Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (31 août 2009)
On est en décembre 1988. Je viens d'emménager à Nancy. C'est la période des fêtes, je commence à découvrir le centre-ville, et notamment
le centre Saint-Sébastien, rassemblement de boutiques comme chaque ville en a un. Au rez-de-chaussée, une grande salle d'arcade, avec plein
de jeux dans tous les sens : le Strike. Au milieu de la pièce, un petit espace surélevé permet aux gérants de surveiller tout ce qui se passe autour d'eux.
Alléché par la perspective de faire une partie d'un jeu sympa, je furète dans tous les sens, retrouve des vieilles connaissances (comme
Kung-Fu Master), et soudain je tombe en arrêt devant un jeu que je n'ai jamais vu auparavant,
dont la forme me rappelle furieusement celle de Battlezone. Je m'approche : deux manettes
pour diriger un tank vu du dessus, visuellement superbe avec une animation impressionnante, il n'en faut pas plus pour que je tente le coup.
Hop, je mets 2 francs. Assault : un jeu à part.Assault présente des spécificités, qu'on ne retrouve pas dans d'autres jeux. Tout d'abord, détail peu important mais amusant : il s'agit du jeu d'arcade le plus étroit jamais conçu. Il fait moins de 50 centimètres de large (à peine plus des 18 pouces correspondant à la largeur de l'écran), alors que la norme des jeux d'arcade est de 65 centimètres pour les standards ou 76 pour les nouvelles bornes "deluxe". Les dimensions inscrites sur la documentation indiquent pourtant 64 centimètres de large, je pense que c'est parce qu'elles tiennent compte du marche-pied qui se trouve de chaque côté du caisson. Vous aurez confirmation de l'étroitesse de la borne en regardant la photo ci-contre (et non, ce n'est pas moi quand j'étais petit).
Innovation majeure : le hardware.
Autre innovation, à mon sens la plus impressionnante : les contrôleurs. Scénario et but du jeu
"Votre mission est de débarrasser votre planète natale des forces ennemies qui l'occupent. Vous êtes une force d'assaut unique possédant
l'arme suprême : un tank ultra manœuvrable avec des armes très puissantes."
Vous allez rencontrer des ennemis roulants, volants, et des structures fixes. Le tank vu d'un peu plus près"Assault tank", d'après le flyer, est le nom du tank (en plus de celui du jeu). Je l'aurais bien traduit par "char d'assaut", mais comme vous voyez ça ne rend pas justice au côté spectaculaire...
Je reviens un instant sur les commandes, qui nécessitent un peu d'explications. Tout d'abord, les mouvements traditionnels qu'on trouve
dans Battlezone, ou dans un jeu de tank "standard" : Mais voilà, comme je vous le disais auparavant, ce n'est pas un tank banal, non : vous dirigez LE tank, l'arme absolue, et tout le monde compte sur vous. Voici les deux raffinements qu'il propose : - le Rapid Roll : en inclinant les deux manettes dans la même direction (droite ou gauche), votre tank va rouler sur lui-même et en quelque sorte, straffer - si vous me permettez cette expression sentant bon le FPS. Ce mouvement peut être inversé à n'importe quel moment, pour zigzaguer entre les tirs, mais au final vous ne pourrez rouler à nouveau que lorsque le tank sera retombé sur ses chenilles, quel que soit le sens. Notez que vous pouvez toujours tirer même pendant que vous faites votre rotation.
- le Power Wheelie : en inclinant les deux manettes vers l'extérieur (manette de gauche à gauche, et manette de droite à droite),
le tank se dresse vers le haut, et un viseur apparaît, dont la distance sera proportionnelle au temps que vous restez dans cette position.
Un tir lance alors un super obus, qui atomise tout ce qui se trouve dans un rayon d'action conséquent autour du point d'impact : si les
petits ennemis sont vaporisés du premier coup, les gros sont plus résistants et nécessitent plusieurs obus avant de rendre l'âme. Attention,
lorsque vous utilisez le Power Wheelie, vous ne pouvez plus vous déplacer ; de plus, ce tir n'est possible que sur sol dur, alors faites
attention où vous roulez.
Comme vous le voyez, le maniement est réellement instinctif. Les mondes à sauver
Venons-en maintenant à votre mission. Les mondes dans lesquels vous allez intervenir présentent plusieurs formes, avec des reliefs pour bloquer la progression du tank là où il ne doit pas aller, ce qui favorise les labyrinthes à parcourir du début à la fin, un peu comme chez IKEA. En contrepartie, il est impossible de mourir parce qu'on est tombé dans l'espace, et vu l'action qui devient vite frénétique, c'est aussi bien qu'on n'aie pas à y penser en plus du reste. On trouve des revêtements de sol différents, qui agissent sur les capacités du tank. Par défaut, la plaine ou le bitume permettent de se déplacer rapidement et de lancer des obus atomiques. Les cailloux font trembler l'écran quand on roule dessus, c'est impressionnant mais pas trop gênant, même si le tank est un peu ralenti ; les marais par contre ralentissent fortement la progression et empêchent le Power Wheelie. Les arbres et les petits rochers qu'on trouve un peu partout permettent d'absorber les tirs, tant les vôtres que ceux de vos ennemis, mais se diriger entre eux est parfois un peu pénible.
Mais le plus sympa dans chaque monde, c'est la présence d'un ou plusieurs pentacles. Et les ennemis dans tout ça ?Les petits objets mobiles sont pour la plupart des tanks. Les plus courants sont les petits tanks orange, qui seront par la suite perfectionnés (plus résistants). On trouve aussi les tanks bleus, qui tirent deux missiles lorsqu'ils reculent ; le tank gris très rapide ; le tank aérien qui lance des missiles s'il est enfoui, mais qui peut aussi s'envoler et lancer de nombreuses mines... Il y en a quelques autres qui vous attendent. Il y a aussi les gros objets mobiles : les tanks bleus du début du jeu, les oranges et marrons encore plus solides... Sans compter les générateurs (le rouge et le noir) qui eux, volent, et sont particulièrement difficiles à exterminer. On trouve aussi des structures fixes, des tourelles ou bunkers de différentes formes et aux tirs propres. Au final de chaque monde, une batterie de canons qui vous attend. Il faut les détruire tous, car ils gardent le passage vers le monde suivant. Pour ça, pas de miracle : tirer, esquiver, lancer des obus, esquiver, et recommencer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des ruines fumantes. Avec deux canons ce n'est pas trop difficile, mais après il y en a plus, ou des plus puissants (3 classes de plus en plus performantes) et là ça devient folklorique. Les petits tanks du début vont progressivement être accompagnés par des machines plus puissantes, plus rapides, bref le premier niveau c'est de la rigolade en comparaison du seul niveau 2... En fait, vous aurez toujours plusieurs ennemis différents au même moment, ce qui vous oblige à déployer des tactiques différentes contre chacun d'eux en même temps, et c'est là que ça devient ardu. Par exemple, il faut réussir à détruire les petits tanks oranges qui vous canardent, en même temps que les petits tanks bleus qui tirent des rafales en reculant, sans parler des véhicules enfouis qui vous balancent des missiles sans prévenir... C'est la réunion de tous ces adversaires en même temps qui rend les choses difficiles. La réalisationVous avez vu les images : elles sont très sympas, les décors bien réalisés tout en restant simples, et le design des ennemis est intéressant. Mais la claque ne vient pas de là, et hélas à moins d'essayer le jeu sur M.A.M.E. ou de le trouver au détour d'une salle d'arcade, vous n'aurez aucun moyen de vous en rendre compte : l'animation est é-pous-tou-flan-te. Voici tout de même un lien Youtube qui vous montre une partie sous M.A.M.E. de 2'30, le franchissement du premier niveau : http://www.youtube.com/watch?v=vrG9ZRrSrT8. Je vous en ai parlé au début, c'est le fameux "growth motion object hardware" qui permet de faire des déformations incroyables du décor. Autant pour la rotation autour du tank, qui se fait sans le moindre à-coup, que lorsque le joueur est propulsé dans les airs : tout diminue de façon fluide, le tank prend de l'altitude et on voit parfaitement ce qui entoure le pentacle. On est loin des effets de déformation des sprites qu'on utilisait dans les courses telles que Out Run ou Power Drift : en fait c'est une rotation ou un changement d'échelle de tous les éléments présents à l'écran, sans qu'il y ait changement de sprite pour afficher une autre vue des objets. Et le plus fort, c'est que l'animation ne ralentit jamais quel que soit le nombre d'objets à l'écran (cela est possible grâce à l'astuce dont je vous parlais plus haut : désactiver les éléments qui sont au-delà d'une certaine distance du tank). Vraiment, l'animation décoiffe ! Le son est très correct, la musique en FM bien agréable à écouter, même si dans le feu de l'action on ne fait plus du tout attention à elle. Les bruitages des explosions sont très honnêtes, ça explose, quoi. Non, rien à dire, la réalisation est top à tous points de vue. Que dire d'autre ?
À part : "foncez l'essayer" ?
Jusqu'ici, dans mes articles parus sur GrosPixels, je vous ai souvent parlé de jeux que j'ai connus. Je suis bien conscient qu'une grande
partie d'entre eux n'intéressera pas grand monde, et qu'il s'agit de bons souvenirs que je vous livre - de la nostalgie brute, quoi. Mais
Assault a plusieurs points pour lui : déjà, il est plus récent que la plupart des jeux dont je vous parle - il a à peine 20 ans, une
broutille ! ;) Ensuite, il a cette grande simplicité d'utilisation : on saisit les manettes et on joue immédiatement. Enfin, sa réalisation
est au top, et ne peut laisser personne indifférent. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (13 réactions) |