence tranquille, histoire de se familiariser avec les commandes. Les chutes ne sont pas mortelles, donc aucun véritable danger à l'horizon. Il existe une warp zone qui permet d'accéder directement au monde 8, mais l'atteindre tient du pari impossible. Vous devez en effet traverser l'intégralité du niveau en à peine 5 secondes(!!!!) et sauter dans une fusée qui décolle. Si j'ai déjà pu apercevoir cette fusée, je n'ai jamais réussi à y grimper...

STAGE 2

Pas très différent du premier stage, hormis la dernière section sur une cascade.

STAGE 3

À partir de là, les choses sérieuses commencent ! Toute chute vous coûtera obligatoirement une vie donc prudence ! Faites également attention à une option posée sur votre route et difficilement esquivable, qui intervertira les commandes du pad durant une dizaine de secondes !! (il est vivement conseillé d'attendre patiemment que tout revienne dans l'ordre).

STAGE 4

Nouveau piège, des sortes de barres qui sortent soudainement des murs et vous poussent... Premier passage vraiment délicat du jeu, à savoir qu'arrivé aux alentours de la balance, vous allez vous faire attaquer par de furieuses enclumes volantes qu'il n'est pas toujours facile d'esquiver. Le problème, c'est qu'il est impossible de revenir au seul endroit du niveau où vous pouvez trouver des boules colorées. Alors comment faire ? Eh bien tout simplement en s'arrangeant pour que l'enclume s'écrase sur la balance, le choc fera alors sonner cette dernière ! Malin.

STAGE 5

Particularité de ce stage, les tapis volants, qui parfois apparaissent et disparaissent soudainement...

STAGE 6

Fini de rigoler ! Les plates-formes deviennent plus petites (et par conséquent les espaces entre plus grands...) Quant aux ennemis de ce niveaux, des sortes de cloches, elles sont franchement pénibles à éliminer ! Mais le pire, quand on ne le sait pas, c'est un passage avec une cascade apparemment infranchissable. En réalité, une sorte de fenêtre jette continuellement divers objets, dont un en particulier qu'il faut rattraper, puis ensuite foncer vers la chute d'eau, et pianoter sans arrêt sur un bouton du pad afin de faire avancer votre serpent jusqu'au sommet. Malheureusement, aucune indication ne vous est donnée à ce sujet...

STAGE 7

Raahh, le pauvre joueur commence à s'énerver ! Entre les boules de pétanque géantes qui vous écrasent, les pics acérés, et les mini-geysers aléatoires sur lesquels il faut sauter pour rejoindre la plate-forme supérieure, il y a de quoi perdre toutes ses vies en un seul stage...

STAGE 8

Ce niveau est complètement illogique dans sa localisation ! Il se situe sous l'eau. Ou plus exactement à l'intérieur de bassins situés en hauteur... (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?) Il est certes impossible de tomber dans le vide, mais en contre-partie le nombre de boules colorées (qui pour ce niveau se transforment en poissons) est limité, et si elles disparaissent toutes avant que vous ayez pu atteindre le poids exigé, vous perdrez une vie. Néanmoins, ce stage reste une ballade de santé comparé aux niveaux précédents.

STAGE 9

Vous pensiez que les programmeurs n'oseraient pas aller jusque là ? Eh bien si, ils l'ont fait. Le niveau est entièrement composé de glace, et donc GLISSANT !! Comme si la disposition parfois tordue des plates-formes ne suffisait pas... Le plus beau niveau du jeu.

STAGE 10

On pouvait faire encore pire, la preuve ! La disposition des plates-formes, toujours glissantes comme il se doit, est encore plus abusée qu'au niveau précédent. Surtout après la balance. Ça monte, ça monte, ça monte... et la sortie du stage est creusée directement dans le mur ! Seule solution pour l'atteindre, bien calculer son saut, ce qui évidemment est plus facile à dire qu'à faire...

La fin du niveau. Ceux qui ont vu l'écran suivant ne doivent pas être si nombreux...

STAGE 11

Enfin !! La Lune !! Le niveau ne compte qu'un seul écran et le Boss final (le seul Boss du jeu d'ailleurs), un pied comme ceux que vous avez rencontrés tout au long du jeu. Décevant.

Ce stage est un cauchemar. Pour vaincre ce pied maudit, il faut le frapper environ une centaine de fois SANS JAMAIS S'ARRÊTER (tout arrêt de quelques secondes fait tout recommencer à zéro), sachant que bien sûr cet imbécile passe son temps à faire le tour de l'écran, lui-même traversé par des météorites, sans parler de la gravité lunaire qui décuple l'amplitude de vos sauts...

Je ne l'ai jamais battu... mais bon, la fin du jeu est nullissime alors... (Rattle monte dans un vaisseau et... c'est tout !!)

LA VERSION MEGADRIVE

Il existe une version Megadrive, peu connue (elle n'est même pas encore référencée sur gamefaqs !), à ma connaissance sortie uniquement aux États-Unis. Il s'agit exactement du même jeu mais, Megadrive oblige, en plus joli. Malheureusement, non seulement toutes les mélodies ont été changées et sont loin de valoir celles de la version NES, mais en plus elles sont carrément inécoutables à cause d'une sorte de grésillement très insupportable. C'est pourquoi je préfère vous conseiller la version Nintendo 8-bits, d'autant plus qu'elle est bien moins dure à trouver.

La NES abonde de fantastiques jeux du genre, et Snake Rattle'n Roll est l'un d'entre eux. Malgré sa maniabilité parfois crispante, et la difficulté exagérée des derniers niveaux, il n'en reste pas moins un excellent soft, beau, varié, original, aux musiques entraînantes, et mérite largement d'être essayé ! On peut s'étonner qu'aucune suite ou remake n'ait vu le jour sur SNES, voire N64. Ma foi tant pis, une belle réussite pour Rare tout de même !

LVD
(30 octobre 2004)
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