Forums de Grospixels
Bienvenue sur le forum de Grospixels : [ S'Enregistrer ]
Déjà inscrit ? [ Connexion ]
 
retour sur le site
rechercher
Index du Forum » » Jeux » » FAITH, the Unholy Trilogy (itch.io, Steam, GoG) : MORTIS
3 messages • page
1
Auteur FAITH, the Unholy Trilogy (itch.io, Steam, GoG) : MORTIS
Tama
Pixel monstrueux

Score au grosquiz
0001716 pts.

Joue à Bomb Rush Cyberfunk

Inscrit : Nov 01, 2007
Messages : 2875
De : Pomeys (69)

Hors ligne
Posté le: 2022-11-27 19:02
Image

En résumé, FAITH est une très, très belle coquille vide.

En moins résumé :

On se fait beaucoup d'idées sur ce que l'on est, idées dont les fondements s'avèrent bancals dès qu'on les analyse au calme et à la lumière du jour. Par exemple, je me suis toujours considéré comme un gros trouillard en ce qui concerne les films d'horreur, sans jamais me demander pourquoi je pensais ça de moi-même et d'où ça pouvait venir. Mais jusqu'ici, il était hors de question que je regarde ce genre de films, et encore moins que je joue à ce genre de jeux.

Il y a quelques années de cela, un ami m'a mis au défi de jouer à Resident Evil 4 en me filmant pour voir mes réactions. "Si tu veux, mais ça va durer 10 minutes avant que j'arrête", lui ai-je dit en me grattant la tête de perplexité. J'avais acquis le jeu sur Wii et j'enregistrai ma partie dans une qualité déplorable via la webcam de mon petit notebook (vidéos perdues désormais, je n'ai aucune idée de l'endroit où j'ai pu les stocker !)...L'expérience en soi est un échec, pour une raison étonnante : le jeu ne m'a pas fait "peur". Certes, RE4 ni même la série toute entière n'est pas franchement celui qui fait le plus "peur", et le fait d'avoir trouvé le "shotgun glitch" assez tôt a contribué à désamorcer mes craintes, mais le résultat est et demeure sans appel : j'ai une poker-face de tous les instants, rendant la vidéo juste ennuyeuse à regarder.
Quelques années plus tard, on répétera l'expérience pour une soirée devant l'étonnant Until Dawn sur PS4 où ce même ami me proposera d'aller le plus loin possible pendant qu'il regarde en se moquant. Le résultat est assez ironique puisque c'est lui qui a les réactions les plus effrayées, tandis que je fais exprès de jouer le "jock" du groupe de telle manière à ce qu'il se fasse tuer le plus vite possible - sans y arriver, j'arrive à peine à lui faire perdre un doigt, et mon ami de gémir de dégoût, et moi de pester de dépit, n'arrivant décidément pas à me débarrasser de ce cliché personnage insipide.

Et donc, pourquoi est-ce que j'ai décidé de jouer à FAITH the Unholy Trinity, si ce n'est pour dire que j'ai joué à un jeu "de saison" le jour de Halloween ?
Il y a peu, constatant que je n'étais pas si peureux que je le pensais, je me suis réconcilié avec les films d'horreur. Après avoir vu quelques créations du vidéaste Le Fossoyeur et pris un abonnement sur la plate-forme Shadowz, j'ai commencé à rattraper un pan de cette culture et démarré un petit panthéon personnel (j'ai adoré le Carnaval des âmes de Herk Harvey, à tel point qu'il m'a quelque peu gâché l'Échelle de Jacob...). Avec la ferveur de celui qui se découvre une nouvelle passion, je me suis dit qu'on pouvait essayer dans la foulée les jeux vidéo, et pourquoi pas celui-là, qui reprend l'esthétique du C64 tant qu'on y est ?

Bah oui, tant qu'on y est...

Image
Votre première tâche sera de trouver la clé de la vieille maison des Martins. L'occasion de vous faire quelques premières frayeurs, et de vous familiariser avec le crucifix.

FAITH est constitué d'une trilogie de trois chapitres assez courts, dont le premier est sorti en 2017. L'écran-titre, le choix des chapitres et options sont affichés en latin jusqu'à ce qu'on passe le curseur dessus – il passent alors en anglais. L'importance (supposée, on y reviendra) de la foi dans l'intrigue est déjà posée : en mars 1986, deux prêtres sont appelés par la famille Martins pour venir en aide à leur fille Amy, possédée par un démon. Le père Allred et son disciple, John Ward, vont mettre en place un rituel de purification qui se terminera mal, très mal : Allred ainsi que le couple Martins mourront de la main de la petite fille, et cette dernière s'évanouira dans la nature. Un an plus tard, en 1987, John Ward revient sur les lieux où sa vie changea à jamais, dans l'espoir d'y mettre un point final. Ce début nous est conté via une petite cinématique posant l'ambiance graphique et sonore, notamment avec l'utilisation du SAM (pour Software Automatic Mouth, amusez-vous à rentrez des textes en anglais pour entendre le rendu en jeu !), un programme de synthèse phonétique pour imiter la parole sur Atari 8 bits, Apple II et C64. C'est également le fruit d'une seule personne derrière le studio Airdorf Games, ce qui représente tout de même un bel exploit, chose qu'il met impensable de nier !

Image
La chapelle est habitée par un démon qui se déplace au hasard dans les différentes pièces. Lisez bien les notes et observez les bougies, car elles sont la clé pour dénicher l'entité !

FAITH se présente comme un jeu d'enquête aussi simple que ses contrôles : les directions ou touches WASD pour se déplacer, A/Croix/Espace pour user de son crucifix, et c'est tout. Le but en sera de traquer Amy Martins, puis un culte satanique dirigé par un certain Gary. Le crucifix servira non seulement à repousser et éliminer les démons qui tenteront de vous tuer, mais aussi à révéler des informations sous formes de notes parfois terre-à-terre (comme des pages de journaux intimes), parfois très ésotériques.
Le jeu est en fait très court, deux ou trois heures tout au plus, et chaque chapitre force le père Ward à s'aventurer de plus en plus loin : le premier nous confine à la maison des Martins et ses alentours, là où le deuxième nous envoie dans une chapelle et son cimetière alentours. Le troisième et dernier chapitre nous enverra dans une clinique abandonnée puis à l'hôtel où réside le fameux Gary afin d'avoir une explication en tête à tête avec lui et sa cohorte de cultistes. Le jeu sauvegardera automatiquement à des points précis, typiquement là où on aura trouvé quelque chose d'important ou alors quand un combat se déclenche. L'interface est plus que minimaliste, elle est inexistante : aucun objet à combiner, examiner ou utiliser depuis le menu, ce dernier ne sert qu'à pouvoir visionner ses notes et indiquer ce qui est en notre possession (et qui ne dépasse jamais le nombre de 3, crucifix inclus). Aucune jauge de vie puisque John Ward meurt au moindre contact, pas de munitions car aucune arme à feu – si ce n'est à la fin du premier chapitre lors d'une phase très intéressante mais sous-exploitée, pas de boussole, rien.

Je commence par ce qui, selon moi, marche bien : le minimalisme revendiqué combiné avec une vraie connaissance des codes de l'horreur font que FAITH fait sursauter et sait mettre mal à l'aise avec une facilité déconcertante. Rarement le simple acte de lire un texte m'a autant foutu les jetons (un certain article de journal, notamment, dont je reprendrai sans hésiter l'idée pour un futur JdR !), la quasi-absence de thèmes musicaux appuie le malaise, le jeu avec les attentes et les clichés est lui aussi très réussi (le passage dans l'ascenseur dans le troisième chapitre, brrrr...). Les quelques scènes animées en rotoscopie sont vraiment impressionnantes, mais servent moins à faire peur qu'à appuyer le caractère surnaturel des événements.
Bref, avec trois fois rien, FAITH arrive à faire vraiment peur et le résultat est bluffant. La maîtrise formelle du vocabulaire du genre est intégrée avec brio. De plus, il reste fort correct en termes de jeu puisqu'il se manie très facilement, on comprend très vite ce que l'on va devoir faire à chaque étape (même si certaines énigmes de la fin peuvent être un poil tordues) et le rythme global est très bon, je n'ai jamais senti de "chute" ou de "ventre mou". Non vraiment, si l'on s'en tient à la surface des choses, il y a de quoi applaudir.

Image
"J'ai serré la main du Diable, et l'ai regardé dans les yeux : c'était un vieil ami perdu de vue", me disait une note trouvée juste avant cette scène...

Quel dommage que derrière ces exploits techniques, il n'y ait pour ainsi dire rien d'autre.

J'ai été pris d'un sentiment confus dès le deuxième chapitre à vrai dire. Le fait que le jeu ne prenne pas du tout en compte les fins spécifiques obtenues dans le premier chapitre m'avait quelque peu agacé, mais c'est dans le cimetière au début que j'ai commencé à comprendre ce qui me gênait, et pour ça, il a fallu que je me penche sur mon vécu (récent, certes) ainsi que sur les influences revendiquées par le créateur du jeu. J'ai donc quelques films d'horreur à mon actif, auxquels j'ai ajouté quelques autres films de "possession" tels que l'Exorciste et the Conjuring, afin de comprendre ce qui me faisait tiquer. Ils ont confirmé ce que je savais déjà : ces films se servent de la peur comme d'un outil pour parler d'autre chose, de thèmes plus généraux, ce qui fonctionne tant la peur est une émotion violente et universelle. Mais elle n'est vraiment là que pour révéler quelque chose d'autre :

* dans le cinéma de Carpenter, elle souligne l'existence d'un mal impossible à connaître, incompréhensible, dont le but est sa propre raison d'être ("je fais le mal car je suis le mal"), et sur le quel le remède principal est par nature inefficace, car l'inconnu fait peur, or si je le connais, il ne me fait plus peur ; mais cet inconnu-là me restera à jamais inconnu, donc jamais je ne pourrai cesser d'avoir peur de lui ;

* dans the Conjuring, c'est avant tout une histoire humaine, avec des exorcistes qui aiment leur prochain et font tout pour les aider, avec une famille aimante plongée dans les horreurs commises par une autre famille diamétralement opposée ;

* et dans le Carnaval des Âmes, c'est se rendre compte que jamais la protagoniste ne pourra vivre une vie heureuse et accomplie parmi les mortels, et que ce cauchemar pré-mortem n'est là que pour lui faire comprendre que la seule manière qu'elle possède pour vivre sa vie comme elle l'entend est de rejoindre le carnaval avec les morts qui ne lui ont jamais fait le moindre mal et l'accepteront pleinement pour ce qu'elle est.

Image
Le passage du miroir dans le terrible "Prince des Ténèbres" de Carpenter m'a hanté pendant les jours suivant mon visionnage ! Il y a bien un miroir dans FAITH aussi et il sert bel et bien à quelque chose, mais il est comme tout le reste : sous-exploité.

FAITH, obnubilé par sa performance technique (ou plutôt, "anti-performance" ?), n'a rien de tout ça. Il n'y a aucun thème derrière ce qu'il nous fait jouer, aucune lecture derrière les pages, il prend son objet au premier degré en ne comprenant pas que ce n'est pas lui, le centre d'intérêt – d'autant que comme "jeu", il me semble qu'il se contente de proposer le bagage basique du genre : des affrontements, de la fuite et de la recherche d'éléments (facultatifs, mais tout de même bienvenus pour l'ambiance !). Ce qui ne serait pas tant un problème si il avait une focale solide.

Faisons un tout petit écart vers un autre studio de jeux indépendants voisin : Puppet Combo.
Les gens de Puppet Combo ont une affection très nette pour les "slashers", mais pas le slasher de luxe, non, celui de série B qui tâche, qu'on regarde entre potes pour rigoler en sirotant de la bière fraîche et une part de pizza (toujours la même, ça fait partie du rituel). Alors certes, ça ne donnera pas de "grands" jeux, mais à tout le moins des jeux très concentrés, ayant un seul faisceau d'inspirations dans lequel puiser, ce qui en fait des œuvres fort homogènes.
L'ennui avec Airdorf Games, c'est qu'il est si pressé de démontrer son savoir-faire (bien présent !) et son amour pour le genre en général qu'il mélange un peu tout et n'importe quoi sans se soucier si les éléments vont se marier entre eux...attention spoiler, ils ne se marient pas bien entre eux. Dans FAITH on a un peu de tout qui s'entrechoque sans se mettre d'accord : du film de slasher, de la possession, du cultisme et même un brin d'actionner pur et dur sur la fin, parce que c'est pas parce que l'on chasse des démons qu'on ne doit pas être une brutasse. L'ensemble est bien trop diffus pour vraiment fonctionner.


Pour les curieux, le jeu le plus acclamé de Puppet Combo, Murderhouse. Je suis définitivement amoureux de ces graphismes qui rappellent l'époque de la Saturn/PS1...mais attention aux âmes sensibles, c'est assez gore !

Et il faut ajouter que le fait d'être un jeu vidéo joue parfois contre lui, même si là, ce n'est pas tellement de sa faute – ou si peu. Être un jeu l'oblige à la répétition, au "try again" qui nécessairement tue l'effet de surprise : difficile d'avoir peur d'un démon et de ce qu'il peur représenter quand cela fait trois fois qu'on meurt et revient contre lui, apprenant ses patterns. Le fameux "MORTIS" scandé fièrement lors d'un Game Over en prend un sacré coup...Et en évoquant le SAM, je trouve qu'il finit par se retourner contre le jeu : à force de l'utiliser, il perd de sa force évocatrice, et surtout à l'utiliser pour faire parler tout le monde (humains comme créatures surnaturelles), il brouille les personnalités et l'importance que l'on pourrait accorder à chacun des protagonistes de l'histoire. Il finit par n'être qu'un effet de manche parmi tant d'autres, et à l'illustrer le principal reproche que j'ai à faire à ce jeu : de n'être qu'un défilé de tours et de prestidigitation, de bonnes idées mises bout à bout sans arriver à en faire un show convaincant.

La peur est un fait culturel : tous les êtres humains ont peur, mais pas tous de la même chose. En tant qu'européen, il m'est difficile de rentrer dans cette époque un peu étrange qu'on a pu appeler "satanic panic", où un afflux de faits divers sordides reliés aux cultes sataniques a traversé les États-Unis de part en part. Leur rapport à la foi et à la religion n'est clairement pas le même que le notre (je doute que ma propre foi ait pu jouer dans mon avis sur le jeu), ainsi cette époque n'est qu'une "bizarrerie" américaine parmi tant d'autres. Notez que je n'ai aucun doute que nos amis d'Outre-Atlantique doivent penser la même chose de nous !
Mais pour moi, FAITH est une belle curiosité technique, et je l'espère un coup d'essai formel très intéressant...mais un jeu fort médiocre. Mais est-ce mon manque d'expérience dans les jeux de cette catégorie qui parle ?


Et pour ceux qui n'auraient pas envie de jouer au jeu mais qui sont tout de même curieux de voir ce que ça donne, voici un long play complet sans aucun commentaire.



_________________

"Si Kage t'y arrives pas, essaie les pruneaux d'Agen !"

Shenron, pendant une soirée Virtua Fighter 5 Ultimate Showdown.


MTF
Modérateur groovy


Joue à faire l'imbécile.

Inscrit : Jan 28, 2005
Messages : 6675
De : Caen

Hors ligne
Posté le: 2022-11-27 19:10
Merci pour ce retour détaillé ! Je n'ai pas fait les "FAITH" (ils sont dans ma wishlist steam, mais j'attends une promo), mais j'ai regardé des longplay détaillés. Il me semblait bien avoir rejoint ton point de vue sur la série : un très bel habillage, des séquences, la première fois, impressionnantes et malaisantes, mais tout cela reste très superficielle.

Je demeure cependant grand amateur de l'esthétique, qui fonctionne particulièrement bien ! Et contrairement à toi, les voix jusqu'au bout ont gardé pour moi quelque chose de glaçant.

  Voir le site web de MTF
Simbabbad
Pixel planétaire

Score au grosquiz
0000684 pts.

Inscrit : Feb 28, 2006
Messages : 10797

Hors ligne
Posté le: 2022-11-28 00:10
J'ai vu passer ce jeu sur Twitter et itch.io, mais les vidéos de gameplay ne m'ont pas emballé. J'ai besoin d'une base ludique forte même pour les jeux avant tout immersifs, et là je ne l'ai pas sentie. Ou alors, qu'il y ait une carotte, comme pour Little Nightmares ou Outlast.

Les animations cinématiques m'ont rappelé The Eternal Castle [REMASTERED], ce qui n'est pas forcément un bon signe puisque j'étais très impressionné par les vidéos de ce jeu, mais manette en main, le rejet a été immédiat, je me suis bien vite fait rembourser.
_________________

Le Blog de Batbad - Simbabbad sur Steam - Compte Twitter


  Voir le site web de Simbabbad

Index du Forum » » Jeux » » FAITH, the Unholy Trilogy (itch.io, Steam, GoG) : MORTIS

3 messages • page
1




Forum www.grospixels.com (© 2011-2019 Grospixels)