Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (21 avril 2008)
Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Deux ans après leur immense succès sur PC, Amiga, ST, CPC, Nes et Gameboy, les intégristes du blues en mission pour le Seigneur sont de retour ! Poursuites de bagnoles à gogo, esquive des forces de police, bastons dans des concerts country... Ah, attendez, on me fait signe que non, on me parle plutôt d’escargots géants, de tondeuses à gazon en folie et de bodybuilding... Mais qu’est-ce que c’est que ce %?$£@*! ??? (Pour le paragraphe suivant, je me concentre très fort, je reste sérieux et je ne fais aucun commentaire déplacé. Promis). Jake et Elwood, nos deux compères, ont été pris au piège dans un juxebox maléfique, et doivent retrouver la sortie à travers trente niveaux fous fous fous. Pour se débarrasser de tous ceux qui voudraient leur barrer la route, rien de tel que de bons vieux vinyles dans les gencives des mécréants ! Comme dirait Steven Tyler dans un autre grand jeu de qualité (Revolution X de Midway, hem), « Music is the Weapon » ! Raaaah, je n’y suis pas arrivé, il fallait que ça sorte. Qui m’a fichu un pitch pareil ??? Que s’est-il passé chez Titus, comment ont-il pu en arriver là ? Et surtout, comment ont-il pu obtenir l’autorisation de se servir de la licence des Blues Brothers de cette façon ? Je suis consterné. Vous connaissez mon immense respect pour notre renard national, et le plaisir que j’ai à vous faire découvrir ou revivre les grands moments de cet éditeur français bourré de talent. Mais bientôt quinze ans après, je ne saisis toujours pas ce qui s’est passé sur ce coup-là. N’y avait-il aucun moyen d’exploiter les éléments du film (le premier qui me répond non...) ? Ou bien le cahier des charges a-t-il été imposé par Nintendo pour sa SNES ? Une grève des scénaristes ? Une soirée à base de substances hallucinogènes ? Car le titre, pas foncièrement mauvais au demeurant, correspond tout à fait au catalogue Super Nintendo, support sur lequel il a été sorti en premier : plates-formes à gogo, couleurs foisonnantes, graphismes bien ronds et bien sucrés... mais totalement hors de propos. On aurait pu mettre un plombier moustachu ou un hérisson bleu à la place de nos héros, cela ne faisait pas de différences. Allez, c’est dit, intéressons-nous un peu plus au contenu de la chose. Nous avons affaire ici à un jeu de plates-formes pur cru, du grand classique à l’ancienne. Pas de présentation, on attaque directement l’écran de sélection de nos compères : au choix, Jake, Elwood, ou les deux si l’on a un pote sous le bras pour participer à l’épopée. Pas moins de trente niveaux attendent donc les rois du blues, avec à chaque fois le même objectif : atteindre le jukebox qui sert de porte de fin de parcours, le tout en temps limité. Très limité. Évidemment, il y a du monde, et il sera souvent nécessaire de faire le ménage, à grands-coups-de-vinyles-dans-ta-face-de-vilain, ramassés au fur et à mesure du parcours, cumulables d’un niveau à l’autre, mais en nombre limité tout de même. Un super coup peut être déclenché, plus dévastateur, mais également plus gourmand en disques. Les mêmes restrictions s’imposent sur le nombres de cœurs composant chaque vie à disposition, soit deux cœurs par défaut (cinq maximum) et trois vies. Des options d’invulnérabilité temporaires sont disséminées ça et là, ainsi que des cakes spéciaux qui décuplent la morphologie des Blues Brothers et leur puissance (!!), façon Incroyable Hulk, mais sans la couleur. Histoire de corser le tout, des mots de passe ne seront distribués que tous les trois niveaux. Voilà pêle-mêle les ingrédients principaux de Jukebox Adventure, et le dosage effectué sur ceux-ci est à l’origine de la difficulté toute de même assez immonde du jeu. Le temps limite porte vraiment son nom, et forcera le ou les joueurs à ne gaspiller aucune seconde, et ce au-delà du raisonnable. Les niveaux, aux décors relativement variés (campagne, prison, entrepôts, égouts), proposent des parcours littéralement truffés de puits fatals, de sauts millimétrés, de pièges vicieux en tout genre, et d’ennemis retors qui en plus ont le bon goût de réapparaître hors de l’écran. Alors, forcément, avec un mot de passe lâché aussi peu fréquemment, tout est en place pour un défi bien relevé. Surtout que reprendre une partie précédemment perdue par le biais du mot de passe, avec les niveaux de vie et de disques par défaut devient généralement mission impossible. Et ça, ça ne joue pas non plus en faveur de Jukebox Adventure : on peut aimer la difficulté (je fais partie de ceux-là), mais elle se montre dans le cas présent totalement disproportionnée. Les mauvaises langues pourraient même affirmer qu’il ne s’agit que d’un artifice pour masquer le manque de longévité du titre. Il est vrai que les tableaux sont tout de même ès courts. Dommage, car la réalisation est pourtant au rendez-vous. Graphiquement réussi sur Pécé, avec un scrolling différentiel sur plan fixe façon Prehistorik 2 et des couleurs chatoyantes, les possesseurs de Pécé n’ont certainement pas à rougir du résultat sur leurs machines. À ce propos, il y a un détail que je me dois de souligner, un détail dont les connaisseurs des œuvres Titus sur Pécé ne manqueront pas d’apprécier : le scrolling est parfaitement fluide. Si si. Vraiment. Pas un poil de saccade, nada. Rien que pour cela, je ne peux totalement conspuer Jukebox Adventure. Cela influence fortement la jouabilité, à laquelle je ne peux reprocher grand-chose, si ce n’est des sauts un peu raides, compliquant un peu plus les passages en l’air pourtant déjà retors. La bande son a subi le même traitement que le reste du jeu : elle se compose de remixes des titres phares des Blues Brothers à la sauce années ’90. Tout est dit. Les bruitages n’apportent rien à l’affaire, ils sont juste là pour ponctuer l’action. Un peu comme le mode deux joueurs, option déjà présente lors du premier opus en 1991 et qui était alors exploitable, mais qui ici ne peut plus l'être au-delà du troisième niveau (ou alors par les fans sur-entraînés). Quel bilan peut-on tirer de cette affaire ? Il y a clairement une erreur de conception à la base du projet, c’est certain. Le jeu n’est pas mauvais en soi, mais il est clairement perfectible sur le plan du dosage. Mais c’est bien sûr du côté de l’idée même du jeu que le bât blesse : en partant sur ce concept de plates-formes anachronico-décalé, Titus n’a manifestement rien compris à l’esprit de la licence Blues Brothers, ce qui, deux après avoir remporté un franc succès avec cette même licence en démontrant une maîtrise complète du sujet, a de quoi choquer et laisse perplexe. Jukebox Adventure est un jeu mal né, qui tombera vite aux oubliettes, tant sa présence dans les logithèques SNES et Amiga est injustifiée ; seuls les Pécéistes pourront se rabattre dessus à défaut d’autre chose. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (11 réactions) |