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King Kong 2: Yomigaeru Densetsu
Année : 1986
Système : MSX
Développeur : Konami
Éditeur : Konami
Genre : RPG / Action / Aventure
Par Laurent (02 avril 2012)

Voilà un jeu qui est resté pendant deux décennies une source d'interrogation et de frustration pour des milliers de joueurs. À sa sortie fin 1986, Konami n'a pas jugé opportun de traduire cet action-RPG développé pour MSX 2, mais environ 18 mois plus tard, des boutiques ont commencé à en importer la version japonaise. Beaucoup de joueurs européens et américains l'achetèrent les yeux fermés, habitués à ce que les jeux Konami sur MSX ne contiennent pas des masses de texte. Erreur ! King Kong 2 est injouable sans comprendre les nombreux messages qui apparaissent à l'écran. Les coûteuses cartouches restèrent donc bien au chaud dans leur boîte, mais personne n'en tint vraiment rigueur à Konami. De toute évidence le jeu était excellent, d'autres tout aussi réussis allaient rapidement suivre (Nemesis 2, Metal Gear), dûment traduits ceux-là, et un autre hit de l'éditeur disponible en import à peu près au même moment, Hi No Tori, se montrait beaucoup plus indulgent envers les illettrés du kanji.

Alors que les versions européennes des jeux Konami sur MSX 2 bénéficiaient d'un élégant emballage de 11.5cm x 15cm x 2cm, au Japon ils étaient vendus dans des boîtiers plastiques énormes : 15.5cm x 22.5cm x 2.5cm, encore plus gros que ceux des cassettes VHS.

En 1990, une équipe de hackers français nommée VOSTF a fait circuler une version française du jeu, mais elle est notoirement mal traduite et ne respecte pas totalement le scénario. En 2000, un Espagnol connu sous le pseudo d'Imanok a traduit celle-ci en anglais, avant de proposer 5 ans plus tard une autre version anglaise adaptée, elle, du jeu d'origine. Ce n'est qu'en 2010, grâce à un traducteur nommé Django, très actif et bien connu sur la scène MSX, qu'on a pu bénéficier d'une rom en VF fidèle. Une version Django en anglais existe également.

Quand un Dino s'attaque à Kong

Affiche française de King Kong II
John Guillermin et Dino de Laurentiis

En 1986, on note que Konami semble très motivé par l'acquisition de droits de films hollywoodiens. Des jeux inspirés de The Goonies et Top Gun sortent ainsi sur Famicom/NES cette année-là. En revanche, tout le monde l'a oublié, ou voudrait l'oublier, mais 1986 est aussi l'année de sortie de King Kong Lives, suite directe du King Kong de John Guillermin produit par Dino de Laurentiis. Ce précédent film, sorti en 1976, avait eu un impact considérable sur les spectateurs grâce aux effets spéciaux efficaces de Carlo Rambaldi et Rick Baker, à la musique impressionnante de John Barry, au charisme de Jessica Lange et Jeff Bridges dans les rôles principaux, et à un scénario astucieux qui prenait le temps de poser une ambiance avant de faire apparaître son gorille vedette (mine de rien, il a influencé en cela pas mal d'autres films). Au milieu des années 80, De Laurentiis a fait une très mauvaise opération financière en produisant L'Année du Dragon, de Michael Cimino. Alors que ce film mettant en vedette un Mickey Rourke au zénith avait tout pour cartonner, il essuie plus de 6 millions de dollars de pertes. Au même moment, la diffusion du King Kong de 1976 à la télévision américaine obtient un très bon score d'audience. De Laurentiis, toujours en possession des droits, décide alors de commander à John Guillermin une suite voulue avant tout rentable, King Kong Lives, exploité en Europe et aux Japon sous le titre King Kong 2 (ou King Kong II).

Le King Kong de 1976 : la plupart du temps, Kong est joué par le maquilleur Rick Baker vêtu d'un costume et évoluant dans des décors miniatures, tout comme dans les films de Ishiro Honda. Mais intelligemment mis en scène et pas trop présent à l'écran en plan fixe, il fut jugé beaucoup plus crédible.
A 27 ans, Jessica Lange trouvait là son premier rôle après avoir embrassé une carrière de mime et de photographe. Ce fut une vraie révélation.

Le résultat est, selon l'expression souvent lue dans le Mad Movies d'antan, un "onctueux nanar". Le synopsis laisse rêveur : Kong est dans le coma après avoir chuté, criblé de balles, du sommet du World Trade Center à la fin du film précédent. Le Dr Amy Franklin (jouée par Linda Hamilton, alors assez connue grâce à Terminator) doit superviser l'implantation d'un coeur artificiel dans le thorax du primate. Mais l'opération nécessite une transfusion de sang massive, et donc un donneur compatible. Pendant ce temps, dans la jungle, un aventurier nommé Hank Mitchell (Brian Kerwin, acteur venu de la télé) capture une femelle gorille géante et accepte de la transporter jusqu'aux USA pour sauver Kong. La transfusion a lieu, l'opération réussit, et le coup de foudre est instantané entre Kong et "Lady Kong". Constatant que sa fiancée est prisonnière des humains, Kong détruit tout et les deux tourtereaux s'échappent. L'armée intervient alors pour les prendre en chasse. De violents combats ont lieu, Kong est blessé, son coeur artificiel lâche petit à petit, et il finit par mourir. Mais il aura eu le temps de connaître le bonheur aux côtés de Lady Kong, qui à la fin du film retourne dans sa jungle et met au monde un bébé-gorille...

King Kong II : peut-être aurait-il mieux valu présenter le film comme une parodie...

Laminé par la critique, blindé de scènes romantiques entre Kong et Lady Kong utilisant les mêmes costumes qu'en 1976 et desservi par une bande-annonce qui étalait gaiement les moments les plus nazes du film sur fond de "Il revient et il n'est PAS CONTENT !", King Kong Lives a rapporté moins de 5 millions de dollars pour un coût de 10. Authentique amoureux de cinéma, Dino de Laurentiis a continué à produire des films, parfois de grande qualité (Manhunter, Blue Velvet, Evil Dead 2, Bound, U-571...), couronnés de succès ou pas, jusqu'à son décès fin 2010 à l'âge de 91 ans.

King Kong 2: Yomigaeru Densetsu ("la légende renaissante") n'est pas donc pas la suite d'un hypothétique King Kong de Konami, mais bien une adaptation vidéo-ludique du film. Et c'est sans doute le four rencontré par ce dernier qui a poussé Konami à ne pas exporter le jeu. L'éditeur semblait pourtant croire que la licence avait du potentiel, car un autre titre l'utilisant est sorti sur Famicom : King Kong 2: Ikari no Megaton Punch. Il ne faut pas confondre les deux, malgré leur pochette très ressemblante car fondée sur l'affiche japonaise du film : le King Kong 2 sur Famicom est un jeu d'action où l'on dirige Kong, complètement différent de celui sur MSX 2.

C'est l'histoire d'Hank et Kong

Le jeu se borne à illustrer, en la développant considérablement, la portion du film où il est question de dénicher Lady Kong dans son environnement naturel afin que son sang puisse être transfusé à Kong. Le joueur incarne Hank Mitchell, que l'on voit, en guise d'entrée en matière, débarquer sur une plage. La scène ne dure pas plus de quelques secondes. Sur cette plage, une hutte. Dès qu'on s'en approche, un texte défile au bas de l'écran : "Bienvenue sur l'île Golnebo. Tu dois sauver Kong, et pour cela trouver Lady Kong. La légende dit qu'elle est cachée sur l'île. Tu devras résoudre des énigmes. Demande à la population de t'aider". On comprend alors que c'est un des indigènes qui parle depuis l'intérieur de l'habitation, mais on ne les verra jamais, malgré la présence de nombreuses huttes identiques.

Début du jeu et rencontre avec Big Spider, premier boss d'un jeu qui en compte une bonne vingtaine.

Sur la droite de l'écran figurent les caractéristiques du personnage :

- Jour : le temps de jeu est décompté à raison d'une journée toutes les 45 secondes. On verra plus loin l'importance de cette donnée.

- Vie : votre personnage possède au départ une trentaine de points de vie. Le total de ceux-ci augmentera avec le niveau, jusqu'à atteindre en fin de jeu une valeur proche de 1000.

- Expérience : celle-ci augmente en tuant les divers ennemis rencontrés. Chaque tranche de 100 points d'expérience fait augmenter le niveau.

- Niveau : le jeu réserve régulièrement des épreuves qui ne peuvent être réussies en dessous d'un certain niveau, de sorte qu'on le terminera aux alentours du niveau 80.

- MP : points de magie dosant l'utilisation du second objet porté.

- Or : le seul moyen d'en gagner est de le récupérer après la mort de certains ennemis. Il existe un ou deux endroits dans le jeu qui sont de vrais puits d'or où on reviendra de temps en temps.

Sous ces valeurs apparaissent les deux objets portés. Le premier est une arme (actionnée par la barre d'espace), qui s'utilise sans limite, le second est un objet magique, un outil ou un sort (touche Shift) qui peut consommer des points de magie. Enfin, dans le cadre en bas à droite apparaissent des informations sur les ennemis présents à l'écran, nom (très important !), force d'attaque et résistance. Il n'est pas toujours aisé, loin de là, de faire une corrélation entre ces chiffres et le déroulement des combats, mais n'en voulons pas trop à Konami qui livrait peut-être là son tout premier RPG.

L'inventaire vers la fin de jeu.
Ces ennemis sont dangereux, mais on s'en débarrassera facilement en équipant l'attaque "Rotor" qui ne consomme que 1 MP et fait des dégâts sur 360 degrés.

Une pression sur la touche F2 ouvre l'inventaire. Celui-ci comprend trois sections :

- Les armes : de nombreux ennemis ne sont vulnérables qu'à une seule d'entre elles. Il s'agit pour l'essentiel de couteaux, d'épées et de massues. On peut aussi lancer des pierres, en nombre limité, et des boomerangs qui ne reviennent vers leur lanceur que sur une distance limitée.

- Les objets : ici sont listés les parchemins de sorts et toute une gamme d'objets dont il faudra déterminer l'utilité.

- L'équipement : on peut ici, lorsque Mitchell prend du niveau, augmenter sa vitesse de déplacement sur une dizaine de crans. Au départ il est horriblement lent, mais finira par courir plus vite que les ennemis. On trouvera aussi dans cette section une paire de sandales qui permettent de marcher à bonne allure dans une zone marécageuse.

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