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Star Wars Masters of Teräs Käsi
Année : 1997
Système : Playstation
Développeur : LucasArts
Éditeur : LucasArts
Genre : Jeu de Combat (VS fighting)
Par Tonton Ben (25 février 2005)

Le talent de Lucasarts, c'est d'avoir construit sa réputation aussi bien grâce aux licences à succès de Tonton Georges (Indy, Star Wars), que par des œuvres totalement originales (Monkey Island, Day of the Tentacle, Sam & Max, Full Throttle...) ; mais c'est aussi d'avoir réussi à se détruire méchamment avec des jeux catastrophiques, bizarrement concentrés sur le même univers : la Guerre des Étoiles. Amateurs de bastons, fans de la Force, possesseurs de PSX : respirez un grand coup, on plonge dans l'échec commercial avec Star Wars: Masters of Teräs Käsi.

La bande noire, en haut, suffit à bousiller une intro qui ne semblait pas trop mal.
Si vous saviez ce qui se cache derrière ce titre...

Un jeu de baston. On avait eu droit à pas mal de choses de la part de Lucasarts, avec jusqu'ici une certaine cohérence avec l'esprit de la saga Star Wars, et beaucoup de talent : simulateur spatial avec la série X-Wing, doom-like et FPS avec la série Dark Forces/Jedi Knight... même la SNES avait eu droit à la trilogie initiale, version jeu de plates-formes. Lucasarts aurait donc pu choisir de réaliser un soft de gestion économique et politique de tribu Ewok, ou un jeu éducatif style « j'apprends à parler six millions de formes de communication avec le sympathique mais un peu coincé C-3PO ». Eh bien non, avec le succès (et les ventes) générées par des titres comme Tekken ou Soul Edge sur PSX, il n'en fallait pas plus pour que l'on voie débarquer sur la console du moment de la castagne sur le thème. Personnellement, jusque là, j'étais vraiment super emballé...

Chewbacca peut tirer de biais, une manip' trop hasardeuse pour la sortir en contre...
Leia, en petite tenue, se défend bien dans le repaire du Rancor.

Là où, déjà, ça ne sentait pas très bon, c'est sur le scénario : le Teräs Käsi est un tournoi particulièrement obscur (pas autant que le côté de la Force du même nom, mais tout de même), évoqué furtivement dans une réplique du chef de l'organisation criminelle Black Sun qui veut la mort de Luke, le vil Prince Xizor, personnage central de Shadows of the Empire. Pour les profanes, il s'agit d'un ouvrage (ainsi que d'une bédé, puis d'un jeu du même nom) qui tente de faire un lien entre l'épisode V, L'Empire contre-attaque, et l'épisode VI, Le Retour du Jedi. On y découvre un Luke qui tente de maîtriser ses pouvoirs, face à un complot ourdi par Xizor, contre la volonté de Dark Vador qui veut récupérer son fils vivant. On n'y apprend pas grand-chose, si ce n'est pourquoi Leia apparaît à la cour de Jabba the Hutt déguisée en chasseur de primes, et l'on y fait la connaissance furtive de Mara Jade, qui se dévoilera réellement dans l'Héritier de l'Empire (et qui est le personnage central de Mysteries of the Sith, l'add-on de Jedi Knight). Sincèrement, ce n'est pas le meilleur des ouvrages satellites de la saga, il est même loin d'être indispensable.

Boba Fett veut se payer la tête d'Arden Lyn.
Mara Jade projette Jodo Kast, le « faux » clone de Boba Fett.

Mais comme Shadows of the Empire venait de sortir, Lucasarts s'est senti obligé (ou a été fortement conseillé) de se servir de cette histoire comme support pour ce jeu PSX ; ceci dit, comme rien n'y est détaillé sur ce fameux tournoi... Il s'agit en fait d'un gros prétexte pour créer une espèce de melting-pot anachronique, le joueur ne devra donc pas s'attarder plus longtemps sur une quelconque esquisse de scénario. D'ailleurs, l'intro du jeu se résume à présenter les protagonistes en action (avec, en bonus, un gros bug d'affichage).

Tonton Vador, c'est le plus fort.
L'écran de sélection, un Holochess.

Pour l'occasion, huit participants ont été retenus pour s'affronter en un contre un : Luke Skywalker, Leia Organa, Han Solo, Chewbacca, Boba Fett, Arden Lyn, Thor le garde Gamorréen, Hoar le Tusken Raider et Tonton Vador en guise de boss, déblocable, avec Mara Jade, un Stormtrooper, Leia version esclave, et Jodo Kast, un ennemi de Boba Fett (cf. les BD de Boba, chez Dark Horse). Super casting, non ? Dommage que l'on ne puisse se battre avec R2-D2 (je plaisante). Chaque personnage se présente armé : sabres lasers pour les initiés, blasters, fusils et arbalètes pour les autres, cette caractéristique ouvre de nouvelles perspectives dans la bastion troidé. Il est ainsi possible de tenir en joue l'adversaire avec une arme de poings, dont les tirs peuvent être contrés par les maîtres du sabre, et encaissés par les autres. Mais les affrontements peuvent prendre une tournure de pugilat (plutôt surprenant pour l'univers Star Wars), puisqu'en rangeant son arme, le personnage peut se battre avec ses pieds et ses poings ; malheureusement, là où un Tekken propose un style de combat différent par protagoniste, dans Teräs Käsi, tout le monde se bat plus ou moins de la même façon. En fait, on a même du mal à saisir les différences entre les personnages ; c'est un peu l'attaque des clones avant l'heure...

Mélée féroce entre Han et Boba sur Coruscant.
Les effets de sabre ne sont pas mal réalisés.

Parlons-en, des mouvements. Assez saccadés, les personnages peinent à se déplacer, alors qu'ils peuvent exécuter des sauts d'une hauteur impressionnante ; ils semblent même lutter pour exécuter leurs attaques. Les changements de plans sont gérés par un bouton, les choppes par une combinaison de deux différents, et la gestion de l'arme par un autre bouton dédié. En un mot comme en cent, la maniabilité est catastrophique. Temps de retard, manipulations hasardeuses et mal pensées, cette parodie de jouabilité est renforcée par une gestion des contacts foireuse. Quant aux barres de super, comme on sort les mouvements qui en profitent généralement par hasard, autant ne pas s'en préoccuper.

Chewbacca écrase littéralement un Scout Trooper.
On pourra toujours tenter de revivre les grandes scènes mythiques...

Pourtant, sur les photos, on ne peut pas dire que ce soit franchement laid : les protagonistes sont correctement modélisés, aisément reconnaissables ; le menu de sélection bénéficie du même soin, avec des portraits réussis. Mais lorsque l'on se retrouve devant l'écran, on ne peut s'empêcher de rester perplexe face à la résolution grossière employée, qui enlaidit les menus comme les personnages, qui ne sont finalement pas composés de beaucoup de polygones. Les décors, s'ils ont le mérite de retracer les grandes scènes de la trilogie classique, brillent par leur vide, et l'image de fond plaquée grossièrement ne suffit pas à cacher le manque de travail sur l'environnement des arènes de combat.

Duel féroce entre Thok et Hoar, devant le Sandcrawler des Jawas.
Alors ? C'est qui le plus fort ?

Alors, pourquoi un article sur Masters of Teräs Käsi ? Tout simplement parce que j'ai la haine de l'avoir acheté à l'époque, sans avoir préalablement lu les critiques de la presse spécialisée (acquérir de l'import à l'époque se résumait souvent à acheter les yeux fermés). Et je m'en mords toujours les doigts. Allez, sincèrement, on y prend plaisir sur les dix premiers combats, jusqu'à ce que l'on se rende compte que ce titre est creux, et qu'il ne peut rivaliser contre à la concurrence féroce qui sévit sur PSX. Comme quoi, à défaut d'avoir pondu un bon jeu, Lucasarts a pu compter sur les ventes faites auprès des gogos qui consomment du Star Wars. Mais ce genre de technique finira par se voir, avec les plantages consécutifs de Star Wars : Shadow of the Empire, The Phantom Menace, Rebellion, Force Commander, et Bounty Hunter. Seule la série Jedi Knight aura échappé à l'hécatombe, et Lucasarts, qui a repris ses esprits depuis, a su renouer avec le succès grâce au très bon Knights of the Old Republic.

Tonton Ben
(25 février 2005)
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