Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (03 mars 2014)
S'il est quelque chose que mes jeunes années m'ont appris, c'est qu'il est difficile en tout de tracer des généralités. L'on pense reconnaître des situations, des événements, des personnes et l'on croit alors savoir réagir de façon idoine : mais, cette fois-ci, la faute à quoi, la faute à je-ne-sais-quoi, tout change du tout au tout et, parfois, pour le meilleur. Jeux de mains, jeux de...Ne mettons pas la charrue avant les bœuf, et reprenons posément. Rayman, premier du nom, avait enchanté tous et tout le monde grâce à ses indéniables qualités. Rayman 2: The Great Escape, malgré sa finition exemplaire et un passage réussi - bien que non sans heurts - à la trois dimensions, était connu des gens de goût mais il a été, finalement, vite oublié. Il faudra alors attendre près de 5 ans pour retrouver notre héros démembré. La « sixième génération de consoles » était déjà arrivée. La Game Cube, la Playstation 2 et la XBox étaient dans leur première moitié d'existence, et UbiSoft fut on ne peut plus actif ici. Il me semble que c'est à cet instant-ci que la compagnie des frères Guillemot prit véritablement de l'ampleur : jadis connue surtout des joueurs européens, la marque commença à s'exporter et ses licences se vendirent on ne peut mieux. Des séries comme Spinter Cell ou encore Prince of Persia: Les Sables du Temps se retrouvaient régulièrement parmi les meilleures ventes des consoles et de nombreuses suites virent le jour, parfois même chaque année pour certaines d'entre elles, ce qui put produire un certain « agacement » d'une frange du public. Force est de constater, cependant, que la stratégie fut payante car le studio devint alors l'un des acteurs clés du marché, capable de tenir la dragée haute aux cadors de l'industrie. Certains, dont moi, attendaient néanmoins avec impatience cette troisième itération de Rayman. À l'époque, je découvrais tout juste l'Internet : et les premiers trailers, les premières images exclusives que j'ai pu découvrir venaient, précisément, de ce jeu. On y voyait des soldats étranges, vêtus de tissus rapiécés et de chapeaux d'inspiration coloniale, s'illustrer dans des façons de vidéos didactiques expliquant les meilleures méthodes pour tuer Rayman et ses acolytes, au moyen le plus souvent d'artifices aussi stupides qu'élaborés et ceux-ci de se retourner contre eux. Ces petites vidéos, d'une à deux minutes tout au plus, eurent sur moi un effet inénarrable. On n'y voyait pourtant rien du jeu, des environnements, du gameplay ; l'on songeait bien que ces bonshommes seraient des belligérants, mais rien de plus. Ces deux éléments frappent d'ailleurs le joueur de plein fouet dès qu'il lance l'aventure. L'introduction prend place dans la forêt des Rêves et s'inspire davantage du deuxième opus que du premier : d'ailleurs, l'univers si particulier de l'épisode original, les anti-toons, Mr. Dark et consorts ne reviendront plus jamais dans cette saga, si ce n'est pour l'un ou l'autre clin d'œil. En pleine nuitée, de terribles événements se trament : un lum noir, au nom maléfique d'André - brr... - transforme les autres lums, ces particules d'énergie vitale, en sbires ténébreux à son image. C'est là tout l'équilibre de l'univers qui est menacé ! Murphy la Grenouille, assistant par hasard à la scène, vole prévenir Rayman, seul capable de rétablir l'ordre. Troublés ? Prenez du Tonique !Éloignons-nous un rien de l'ambiance du jeu pour aborder la question du gameplay en lui-même. Suite oblige, l'habitué de Rayman 2 ne sera guère dépaysé : Rayman peut sauter, voleter avec ses cheveux pour attendrir sa chute, lancer des boulettes d'énergie avec ses poings et agripper corniches et parois diverses. La maniabilité a cependant été grandement améliorée, et l'on ne peut s'empêcher de croire qu'UbiSoft a su perfectionner sa maîtrise du moteur 3D gérant la chose. La caméra, de même et ce malgré quelques dysfonctionnements minimes, suit agréablement l'action et ose même prendre du recul pour faire admirer le paysage : en un mot comme en cent, Rayman 3 fait sans doute partie des jeux de plateformes en trois dimensions les plus agréables à contrôler, même vis-à-vis des standards d'aujourd'hui. Ces pouvoirs surprennent dans la mesure où ce sont, pour certains, des mouvements appartenant jadis à la panoplie du héros : ainsi, une canette donne à Rayman des sortes de pièges à loup accrochés à des chaînes (ceux-là même de la boîte du jeu) qui lui permettent de s'agripper à des points d'attache comme les anneaux violets de jadis ; un autre lui donne un casque à hélices lui permettant de voler indéfiniment, comme le super-hélicopète d'antan, et ainsi de suite. Les deux derniers sont inédits, en revanche : l'un lui permet d'envoyer des mini-tornades sur son passage, l'autre de lancer et de contrôler un petit missile télécommandé. Hey, Ho, let's go!Que je vous relate alors un autre souvenir de ma première traversée du jeu. À l'époque, j'avais été quelque peu désarçonné en jouant, dans la mesure où je ne me voyais pas progresser. Entendons-nous : j'avançais, je tuais des ennemis, des boss divers et variés mais je ne parvenais pas à saisir parfaitement comment s'opérait la découpe en niveaux. À dire vrai, je me demande même s'il ne faut pas quelque peu abandonner ce principe pour décrire Rayman 3. Ces différentes sections sont d'ordinaire fort courtes, comprenez qu'il ne faudra généralement pas plus d'une dizaine de minutes, la plupart du temps, pour les achever : cela donne une impression prégnante d'emballement, de vitesse, de précipitation même parfois, et souvent l'on sera surpris de terminer un passage alors que l'on pensait continuer à jouer encore un peu. Rien, en effet, ne vient spécifiquement marquer la fin d'une étape : on se croit alors avancer rapidement et l'on ne peut faire autrement que de poursuivre. Rayman 3, de là et par cette structure si particulière, fait partie de ces jeux qu'il est dur d'arrêter tant on ne nous accorde la moindre pause. Ultimate C-C-C-C-Combo!Afin de compléter le jeu à « 100% », le joueur aura trois objectifs primordiaux. Le premier, le plus évident, consiste à terminer l'aventure et à battre le boss de fin : d'ores et déjà, cette quête prendra une bonne quinzaine d'heures, l'occasion de traverser, bon an, mal an, un peu moins de dix mondes ou « environnements » dédiés, de la forêt à la montagne en passant par des marais et des déserts. Ensuite, là encore la chose est attendue, il lui faudra trouver toutes les cages ce qui, je viens de le préciser, n'est pas chose facile. Enfin, il lui faudra obtenir un « tampon souriant » à la fin de chaque monde. Ce tampon ne s'obtient qu'en dépassant un certain seuil de points, fixe pour un monde donné. En effet, dans le coin supérieur gauche de l'écran, un compteur de points s'affiche, orgueilleux. Celui-ci augmentera à chaque action du joueur : ramasser une gemme colorée, battre un ennemi, réussir une épreuve particulière. Afin d'obtenir ainsi le tampon fatidique, Rayman devra incrémenter suffisamment son score au sein d'un niveau, sachant qu'à la fin de chaque section un récapitulatif vient lui indiquer sa progression intermédiaire. Tout ceci transforme alors certaines sections du jeu en véritables dilemnes car il faudra bien souvent planifier au détail près son chemin afin d'atteindre le plus haut score possible. Il faudra parfois laisser de côté certaines gemmes trop faciles d'accès pour d'abord déclencher un événement, ou parcourir une cave secrète, initier le « mode combo » et revenir ensuite, le plus vite possible, sur le chemin balisé en espérant avoir laissé suffisamment d'objets pour ne pas briser son élan, tout en tuant les ennemis et en évitant les dégâts et les morts. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le seuil de points fixé par les développeurs est loin d'être accessible : si vous passez à côté d'une cage ou d'une salle secrète, si vous ratez un saut et réinitialisez le compteur, tout est perdu. Pendant très longtemps, ainsi, je n'ai su obtenir le tampon souriant à la fin du tout premier niveau, tout simplement car je passais à côté, à la toute fin du stage, d'une caverne dérobée contenant moult trésors. J'ai soif !Lors de mes premières parties, je ne me préoccupais guère de tout ceci, il faut dire. Ce n'est qu'une fois le jeu terminé, et toutes les cages trouvées, que je m'y suis intéressé. Cela m'a d'ailleurs profondément surpris, car je ne suis, d'ordinaire, nullement passionné par ce genre de choses. C'est que le jeu, en réalité, est si aimable, si bien fait, que l'on ne peut faire autrement que d'y revenir et puis, une chose en entraînant une autre... Son ambiance, ensuite : car le jeu est profondément drôle et encore aujourd'hui, d'y songer, je ne peux manquer de sourire. L'humour du jeu est d'un autre ordre que celui de, mettons, Banjo-Tooie : bien plus farcesque, il emprunte souvent au comique de situation, les personnages se cognant dans tous les sens et se collant de grosses tartes au visage. Les Hoodlums, les méchants du jeu, tirent la couverture à eux : de toutes sortes et de toutes couleurs, ils entretiennent la tradition des méchants féroces mais incroyablement stupides, ce qui n'est pas sans contrarier André - ou Dédé -, le plus débrouillard de la clique. Les dialogues, entièrement doublés en français, sont également une franche réussite. Chaque personnage a son accent, son phrasé, son humeur : frappez Globox par accident, et celui-ci vous délivrera une pensée stoïque sur l'inutilité de la violence ; les médecins Pti'zêtres sont tantôt allemands, tantôt hippies avec ce que cela implique de vocabulaire et de scansion. Bien souvent, on entend ces répliques en arrière-plan, tandis que l'on parcourt sagement les niveaux. Et je puis vous assurer que j'ai éclaté d'un rire sincère en en entendant certains... Un exemple parmi d'autres, dans la forteresse des Knaaren : « Knaaren 1 : Dis donc, elle est belle la tienne ! Cela se passe de commentaires, n'est-ce pas ? Oui, Dédé !Rayman 3: Hoodlum Havoc est, pour moi, l'un des meilleurs jeux de plateformes en trois dimensions non seulement de sa génération, mais également dans l'absolu. Il parvient à cumuler magistralement le plaisir de l'exploration de la trois dimensions, la densité des situations de jeu, un humour ravageur, une beauté terrible et ajoute en sus un système de score des plus intelligents. Il y a un équilibre extraordinaire ici, une forme de miracle improbable : davantage que Wario Land 4, Rayman 3 sait proposer une aventure épique qui contente on ne peut mieux même si l'on n'explore pas toutes ses mécaniques ; et contrairement à Yoshi's Story, son système de points est des plus fascinants et des plus rapides à mettre en œuvre et nous pousse à toujours nous surpasser. Vous comprenez donc bien ma tristesse de savoir le jeu négligé et oublié du plus grand nombre ! Sources, remerciements, liens supplémentaires : Les images proviennent de jeuxvideo.com, et sont issues de la version HD, sortie sur XBLA et PSN. Si ce n'est l'inclusion d'un leaderboard et une amélioration graphique, le jeu est en tout point identique à l'original. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (7 réactions) |