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Thundercats
Année : 1987
Système : Amiga, Amstrad CPC, Atari ST, C64, ZX Spectrum
Développeur : Gargoyle Games
Éditeur : Elite Systems
Genre : Action / Beat'em all
Par Sebinjapan (24 septembre 2012)
La boîte du jeu version Amiga. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Merci au site Atarimania !

Cosmo... Cosmo... Cosmo... CATS ! Whoaaaaaa !!!!

Ce cri qui résonnait dans nos téléviseurs en 1986 signalait le début d'un dessin animé mettant en scène des félins humanoïdes combattant pour leur survie sur une planète hostile dans un lointain futur : CosmoCats. Un début qu'il ne fallait surtout pas manquer tant le générique était un monument d'animation. Sur une musique qui déchirait nos jeunes tympans à coups de solos de guitare électrique, une mise en scène ultra-dynamique introduisait les héros du show en train de castagner à coups d'épée ou de bâton. Jouissif !

Les images ci-dessus sont tirées du générique de début du dessin animé Cosmocats, générique que je vous invite à regarder ici.

La série TV, originaire des États-Unis et animée en majeure partie au Japon, fut diffusée en dehors de la France sous son nom original : ThunderCats. Elle a bien marché chez nous, servie aux enfants dans l'émission Récré A2, mais elle connut un bien plus grand succès au Royaume-Uni, pays où officiait l'éditeur Elite Systems qui s'attela à une conversion en jeu vidéo pour les micro-ordinateurs alors populaires en Europe.

Dans ThunderCats : The Lost Eye of Thundera, le joueur incarne Lion-O (Starlion en Français) qui doit retrouver l'Œil de Thundera, un artefact magique qui a été dérobé par l'ennemi juré des félins, la momie maléfique Mumm-Ra. Le sacripan aux bandelettes a également capturé les compagnons du héros, ces derniers devront être délivrés au cours de niveaux bonus.

Le début du jeu. La flèche en bas de l'écran indique la direction vers laquelle il faut se diriger (C64).
Un écran intermédiaire introduisant un niveau bonus qu'il faut terminer avec une seule vie (Amiga).

Le déroulement du jeu est des plus classiques : Lion-O est vu de profil et avance de niveaux en niveaux en suivant un scrolling absolument impeccable quelle que soit la version du jeu. Le héros commence armé d'une épée, mais peut récupérer un fusil laser (absent de la série TV) dans certains niveaux. Il est possible de frapper (ou tirer), sauter et s'abaisser. Des bonus peuvent être ramassés pour changer d'arme, augmenter son score, ou gagner des vies supplémentaires. Certaines sections doivent aussi être parcourues aux commandes d'une sorte de moto volante qui rappelle vaguement le véhicule "Hovercat" dans la série TV.

Chaque niveau, relativement court mais toujours très difficile, doit être terminé en un temps limité. Si le joueur traîne trop, Mumm-Ra apparaît en haut de l'écran et harcèle le héros avec des maléfices qui ont tôt fait d'entraîner la perte d'une vie. Des ennemis arrivent en grand nombre et à toute vitesse des deux côtés de l'écran, mais on ne rencontre aucun boss.

Lion-O armé d'un fusil laser face à un ennemi qu'on ne peut toucher que de dos (Amiga).
Une section du niveau 4 se traverse en véhicule volant (C64).

Ce qui distingue ThunderCats des hordes de "side-scrollers" d'action pure qui constituent une part importante des ludothèques des micros 8-bits et 16-bits, c'est une maniabilité d'exception mise au service d'une action frénétique digne des grands hits d'arcade des années 80. Comme dans Rastan, Rygar, Green Beret ou Tiger Road, les ennemis déboulent sans cesse et à toute vitesse (surtout dans la version C64, absolument infernale) et le joueur ne doit jamais rester immobile sous peine de se retrouver submergé : il faut continuellement avancer et sauter au-dessus de nombreux précipices, et autres pièges mortels. Heureusement on dispose de sauts amples et précis dont on peut modifier la trajectoire à tout moment, et les ennemis se tuent en un seul coup (sauf les très pénibles clones de Mumm-Ra qui font leur apparition au 7ème niveau).

Ce qui ne distingue PAS Thundercats de ses contemporains en revanche, c'est une difficulté excessive avec des sauts au pixel près et des situations impossibles à passer sans perdre une vie. Il s'agit cependant d'un défaut qu'il faut relativiser en fonction des versions, comme nous allons le voir pas plus tard que tout de suite...

Il faut souvent sauter par dessus des pièges mortels tout en frappant les ennemis. Heureusement le héros est très agile (C64).
Peu nombreux sont les joueurs qui passeront le niveau 7, à cause des multiples apparitions du très résistant Mumm-Ra (C64).

Je vous invite à lire la partie du dossier Buggy Boy concernant les conversions de ce titre pour vous rappeler à quel point Elite Systems soignait les diverses versions d'un même titre, en faisant souvent appel à des programmeurs différents, chacun spécialisé dans une machine donnée. Leur adaptation du hit de Capcom Ghost'n Goblins a également beaucoup fait parler d'elle à l'époque. On ne s'étonnera donc pas de constater que chaque version de Thundercats conserve ses principaux atouts, quel que soit le micro-ordinateur sur lequel elle tourne, ces atouts étant la maniabilité aux petits oignons, le scrolling hyper fluide, et l'action incessante. Les niveaux sont également identiques.

L'une des caractéristiques les plus remarquables du jeu, et qu'on retrouve également dans chaque version, c'est la formidable musique d'intro, qui est une composition inédite du grand Rob Hubbard. Je vous invite à écouter la version Spectrum 128k ici.

Concernant l'aspect visuel, sur Amiga (et sur ST, les 2 versions sont quasiment identiques), on bénéficie d'un graphisme très largement supérieur aux versions 8-bits, avec des sprites ennemis bien dessinés rappelant sans problème les belliqueux mutants de la série TV, comme l'homme-vautour Vultureman dans le premier niveau. On bénéficie également de jolis écrans intermédiaires. Le jeu est également plutôt joli sur Commodore 64 et est une vraie réussite technique sur Spectrum, étant donné les capacités limitées de cette bécane. Seule la version CPC est graphiquement décevante, manquant cruellement de couleurs sans pour autant disposer de sprites très fins.

Le compteur de temps arrive à zéro et Mumm-Ra apparaît en haut de l'écran. Il va bientôt déchaîner sa fureur sur le héros ! (ST)
On reconnaît ici sans peine le mutant Vultureman, un des ennemis jurés des Cosmocats (ST).

Mais ce qui différencie réellement ces différentes versions, c'est le dosage de la difficulté. Ainsi, la version C64, qui malgré des graphismes agréables est peut-être la moins bonne version, est horriblement difficile. Le rythme est très rapide, les ennemis arrivent à une vitesse folle et harcèlent sans relâche. Et surtout la détection des collisions est impitoyable : il suffit qu'un ennemi frôle le héros pour provoquer la perte d'une vie.
On retrouve ces collisions très strictes dans les versions 16-bits mais le rythme de jeu est un tout petit peu ralenti, ce qui permet de progresser un peu plus facilement. En revanche, les versions Amstrad CPC et Spectrum disposent d'un moteur de jeu un peu différent qui offre une ultime chance au joueur d'occire un ennemi alors que ce dernier est au contact avec lui. Alors certes, ça tient à la milliseconde, mais c'est une milliseconde qui change tout et qui me fait préférer ces versions, particulièrement celle tournant sur Spectrum 128k qui exploite remarquablement la mémoire supplémentaire disponible pour les effets sonores et la musique de Rob Hubbard.

La version ZX Spectrum est particulièrement soignée et exploite parfaitement la bécane de Sinclair.
Une réussite saluée par les magazines anglais Crash et Your Sinclair (entre autres).

Alors bien sûr, ThunderCats n'est pas un grand jeu, et peu s'en souviennent. Il faut dire qu'il n'était déjà pas considéré comme un "super hit" à l'époque, seule la version Spectrum ayant été saluée par la presse (britannique bien entendu).
On lui reprochera sa réalisation graphique qui n'a rien d'éclatante, son level design sans génie, l'absence de nombreux éléments de la série (où sont le tank ou le grappin que le héros cache dans son gant ?), et le fait qu'il soit impossible à terminer sans vies infinies.

Cependant, en le redécouvrant de nos jours, on s'étonne de sa maniabilité bien réglée, de son rythme infernal, et de sa difficulté éhontée mais pourtant motivante. D'aileurs, plutôt que d'y jouer pour le finir à tout prix, ce qui me semble surhumain sans tricher, on peut très bien s'amuser à faire la course au score, chaque ennemi vaincu et chaque seconde de temps restant en fin de niveau permettant d'accumuler des points.

Très jouable, la version CPC souffre un peu graphiquement avec une fenêtre de jeu réduite,
et une réalisation dans l'ensemble à peine supérieure au ZX Spectrum.

Et si je vous en parle aujourd'hui c'est aussi parce qu'une nouvelle série TV consacrée aux Cosmocats est sortie sur nos écrans tout récemment (2011), confirmant l'affection que portent de nombreux nostalgiques à ces personnages (NdJPB : j'aime beaucoup cette nouvelle série, qui reprend tout l'univers et les personnages de l'originale, mais qui traite ces données de façon bien plus intelligente et prenante). Une nouvelle série accompagnée d'un nouveau jeu, destiné à la Nintendo DS, pas encore sorti au moment où ces lignes sont écrites.
Les chats de l'espace n'ont pas fini de rugir !

Une anecdote avant de se quitter : le jeu Bombjack 2, également édité par Elite Systems, dispose d'une musique fortement inspirée de celle du dessin animé Cosmocats ! Vous pouvez l'écouter ici. Il semblerait qu'Elite ait préféré commander une musique originale à Rob Hubbard pour "booster" les ventes de ThunderCats car à l'époque le simple fait de disposer d'une musique du bonhomme vous permettait de grapiller quelques places dans les tops des ventes, c'est vous dire s'il était apprécié ! Et la musique initialement prévue pour ThunderCats aurait donc trouvé preneur sur la cassette de Bombjack 2. Étonnant, non ?

Sources et remerciements :
- World of Sinclair
- Wikipedia
- Thundercats Lair

Sebinjapan
(24 septembre 2012)
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