Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (13 juillet 2015)
Une anecdote pour commencer : The Dig est le premier article que j'envisageais d'écrire pour Grospixels lors de mes premières visites du site, il y a de cela dix ans maintenant. Et puis, de semaine en semaine et de mois en mois, je repoussais l'écriture sans savoir exactement pourquoi. Le jeu me plaît pourtant, bien que très atypique parmi les productions LucasArts ; mais il est surtout incroyablement difficile, si difficile qu'en parler relève déjà de la gageure ! Et puis, arlésienne pour arlésienne, le jeu lui-même mis près de six ans pour voir le jour, entre le début du projet en 1989 et sa sortie en magasin en 1995. De l'autre côté du tunnel...The Dig débute à la façon d'un récit de science-fiction : un astéroïde géant, affectueusement surnommé « Attila » par la NASA, menace de percuter la Terre. Une équipe de scientifiques, menée par le lieutenant Boston Low, va alors tenter de disposer des charges nucléaires à la surface pour stopper son mouvement et éviter la collision. Rapidement néanmoins, les astronautes découvrent que l'astéroïde dissimule des traces de vie extraterrestre ; et malheureusement, mais cela était attendu, lesdites traces les expédient à des milliers d'années-lumières de là, sur une planète inconnue... Bienvenue dans The Dig, votre petit guide de survie en terre inconnue. Hmm...Comme souvent avec moi, n'attendez pas plus de détails sur l'intrigue du jeu ; car bien que celle-ci soit très intéressante, brassant même des thématiques écologiques et ontologiques, et d'un sérieux à couper au couteau, l'intérêt est ailleurs. En vérité, si l'on devait trouver deux parents spirituels à ce jeu, il faudrait aller chercher du côté d'Another World, tout d'abord, pour votre immersion dans un univers inconnu et hostile ; et du côté de Myst ensuite, pour cette sensation unique d'avoir à domestiquer un monde qui vous repousse et que vous ne comprendrez jamais parfaitement, ou alors par le plus complet des hasards. Cela est d'autant plus délicat que l'environnement est rapidement ouvert, avec plusieurs lieux et salles à explorer, et qu'il faut souvent faire la « chasse au pixel » pour récupérer certains objets. Si, au fur et à mesure du temps, la sensation de véritablement maîtriser l'univers grandit en nous, il y aura toujours néanmoins un ou deux endroits qui se feront une joie de démolir le moindre commencement de satisfaction : demandez un peu ce que les joueurs pensent de l'énigme du fossile ou de celle du planétarium, et vous obtiendrez toujours la même réponse, à chemin entre l'insulte, le pleur et l'envie de frapper les nourrissons, pas forcément dans cet ordre. C'est beau, et c'est moche...The Dig, c'est aussi l'un des derniers jeux d'aventure en deux dimensions du studio avec Full Throttle : il peut être vu comme le dernier représentant d'une espèce particulière, fidèle au pixel-art et au travail d'orfèvre, contrairement à la voie que prendra The Curse of Monkey Island. Effectivement, le jeu est graphiquement magnifique, les décors et les effets de lumière sublimement dessinés, l'architecture audacieuse, entre ensembles naturels et technologie inconnue. Les personnages et les éléments mobiles ne sont pas en reste et malgré la faible résolution de l'ensemble, l'ingéniosité du dessin permet de leur communiquer mille émotions, chaque respiration, clin d'œil, chaque frustration et envie passant autant par les dialogues que par l'animation. De la même façon que pour les énigmes, le jeu souffle donc le chaud et le froid : nous sommes tantôt emportés, tantôt moins, globalement indécis. Il aurait fallu davantage d'unité ici : l'imprécision coûte cher à The Dig, et n'aide sûrement pas à l'aimer. Seul élément sur lequel tout le monde tombera d'accord, la musique : incroyable, envoûtante, entraînante, en association avec les graphismes, exception faite de la trois dimensions comme je le disais, c'était l'écrin que l'on attendait. Les doublages, de même, sont de bonnes qualités même si les dialogues auraient gagné à être mieux traduits ; notamment, Boston Low est doublé par Patrick Poivey, mieux connu pour son travail sur la voix de Bruce Willis, et cela confère au personnage tout le sérieux qu'on imagine. Du moins, si un jour il fallait adapter le jeu en film, le casting serait tout trouvé... Allez, on retourne à la maison !Que dire alors, pour conclure ? J'avoue, malgré l'amour que je puis avoir pour The Dig, que j'y reviens moins facilement qu'auprès des autres productions LucasArts. Trop sérieux, peut-être, trop dur sans doute, pas toujours bienvenu et intelligent cependant. Il est le petit oublié de la compagnie, chant du cygne d'une période et tentative, pas totalement transformée cependant, de la porter dans une autre direction. On l'essaiera ou on y reviendra alors avec l'œil aigu de l'historien ou de l'archéologue, avec la joie de déterrer un artefact millénaire sans savoir précisément, cependant, à quoi il pouvait servir. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (25 réactions) |