Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Deux événements auront marqué l'année 1996 : l'obtention de mon BAC, et la sortie du titanesque X-Men Vs Street Fighter, qui aurait pu me faire échouer aux épreuves finales de mon année de terminale. Oui, 1996, où comment Capcom, touché par la grâce de l'âge d'or du beat'em up en arcade, va enterrer la concurrence avec son premier cross-over d'anthologie. Après deux épisodes fantastiques fondés sur les licences Marvel, et les quelques caméos secrets de personnages Capcom, l'impensable, le fantasme, l'onirique déboule sans prévenir dans nos salles d'arcade préférées : la rencontre improbable des deux univers Street Fighter et X-Men. Passé l'effet de surprise, l'on peut se demander du bien-fondé d'une telle entreprise, tant au plan scénaristique qu'à celui de la cohérence du cross-over. La réponse est simple : ne les cherchez pas, il n'y en a pas. Ce n'est certainement pas le but. Du moins côté Street Fighter, c'est certain, l'épisode ne rentre pas dans le canon officiel. Côté X-Men, le concept est déjà plus intégrable : l'univers des mutants est coutumier des notions de réalités alternatives, et de nombreuses séries mineures se fondent sur l'intégration des X-Men dans des univers totalement anachroniques et farfelus : Marvel 1602 (époque des grands navigateurs), Marvel Noir (façon polars), voire Marvel Zombies. Alors, si l'on voulait chercher une once de cohérence, il faut prendre X-Men Vs Street Fighter comme une aventure des X-Men dans une réalité alternative... celle de Capcom, dans sa période Street Fighter Zero, dont le style graphique est assez compatible avec celui de la série X-Men. Ou alors c'est le contraire. Allez savoir. De toute façon, il faut bien garder à l'esprit qu'il s'agit d'un jeu de la série X-Men, sinon, il se serait appelé Street Fighter Vs X-Men. Mis à part le titre, de nombreux détails vont le prouver. Tout d'abord, le contexte, enfin, les légères références à celui-ci, Capcom n'ayant pas franchement cherché à doter son bébé d'un scénario, fondant tout le concept sur l'affrontement des univers. L'introduction, très dynamique, ne fera qu'appuyer la dualité du jeu. Néanmoins, XMVSF introduit, au-delà de trois nouveaux personnages X-Men, un boss très particulier : Apocalypse, l'un des ennemis les plus puissants des X-Men, responsable d'une période assez longue et très difficile pour Cyclops et sa bande. En effet, Apocalypse a réussi à dominer le monde dans une version alternative de la réalité X-Men, Age of Apocalypse (voir sa bio plus bas). Notez l'absence d'un quelconque boss Street Fighter, même si Bison/Vega fait partie du casting, le grand méchant du jeu, c'est Apocalypse. Côté X-Men, du grand classique, avec cinq revenants de COTA : Cyclops, Storm, Wolverine, Magneto et Juggernaut, et trois nouveaux bienvenus : Sabretooth la némésis de Logan, Gambit le beau gosse cajun et Rogue la petite cadette. Un sans-faute, très bien équilibré entre spécialistes du corps à corps et adeptes du combat à distance ! Côté Street Fighter, un casting très Super Street Fighter II avec une touche Alpha/Zero : Ryu, Ken, Chun-li, Dhalsim, Zangief pour les membres fondateurs, mais aussi Cammy, Charlie et Bison version Street Fighter Alpha. Et Akuma/Gouki en personnage caché. XMVSF va exploiter son concept de cross-over jusqu'au bout de son gameplay, et ce sur de nombreux points. Le principal, celui qui va rendre le titre culte, c'est la sélection des personnages : sur 17 présents (8 X-Men, 9 SF – Akuma/Gouki s'est encore caché), le joueur est invité à en choisir deux ! Capcom vient d'inventer le Tag Battle, un système de jeu que l'on retrouvera régulièrement chez la concurrence (Fu'un, Tekken Tag Tournament, Dead Or Alive 3, KOF 2003...). Késako ? Dans XMVSF, il n'y a pas de notion de round, chaque affrontement est unique. Le but consiste à éliminer les deux adversaires de l'équipe adverse, dans un système de combat un contre un, en sachant que chaque combattant peut être remplacé à tout moment par son coéquipier par une simple pression sur les deux boutons forts. Celui qui est au repos voit sa barre de vie remonter doucement dans la limite d'un intervalle de récupération (intervalle qui disparaît lorsqu'il remplace son partenaire). Lorsque le premier personnage est vaincu, le second le remplace automatiquement. Ensuite, les règles de combat sont héritées d'X-Men COTA, et appliquées aux Street Fighters : hypersauts, course et esquives rapides arrières, coups spéciaux en l'air, et supers apocalyptiques fondés sur les manips de XMCOTA (un seul quart de tour avec deux boutons). Ryu nous sort donc des super boules de feu en forme de kamehameha, il n'en fallait pas moins face aux brutes d'X-Men ! Ajoutez à cela la possibilité de sortir des super combinés dès que l'on a une barre de super de niveau 2 (quart de tour avant + les deux boutons forts, la manip est la même pour tout le monde), un counter qui fait intervenir le partenaire et de nouvelles possibilités de combos pouvant aller jusqu'à 8 coups au sol et/ou dans les airs, et vous verrez que les combats de XMVSF sont tout simplement dantesques. Simple, non ? Et ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce gameplay va insuffler à XMVSF un dynamisme d'action jamais vu. L'action se veut frénétique, voire épileptique, c'est jouissif à l'extrême ! S'il y a bien un jeu qui met la pêche, c'est celui-là. Tous les éléments sont dynamiques : intro, musique, coups, animations, présentation des combats... on peut même déplacer son personnage pendant l'annonce du « fight » ! Chaque personnage vaincu rebondit jusqu'à sortir du décor pour laisser la place à son compagnon. La voix off du jeu a des intonations de commentateur de catch. C'est dit, ce jeu est une merveille, témoin d'une maîtrise totale de son sujet par Capcom. L'animation de chaque élément du jeu est poussée à son maximum, il n'y a aucune faute de goût dans les couleurs, les graphismes, les styles. Le combat final contre Apocalypse, plus facile qu'il n'y paraît, est un parfait climax au jeu. Les fins sont essentiellement parodiques, signe que XMVSF ne se prend pas au sérieux. XMVSF a été parfaitement adapté sur Saturn (version japonaise uniquement), dans une conversion « arcade perfect » grâce à l'ajout d'une cartouche de 4Mo de RAM supplémentaires à insérer sur la console avant de lancer le jeu. Cette version est incroyable : sprites énormes, aucun temps de chargement, c'est l'un des meilleurs jeux d'arcade à la maison. Ce jeu justifie à lui seul l'achat d'une Saturn. XMVSF a été également adapté sur PSX, avec beaucoup moins de bonheur. La machine de Sony n'étant pas réputée pour ses prouesses en deuxdé, et ne pouvant bénéficier d'ajout externe de RAM, cette version labélisée « EX Edition » tient de la rigolade : au-delà des sprites réduits, des animations saccadées, des ralentissements et des temps de chargements excessifs, la notion de tag battle a disparu ! On retrouve un système classique de round, un mix en celui de Rival Schools et The King of Fighters. Cette version est à éviter comme la peste. Personnages
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