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Warriors
Année : 1995
Système : Windows
Développeur : Atreid Concept
Éditeur : Mindscape
Genre : Jeu de Combat (VS fighting)
Par Tonton Ben (29 septembre 2004)
Une superbe introduction animée... Du très bô travail !

Bon, il ne faut pas leurrer, le monde des jeux vidéo n'est pas parfait. On ne peut pas continuer décemment, chez Grospixels, à encenser les ténors qui ont marqué notre jeunesse sans évoquer ceux qui se sont méchamment ramassés. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'une équipe de développement aussi créative qu'Atreid Concept (les gens de chez Kalisto, qui ont édité pendant un temps sous le label Mindscape), se plante. Après tout, il n'y a pas que mes amis de chez U.S. Gold ; et Warriors fait partie de leurs projets ratés.

L'écran titre, au logo flamboyant.
La sélection des personnages est originale.

Il faut tout de même se rendre compte qu'Atreid Concept s'est attaqué à un domaine ô combien périlleux sur Pécé : le jeu de baston deuxdé. Bien peu ont réussi le tour de force qui consiste à réaliser un jeu soigné, maniable, et intéressant dans ce registre. A ma connaissance, seuls Mortal Kombat et One Must Fall 2097 sont parvenus, jusqu'à la date de sortie de Warriors, à cet état de grâce. Devant ce constat, les p'tits gars de Bordeaux se sont retroussé les manches, à l'assaut de la montée impossible. Plus dure sera la chute.

Les combats sont sans pitié !
Duel de femmes dans la salle d'armes.

Warriors met donc en scène dix participants à une espèce de tournoi organisé par ‘The Master', et dont le seul but consiste à se défouler, pour le plaisir de la castagne, et de montrer qui est le patron, ici, non mais des fois. La grande originalité de la compétition organisée, je le concède, un peu à l'arrache, provient du fait que chacun des joyeux compétiteurs est issu d'une époque et d'un milieu différents. L'on trouve ainsi pêle-mêle une princesse égyptienne, un marine américain, un gladiateur de l'époque antique, un pirate des Caraïbes, un loubard ventripotent, un guerrier Masaï, une jeune fille contemporaine, et un alien. Sans parler des personnages secrets, qui seront évoqués un peu plus loin, et qui valent vraiment le détour. Une intro extrêmement bien animée résume le challenge à relever.

Notre serveuse favorite se sert du crochet pour atteindre le guerrier masaï.
L'highlander, quand on l'énerve...

Le concept rappelle donc un Eternal Champions sur Megadrive, et l'idée se veut séduisante. Les arènes des combat sont neutres, puisqu'elles sont situées sur une île, et correspondent à différents lieux de l'endroit : plage, jungle, ruines, grottes, salles d'un palais... Première originalité du soft, les décors sont interactifs : en effet, chaque personnage peut utiliser certains éléments du décor afin de s'y accrocher. Les environnements graphiques sont superbes, à base de crobards digitalisés, du très beau travail à l'image de l'ensemble du design.

Le boss est infernal, l'alien ne résiste pas.
On peut être un vieux pirate et faire preuve de souplesse.

Côté manips, en plus des quatre sempiternelles touches de déplacement, les coups se portent avec un bouton de poing et un bouton de pied. La garde s'effectue en reculant, selon l'école Capcom, et il est également possible de sauter et de se baisser. Les attaques varient selon la direction assignée au type de frappe, et des coups spéciaux sont à disposition, à base de quart de tour. De plus, chaque protagoniste possède sa propre arme, qu'il peut ranger ou dégainer, et qu'il peut également lâcher des mains suite à une attaque adverse trop virulente, et qui gît alors à terre, attendant d'être ramassée. Des portraits indiquent l'état de santé des combattants, dont les visages s'estompent au fur et à mesure que leur santé se dégrade.

Des petites bio présentent les protagonistes.
Captain Warrior file sa trempe au nain de jardin !

Mais le plus impressionnant réside dans le moteur du jeu lui-même, qui, non content de proposer des scrollings horizontaux quasiment fluides (on est sur Pécé), dévoile une technique révolutionnaire créée pour la modélisation des sprites : la 3D Bio Motion. En effet, Warriors fait affronter des modèles en troidé, composés chacun d'un nombre incroyable de pixels, disposés en volumes, et dont le changement de position crée l'illusion du mouvement. Le résultat est sensationnel, avec des animations d'une souplesse bluffante, malgré une forte pixellisation des personnages. Un mode caché permet même d'afficher le terrain en troidé isométrique, modifiant l'apparence des sprites.

Depuis le temps qu'on voulait latter un basketteur...
L'écran des options cachées, très fourni.

En parlant des goodies planqués, Warriors cache un menu spécial qui permet d'activer une série d'options amusantes, telles que le mode gore, les mini-sprites, le fameux pseudo-mode troidé, et cinq personnages secrets, dont le boss, The Master, et quatre autres absolument délirants : Captain Warrior le super-héros raté, Pamela la serveuse-lapin, Scottie Pipen le basketteur, et le plus fort, Tom Teck le nain de jardin. Ces derniers sont vraiments amusants à voir !

Même le menu de sélection des lieux de combat bénéficie d'un grand soin.

Et là, on pourrait se dire que les complaintes exprimées lors de l'intro n'ont d'autre intérêt que de faire un effet d'annonce éculé, ou que je suis d'une mauvaise foi absolue ; sincèrement, j'aurais préféré. Car si Warriors est pavé de bonnes intentions, celles-ci n'apportent pas grand-chose au jeu. Par exemple, le fait de s'accrocher au décor ne sert pas vraiment, si ce n'est volontairement se mettre en danger. Beaucoup de coups spéciaux sont inefficaces, les combats se résumant rapidement à des enchaînements poings/pied ; de toute façon, à cause de sa maniabilité catastrophique, on ne peut guère mieux faire. Les collisions sont totalement hasardeuses, les déplacements bien trop lents et buggés, et l'intelligence artificielle du soft à mourir de rire. Seuls les graphismes et le design général, exceptionnels, ainsi que l'intro fort jolie, rattrapent le coup. Ah, si, les voix sont fréquemment proches du ridicule.

Un nain de jardin, ça énerve aussi les loubards.
Le mode troidé, techniquement impressionnant.

Kalisto, connu pour ses idées novatrices, et ses concepts qui sortent des sentiers battus, s'est ici littéralement cassé les dents et le portefeuille, car sincèrement, on sent qu'un bon budget avait été alloué pour réaliser le soft. On ne retiendra donc de Warriors qu'une démo présentant les capacités techniques d'une méthode de réalisation de sprites qui ne sera jamais remployée depuis. Dommage, l'idée était séduisante, et le résultat assez impressionnant, mais également, à mon avis, trop fastidieuse à mettre en place, le boulot à abattre étant titanesque.

Le design est poussé, même pour le choix du niveau de difficulté.
Le mode Tiny, par contre, relève de l'anecdotique.

Warriors voit ainsi ses qualités esthétiques enterrées par une jouabilité catastrophique ; un constat qui continue, encore aujourd'hui à me laisser un goût amer dans la bouche, puisque au-delà de ce qui s'avère être tout simplement un manque d'expérience dans le domaine de la baston, on se retrouve face à un jeu à l'esprit des anciennes productions Kalisto. Grrrrrr !!!!

Tonton Ben
(29 septembre 2004)
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