Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (28 février 2016)
En matière de jeu de plates-formes, je suis surtout un habitué des jeux Nintendo, comme peuvent en témoigner les quelques articles que j'ai pu écrire pour le site. Pourtant, dans ce panthéon tout personnel que je me suis construit au fur et à mesure des années, il est un nom venu de l'autre camp, de chez Sony particulièrement, et qui côtoie les dinosaures, les singes et les plombiers : Crash Bandicoot 2: Cortex Strikes Back. Ce n'était pas là mon premier contact avec le rongeur de Naughty Dog : un CD de démos, glané dans je-ne-sais-quel magazine, me l'avait présenté mais j'étais alors loin d'être convaincu. Il faut dire que je découvris la Playstation finalement assez tard, et Super Mario 64 et Banjo-Kazooie étaient déjà passés par là. D'autres, avec d'autres histoires, auront vu alors de la beauté et de la nouveauté ; je ne voyais là que de la redite et de la contrainte. Et puis, en voyant, toujours dans ces mêmes magazines, des retours très positifs sur le second épisode, je m'y risquai, et je l'aimai absolument. La forme, pourtant, ne changeait quasiment point, du moins en surface : mais j'y trouvais là, comme je vais le montrer, suffisamment de qualités pour passer outre la pompe et la reprise. Bon, cela est pas mal, mais l'aventure attend ! Attention, ça tourne !La série des Crash Bandicoot s'appuie sur une série de principes fondamentaux que l'on retrouve, quasiment tels quels, depuis le premier épisode de la série. Il est déjà un article dédié à un épisode sur le site, je n'en dirai donc ici que le strict minimum. On aura qualifié la perspective employé par le jeu de « deux dimensions et demie ». Effectivement, Crash Bandicoot, premier du nom, arriva à un moment particulier de l'histoire du jeu vidéo, et du jeu de plates-formes en particulier : celui du passage de la deuxième dimension à la troisième. On sait effectivement que nombreuses furent les morts, mais aussi que nombreux furent les succès ; l'ingéniosité, surtout, avec laquelle les développeurs élaborèrent de nouvelles formes est à reconnaître. Naughty Dog choisit dès lors de privilégier la fluidité de la progression et le rythme de l'aventure à des environnements plus ouverts : le joueur navigue en effet sur un chemin prédéterminé, allant généralement du bas de l'écran vers son sommet, en évitant différents obstacles apposés sur sa route, en collectant les bonus et en détruisant, avec l'attaque-tourbillon qui sera sa signature, les ennemis et les caisses qu'il rencontrera. On a peut-être tendance à l'oublier, mais Crash Bandicoot a représenté à son arrivée dans la culture populaire l'irrévérence et la fougue adolescente, la puissance : tout comme Sonic en son temps, Crash Bandicoot jouait cette carte de la folie qui empruntait tant à MTV qu'à Jackass. Tous ses mouvements sont alors dirigés vers cet objectif : la tornade avec laquelle il détruit les ennemis et éclate les fameuses caisses de bois qui n'ont jamais été plus diverses, fait référence autant au diable de Tazmanie de la Warner qu'à une technique de catcheur de la WWF ; ses grimaces rappellent tant celles d'un acteur du cinéma muet que les explosions inquiétantes de Daffy Duck, première génération. Jouer à Crash Bandicoot, c'est avant tout jouer Crash Bandicoot : c'est le voir partir à toutes berzingues face au danger, glisser avec assurance sur la glace fragile ou se faire méchamment cool harnaché à un jetpack (mais qui ne le serait point ?). On va lâcher les caissesIl ne faut pas entendre ce terme de « facilité » d'une façon péjorative, au contraire : c'est précisément parce qu'elles manquaient au premier épisode, je pense, que je l'avais repoussé. Considérons les deux plus évidentes : de prime abord, la variété des environnements. Le decorum tropical de Crash Bandicoot, premier du nom, créait une forme de monotonie chez le joueur, du moins, lui donnait l'impression de constamment parcourir cette jungle générique et ce bien que l'on explorât des châteaux forts ou des laboratoires déments. Dans cet épisode en revanche, cette monotonie survient bien plus tard dans l'aventure, si jamais on la ressent. La seconde de ces grandes facilités, c'est la revisite intégrale du système de sauvegarde. Les mots de passe ne sont plus d'actualité, on le comprendra ; mais, surtout, les différents chekpoints enregistrent bel et bien notre progression dans le niveau et notamment les caisses que nous avons détruites jusque-là. Ces caisses contiennent certes différents bonus, mais elles sont surtout nécessaires pour obtenir des gemmes secrètes débloquant les derniers niveaux du jeu et accéder à la true ending ; et généralement, il faut toutes les détruire pour ce faire. Dans le premier épisode, vous vous deviez d'atteindre cet objectif en une seule et unique vie, la moindre erreur réinitialisant votre décompte. Dans CB2, point de ceci, ce qui rend la complétion du jeu bien plus aisée. À dire vrai, il n'était guère possible de faire autrement, car le jeu sait se faire incroyablement difficile dans ses phases les plus avancées. Quand bien même ne chercherait-on point à briser toutes les caisses ou à collecter toutes les gemmes, les niveaux se font en eux-mêmes très pervers. Crash meurt en un coup, certes, mais on en a vu d'autres ; c'est surtout que les développeurs ont pris un sadique plaisir à créer des courses d'obstacles exigeant une belle maîtrise de la manette. Encore une fois, on notera l'amélioration au regard de l'ancêtre : et autant, jadis, la profondeur de champ n'était pas toujours en faveur du joueur, la perspective étant particulière et embuée parfois, autant, ici, les choses se sont clairement améliorées. Chaque chute, chaque mort est de notre chef et l'on recommence alors avec rage et détermination. Ukata !Au décor, ajoutons volontiers les musiques : et celles-ci, composées par Josh Mancell qui avait déjà officié sur le premier épisode et reviendra dans la série des Jak and Daxter, font sans doute partie des plus belles de la console. Il est parfois difficile de les décrire, mais je dirais qu'elles oscillent régulièrement entre l'insouciance d'une aventure amusante, l'intrigant des mystères à dévoiler et l'inquiétant d'un danger proche. Tout particulièrement, le thème du monde des égouts, aux percussions entêtantes, ou encore celui du monde gelé comptent parmi mes favoris, tout jeu ou support confondu. Le support CD y est sans doute pour quelque chose, et le seul défaut que je peux véritablement trouver à ces airs, c'est qu'on est souvent tenté de poser la manette pour en profiter sans bruitages ou sons parasites. J'ai parlé rapidement de la jouabilité plus haut, précisons un chouïa les choses : outre ses mouvements antérieurs, Crash peut à présent se baisser et avancer à croupetons, glisser, tomber lourdement au sol ou profiter d'un saut augmenté, autant en hauteur qu'en longueur. Ces mouvements seront utilisés ponctuellement, face à certaines situations ou pour vaincre certains ennemis, mais surtout pour obtenir les derniers secrets ou encore et venons-en, pour vaincre les boss. Le plaisir de Crash Bandicoot 2 vient de son personnage avant tout, de sa joie de vivre comme je le disais, de la traversée des environnements et de la découverte de ses nombreux secrets. Nostalgie à part, je pense sincèrement qu'il s'agit là, à l'instar de Donkey Kong Country 2, du plus agréable des épisodes de cette série qui aura marqué son époque. Tout en lui est parfait, je n'ai pas de réels griefs à son encontre, au contraire de ses autres représentants sur Playstation. L'épisode fondateur, bien qu'agréable, est un coup d'essai ; quant à sa suite, Crash Bandicoot 3: Warped!, je trouve qu'elle faillit par excès, cherchant à proposer bien trop de choses, de challenges, d'objets, de mondes pour ne pas en sortir dégoûté comme après un buffet de campagne. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |