Mastodon
Le 1er site en français consacré à l'histoire des jeux vidéo
Pokémon - Les Jeux Consoles (1)
Année : 1998
Système : N64
Développeur : Game Freak
Éditeur : Nintendo
Genre : Action / Aventure / Puzzle

B - Les jeux console (1)

Ce qui était devenu au fur et à mesure du temps une habitude chez Nintendo avec notamment Mario le sera également pour Pokémon : il y a la série « canonique », et il y a les « autres jeux ». Il est cependant relativement facile de distinguer, du moins pour les deux premières générations, quels jeux appartiennent à la série primordiale et ceux qui ne font, finalement, que « compléter » l'univers : les premiers sont uniquement sortis sur Game Boy, les autres sur N64 et ce de façon (quasi) exclusive. Il serait pourtant réducteur, et entièrement faux, de considérer ces épisodes annexes comme n'étant, finalement, que des « pompes à fric ». Certes, il faudrait cette fois-ci être aveugle pour ne pas voir que Nintendo a désiré rentabiliser au maximum sa nouvelle licence, et permettre à la N64, largement en retard vis-à-vis du rouleau compresseur Playstation, de se vendre par camions. Mais ces épisodes, aussi loin de l'esprit des jeux originaux puissent-ils être, ont permis ponctuellement d'apporter de nouvelles idées réutilisées ensuite dans les générations suivantes : aussi peut-on les considérer comme des façons de « terrains d'expérimentations » pour les game designers.
Au sein de ce qu'on peut appeler des spin-off se distinguent deux grandes catégories : les jeux qui permettent de faire des combats de pokémons, et ceux qui se servent de cet univers pour proposer un nouveau gameplay. J'ai personnellement privilégié la première catégorie, car plus proche du concept de base ; mais j'ai appris depuis que les autres opus se distinguent de bien des façons. Ce premier « intermède » au dossier de base se concentrera sur cinq jeux : les deux (en réalité trois) Pokémon Stadium, Pokémon Snap, Hey, You, Pikachu! et enfin Pokémon Puzzle League, de loin le plus intéressant des épisodes annexes.

Vous ne le savez pas encore, mais vous venez d'entrer dans le « Pokémon World »...

B.I - La saga Pokémon Stadium

À cette époque, je parle donc de la fin des années 1990 et du début des années 2000, les fans de Pokémon du monde entier, moi le premier, n'avaient qu'une seule envie : voir leur série favorite être transposée sur N64 afin d'arpenter le monde des jeux, de capturer et de faire combattre leurs créatures favorites en trois dimensions. Je me rends compte maintenant que le principe des jeux de base était tellement adapté à la portable de Nintendo que la transposition était, pour ainsi dire, impossible ; et même avec les épisodes plus récents qui ont vu le jour sur GameCube, aucun équivalent « salon » des jeux portables n'a été réellement convaincant. Alors, plutôt que d'adapter de façon bête et méchante ces jeux sur console de salon, Nintendo a tâché de les accommoder ce qui a donné des titres en demi-teinte, sympathiques mais décevants pour de nombreuses raisons.
La saga Stadium compte trois épisodes, le premier n'ayant jamais dépassé les frontières du Japon. Le premier épisode, Pocket Monster Stadium sortit le premier août 1998 et était prévu tout d'abord pour le fameux 64DD ; du fait de l'échec de cet add-on, il vit le jour en cartouche. Pour des raisons sur lesquelles l'on reviendra, il laissa rapidement sa place à Pocket Monster Stadium 2, appelé alors Pokémon Stadium aux États-Unis et en Europe et sortit entre 1999 et 2000 (30 avril 1999 pour le Japon, 29 février 2000 aux USA et 7 avril en Europe). Le 14 décembre 2000 au Japon sortit Pokémon Stadium Kin Gin, rebaptisé ensuite Pokémon Stadium 2 pour le reste du monde (28 mars 2001 aux États-Unis, 19 octobre 2001 en Europe). Le principe de cette série est simple : il s'agit, pour parler platement, de transposer le principe des « combats link » sur la console de salon, en conservant le principe du « tous les pokémons sont au même niveau ». Les pokémons s'affrontent dans des arènes en trois dimensions, se meuvent, bougent en trois dimensions et, pour parfaire l'immersion, des commentateurs décrivent en voix off les différents moments des combats. Il faut noter que les voix ont été ainsi entièrement doublées pour la version française, voix qui apparaissent très comiques aujourd'hui mais il faut bien reconnaître cela : Pokémon Stadium est à ma connaissance le seul jeu (avec... Pokémon Puzzle League) sur N64 où l'on peut entendre des voix en français.


Ne vous laissez pas abuser par les pads sur les boîtes, l'on ne peut jouer à quatre que pour les minis-jeux...

Le joueur se doit donc de participer à plusieurs championnats de pokémons afin de gagner des trophées. Ses adversaires, sans réelles surprises, sont soit des dresseurs « classiques », soit des champions d'arène (y compris les maîtres des ligues) soit encore le rival du héros. Il n'y a aucun choix, aucune alternative : l'on se contente d'avancer et d'enchaîner les combats, encore et encore. Bien entendu, il y a plusieurs modes de difficulté, certains se débloquant une fois toutes les coupes remportées. Outre ce mode principal, sur lequel je reviendrai car il s'agit sans aucun doute de celui que l'on pratique le plus, il existe, en vrac, des mini-jeux mettant en scène des pokémons et qui consistent pour la plupart à matraquer les touches de la manette le plus vite possible, à la façon d'un Track'n Field ; un mode de jeu où deux joueurs humains peuvent s'affronter ; des petits slides-shows pour contempler les modèles 3D de ses bestioles... Rien de bien folichon. Ah, si, il est possible de jouer à Pokémon, le vrai, sur sa N64.

Eh oui ! La Super Nintendo avait le Super Game Boy, la Game Cube aura le GB Player, la N64 a le Transfer Pack, judicieusement offert pour tout achat de Pokémon Stadium premier du nom. En définitive, peu de jeux auront pleinement tiré partie de cet accessoire (sur Wikipedia, seuls 17 jeux sont référencés, dont 11 uniquement au Japon, c'est dire...). Il ne s'agit pas, à proprement parler, de l'utiliser comme on utilisait le Super Game Boy afin de jouer sur sa télévision aux jeux Game Boy mais plutôt d'utiliser le module, qui se branchait sur la manette de la N64 au même titre que la carte mémoire ou le Rumble Pak afin de transférer des informations du jeu portable au jeu de salon, ce qui explique le peu de compatibilité : il fallait en effet un jeu existant sur les deux consoles pour que le miracle se produise.
En branchant alors sa cartouche de jeu dans la manette (uniquement Rouge, Bleue ou Jaune pour Stadium, toute version des deux premières générations pour Stadium 2), de nouvelles fonctionnalités se débloquaient, notamment la possibilité de jouer au jeu original sur sa télévision (il m'est arrivé de le faire une ou deux fois, mais je me suis rendu compte qu'avec le pad N64 en main, cela n'était vraiment pas agréable), de réorganiser les pokémons capturés plus facilement que sur Game Boy (cela est très utile, justement car l'ergonomie des jeux, comme je l'ai précisé plus haut, n'est vraiment pas à la hauteur) mais surtout, surtout ! de transférer ses bestioles capturées et élevées avec amour dans le jeu afin de participer aux coupes dont je parlais plus haut. Cela n'a l'air qu'un gimmick de plus, mais je peux vous assurer, et sincèrement vous assurer, que la première fois que j'ai vu mon Alakazam s'animer à l'écran, je n'y croyais pas. Ajoutez à cela une réalisation très propre pour de la N64 (en même temps, elle n'a pas grand chose à calculer...) et des jolis dessins pour illustrer les menus, et nous avons là le jeu nécessaire pour tout fan de Pokémon, à l'exception d'un seul, d'un minuscule petit détail.

Le fameux Transfer Pak, et un exemple de mini-jeu.

J'ai parlé plus haut de la première version japonaise. Celle-ci fut considérée comme une insulte pour les joueurs dans l'archipel, car sur les 151 pokémons de base, l'on ne pouvait en sélectionner que... 42. L'on peut bien se moquer de Sony qui vend un Gran Turismo 5 Prologue, Nintendo n'avait pas hésité à l'époque à vendre au prix cher une version bêta ! Bien entendu, cela fut corrigé. Mais les joueurs, surtout, jugèrent le titre trop difficile. S'entend, les joueurs japonais ont trouvé le jeu trop dur. Des joueurs que l'on considère comme faisant partie de l'élite, ceux pour lesquels des titres comme Dodonpachi ou Tetris Grand Master ont été créés justement pour leur donner un challenge à la hauteur de leurs capacités.
Alors oui, dans Pokémon Stadium, le joueur peut sélectionner 151 pokémons. Et même sans les transférer, il y a une « banque de données » de pokémons pré-établis pour compléter son équipe ou la monter de toutes pièces, et deux grandes catégories de ligue, celle « Niveau 50 » et celle « Niveau 100 », déterminant le niveau des bestioles qui vont alors s'affronter. Je vous dresse le tableau : je sélectionne le Niveau 100, je transfère toutes mes bêtes qui étaient au niveau 100 de toute façon, je débute le jeu, Voltali face à un Magicarpe, la « bête de course » face au pokémon le plus faible du jeu et... je perds lamentablement.

Magicarpe (°129) est réputé comme étant le pokémon le plus faible de tous, y compris aujourd'hui. S'il n'évolue pas, il ne pourra jamais apprendre que trois attaques, dont l'une qui n'a strictement aucun effet. C'est vous dire l'humiliation...

Je ne sais pas ce qui s'est passé, et même encore aujourd'hui je ne sais toujours pas ce qui se passe. Le jeu est impossible à terminer. Des combats qui, logiquement, ne devraient poser aucun problème sur portable ou en combat link « régulier » deviennent incroyablement difficiles sur N64. Il y a déjà le problème du switch : d'ordinaire, quant l'adversaire change de pokémon, le jeu vous en informe et vous avez alors la possibilité d'en changer vous-même, histoire de jouer la stratégie. Cela vous permet de ne pas perdre de tour : sans cela, si vous changez un pokémon au sein d'un combat, vous « perdez un tour » et l'adversaire, grosso modo, a droit à un coup gratuit. Dans les épisodes N64, cette option n'existe pas. Certes. Mais quand toutes les attaques de l'adversaire portent et qu'aucune des vôtres ne fonctionne, qu'un Sabelette met à terre un Dracaufeu sans le moindre effort, quelque chose ne va pas.
Je ne peux, et je le dis sincèrement, reposer mes yeux sur ces jeux. Ils sont frustrants. Ils sont énervants. L'ordinateur triche, et ce davantage encore que dans Mario Kart 64. Bref, un bien triste jour pour les fans de la série. Cela a été une telle déception que les futurs épisodes sur Game Cube prirent le risque de faire un véritable RPG plutôt que de proposer une nouvelle itération de la saga Stadium, c'est dire.

Le menu de Pokémon Stadium 2.
Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum
(175 réactions)