Année : 1999 Systèmes : PC Développeur : Totally Games Éditeur : Lucasarts Add-on : aucun Rééditions : aucune
Après X-Wing, après TIE-Fighter, après X-Wing Vs TIE Fighter, la messe semblait dite, le sujet paraissait clos. Que pouvait-on rajouter de plus sur le conflit galactique le plus manichéen de l'histoire du cinéma et du jeu vidéo ? L'implication des civils dans cette guerre sans merci. Faites grimper le droide astro-mécanique, on repart pour un (Star) Tour !
Pour ce quatrième et dernier épisode en date, Lucasarts, avec la complicité renouvelée de Totally Games, nous propose de vivre la Guerre des Etoiles d'un angle rarement utilisé dans la saga, celui d'une famille de transporteurs un peu contrebandiers sur les bords, les Azzameen. Cette petite affaire familiale prospère connaît en effet quelques difficultés : entre les impériaux qui pratiquent un racket à peine voilé sur les bénéfices engrangés, et la concurrence agressive, il est difficile de continuer à mener une vie prospère et tranquille. Alors que la rivalité avec la famille Viraxo, transporteurs ennemis qui versent dans la piraterie stellaire et l'attaque de stations isolées, se fait de plus en plus intense jusqu'à en venir au conflit ouvert, le frère Azzameen part rejoindre l'Alliance rebelle, et devient un contact privilégié avec la résistance, au point de solliciter vos services. Dans ce contexte pour le moins compliqué, quelle voie poursuivre ? Se mettre en cheville avec l'ordre impérial, le meilleur moyen de faire fructifier le business, ou bien filer un coup de main aux insurgés, au risque de se faire anéantir par l'Empire ? Sans compter ces maudits Viraxo...
Celles et ceux qui ont pratiqué Wing Commander Privateer auront sûrement reconnu quelques similitudes avec ce titre, et ils auront raison. Après une introduction à la réalisation impeccable, qui dévoile les relations complexes que tient le héros avec l'ensemble des protagonistes du jeu, le joueur se retrouve dans un environnement plus étroit que les couloirs d'une frégate rebelle, et moins rutilant qu'un pont impérial : sa piaule. On est loin du prestige de l'uniforme (peu importe lequel), ici, on se retrouve confronté aux dures réalités du commerce : embarquement de marchandises, transport, débarquement... Et repos dans un dix mètres carré, avec pour seule compagnie un droïde, une boite mail et un simulateur de combat.
Mais la première grosse surprise de X-Wing Alliance, c'est le vaisseau. On en rêvait depuis si longtemps, Lucasarts l'a fait : voilà que l'on part en mission avec le vaisseau le plus mythique de la saga Star Wars, le Faucon Millenium ! Enfin, pas tout à fait, puisqu'il s'agit d'une simple Corvette Corélienne modifiée YT-1300, mais la forme y est. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les sensations sont jouissives. C'est vrai, quoi, à la fin, le X-Wing, c'est sympa, mais le vaisseau le plus rapide de la galaxie reste tout de même le Faucon. Et il apporte un peu plus de distractions que les engins rebelles standards, avec son cockpit désaxé sur la gauche, qui demande une navigation en conséquence, et surtout sa tourelle de tir qui offre de grands moments de casse-pipes, comme à la foire.
Mais rassurez-vous, tous les joujoux disponibles dans les épisodes précédents sont de retour du côté rebelle (X-Wing, A-Wing, Y-Wing, B-Wing...) comme du côté impérial (TIE Fighter, TIE Interceptor, TIE Bomber, TIE Defender...). En fait, la totalité des véhicules apparus depuis le début de la série X-Wing se retrouve disponible dans le jeu, et particulièrement dans le mode simulateur et multijoueur. Il est en effet possible, à la manière d'un X-Wing Vs TIE Fighter, de créer des mélées en paramétrant entre autres les caractéristiques des forces en présence ; et cela va du Z-95 au Super Class Star Destroyer Executor (équipage de 38 000 hommes, douze kilomètres de long...), en passant par les Calamari Cruiser, les Star Destroyer, les Stations spatiales, les Casino flottants, des prototypes surprenants de chasseurs TIE, et même les champs de mines. Si, avec ça, vous vous ennuyez encore...
Si le système de jeu n'a guère évolué, ce qui est tout à fait normal, certaines nouveautés sont venues pointer le bout de leur nez. La plupart sont liées au vaisseau piloté, et à la nature même des missions : il est désormais possible de charger des containers flottants, de les acheminer par hyperespace, aux effets saisissants, et de les décharger dans les stations. Mais le plus impressionnant revient aux effets troidé, gérés par un moteur flambant neuf qui donne le meilleur de lui-même. Jamais les combats spatiaux n'auront été aussi flamboyants, avec une modélisation du cockpit également en troidé, et qui reflètent la couleur des tirs et des explosions. J'insiste encore sur les effets de l'hyperespace, exceptionnels. Les modélisations des vaisseaux ne sont bien sûr pas en reste, mais là, je ne trouve plus de superlatifs pour les décrire. L'apogée de la série X-Wing, l'aboutissement de sept ans de travail sont concentrés dans ce titre.
Avec des thèmes musicaux toujours aussi prenants, marque de fabrique Lucasarts, des voix intégralement en français, une maniabilité au top, X-Wing Alliance est une réussite totale. Pas de défauts ? Vraiment, aucun ? Sûr de chez sûr ? Allez, un pitit, mais c'est vraiment pour chipoter : quelque soit le modèle de chasseur TIE choisi, le cockpit reste le même. Et ça, si c'est pas par fainéantise... Et pis celui du B-Wing est hideux. Voilà, je l'ai dit, ça me soulage. Sinon, à part ça, je ne vois pas.
Mais voilà, signe des temps qui changent, la simulation un poil compliquée attire de moins en moins de joueurs. Alors qu'il fut un temps où les jeux ayant pour thème la prise en main la plus fidèle possible de véhicules volants faisaient fureur, tels que Falcon 3.0, US Navy Fighters, F15 Strike Eagle, Secrets Weapons of the Luftwaffe, Wings, Flight Simulator, Strike Commander, LHX, et j'en passe, force est de constater qu'aujourd'hui, les jeux tendent à la simplicité et à la rapidité de la prise en main. Révolue l'époque des manuels de vol si gros qu'ils pouvaient caler le canapé (Flight Simulator IV, et avec celui du DOS, on peut caler aussi les étagères). Terminés les softs qui allaient jusqu'à exploiter l'ensemble du jeu de touches du clavier, à multiplier par deux avec l'emploi du Shift (Falcon 3.0, livré sans aspirine et sans parachute). Voilà pourquoi X-Wing Alliance est le dernier titre en date de la série qui a réussi l'exploit de supplanter et d'enterrer Wing Commander, malgré la présence de Mark Hamill dans l'épisode III (ainsi que de John Rhys-Davies et de Malcom Mc Dowell). Luke qui apparaît chez Origin, alors qu'il n'a jamais été réembauché chez Lucasarts, ça m'a toujours laissé perplexe.
Lucasarts, devant ce constat navrant, va faire contre mauvais cœur bonne fortune (car c'est avant tout une question de brouzoufs), et va créer une nouvelle série à partir de la première phase de jeu Shadow of the Empire (en fait, la seule vraiment amusante de tout le soft) : Rogue Squadron, au gameplay résolument arcade (qui rappelle Terminal Velocity et sa suite Fury3).