Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Jean-Christian Verdez (30 mai 2005)
Une fois n'est pas coutume, c'est d'un soft un peu oublié par le temps dont nous allons parler aujourd'hui. Sorti en 1995, Bermuda Syndrome avait pourtant les principaux atouts du jeu marquant : graphismes réussis, musiques entraînantes, gameplay ayant déjà fait ses preuves... En fait, c'est sans doute justement à cause de sa ressemblance avec certains classiques que le succès de Bermuda Syndrome tournera court, car s'il y a des jeux qui se retrouvent inclus dans le cercle fermé des productions intouchables, cela se fait toujours aux dépends d'un tas d'autres jeux parfois tout aussi réussis, mais qui ont eu la mauvaise idée d'arriver quand on ne les attendait plus. Le jeu vous place en 1972 dans la peau de l'américain Jack J. Thompson, pilote d'avions de chasse en mission près du Triangle des Bermudes. Alors que le B-17 "Dirty Sally" de notre héros est abattu et tente de se poser en catastrophe, il disparaît subitement dans un flash, pour réapparaître dans un monde où semblent coexister, non sans problèmes, hommes et dinosaures... D'ailleurs, juste avant de s'écraser dans cette jungle inconnue et hostile, l'avion en perdition ne manquera pas de décapiter au passage un tyranosaure qui s'appretait à dévorer une jeune demoiselle en détresse. Quant au pilote, il se retrouve avec son parachute suspendu à un arbre, avec pour survivre un couteau, un fusil, un paquet de cigarettes, et une petite dose de cynisme... C'est là que le joueur prends les choses en main. Une fois libéré de vos sangles, vous faites connaissance avec la jolie jeune femme que vous venez involontairement de sauver. Il s'agit de la princesse Nathalia, condamnée à subir un sacrifice rituel que vous avez, en éliminant le dinosaure, fait reporter à une date ultérieure. Aussi étrange que cela puisse paraître, la princesse vous en veut beaucoup de l'avoir sauvée, puisque son devoir était selon elle d'être sacrifiée afin de sauver la vie du Roi, son père. Finalement vous prenez sur vous de tout faire pour la protéger et la ramener saine et sauve chez elle afin de trouver une solution, d'une part parce que vous êtes un héros et qu'il faut assumer, d'autre part parce qu'elle est votre seule chance d'espérer retourner à votre époque un jour. Les choses vont évidemment se compliquer lorsque, outre les différentes espèces de sauriens affamés, il va vous falloir affronter les hommes-serpents, peuple puissant qui combat la tribu de Nathalia, et dont le conflit serait à l'origine de l'étrange phénomène qui vous a amené sur cette île hors du temps... Le jeu se découpe en une multitude de tableaux (plus de 200 au total), dont chacun peut être assimilé à une énigme qu'il faudra résoudre pour continuer. Certains tableaux requièrent simplement de l'habileté, par exemple sauter d'une plate-forme à une autre sans tomber, à la manière de Prince of Persia (1989). D'autres nécessiteront un peu plus de réflexion, et il faudra souvent perdre pour comprendre où sont les pièges, puis comment les éviter voire même les utiliser à son avantage. Rassurez-vous, si vous n'avez qu'une seule vie, le nombre de sauvegardes est quant à lui illimité, et pour peu que vous ayez pensé à sauvegarder régulièrement vous n'aurez jamais à recommencer l'aventure de bien loin. Certains passages feront appels à vos réflexes, ou encore à l'art de manier les armes, qu'il s'agisse de votre bon vieux fusil, ou du sabre que vous ramasserez plus tard dans l'aventure (les combats au sabre étant un clin d'œil évident à Prince of Persia). L'action est parfois entrecoupée de scènes de dialogues qu'il faudra gérer, à la manière des point'n clic, en choisissant les bonnes questions ou/et réponses pour faire avancer l'intrigue. Sur la capture d'écran précédente, on remarque en haut quatre icônes. Les deux grandes au centre représentent respectivement l'arme que vous utilisez, et votre barre d'energie. Lorsque l'arme en question est un fusil, on peut y voir le nombre de cartouche dans le chargeur (cinq maximum). Dans le jeu, les munitions sont illimitées, mais il faudra en revanche penser à recharger chaque fois que vous en aurez l'occasion, sous peine de vous retrouver sans défense dans un instant critique. Notez que pour des questions de lisibilité, il est possible de désactiver à loisir ces deux indicateurs avec la touche 'Ctrl'. L'icône complètement à gauche symbolise l'action que vous pouvez effectuer avec 'Entrée'. Il peut s'agir d'une main (pour prendre un objet), d'un couteau (pour couper une liane par exemple), d'un trousseau de clefs, etc. L'icône de droite, enfin, apparaît lorsqu'une personne ou un objet avec lequel une interaction est possible se trouve à votre portée. À vous de trouver la bonne action à effectuer à ce moment-là. Pour choisir arme et action principales, 'Tab' fait apparaître un nouveau menu au centre de l'écran : Il ne reste plus qu'à choisir l'action ou l'objet approprié... De plus, une icône supplémentaire représentant vos réserves d'oxygène apparaît en bas de l'écran lors des passages se déroulant sous l'eau. Détail qui peut avoir son importance : lorsque le personnage sort de l'eau, il faut attendre une petite minute que le fusil sèche pour pouvoir l'utiliser de nouveau, les coups de crosse restant toutefois possibles. Bermuda Syndrome est donc un jeu d'aventure mélangeant plates-formes, action et réflexion, recette qui n'est pas sans rappeler Flashback (1992). Même en ce qui concerne l'histoire, les points communs avec ce jeu ainsi qu'avec le tout aussi génial Another World (1990) sont assez évidents, comme le fait de se retrouver brutalement propulsé dans un monde inconnu, ou encore de débuter l'aventure dans une jungle. Par ailleurs, à plusieurs reprises dans l'aventure vous serez amené à faire équipe avec la princesse sauvée du sacrifice en tout début de partie. Non seulement il vous faudra la protéger, ce qui n'est pas très difficile puisqu'elle refusera d'avancer tant que tout danger n'aura pas été écarté du ou des écran(s) suivant(s), mais elle se révélera parfois utile pour vous prêter main forte à sa manière, notamment en vous éclairant avec une torche dans certains niveaux très sombres vous permettant d'avoir les mains libres pour utiliser votre fusil (aucun rapport avec Doom III ceci dit). Bref, Bermuda Syndrome récupère et mélange avec talent les ingrédients des die & retry les plus connus et les plus appréciés du début des années 90. À cela s'ajoutent des graphismes fins et colorés (rappelons qu'à la sortie du jeu, les graphismes en 640*480 n'étaient pas encore légions), et des musiques de bonne facture qui accompagnent le joueur sans jamais devenir envahissantes. On peut même signaler en bonus pour les plus anciennes éditions du jeu, qu'un second CD contenant toute la bande sonore au format audio était fourni (CD que je ne possède malheureusement pas, ayant acheté le jeu dans une version plus récente, et amputée de ce cadeau... snif...). Seules les animations sont discutables. Non pas qu'elles soient ratées, bien au contraire, mais elles utilisent un style autant applaudi il y a 10 ans que décrié aujourd'hui : tous les personnages et animaux du jeu ont été créés et animés en 3D avant d'être convertis sous forme de sprites 2D, exactement à l'image de Donkey Kong Country (1994) ou, pour rester sur PC dans un style plus réaliste, Prisonner of Ice (1995). Notons toutefois que les personnages s'incrustent généralement très bien avec les différents décors, et qu'ils permettent en plus de donner de la profondeur visuelle à un jeu dépourvu de scrolling. Il arrive par exemple qu'un dinosaure attiré par la chair fraîche que vous représentez à ses yeux, se mette à courir depuis le fond de l'écran jusqu'à atteindre votre personnage, le tout avec une fluidité d'animation parfaite. Mention spéciale pour l'énorme tyrannosaure qui surgit de derrière la caméra pour pousser un cri féroce. En définitive, ce jeu ne cessera sans doute jamais d'être comparé à Flashback, en des termes de moins en moins avantageux pour la production de Century Interactive au fur et à mesure que le temps passe, pour se retrouver aujourd'hui un peu vite affublé de l'étiquette "mal vieilli". Un sort un peu injuste puisque Bermuda Syndrome reste avant tout d'un hommage à un style de jeu qui, en 1995, entamait son chant du cygne face à la logique démocratisation des jeux 3D et des nouvelles perspectives ludiques qui allaient en découler. En guise de descendance, on peut toutefois citer l'excellent Heart of Darkness (1998) ou encore la fabuleuse série des Oddworld (1997), dont le succès se sera surtout révélé critique. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (15 réactions) |