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Starglider 2
Année : 1988
Système : Amiga, Atari ST, Windows
Développeur : Argonaut
Éditeur : Rainbird
Genre : Simulation / Action / Aventure
[voir détails]
Par JPB (09 juillet 2002)

Starglider 2 est un jeu qui n'a pas réellement révolutionné le genre (Carrier Command, quelques semaines plus tôt, l'avait déjà fait), mais qui a sans nul doute amélioré et poussé dans ses derniers retranchements de l'époque le concept des jeux en 3D surfaces pleines. Pour cette raison, son succès a été retentissant.

La boîte avec sa couleur et sa présentation Made in Rainbird.

Starglider

Autrefois, les Egroniens voulaient envahir la planète Novenia. Avant tout, que les choses soient claires pour ceux qui ne connaissent pas les Egroniens : pour eux, il n'y a qu'un seul mode de pensée : "si ça bouge, tirons-lui dessus ; s'il réplique, tirons-lui dessus de toutes façons ; si ça ne bouge pas, ajoutons-le à notre Empire". Tout ça pour dire que les Egroniens ne sont pas des gens comme il faut. Donc, ils avaient tenté d'envahir la pacifique planète Novenia, mais s'étaient heurtés aux Sentinelles de protection. Alors, pour contourner le problème, ils avaient utilisé des répliques mécaniques des Stargliders, de oiseaux qu'on trouvait sur la planète. Heureusement, deux personnages, Katra et Jaysan, avaient réussi à faire échouer le plan diabolique des Egroniens et à sauver Novenia.

Starglider 2

Tout recommence.

Écran titre sur Amiga.

L'Empereur Impérial d'Egron, vexé de s'être fait battre, décide de se venger. Mais il sait que sa ruse d'employer des Stargliders mécaniques ne fonctionnera pas une seconde fois. Alors, il complote un nouveau plan, encore plus machiavélique que le premier, pour anéantir cette planète qui a osé le défier. Comment compte-t-il s'y prendre ? Hé bien, il veut utiliser l'énergie d'un système solaire voisin de celui de Novenia, le système Solice, pour construire un immense projecteur de rayons, afin de concentrer les rayons du soleil et de les renvoyer, incroyablement amplifiés, sur la planète qu'il déteste tant.

Heureusement, un survivant d'une des planètes du système Solice arrive à rejoindre Novenia plus mort que vif, et prévient son gouvernement que les Egroniens ont entièrement colonisé les 15 planètes du système Solice. Cette déclaration permet aux Novenians de scruter l'espace pour glaner des informations, et ils se rendent vite compte de l'ignoble projet de l'Empereur Impérial Egronien. Seulement, il est trop tard pour créer une force suffisante pour le chasser, et les sentinelles Noveniannes ne peuvent pas être déplacées. Il faut donc trouver une autre solution.

C'est là que Katra, héroïne de la guerre précédente, va chercher Jaysan et l'androïde Agro (eux aussi héros de la guerre précédente contre les Egroniens), pour les emmener à nouveau en croisade. Jaysan n'est pas particulièrement heureux d'être "enrôlé", mais accepte avec une certaine répugnance. Tous trois se rendent aux Industries Draggon, pour prendre livraison d'un prototype de vaisseau multi-fonctions, l'Icarus. Eux trois, dans un seul petit vaisseau, vont devoir affronter la flotte immense de machines de guerre Egroniennes dans le système Solice, afin de concrétiser le seul moyen de détruire l'Amplificateur de rayons : construire une Bombe à Neutrons.

Au commencement

Il n'y a pas grand chose. Vous vous retrouvez, pilotant l'Icarus au-dessus d'une planète hostile (hostile, ben oui, puisqu'on vous tire déjà dessus, c'est malin !), que l'ordinateur de bord reconnaît comme étant Apogée. Il faut bien commencer à faire quelque chose : aussi, le plus facile et le plus agréable, c'est de détruire le petit canon qui vous arrose de coups de laser.

Au début du jeu, sur Apogée.
Plus de canon, ça fait du bien !

Il va vous falloir avancer dans le jeu... En fait, ce jeu n'est qu'une suite de recherches d'objets, pour la construction de la Bombe à Neutrons. Et qui dit recherche d'objets dit voyages... Et qui dit voyages dit énergie et armes à récupérer... Le vaisseau étant évolutif, vous pourrez accueillir des petits joujoux bien utiles, notamment la fantastique Bombe Rebondissante. Les objets à récupérer seront éparpillés sur toutes les planètes, quant aux armes et aux renseignements, ils vous seront délivrés dans les tunnels présents sur certaines planètes.

Les réseaux de tunnels

Creusés à travers certaines planètes, ces tunnels sont de vrais labyrinthes. Je vous conseille vivement de faire des plans, et de bien vous servir des coordonnées affichées en haut à gauche de l'écran. Les entrées sont représentées par des dômes, mais attention à la mine qui protège l'accès.

Entrée d'un tunnel sur Apogée.
Dans le tunnel.

Première remarque : la puissance de l'Icarus sera réduite, donc vous irez de plus en plus lentement. Et comme vous allez tourner dans tous les sens, vous verrez, ce n'est pas une partie de plaisir : votre énergie sera mise à rude épreuve, aussi faites le plein en quittant le tunnel. En revanche, vous ne rencontrerez aucun ennemi. Mais vous vous heurterez peut-être de temps en temps à des barrières, qu'un simple tir de laser désactivera.

Une barrière d'énergie.
À droite, un dépôt vide.

Deuxième remarque : dans ces tunnels, se trouvent des dépôts occupés par des résistants au régime totalitaire Egronien, qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour vous aider tout au long du jeu. C'est dans ces dépôts que sera construite la Bombe à Neutrons ; c'est aussi dans les dépôts d'autres planètes que vous trouverez des Missiles et des Bombes Rebondissantes.

Les Missiles à tête chercheuse et les Bombes Rebondissantes.

Les dépôts qui vous aideront sont en général cachés derrière d'immenses sas en étoile ; il arrivera que vous rencontriez des hangars vides au cours de vos voyages.

Allez, une petite aide : sur Apogée, se trouve un dépôt qui a l'air vide, derrière un sas aux coordonnées (6630). À l'intérieur, vous rencontrerez Trem, qui vous demandera si vous voulez qu'il vous construise la Bombe à Neutrons. Si vous acceptez (et franchement, je me demande bien ce que vous pourriez faire d'autre !), il vous énumèrera une liste d'objets à lui remettre, dont le Professeur Halsen Taymar, qui se trouve quelque part sur Broadway.

Les voyages dans l'espace

Les voyages entre planètes sont d'une simplicité extrême : vous quittez l'atmosphère de la planète sur laquelle vous vous trouvez, et hop ! un petit coup de Stardrive. Votre énergie diminue rapidement, mais votre vitesse augmente considérablement, et ainsi vous avez moyen de vous déplacer vers une autre planète.

Un coup de Stardrive vers Millway...
Et voilà, déjà en approche.

Vous noterez que le radar n'indique plus les objets situés dans un rayon proche autour du vaisseau, mais la configuration des planètes du système Solice. Pour ceux qui auraient envie d'aller à l'aventure, toujours plus loin, je vous arrête tout de suite : au bout d'un moment, vous reviendrez dans le système par l'autre côté, comme si vous faisiez une immense boucle. Et puis, vous avez autre chose à faire ! :-)

Attention cependant, un voyage en Stardrive épuise très vite vos réserves d'énergie, ne vous lancez pas dans une immense promenade. Même si vous trouvez toujours des astéroïdes en perdition dans l'espace, qui vous permettront en les drainant de refaire le plein, ce n'est pas toujours évident, et si vous n'avez plus d'énergie...

... c'est l'explosion. Plus d'Icarus. Rien que le siège !

La collecte d'objets

Le nerf de la guerre de ce jeu : trouver les objets demandés par Trem, et lui ramener. Or, l'Icarus ne peut transporter que trois objets à la fois, ce qui vous obligera à faire des allers-retours assez longs.
Comment faire ? Vous avez un rayon tracteur qui vous permettra de collecter les petits objets, et de les placer directement dans la soute de l'Icarus. Pour ce faire, vous devez procéder en trois étapes. La première : cibler l'objet. La deuxième : lancer le rayon tracteur dessus, l'ordinateur visuel confirmera ce que vous avez attrapé. La troisième : collecter l'objet dans la soute.

L'objet dans le rayon tracteur...
Hop, dans la soute.

Une fois que vous avez trouvé trois objets, retournez au plus vite dans le Dépôt d'Apogée pour les livrer et repartir en chercher d'autres. N'oubliez pas de faire des dégâts sur les Projecteurs Egroniens de temps en temps.

Le Professeur Taymar

Là, c'est un des gros problèmes du jeu : où se trouve ce fichu professeur ? La solution, pour le trouver, est livrée dans le Guide de Jeu, en une phrase toute simple, ou alors il vous faut aller dans le Dépôt de Broadway, qui vous donnera aussi l'information. Je vous donne l'indice, surtout qu'un petit bug vous permet d'éviter de faire les choses "correctement".

Il faut aller sur Broadway, repérer une de ces petites voitures de courses "Emma 2", et la collecter dans la soute. Le Professeur Taymar sera dans la première que vous aurez réussi à collecter de la sorte. Le bug est qu'une Emma 2 récupérée n'importe où, contient aussi le professeur Taymar.

Une Emma2, celle du Professeur ?
Voilà, il est à bord de l'Icarus. Et il cause...

Bref, une fois que vous l'avez, rentrez vite sur Apogée. Le professeur vous livrera de petits commentaires tout au long du voyage ("Icarus est un joli vaisseau", "Attention aux pirates", etc...) et dès son arrivée sur Apogée, la construction de la Bombe à Neutrons commencera.

Et les méchants pendant ce temps ?

Hé bien, pendant que vous allez vous promener de lune en planète, à la recherche des ingrédients et du Professeur Halsen Taymar, les Egroniens ne restent pas inactifs, et se mettent eux aussi au travail. En fait, au milieu du système Solice se trouve une géante gazeuse, Millway, qui comporte 7 lunes. Sur chacune d'elles les Egroniens vont construire un Projecteur, qui relaiera les rayons du soleil vers l'Amplificateur camouflé en petite lune jaune, tout au bout du système.

"Egron Projector Base constructed on Broadway".
Pratiquement fini à gauche, bientôt détruit à droite (voyez ma Bombe Rebondissante au premier plan...).

Ça devient assez gênant, parce qu'ils ne chôment pas... et qu'ils démarrent la construction de l'Amplificateur, qui servira à soutirer l'énergie du soleil et à la projeter sur Novenia, aussitôt qu'ils auront fini de construire les 7 Projecteurs. Et cet Amplificateur ne peut être détruit qu'avec la Bombe à Neutrons, qui est assez longue à créer. Le raisonnement est donc simple : pour ralentir la construction de l'Amplificateur et retarder au maximum la mise à feu, il vous faudra régulièrement détruire les Projecteurs. Et pour cela, la seule arme suffisamment puissante, c'est la Bombe Rebondissante. À vous de les trouver, je ne vais pas tout vous dire non plus ! ;-)

À côté des grosses constructions, il est évident que vous allez rencontrer une flopée d'ennemis Egroniens. De l'Écrabouilleur au Chasseur, il y a au moins une vingtaine d'ennemis mécaniques prêts à en découdre avec vous. Je ne mets pas de photos d'écran, vous les rencontrerez bien assez tôt !

Comment se pilote l'Icarus ?

Pour jouer, vous aurez besoin de la souris ou du joystick (préférez la souris !), ainsi que de quelques touches du clavier.

Des baleines mécaniques Egroniennes.
LA bombe à neutrons.

L'Icarus étant hautement perfectionné, vous aurez accès à une ribambelle d'informations, toutes utiles (à part l'analyse sonore, qui est marrante mais ne sert à rien). Par exemple, au début du jeu, quand vous n'êtes pas encore familiarisé avec les planètes, une simple pression sur la touche I en ciblant l'une d'elles vous indiquera son nom, et ceci est valable pour n'importe quel objet. En appuyant sur R, vous saurez instantanément où en sont les constructions Egroniennes. Bref, vous allez avoir de quoi vous amuser.

En plus des touches, la plupart des informations sont affichées à l'écran sous formes de barres colorées "holographiques": la vitesse et l'altitude à droite ; les armes, les boucliers et l'énergie à gauche. Visuellement, il ne manque rien, et comme ça n'empiète pas sur la fenêtre principale, piloter devient un vrai plaisir.
Le vaisseau est très maniable, et en plus on peut le regarder de l'extérieur. C'est amusant à voir, mais bon, pour le pilotage c'est pas le plus agréable. On notera la complexité des surfaces pleines, relativement plus importante que Carrier Command.

L'Icarus, vues avant et arrière.

Une fois que vous avez pris le coup de main, vous allez pouvoir commencer à vraiment vous amuser. La gestion du temps, entre la collecte d'objets et la destruction des projecteurs, est très sympa, parce que mine de rien, vous avez intérêt à respecter un timing serré.

Réalisation

Très très soignée, elle permet de s'immerger complètement. Enfin, je dis ça pour l'époque : c'est vrai que de nos jours, à l'ère de jeux comme GTA III, Grand Prix 4 ou Medal of Honor, la comparaison ne tient pas la route. Mais en 1988, je me rappelle d'avoir flashé sur ce jeu (j'avais d'ailleurs acheté aussi Carrier Command), parce que la réalisation me paraissait au top niveau.
On évitera de rentrer dans l'inévitable débat "pour ou contre la 3D" : je me demande bien comment on aurait pu faire un jeu pareil en 2D, donc la question ne se pose pas ici.

La qualité des formes proposées dans ce jeu est au-dessus de tout éloge. Plus complexes que celles de Carrier Command, la plupart sont en plus animées, et on perd parfois quelques instants à les regarder évoluer devant nous. Il y a bien quelques petits bugs d'affichage (les barrières dans les tunnels), mais qui sont sans gêne pour le gameplay.

Ça ne vous rappelle rien ? ;-)
Un Starglider, cet oiseau mythique.

L'animation suit en général à peu près. Sur mon A1200, c'est fluide et rapide ; sur un A500, c'est moins fluide, mais dans l'ensemble c'est tout à fait jouable. Le damier à la surface des planètes renforce l'impression de vitesse ; il est vrai qu'il n'y a jamais énormément d'objets au sol, et que sans ce damier, on a parfois l'impression de faire du sur-place. On notera des petits détails bien agréables, comme le cycle jour/nuit, avec le soleil qui se lève ou se couche en fonction de la vitesse et de la direction du vol de l'Icarus, et aussi sa taille qui diffère selon la planète sur laquelle on se trouve. Ça paraît peu, mais en fin de compte, ce genre de détail donne tout son cachet à ce jeu.

Apogée et sa lune Castron, au loin Vista, puis Dante et le soleil.
Le petit truc rouge sur la gauche, c'est un vaisseau de pirates qui ne va pas faire long feu.

Le son, lui, est bluffant : il n'y a pas deux objets qui produisent le même son, et c'est à ça que sert l'analyseur sonore.

Chose amusante, un utilitaire fourni sur la disquette ("Painting with Rolf") permet de dessiner avec tous les objets présents dans le jeu. En fait, on ne dessine pas vraiment, mais l'outil permet d'être utilisé comme base de données, puisqu'il comprend la totalité des objets 3D du jeu (jusqu'au siège de l'Icarus).

Le packaging, quant à lui, était excellent. Outre la disquette du jeu, lisible aussi bien sur Atari ST que sur Amiga, on trouvait aussi dans la boîte un poster représentant l'illustration de la boîte (dessin de Hermann Serrano, qui a fait celui de Carrier Command et qui est impliqué dans le jeu Weird Dreams), et surtout une cassette audio de la musique du jeu, composée par Dave Lowe (à qui on doit celle de Carrier Command).

La fin...

Il reste tant de choses à dire à propos de Starglider 2, plein d'objets que vous rencontrerez au fil de vos pérégrinations, dont certains n'ont aucun rapport avec votre mission (les baleines mécaniques, dans la haute atmosphère de Millway, méritent le coup d'œil... et lisez la nouvelle pour savoir pourquoi elles sont là !) Vous rencontrerez les pirates, qui pourront vous donner des objets dont vous avez besoin une fois détruits ; vous expérimenterez les méthodes plus ou moins périlleuses pour vous recharger en énergie : les lignes de puissance, les astéroïdes ou encore les éruptions volcaniques...

Les lignes de puissance au petit matin sur Apogée.
Une éruption volcanique sur Dante.

Bref : maintenant c'est à vous de jouer.

Starglider 2 fut testé :
- dans le Tilt n°58 d'Octobre 1988 (Hit, 19/20) ;
- dans le Gen4 n°6 de Novembre 1988 (90%).

Starglider 2 reçut les prix suivants :
- le Tilt d'Argent 1988 de la Meilleure animation ;
- le 4 d'Or 1988 du Meilleur Jeu en 3D ;
- le 4 d'Argent 1988 du Jeu de l'année.

Bonus !

Voici un lien vers des informations sur l'équipe d'Argonaut Software : http://games.ign.com/objects/025/025343.html. Vous y apprendrez un tas de choses, et vous aurez confirmation qu'ils n'ont pas disparu de la scène des jeux vidéo. Ce sont notamment eux qui ont par la suite développé la puce SuperFX pour la SuperNES, "motorisant" le jeu Starfox.

Vous pouvez également télécharger les traductions que j'ai faites des notices du jeu :
- La Nouvelle de James Follet ;
- Le Guide du jeu.
Je vous suggère de les lire tous les deux si vous comptez plonger dans ce jeu... et je vous demande d'être indulgent si vous trouvez des fautes ou des erreurs de traduction. ;-)

Avec toutes les informations que je vous ai données, et la lecture de la nouvelle ainsi que du guide, vous devriez pouvoir vous sortir de toutes les situations périlleuses, et arriver à bouter les Egroniens hors du système Solice ! :-)

JPB
(09 juillet 2002)
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