Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (29 mars 2011)
1994. Alors que Capcom vient de clôturer le cycle Street Fighter II avec le cinquième épisode intitulé Grand Master Challenge (SSF2X), et a lancé une toute nouvelle série de baston en arcade, Vampire (Darkstalkers), on pouvait s'attendre à une fin d'année paisible de la part de la firme japonaise. En effet, l'année 1995 promettait d'être riche en évènements capcomiens, tous les magazines et les fans de Ryu et Ken guettant la moindre info sur un hypothétique Street Fighter III (qui s'avèrera finalement être Street Fighter Zero). Mais Capcom, décidément très prolifique, tente le « hat trick » du beat'em up arcade et largue en ce mois de Décembre 1994 une troisième bombe visant tout particulièrement le marché occidental : X-Men Children of the Atom. On se retrouve alors avec trois blockbusters du boss de la castagne au joystick sur le support CPS-2, le tout en moins de 12 mois ! Et si l'on rajoute les beat'em all Armored Warriors, Alien vs Predator et Dungeons & Dragons : Tower of Doom, on peut qualifier l'année 1994 de magique pour les joueurs d'arcade amateurs de Capcom. Mais attention : à trop vouloir proposer des titres concurrents, Capcom ne doit pas se louper quant à la qualité de ceux-ci. X-Men COTA peut-il rivaliser avec Street Fighter et Vampire ? X-Men COTA se fonde sur l'univers des mutants X-Men de Marvel Comics, et qui peut se résumer rapidement ainsi : l'humanité moderne cache au sein de sa population des êtres dont le code génétique a évolué, leur conférant des pouvoirs et des habilités hors du commun. Ces mutants, comme on les appelle, sont souvent vus comme des anomalies par leurs proches, et se retrouvent bien souvent rejetés de la société. Le Professeur Xavier, scientifique spécialisé dans le phénomène, a mis au point une technique pour les détecter, et fonde les X-Men, une académie recueillant les mutants et leur proposant de maîtriser leurs pouvoirs. Les meilleurs d'entre eux rejoignent les équipes X-Men, qui se battent contre de multiples menaces, pour les mutants comme pour les humains. Les X-Men défendent la théorie de l'harmonie entre les humains et les mutants. En opposition aux X-Men, se trouve Magneto, un ancien compagnon du Pr Xavier, et qui lui ne croit pas à son utopisme. Magneto cherche à fonder un havre de paix pour les mutants par tous les moyens, même si cela implique l'éradication ou l'asservissement des humains. De cette base scénaristique va naître une des plus formidables sagas des comics Marvel, créée en Septembre 1963 (Uncanny X-Men #1) par Stan Lee et Jack Kirby, et qui continue encore de nos jours, développant et complexifiant toujours plus l'univers créé. Capcom, pour sa première tentative d'adaptation de la licence Marvel, va se concentrer sur la première période X-Men, en retenant un casting de 10 protagonistes (+ 2 boss) emblématiques de la série. Comment Capcom a pu s'y prendre pour appliquer sa recette miracle Street Fighter II à l'univers Marvel et aux capacités extraordinaires des X-Men ? En partant tout d'abord des fondamentaux : la jouabilité Street Fighter II. 6 boutons, 3 poings, 3 pieds, garde arrière, balayage, et coups spéciaux à base de quarts de cercle : si vous savez jouer avec Ken et Ryu, vous saurez jouer à COTA. Partant de cette couche technique, Capcom va réussir le tour de force d'y intégrer toutes les spécificités des X-Men, rapidement présentées dans l'introduction fort jolie du jeu. Primo, les combats musclés et nerveux des X-Men se sont traduits par des possibilités récentes introduites dans Vampire : les personnages peuvent courir instantanément, faire des bonds d'esquive en arrière ; ils sont désormais capables de se décaler au sortir d'une chute, de bloquer les coups en plein air, et même de contrer une prise. Chacun d'entre eux peut également bondir dans les airs à une hauteur vertigineuse, l'adversaire étant alors représenté plus bas par un symbole ! Le gameplay aérien vient d'être réellement inventé, et il est même possible d'effectuer des coups spéciaux dans ce nouvel espace, toujours à l'instar de Vampire. Parlons-en, des coups spéciaux. Afin de s'adapter à cette nouvelle configuration de terrain, quasiment tous les protagonistes possèdent des variations de coups selon le bouton utilisé. Par exemple, là où Ryu envoyait une boule de feu de vitesse variable selon le bouton de poing utilisé, Iceman, lui, enverra un rayon de glace dans une direction différente ! Chaque protagoniste possède 2 ou 3 coups spéciaux, aux effets dévastateurs : laser optique pour Cyclops, téléportation pour Psylocke, échange de position pour Spiral, et même le vol pour Storm et Magneto. Les coups de base, eux sont d'une puissance folle, certains pourraient même être qualifiés de coups spéciaux (le poing fort de Cyclops envoie un tir optique, le pied fort d'Iceman crée une vague de glace au sol). Autre évolution, tirée de Super Street Fighter II, les combos. Dans COTA, les enchaînements sont rois, au sein d'un coup spécial mais surtout à partir des coups de base, pensés spécifiquement pour cette façon de jouer. Pas de temps mort, une vitesse de jeu dopée aux stéroïdes, X-Men COTA enfonce ses prédécesseurs et ses concurrents dans le domaine des combats furieux. Qui dit X-Men dit super pouvoirs, et dans le jargon Capcom, cela signifie barres de super ! La jauge compte non pas un mais deux niveaux de charge. Une fois le premier niveau rempli, il est possible d'activer une X-Ability qui peut faire la différence : Wolverine devient beaucoup plus rapide, Psylocke se multiplie, Colossus renforce son armure. Et bien sûr, au niveau maximal, la Super X est déclenchable : Mega Optic blast pour Cyclops, Artic Attack pour Iceman. Ces attaques sont dévastatrices et en mettent plein la vue. Parce qu'en plus, il est totalement réussi graphiquement ! Au-delà de l'aspect technique, Capcom ne pouvait se rater sur les graphismes, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il en jette. Les héros sont reconnaissables immédiatement, avec leurs tenues d'origine, grâce à des sprites de belle taille et correctement proportionnés. Et les animations ! À l'instar de Vampire, chaque personnage apparaît au combat par une saynète qui lui est propre, et qui colle parfaitement au personnage : Wolverine sort ses griffes de rage, Storm arrive en volant. Immersion totale garantie. Durant la préparation de l'affrontement, il est possible de déplacer son personnage, afin de commencer le match au plus près de l'adversaire, ou au contraire en étant le plus éloigné possible de lui. Et la qualité des mouvements garde un niveau maximum pendant le combat, jamais les coups n'auront été aussi détaillés, un vrai dessin animé. Comble du détail, il n'y a pas de coupure entre les rounds : le vaincu se relève pendant l'annonce de la manche suivante. Non-stop action, qu'on vous dit ! Afin de parfaire le tableau, notons des stages particulièrement soignés, chacun d'entre eux étant affecté à un des personnages du jeu. Capcom ayant bossé son hit dans les moindres détails, les environnements raviront les connaisseurs : baston à Genosha pour Sentinel, Cyclops vient prendre n'importe qui dans la Danger Room du Pr Xavier, tandis qu'Avalon sera le lieu final contre Magneto. Non seulement chacun d'entre eux fait preuve d'animations jamais vues (scrolling permanent pour celui d'Iceman, sur un iceberg à la dérive à Miami en plein été, changements radicaux d'environnements pour la Danger Room, ascenseur sous-marin pour Omega Red jusqu'à des profondeurs abyssales), mais subissent des modifications en cours de combat, et pas seulement d'ordre graphique : deux d'entre eux changent de plan façon Mortal Kombat 3. Celui de Colossus, qui commence sur un pont, verra celui-ci s'écrouler sous les coups répétés du combat, pour se poursuivre sur une péniche (tandis que les forces de police affrontent les sentinelles devenues incontrôlables). Quant à celui de Spiral, dans la dimension Mojo, il est possible de descendre jusqu'à 3 niveaux plus bas, occasionnant à chaque fois des chutes spectaculaires, dont chacun peut tirer parti pour castagner l'autre pendant la descente ! Côté sons, les voix digitalisées sont parfaites (certains doubleurs sont officiels depuis les dessins animés), les musiques tirent elles parti du système Q-Sound de la CPS-2 pour nous offrir des mélodies qui collent parfaitement à l'action. Alors, coup d'essai, coup de maître ? Parfaitement, j'ose l'affirmer, X-Men COTA est une pépite, un joyau, la démonstration que l'univers gigantesque et démesuré des X-Men peut être adapté en jeu de baston, qui plus est par un studio nippon. Une critique ou deux tout de même, histoire de rester un peu objectif ? Ok, vraiment parce que c'est vous. Dans le rayon peut mieux faire, je citerai tout de même un certain déséquilibre des coups, ceux de contact étant bizarrement trop puissants. Un balayage enlève une part considérable de la barre de vie de celui qui tombe, et lorsqu'on sait qu'on peut frapper la victime à terre (avec un deuxième balayage, par exemple), c'est l'application directe d'une double peine un peu sévère. Dans un domaine plus général, X-Men COTA est un jeu difficile, il n'est pas rare de se prendre une vraie tôle dès le deuxième affrontement. Battre certains ennemis relève du vrai défi, je pense surtout à Sentinel, une plaie notoire, Wolverine n'est pas mal non plus. Quant à Juggernaut et Magneto, les deux boss du jeu, je vous souhaite bon courage pour les vaincre. X-Men COTA a été adapté sur trois supports : sur Saturn, tout d'abord, dans une version totalement identique à l'arcade (comme toutes les adaptations Capcom sur la machine Sega), un vrai bijou. S'en suivent une version PSX et PC portées toutes les deux par Acclaim ( ??), plutôt bien foutues (pas de version japonaise pour la PSX). Enfin, une anecdote : au-delà des deux boss sélectionnables avec un code, X-Men COTA contient un personnage caché de marque qui vient à peine de faire ses marques : Gouki (Akuma), de Super Street Fighter II X ! Afin de pouvoir donner le change, il a été légèrement adapté de sa version initiale : boules de feu ultra-rapides, uppercut à flammes noires, et super boule de feu sont ses atouts. Sa présence annoncerait-elle un futur cross-over ? Réponse dans deux pages. Personnages
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