Des mois que je cherchais à en disputer une et ce seront au final DEUX simultanées que j'aurai eu la chance de disputer ce week-end contre des
Grands Maîtres Internationaux (la plus haute distinction aux échecs
) : Andreï Schekachev et Thal Abergel.
Avant d'en parler, je précise que la règle lors des simultanées veut que :
- le fort joueur joue les Blancs sur tous les échiquiers
- les joueurs amateurs jouent leur coup lorsque le fort joueur arrive à la table : il n'y a donc pas de pendule mais la cadence dépend directement du temps que le fort joueur prend à faire le tour des échiquiers
La partie de samedi contre
Andreï Schekachev a été assez frustrante car le GMI faisait assez vite le tour de la douzaine d'échiquiers. La "cadence" était donc dès le départ relativement rapide et je me suis retrouvé assez tôt (au 11e coup) face à un dilemme avec un coup candidat qui semblait logique d'un point de vue positionnel mais qui me semblait douteux tactiquement. J'étais encore en train de l'étudier lorsque le GMI est arrivé à la table, il a donc fallu que je le joue... et la sanction est immédiatement tombée : je perds une qualité et ma position en prend un coup. Contre un GMI, je sais que ça ne pardonnera pas. Je décide de continuer un peu mais la suite n'est qu'une lente agonie. J'abandonne au 27e coup. Frustrant car je sais que j'ai livré une partie médiocre, même pour mon niveau.
La partie de dimanche contre
Thal Abergel a été plus disputée. Il ouvre avec l'Italienne, je souris intérieurement car cette ouverture bien connue des débutants est celle que je joue depuis que j'ai repris les échecs début 2023. J'ai donc au moins l'avantage d'être en terrain connu mais surtout, le GMI prend plus son temps et ses rotations sont donc moins rapides que la veille, ce qui me donne plus de temps de réflexion.
L'ouverture se passe bien : Thal Abergel m'indiquera après la partie que j'étais d'ailleurs légèrement devant, comme me le confirmera le moteur chess.com. Je me débrouille ensuite correctement en début de milieu de jeu mais le GMI tisse sa toile. D'une évaluation de
-1,08 au 12e coup (avantage Noirs donc), nous sommes passés à
+1,51 au 24e coup (avantage Blancs donc), en dépit du pion d'avance que je possède depuis un gambit joué par le GMI.
Pourquoi parlé-je du 24e coup ? Car c'est le premier coup à partir duquel je me dis "
Déjà ?!?" en voyant le GMI approcher de la table. En effet, il a déjà bouclé la plupart des parties, ce qui rend désormais ses rotations assez rapides. Je trouve mon 24e coup
in extremis sans avoir eu vraiment le temps de le "vérifier". En l'occurrence, le moteur me confirmera après partie que le coup était ok mais la roue a tourné : la cadence est devenue trop rapide pour moi au vu de la complexité de la position. En quelques coups, le GMI prend définitivement l'avantage et signe même, au 28e coup, un coup brillant (
dixit le moteur chess.com lors de l'analyse) en faisant un pseudo-sacrifice de tour, qui scelle joliment l'issue de la partie, que j'accepte ou non le sacrifice.
Je m'incline finalement au 38e coup mais sans frustration, cette fois. Le meilleur a bien évidemment gagné mais j'ai pu, avant cela, fournir un niveau de jeu correct pendant une grosse vingtaine de coups avant de me faire rattraper par la cadence... et bien sûr le talent de mon adversaire !
Ma petite fierté aura été de le voir plusieurs fois cogiter longuement à la position en fin d'ouverture / début de milieu de jeu, ce qui n'avait pas
du tout été le cas la veille.
Une simultanée contre un joueur titré (sans même envisager que ça puisse être un GMI !), c'était mon rêve depuis des mois alors inutile de dire que je suis r-a-v-i de ce week-end !