Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (30 janvier 2006)
Il devient difficile d'introduire un jeu venant des Bitmap Brothers, tant le sujet a été maintes fois parcouru. En prenant un peu de recul, il est impressionnant de constater que l'on utilise autant de superlatifs à l'égard des deux compères anglais à l'origine de titres aussi incontournables entre fin ‘80 et début ‘90. Et j'en connais un, en particulier, qui a marqué au fer rouge les esprits : Xenon II Megablast. Replaçons-nous un instant dans le contexte. En 1988, la toute jeune boîte de développement accouche dans son coin d'un shoot'em up assez proche du concept d'Asteroïds avec des décors robotiques, et répondant au doux nom de Xenon. D'une réalisation somme toute classique, le jeu connaîtra un doux succès d'estime grâce à la promo faite par l'équivalent de l'émission Microkids à la télé anglaise. Mine de rien, les Bitmap Brothers récupèrent de quoi financer une suite qui fera bien plus parler d'eux. Et c'est à peine un an plus tard que déboule Xenon II Megablast, le titre qui va consacrer les Bitmap Brothers. S'il s'agit toujours d'un shoot'em up, cette suite adopte la sacro-sainte position de jeu à scrolling vertical. Il conviendra ainsi de survivre, c'est le terme !, au cours des cinq niveaux découpés chacun en deux parties. Mine de rien, cette phrase vient de résumer tout ce qu'il y a de classique dans Xenon II Megablast ; pour le reste, accrochez-vous, c'est du lourd ! Commençons par la jouabilité. De prime abord, le vaisseau possède une attaque frontale ridicule, se meut poussivement sur toute sa largeur, et semble promis à un destin court et funeste. Erreur ! Des power-up vont vite démontrer les capacités du vaisseau qui ne demande qu'à évoluer ; il est en effet possible d'intégrer de nombreux modules qui vont décupler la puissance de frappe, tout en modifiant visuellement l'appareil. Au menu : tir arrière, tirs latéraux, lance-missiles simples ou tête chercheuses, lasers surpuissants, satellites... pas moins de vingt-quatre bonus divers sont accessibles ! À chaque interlude de milieu ou de fin de niveau, on pourra payer une visite au marchand d'armes ! La revente est proposée, mais l'achat, financée par les bulles de crédit ramassées à chaque vague d'ennemis détruite, vaut le détour. Ce concept cher aux Bitmap Brothers, balbutiant dans Speedball et que l'on retrouvera dans Gods ou dans Chaos Engine, est véritablement né ici, dans sa forme complète. Et ce n'est pas le seul. Car Xenon II Megablast se démarque de la concurrence par son aspect visuel, très particulier. On nage en plein délire organique : anémones, crustacés, bestioles étranges de tout poil, visqueuses, gluantes, et surtout dangereuses vont tout faire pour empêcher la progression du joueur, le tout dans des décors en concordance avec le bestiaire. Étrange, mais fascinant, le style graphique ne peut laisser indifférent, aussi bien dans la modélisation que dans le choix des couleurs, étonnants. Et quelle créativité dans la variété des ennemis ! Les dénombrer prendrait beaucoup de temps, mais force est de constater que le design de chaque entité varie autant que son comportement. Les boss ne sont pas en reste, et l'espèce de, de, de... chose à la fin du premier niveau, sorti du fond des océans pour se nicher dans l'espace réveille à coup sûr nos peurs infantiles et indicibles. Là encore, à mille années lumière de leur création précédente, les Bitmap Brothers ont trouvé ici leur marque de fabrique, ce style graphique si particulier qui leur est propre : deux couleurs en constante opposition, décors composés de figures géométriques en relief, et animations très détaillées. Les tâtonnements de cette orientation artistique ont pu être aperçus dans Speedball qui a été développé entre temps, notamment sur le dessin des joueurs. Tout ce travail de recherche visuel, avec les codes graphiques établis par Xenon II, on le retrouvera dans Speedball II Brutal Deluxe, Gods, Magic Pockets, The Chaos Engine, et même Z... Xenon II Megablast va également marquer pour de bon le style des Bitmap Brothers avec son environnement musical. L'unique thème du jeu a été composé par le groupe anglais Bomb The Bass, spécialisé dans le Breakbeat et dans le Big Beat (cf. fin d'article). Et il faut bien le dire, la mélodie reste gravé dans la tête pour des années ! L'ambiance électro colle parfaitement au jeu, et constituera également une constante dans les futures créations Bitmap Brothers (Gods, The Chaos Engine... vous connaissez la liste). Reste sa difficulté, harassante. Le dénuement du vaisseau, au démarrage du jeu, face aux hordes ennemies qui déboulent à toute vitesse et sans prévenir en décourageront plus d'un, tant il est vrai que la maigre barre de vie fond comme neige au soleil. Avec un peu plus de moyens, l'affaire a tendance à s'équilibrer, mais pas pour longtemps, le jeu mettant en place des dispositifs vraiment vicieux pour couler le joueur. Le masque de collision se limite fort heureusement au vaisseau et ne s'applique pas à ses satellites, mais il reste suffisamment grand pour se prendre régulièrement en pleine poire l'adversité, qui se complait curieusement à vous foncer dessus. Frustration suprême, la perte d'une vie oblige le joueur à reprendre depuis un checkpoint automatique ; donc, si vous vous êtes fait latter à cause d'un passage pénible, vous serez obligé de le traverser à nouveau... Et s'il n'y avait que les ennemis ! Le terrain s'y met aussi, certains passages étant conçus comme un labyrinthe avec de nombreux culs-de-sac. Originalité du soft, des retro-fusées permettent de faire machine arrière, et de forcer le scrolling à reculer. Le problème consiste alors à éviter les bestioles qui débarquent du bas de l'écran, et que l'on ne voit pas à tous les coups. Cette option devient de toute façon inutile, la meilleure solution consistant à apprendre les passages par cœur afin d'éviter ce genre de situation suicidaire. Xenon II Megablast a fait non seulement le bonheur des possesseurs d'Amiga et d'Atari, mais également de Pécé et de MasterSystem. Si ces deux dernières conversions sont bien évidemment inférieures à l'originale, avec un chipset sonore en-deçà de l'Amiga et de l'Atari, un scrolling plus poussif et un décor de fond bien vide, il n'empêche qu'elles ont eu le mérite d'exister sur deux supports bien pauvres en shoot'em up de qualité. Sorti également sur Megadrive, on était en droit d'attendre une adaptation aussi fidèle que l'original ; malheureusement, celle-ci n'a pas bénéficié de soins particuliers, renvoyant les fans du genre vers le mythique Thunder Force. Une version Gameboy a enfin vu le jour, adaptée aux limitations de la console portable. Xenon II Megablast a sans nul doute marqué son époque et son genre par sa réalisation de très haute qualité. Mais au-delà de son existence, c'est surtout pour les Bitmap Brothers le véritable début d'une grande success story. Bonus : pour les amateurs, voici la trackilst de l'album, dénommé Into The Dragon, où figure le morceau Megablast qui a servi pour Xenon II. Un maxi-cédé Megablast est même sorti, avec notamment deux versions différentes du thème. Bomb The Bass - Into the dragon (1988 rhythm king dood lp cd 1) À noter que le sample se fonde sur le thème principal du flim de John Carpenter de 1976, Assaut (Assault on Precinct 13) ; Bomb The Bass l'indique d'ailleurs dans le sous-titre du morceau. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (33 réactions) |