Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Sebinjapan (23 mai 2011)
Si la Coupe du Monde de football ou les Jeux Olympiques reviennent tous les 4 ans, la fin du monde elle n'a lieu que tous les 1000 ans. Et encore, la plupart du temps, l'événement est purement et simplement annulé lorsqu'une poignée de héros valeureux font leur apparition et viennent réduire à néant les efforts des forces du mal. 1000 ans ont passé et de sombres événements se préparent. Celui qui s'est auto-proclamé Empereur attaque sans relâche tous les royaumes pacifistes, avec ses légions de chevaliers en armure brandissant épées et boucliers. Partout la guerre et la haine ravagent les contrées. Et dans le ciel, une étoile de mauvaise augure brille et annonce le retour du terrible démon ... HALKEN BON JEU !Alcahest sur Super Famicom est le fruit du travail d'un développeur bien connu : HAL Laboratory, également appelé Halken (abréviation de son nom japonais : HAL Kenkyuujo). Si cette équipe d'orfèvres du jeu vidéo fait désormais partie de Nintendo, il faut se rappeler qu'ils ont aussi jusqu'au début des années 90 produit des jeux distribués par eux-même ou par d'autres éditeurs, comme ici les spécialistes du J-RPG : Square Soft. Alcahest est d'ailleurs l'une de leurs toutes dernières productions, peut-être même LA dernière, qui ne soit pas pour le compte de Nintendo. Il s'agit d'un jeu d'action empruntant quelques éléments aux jeux de rôle. Ces éléments suffisent à beaucoup pour qualifier le titre de "action-RPG" mais on est clairement plus proche d'un "Gauntlet-like" que d'un Zelda. Peu connu, inédit en dehors du Japon, et n'ayant jamais connu les joies d'une réédition quelconque ni d'une suite, Alcahest est pourtant un soft très distrayant que les fans d'action et d'Heroic-Fantasy se doivent d'essayer. Après la sympathique introduction, les options du jeu nous permettent d'accéder au sound-test, de redéfinir l'attribution des boutons du pad et de régler le niveau de difficulté. Ce dernier définit le nombre de vies et de "continue" dont dispose le joueur mais influe également sur le nombre et la férocité des ennemis rencontrés en cours de jeu, mais nous y reviendrons. Une fois ces quelques réglages effectués, l'aventure commence et le joueur se retrouve dans la peau pixelisée de Alen, un guerrier solitaire qui voyage dans les montagnes. Alors qu'il ne demande rien à quiconque, des hommes-lézards à la solde de Babilom s'attaquent à lui. Pas de chance pour Babilom, le Gardien du Feu s'est déjà réveillé et il téléporte Alen hors de danger. Il invite également notre héros à se mettre en quête de lui-même et des trois autres Gardiens afin de stopper Babilom et Alcahest. SYSTEME DE JEU ET PREMIER NIVEAUAlen est vu de dessus et légèrement de trois-quarts, tout comme le monde qui l'entoure et les nombreux ennemis qui vont inlassablement lui tomber dessus pour tenter de l'empêcher d'atteindre son but. Le joueur le dirige librement selon un scrolling multi-directionnel. Il est possible d'explorer à loisir les alentours et de revenir en arrière mais attention car les ennemis réapparaissent sans cesse. Ces importuns rapportent cependant des points d'expérience au héros lorsqu'il les pourfend de son épée, ce qui sert à gagner des niveaux et donc à devenir plus fort. Au début de son aventure, Alen est seul, mais pas démuni. Son bouclier arrête de nombreuses attaques ennemies, que ce soit au contact ou à distance, du moment qu'on reste parfaitement immobile lors de l'impact. Son épée frappe dans les huit directions avec le bouton Y, et si on maintient ce dernier, Alen effectue une attaque tourbillon, de très courte portée hélas, en tournant sur lui même. Sa jauge de vie enfin lui permet d'encaisser quelques coups avant de rendre l'âme. Des coffres disposés un peu partout renferment divers objets comme des bonus de vie, ou une magie permettant de lancer des cercles de feu pendant quelques secondes. Le héros peut également courir si on appuie 2 fois rapidement dans une direction, ce qui est loin d'être évident pour les diagonales. Certaines "cases" spéciales présentes au sol lui permettent également de se projeter rapidement dans une direction épée en avant, pour infliger de gros dégâts, ou de s'envoler un court instant dans les airs pour passer à une autre partie du niveau. Les ennemis sont tout d'abord des loups et des blobs bleus : rien de bien méchant, jusqu'à une rencontre avec les hommes-lézard du début qui peut s'avérer un peu plus délicate selon le niveau de difficulté choisi. C'est après cette première difficulté que Alen va rencontrer son premier compagnon, le jeune apprenti magicien nommé Garstein. Celui-ci fait d'ailleurs une entrée remarquée en carbonisant une meute de loups venus lui grignoter les guiboles. Pour progresser vers le fameux premier Gardien, il faudra s'introduire dans une caverne. Garstein décide d'y accompagner Alen car il veut absolument voir ce fameux Gardien dont parle la légende, certainement afin de s'en vanter ensuite dans la cour de récréation de son école de magie ! Tous les niveaux d'Alcahest fonctionnent de cette manière : il faut explorer tous les endroits accessibles afin de trouver des objets permettant d'accéder à de nouveaux endroits, jusqu'à arriver au boss. Le boss en question, à l'issue de ce premier niveau, est le premier Gardien, qui représente l'élément du feu. Il oblige nos héros à le combattre afin de tester leur détermination, puis remet à Alen une nouvelle épée avant de se joindre à lui. A partir de ce moment, il est possible de changer d'épée avec les touches L et R (ce qui change également la couleur des habits du héros) et d'invoquer le Gardien correspondant avec B. Chaque épée propose une attaque spéciale différente en maintenant Y et chaque Gardien dispose d'un pouvoir, soit offensif, soit défensif, qui consomme des MP (magic points). Alen se met alors en route pour le royaume de Panakeia où doit se trouver le second Gardien tandis que Garstein part de son côté étudier de mystérieuses ruines ... LE SECOND NIVEAUL'Empereur reçoit la visite du sorcier-démon Babilom qui lui propose son assistance dans ses conquêtes et lui délivre l'astuce du jour : la princesse du royaume de Panakeia, qui résiste toujours à l'empereur grâce à la bravoure de son capitaine de la garde, se trouve dans un petit temple mal gardé, c'est l'occasion ou jamais de l'enlever afin de gagner un otage très utile, et l'Empereur y envoie imédiatement Gordon, son chef des armées. Cette séquence par laquelle débute le deuxième niveau du jeu fait penser aux traditionnels passages toujours présents dans les J-RPG où le héros et ses amis recueillent des informations dans les villes et villages en discutant avec divers personnages tout en faisant quelques emplettes. Étrangement, c'est la seule séquence de ce type présente pendant toute l'aventure. Est-ce que le staff de Halken avait l'intention de développer un jeu plus grand, plus tourné vers l'aventure, puis serait parti dans une autre direction en gardant simplement ces scènes comme témoignage de ce qu'aurait pu être Alcahest ? Toujours est-il qu'après cet intermède interactif sans combat, le seul du jeu donc, les forces de l'Empereur dirigées par Gordon, attaquent la ville et s'introduisent dans le temple, suivis par Babilom et ses sorciers. Alen se lance à leur poursuite. Le deuxième niveau se déroule à la fois dans le temple lui-même et dans les égouts de la ville qui devront être explorés pour découvrir les objets indispensables à la progression. Finalement, Alen parviendra le premier jusqu'à la princesse Elikshil. Habituellement, les princesses de jeu vidéo se contentent de dire merci quand on vient à leur secours, ou bien de faire savoir qu'elles sont en fait retenues prisonnières dans un autre château ... Mais Elikshil est faite d'un bois différent : comprenant que le destin de son royaume est lié à la réussite d'Alen, elle choisit d'accompagner ce dernier. Elle prend donc la relève de Garstein et suit notre héros tout en lançant des couteaux sur les ennemis éloignés. Ses projectiles font peu de dégâts mais se révèlent tout de même utiles. Mais pas aussi utiles que son pouvoir spécial qui redonne des points de vie ET des points de magie ! C'est avec son aide qu'Alen va tout d'abord affronter Gordon. Rapidement blessé, le chef des armées de l'empereur préfèrera s'enfuir. Qu'on se rassure : on croisera encore la route de ce guerrier fourbe et ambitieux qui sert sa propre cause ... (et il faut voir comme il sert, Gordon... hum). Mais rien n'arrêtera Alen et Elikshil qui en venant à bout de tous ces dangers, feront la rencontre du second Gardien, celui représentant l'élément de l'eau. Alen parviendra-t-il à trouver un moyen de la libérer ? Surmontera-t-il les autres dangers qui l'attendent sur sa route vers l'alliance avec les 2 autres Gardiens ? Pourra-t-il recevoir leur aide avant qu'Alcahest n'abatte sa furie sur le monde ? D'AVENTURES EN AVENTURES ...Je ne vais pas vous révéler tout ce qui se passe dans les 6 autres niveaux que contient ce jeu. Sachez cependant qu'Alen traversera des décors variés aux thèmes parfois surprenants, affrontera de nombreux ennemis parmi lesquels les 4 généraux de l'Empereur ou des monstres invoqués par Babilom, et rencontrera de nouveaux compagnons qui viendront lui prêter main forte. En plus de Garstein qu'on retrouvera avec plaisir, 3 autres héros feront leur apparition : Sirius est le capitaine de la garde de Panakeia. Il mène une offensive sur le palais de l'Empereur afin de trouver un moyen de sauver la princesse Elikshil. Il frappe avec une masse d'arme disposant d'une longue portée et faisant énormément de dégâts. Son pouvoir le fait tourner sur lui-même en usant d'une sorte de "mitrailleuse médiévale" pour tirer sur les ennemis qui l'entourent. Magna est un cyborg créé par une ancienne civilisation très avancée. Il est découvert à l'intérieur d'une forteresse volante dont l'Empereur et Babilom s'emparent pour provoquer toujours plus de mort et de destruction. On apprend qu'il a participé à la dernière guerre contre Alcahest il y a mille ans de ça. Il attaque en lançant une puissante boule d'énergie qui rebondit sur les murs. Enfin Nevis est un dieu-dragon qui peut prendre l'apparence d'une jeune fille. Les dieux dragons combattent les démons depuis la nuit des temps et Nevis offrira son aide à Alen après l'avoir défié. Bien que Nevis soit moins puissante que Sirius ou Magna, elle dispose de projectiles partant dans 3 directions, effectue une attaque tournoyante bien pratique au contact et peut se transformer en dragon pour attaquer ses ennemis. Et si la princesse survit à son enchantement, il se pourrait qu'elle vienne également prêter main-forte ... Grâce à tout ce petit monde, Alen va affronter sans cesse de nouveaux dangers. Il gravira une montagne sur laquelle les éléments se sont déchaînés, explorera des ruines hantées et s'introduira dans des contrées très étranges. Forcément, les forces de Babilom, de l'Empereur, ou encore la faune locale, monteront en puissance eux aussi. Il y aura des soldats d'élite capables d'esquiver vos coups d'épée pour vous lancer ensuite des projectiles, des ogres dont le souffle glacial peut vous tuer en quelques secondes, et bien d'autres bestioles belliqueuses. Et bien entendu, les "boss" répondent à l'appel. Créatures démoniaques, machines infernales ou généraux à la volonté implacable, ils se dressent face à nos héros. Mais tous ont un point faible et choisir la bonne épée, et le bon Gardien, est la clé de la victoire face à eux. Je ne vous spoilerai pas la fin du jeu en vous montrant l'apparence du dernier boss, mais sachez que ce dernier est magnifique tout autant que dangereux ! UNE HISTOIRE SYMPATHIQUE ET BIEN MISE EN SCENE.En plus de son action efficace, ce qui rend vraiment Alcahest attachant, c'est tout ce qu'il y a autour. Les nombreux personnages interagissent entre eux lors de cut-scenes et rythment la progression du joueur au fil de divers dialogues et rebondissements scénaristiques, certes pas franchement originaux, mais bien amenés. De plus le character-design, typique de l'Heroic-Fantasy à la japonaise, est réussi, et s'exprime au travers de portraits des personnages apparaissant lors des dialogues. On pense ainsi à Guardian Heroes de Treasure sur Saturn qui, avec un casting de personnages charismatiques, ajoutait également une touche "J-RPG" efficace à un jeu d'action, un beat-them-all en l'occurrence. Techniquement, difficile de trouver des défauts à Alcahest. L'animation est efficace, la jouabilité quasi-parfaite, et quelques effets spéciaux ici et là soulignent les passages épiques. La partie musicale quant à elle est une franche réussite, avec des thèmes épiques qui restent dans la tête. Les décors manquent quelque peu de détails par rapport à d'autres titres sortis plus tard sur Super Famicom et adoptant la même représentation graphique, comme Terranigma ou Seiken Densetsu 3, mais ça n'enlève rien aux qualités techniques d'Alcahest. Parlons rapidement de la difficulté et de la durée de vie. Pour contrebalancer ceci, les paliers pour progresser en niveaux sont bien plus rapprochés. Ainsi, on passe Alen au niveau 2 après 7500 points d'expérience en niveau "pro" contre 120000 en niveau "normal" ! Ceci encourage à faire des aller/retours fréquents pour tuer toujours plus de monstres et monter en niveaux, et donc ça rallonge la durée de vie du jeu, d'une façon certes assez artificielle mais on retrouve ça dans de nombreux J-RPG. CONCLUSION.Quel dommage que les jeux édités par Square Soft à cette époque n'étaient pas systématiquement exportés vers l'occident. Cela nous aurait permis de profiter de ce Alcahest, un jeu charismatique et bourré d'action, proposant une expérience proche d'un Zombies ate my Neighbours ou d'un Chaos Engine à la sauce Heroic-Fantasy, tout en rappelant également Soulblazer. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (8 réactions) |