Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Laurent (13 novembre 2002) Merci au Dr Curween pour son aide Il est plutôt rare de se prendre une réelle baffe dans la tronche lorsqu'on joue à un jeu vidéo. Duke Nukem 3D ajoute cette sensation à celles que connaît déjà le video-game maniac en 1996. Alors que Doom fait figure de référence absolue en matière de FPS, voilà que 3D Realms, - des anciens compères de Carmack et Romero du temps où ils bossaient pour Apogee - en ajoutant un troisième volet payant aux aventures de leur héros Duke Nukem (les deux premiers Duke étaient des jeux de plates-formes 2D sympas édités en shareware par Apogee), balayent le Space-Marine et sa tronçonneuse à grands coups de « Come get some »... Jamais on a vu jeu aussi violent, provocant, gore, bourré de référence cinématographiques, politiquement incorrect, salace, gratuit, subversif et j'en passe. De l'anti-Disney en concentré radioactif ! Duke Nukem est un mercenaire très costaud qui manie aussi bien les armes que les insultes et les billets tendus aux strip-teaseuses. Le jeu se joue grosso-modo comme Doom, avec toutefois pas mal d'innovations, puisque le moteur 3D est nouveau, et supérieur à celui d'Id Software. C'est d'ailleurs le seul du genre non créé par Carmack et son équipe qui ait à l'époque été utilisé sur un grand nombre d'autres jeux, comme Redneck Rampage ou Shadow Warrior, par exemple. Contrairement au Space-Marine de Doom qui a les pieds cloués au sol et les yeux rivés vers le lointain, Duke peut sauter, regarder dans toutes les directions, se baisser, voire s'envoler grâce à un système de propulsion par fusée ou faire de la plongée sous-marine. D'autre part, même si le jeu tourne toujours sous DOS pur, Duke peut atteindre des résolutions SVGA, jusqu'à 800x600, ce qui fait une radicale différence avec le 320x200 de Doom. Le charme de Duke ne s'arrête pas à sa technologie, car le jeu s'avère d'une variété et d'un intérêt incroyables. Les niveaux sont des merveilles de conception, proposent des décors crédibles comme une salle de cinéma, un immeuble, un supermarché ou un parking souterrain et même un sex-shop géant, avec un souci du détail rarement observé depuis. Des centaines de petites interactions avec le décor sont possibles, pas indispensables à la progression mais qui contribuent à créer un univers si tangible qu'il a été question un moment d'adapter Duke Nukem en film. Par exemple, il est possible dans la salle de cinéma de pénétrer dans la cabine de projection et de lancer le film sur l'écran, ou dans le sex-shop de se regarder quelques bribes de film porno dans une des cabines de projection privées. Il est même possible d'uriner, de tirer la chasse ou de détruire la cuvette des toilettes, histoire de se désaltérer dans la fuite d'eau qui s'ensuit. Si vous passez devant un billard, tirez un coup de feu sur les billes, et elles se déplacent. Si vous entrez (par erreur car ce n'est pas votre genre) dans un bar à prostituées, vous pouvez leur offrir quelques billets (hélas vous n'aurez pas grand chose en échange, un bon pied-de-nez aux petits machistes qui devront attendre GTA3 pour être comblés). Chaque tir dans un mur, un cadavre, ou un élément de décor laisse une trace (Duke laisse même ses empreintes de pas dans les mares de sang qu'il répand), chaque interaction entre les personnages (qui ne sont pas en 3D, il faudra attendre Quake pour cela) entraîne des résultats différents selon le cas. Si vous tuez un méchant sous une porte automatique, celle-ci écrabouillera le cadavre en se fermant, puis en s'ouvrant étirera un long filet de chair écrasée tel un chewing-gum. C'est totalement gratuit et dégoûtant, mais c'est le genre de chose qui, en ces temps glorieux où les geeks ont encore le monopole du bon goût vidéoludique, rend un jeu culte. Mais je m'emballe et oublie de vous raconter un peu l'histoire du jeu. Figurez-vous que des aliens, parmi les plus hideux et grotesques qu'on ait jamais vus dans un produit sous-culturel américain, ont décidé d'alimenter leur planète en femmes lippues et siliconées, et que les plus chouettes qu'ils ont trouvées viennent de notre bonne vieille Terre. À vous de renvoyer les vilains xénomorphes dans leur buts, sachant qu'ils ont une fâcheuse tendance à se servir dans tous les lieux de dépravation imaginables. Les armes dont vous disposez sont un pistolet, un fusil à pompe, une sulfateuse, un lance-roquettes très efficace pour répandre des membres et des globes oculaires dans tout le voisinage, ainsi que des armes plus originales comme le shrinker (qui réduit vos ennemis à la taille d'un insecte, vous permettant de les écrabouiller du pied), le freezer (qui les gèle, dans le but de les briser, toujours d'un coup de pied), des grenades à déclenchement télécommandé (très efficace contre des aliens si stupides) et le devastator, qui se passe de description. Ces armes sont toutes conçues pour être la plus destructrice possible et procurer un fun fondé sur la démesure visuelle, à une époque où le FPS ne revêt encore aucun aspect tactique. Duke, pendant l'action ne loupe jamais une occasion de sortir un bon mot en voix off, genre It's time to kick ass and chew bubble gum, and I'm all outta gum, ou les fameux Come get some..., Hail to the King baby etc. Même si Duke s'est vite vu dépasser par la concurrence en terme de graphismes 3D, cela ne nuit pas à son aura, restée intacte. Des années après sa sortie, certains n'en sont toujours pas revenus, et n'attendent que la sortie de la suite prévue (intitulée Duke Nukem Forever) pour changer de jeu. Un add-on intitulé Plutonium Pack est sorti peu après le jeu, pour les faire patienter. En dehors de ses trois missions solos géniales, Duke Nukem 3D s'est aussi beaucoup fait apprécier des joueurs en réseau, grâce à sa facilité de mise en œuvre et la parfaite adéquation entre l'humour gras du jeu et l'ambiance des parties multi-joueurs de son époque (loin de moi l'idée de juger qui que ce soit). Par ailleurs, le jeu était à sa sortie livré avec un éditeur de niveaux excellent, et comme pour tous les FPS c'est une foule de missions supplémentaires qui sont venues augmenter la durée de vie du produit. Le plus rigolo, c'est que devant le succès international du jeu, les consoles ont eu droit à leur portage de Duke, edulcoré au passage. Il faut avoir essayé Duke Nukem 3D sur Playstation, dans sa version tout public, avec ce sang alien d'un vert parfaitement déculpabilisant... Par ailleurs, le jeu a été adapté sur Megadrive, mais cette version n'a pas été autorisée par 3D Realms. Elle est toutefois sortie illégalement au Brésil (où la 16-bits de Sega jouit d'une longévité à toute épreuve), éditée par la société Tectoy. Une excellente version Saturn est également à signaler, ainsi qu'une adaptation Game Boy Advance intitulée Duke Nukem Advance, qui propose une nouvelle aventure, différente de l'originale. Duke Nukem 3D fait partie des jeux qui ne vieilliront jamais, même si ce cher Mr. Gates s'est chargé de le tuer en supprimant le redémarrage DOS de WinXP et Win2000 (nécessaire pour que le jeu fonctionne). Voilà une arme vicieuse contre laquelle Duke n'est pas équipé pour se défendre. Too bad... Ne reste qu'à se rabattre sur les nombreuses rééditions sorties dans les années 2000. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |