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Teenage Mutant Ninja Turtles
Année : 1990
Système : NES
Développeur : Konami
Éditeur : Konami
Genre : Action / Plate-forme
Par Lap4523 (15 mars 2010)
La boîte du jeu. Merci au site Mobygames !

Prologue

Afin de débuter cet article, je m'en vais vous raconter une histoire... Il fut un temps où le jeu vidéo perpétuait la tradition orale, un temps où l'on se racontait nos exploits vidéoludiques dans les cours de récréation, Internet et ses forums ne faisant pas encore partie du quotidien de tout un chacun. Alors oui, ce bouche-à-oreille répandait certaines rumeurs difficilement vérifiables, mais cela a également créé des héros. Oui, des héros...

À cette époque, un jeu en particulier monopolisait les discussions. La légende racontait que certains joueurs qui s'adonnaient à ce jeu avaient réussi à désamorcer toutes les bombes près du barrage, à se frayer un chemin jusqu’au Technodrome et même à finir le titre en question. Bien sûr, la plupart du temps, c’était le « grand frère du cousin du voisin » qui avait réussi cet exploit, donc forcément c'était impossible de vérifier si cette performance avait vraiment eu lieu. Cependant, on y croyait tous, et cela nous poussait à jouer sans cesse, mais la sanction était la même pour chacun d'entre nous, à savoir un impitoyable Game Over.

C’est de ce fameux jeu dont je vais vous parler à présent...

COWABUNGA !

Si cette interjection ne vous dit rien, c’est que vous avez moins de 18 ans ou que vous viviez dans une cave durant les années 90. "Cowabunga", c'est en effet le cri de guerre des célèbres Tortues Ninja. Créé en 1983 par Kevin Eastman et Peter Laird, le comic book Les Tortues Ninja (Teenage Mutant Ninja Turtles en version originale) conte l’histoire de quatre tortues exposées à un liquide mutagène et qui ont été alors transformées en créatures humanoïdes.

Initiées par le maître Splinter (un rat lui aussi exposé à ce mutagène) à l’art du Ninjutsu, les quatre tortues luttent contre le maléfique Shredder et contre son gang des Foot qui sévit dans les rues de New-York. Bien sûr, les tortues vont tout mettre en œuvre pour cacher leur existence aux yeux des habitants de Big Apple, et du coup elles vivent dans les bas-fonds des égouts de la mégalopole. Ces personnages que tout le monde connaît, ce sont bien sûr Leonardo, Raphaël, Donatello et Michelangelo, ces noms ayant été donnés par le vieux Splinter lui-même (l'histoire de la BD raconte qu'il a trouvé ces noms alors qu'il lisait un livre sur la Renaissance Italienne).

L’apogée de ce comics se situe dans les années 1990. À cette époque-là, divers produits estampillés Tortues Ninja voient le jour : goodies, jouets, bandes dessinées, dessins-animés, films... La folie Tortues Ninja bat son plein.

Les Tortues Ninja, le jeu vidéo.

L'éditeur Japonais Konami, flairant la bonne affaire, obtient les droits de la licence et l’adapte sur la console la plus populaire du moment, à savoir la NES de Nintendo. Le titre est extrêmement attendu, vu le succès de la licence, et du coup un bundle Tortues Ninja (jeu + console NES) sort dans le commerce. Il est très facile aujourd’hui de se procurer le jeu mais il faut savoir qu'à sa sortie (en 1989 aux États-Unis et au Japon, puis en août 1990 chez nous) il était en rupture de stock un peu partout, au grand désespoir des mamans désirant combler êtes de fin d’année.

Teenage Mutant Ninja Turtles (renommé en Europe Teenage Mutant Hero Turtles) est un jeu d’action/plates-formes en 2D. Dans ce titre, vous pouvez diriger chacune des quatre tortues, chaque personnage ayant une arme différente : un katana pour Leonardo, un bô (un bâton de combat) pour Donatello, des nunchakus pour Michelangelo et des saï pour Raphaël. Le saï et le nunchaku sont les armes les plus rapides, alors que le katana et le bô sont celles avec la plus grande allonge.

Chaque tortue a une barre d’énergie qui lui est propre et qui diminue à chaque coup reçu. La grande idée du jeu, c’est que vous pouvez jongler entre ces différents personnages en appuyant sur le bouton Start quand vous le désirez. Dès qu’une tortue n’a presque plus de vie, vous pouvez la mettre au repos en en sélectionnant une autre. Les continues n’étant pas infinis, cela a son importance.

Des pizzas disséminées un peu partout tout au long de l'aventure permettent cependant de retrouver des forces (les Tortues Ninja étant connues dans le comic book pour leur consommation massive de pizzas). Une fois que l'une de vos tortues est tombée au combat, il sera possible de la récupérer en la délivrant (mais pour cela il vous faudra d’abord la trouver dans les différents niveaux du jeu). Des armes secondaires sont aussi présentes, avec par exemple des shurikens en quantité limitée que vous pourrez utiliser en appuyant sur le bouton Select de votre manette.

Leo, Don, Raph, Mikey et vous.

Le jeu est composé de cinq niveaux, ce qui peut sembler court (pourtant c’est nettement suffisant, et vous comprendrez pourquoi un peu plus loin). Chaque niveau comporte deux phases : le jeu alterne entre des passages vus de haut (à la Zelda) pour les phases de déplacement sur la carte, et des passages vus de côté pour les séquences d’action.

Par exemple, dans le premier niveau qui se déroule dans les rues de New-York, la carte permet de faire le déplacement entre chaque bouche d’égout que vous devrez visiter. C'est en effet dans les sous-terrains de la ville que vous commencerez votre aventure en recherchant April O'Neil, une journaliste connaissant les Tortues Ninja et qui est devenue depuis leur précieuse alliée. April a été capturée par l'horrible gang de Shredder et elle est retenue prisonnière dans les égouts. Ce premier monde vous met dans l’ambiance avec de nombreux ennemis issus du comic book et du dessin-animé, dont Bebop et Rocksteady, les deux hommes de main de Shredder (un phacochère et un rhinocéros ayant muté eux aussi) qui font office de boss de fin de niveau.

Dès le deuxième niveau, les choses se corsent. Vous voilà sur un barrage et vous devez désamorcer dix bombes sous peine de voir l'édifice exploser. C’est le moment de plonger dans l’Hudson River car, n’oubliez pas, le temps vous est compté. Cette étape (durant laquelle les phases d'action se jouent sous l'eau) est extrêmement difficile car il vous faudra éviter les algues et les barrières électriques, ainsi que d’autres obstacles tout aussi dangereux. Dix bombes en deux minutes... Ici, pas de checkpoint : vous perdez, vous recommencez. Un cauchemar...

Les niveaux suivants se ressemblent quelque peu : les tortues traverseront l'aéroport de New-York (le niveau se déroulant de nuit), des grottes et enfin le fameux Technodrome (la base des "méchants" dans l'univers des Tortues Ninja). Chaque niveau se termine bien sûr par un combat contre l'un des sbires de Shredder. Entre chaque monde, de petites cinématiques plutôt bien réalisées finissent de mettre dans l'ambiance de la bande dessinée.

Il vous faudra bien du courage pour arriver jusqu'au Technodrome, la difficulté du jeu allant crescendo tout au long de l'aventure. Teenage Mutant Ninja Turtles est l'un des titres les plus difficiles de la NES et rares sont les joueurs en avoir vu le bout. Ne comptez pas non plus sur des mots de passe pour ne pas avoir à tout recommencer à chaque partie. Et bien évidemment, vous aurez en tout et pour tout deux continues pour espérer voir le générique de fin. Bonne chance !

Malheureusement, la progression dans le jeu est rendue encore plus périlleuse à cause de quelques soucis techniques. Collisions hasardeuses, sauts plus que litigieux, bugs, ennemis traversant les murs, quelques ralentissements (lorsque trop de sprites apparaissent à l'écran), level design injustement sadique... De plus, le titre semble quelque peu déséquilibré vu que trois des quatre tortues ont des armes de faible ou de moyenne portée, et vous comprendrez vite que Donatello et son très long bâton sont votre planche de salut.

Le jeu, déjà dur à la base, n’est donc pas aidé par sa jouabilité. Cependant, Teenage Mutant Ninja Turtles est un titre très bien réalisé, avec de beaux graphismes, des sprites détaillés et des couleurs bien choisies. De plus, la musique de Keizou Nakamura (compositeur de tous les jeux Tortues Ninja chez Konami, dont le fameux Turtles in Time sur Super Nintendo) est de qualité, ce qui était une marque de fabrique chez l'éditeur nippon à cette époque.

Malgré ses quelques défauts, Teenage Mutant Ninja Turtles est un très bon jeu qui a une place dans le cœur de nombreux joueurs, et ce en dépit d'une difficulté légendaire. La licence y est sûrement pour beaucoup, mais ce serait injuste de limiter ce titre uniquement au nom Tortues Ninja. Quoi qu'il en soit, le jeu est l'un des plus gros succès commerciaux de la NES, et avec près de 4 millions d'exemplaires vendus, il représente l'une des plus grosses ventes pour un jeu non estampillé Nintendo sur la machine de Big N.

Épilogue.

Aujourd'hui, je peux affirmer que la légende dont je parlais au début de l'article était peut-être fondée. Car 18 ans après la sortie de ce jeu, j’ai réussi à le finir, après bon nombre de vies perdues et de continues consommés. Qui sait, je serai peut-être un jour le fameux voisin dont les gens parlent lorsqu'ils évoquent Teenage Mutant Ninja Turtles...

Lap4523
(15 mars 2010)
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