Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (08 mars 2021)
L'année où j'ai habité à Cannes - au Cannet-Rocheville pour être précis, donc assez loin du centre-ville - je me suis retrouvé dans un endroit où il y avait peu de bistrots, pas de salles de jeux, bref : où m'éclater aux jeux d'arcade devenait difficile. Heureusement que j'avais ma Coleco pour faire passer la pilule ! Cependant, pas trop loin de chez moi, il y avait quand même UN bar qui, tant que je suis resté là-bas, proposait deux jeux vidéo. Le premier, je vous en ai déjà parlé : c'est Xevious. Voici le tour du second. Après quelques parties de Bomb Jack et même si j'aimais bien les musiques, je trouvais le jeu trop simpliste pour continuer à y jouer. Je suis passé à Xevious. J'aurais dû m'accrocher un peu plus, et tenter de comprendre ses mécanismes : je pense que j'aurais fini par l'apprécier. Notez, c'est le cas aujourd'hui. C'est de la bombe ce jeu !Vous êtes Bomb Jack, le super-héros épris de justice. Alors, quand vous apprenez que des terroristes ont placé des bombes sur des sites touristiques, votre sang ne fait que 17 tours et vous foncez rétablir l'ordre et la sécurité sur chacun de ces endroits : le Sphinx et les Grandes Pyramides à Gizeh, en Égypte ; le Château de Neuschwanstein à Füssen, en Allemagne ; le Parthénon sur l'Acropole d'Athènes, en Grèce ; et deux grandes villes ressemblant certainement à Los Angeles et Chicago. Pour Los Angeles on peut douter, même si ça ressemble beaucoup à la vue de la ville depuis l'observatoire Griffith ; mais pour Chicago, regardez la marquise en haut de cette page : on reconnaît bien les tours 875 North Michigan Avenue (anciennement le John Hancock Center) et Willis Tower (autrefois appelée Sears Tower). Ainsi votre mission, puisque vous l'avez acceptée, est de récupérer toutes les bombes sur chaque site. Pour cela, il suffit de les toucher.
Comment se présente Bomb Jack ? C'est un jeu de plateformes, avec quelques structures horizontales (ou pas, cela dépend du niveau) mais sans aucune échelle ou ascenseur. Hé oui : contrairement aux personnages de Space Panic ou de Donkey Kong, vous êtes un super-héros, vous êtes capable de voler, de "planer", et de chuter. Justement, quand on parle de vous : vous apparaissez au centre de l'écran, et si vous ne faites rien, vous tombez délicatement sur la plateforme juste en-dessous de vous.
À chaque niveau sont placées 24 bombes, sur une grille de 9x9, sans représenter quoi que ce soit. Contrairement à leur aspect, surtout leur couleur rouge, ce ne sont pas des cerises ! Au début d'un tableau, tant que vous n'en touchez pas une, elles sont toutes identiques. Ce jeu n'est pas Dynablaster...
Vous voilà parti. D'un bond, vous vous élancez dans le ciel en direction de la première bombe (au choix, mais il faut bien commencer quelque part !). Dès que vous la touchez, vous gagnez 100 points et elle disparaît. Plus que 23 ! Le souci avec cette théorie, c'est qu'en pratique vos trajectoires idéales sont contrariées par la présence des étranges créatures robotiques, qui essaient de vous attraper. Ainsi, il est fréquent de ne pas pouvoir réussir à suivre le parcours idéal proposé par le jeu, et de devoir changer vos plans au dernier moment pour éviter le contact d'un oiseau ou d'un robot... Mais tout n'est pas perdu : vous avez droit à 3 "ratages" où vous ramassez une bombe éteinte dans votre chaîne. Ainsi, quand vous passez au niveau suivant, le jeu compte combien de bombes allumées vous avez récupérées. En-dessous de 20, pas de bonus. Vingt bombes allumées : 10 000 points supplémentaires ; 21 : 20 000 points ; 22 : 30 000 points... et si vous réussissez le parcours parfait et ramassez les 23 bombes allumées (la toute première ne compte pas), vous touchez un jackpot de 50 000 points ! ... pas plus que Kaboom!...
Maintenant, parlons un peu des ennemis. Il y en a de plusieurs types, chacun avec un comportement propre. Vous ne devez les toucher en aucun cas ! Si cela arrive, vous perdez une vie. Il n'y a qu'un seul moyen de s'en débarrasser, j'en parle dans un instant.
La plupart des autres monstres volent, ce qui complique évidemment les choses. Ils se dirigent vers le joueur à leur façon, d'autant plus vite que Jack se trouve loin d'eux. - Il me semble qu'il y a aussi un "escargot" (un robot avec une carapace pointue) mais je n'ai pas réussi à le faire apparaître... Je dois être trop mauvais. Au début de chaque niveau, il n'y a pas beaucoup d'ennemis. Mais les robots se multiplient très rapidement, et quand ils touchent le sol ils se transforment en autant de menaces supplémentaires... Il devient vite difficile d'arriver à se dépatouiller de toutes ces bestioles qui au final, n'ont qu'une idée en tête : vous attraper. Et comme je le disais plus haut, on peut encore se débrouiller au début d'un niveau pour zigzaguer entre elles, au détriment de la trajectoire idéale pour ramasser uniquement des bombes allumées... mais plus le temps passe et plus les ennemis sont nombreux, alors votre marge de manœuvre se réduit de plus en plus. Si on se fait attraper dans un tableau, Bomb Jack tombe sur la tête sur la plateforme en-dessous de lui, et son âme quitte son corps. On perd une vie, mais on continue là où on en était, avec les bombes déjà ramassées qui ne réapparaissent pas et avec le bénéfice du multiplicateur de points (je vous en parle dans un instant) obtenu jusque là. Le niveau est alors purgé des ennemis qui réapparaissent comme au début du tableau, et Bomb Jack lui aussi reprend au point de départ. ... et ce n'est pas Bombuzal non plus.
Pour arriver à booster votre score, plusieurs pastilles vont apparaître à des moments bien précis, qu'il est avantageux de ramasser au bon moment.
- La pastille (E) pour Extra Life vous offre 3 000 points, et une vie supplémentaire. Un peu de technique...
Tehkan n'en était pas à son premier jeu avec Bomb Jack. Cette société a déjà sorti Pleiads, Swimmer, Guzzler... puis après qu'elle se soit renommée Tecmo début 1986, sont proposés Rygar, Solomon's Key, Ninja Gaiden ou Dead or Alive. Graphiquement... Le jeu est joli. Les décors sont colorés, travaillés et reconnaissables (quoiqu'un peu simplistes pour certains d'entre eux) et ne gâchent pas la lisibilité des différents éléments. Les ennemis ont un look amusant, un peu cute, certains d'entre eux me rappellent des adversaires dans Xevious. Quant à Jack, je trouve qu'il ressemble à un mélange entre un catcheur et un super-héros (affublé du casque du Dovahkiin, qu'on incarne dans Skyrim !) L'animation n'a rien de spectaculaire, mais tout bouge bien et sans à-coups. C'est nécessaire vu parfois le nombre d'ennemis à l'écran. J'ai constaté que certaines fois, frôler un ennemi qui se dirige dans votre direction a tendance à lui faire faire un "bond" vers vous (le sprite se déplace d'un coup), ce qui vous fait perdre une vie ; mais ce n'est pas systématique, en général les masques de collision sont bien respectés et on peut se faufiler entre plusieurs bestioles. Quand vous terminez un niveau, Jack fait une petite danse, c'est toujours marrant à voir.
Le son est assez travaillé. Les bruitages sont amusants et faciles à mémoriser, et les petits jingles qu'on entend de temps à autre restent longtemps en mémoire, comme ceux de Moon Cresta. Cependant, c'est la musique du premier niveau qui retient l'attention et qu'on se retrouve à fredonner sans s'en rendre compte après avoir joué. De façon étonnante, je m'en suis parfaitement souvenu pendant des années alors que je n'y avais pas tellement joué, et comme pour Moon Cresta, redécouvrir Bomb Jack sur M.A.M.E. a d'abord été une retrouvaille auditive. Gameplay : comme je l'ai expliqué, Bomb Jack peut être joué à plusieurs niveaux. On peut déjà apprendre les bases en tentant de finir le premier tableau, sans s'occuper des bombes allumées, et de continuer ainsi jusqu'au Game Over ; mais au fur et à mesure que la confiance s'accroît, on peut commencer à élaborer des stratégies pour ramasser les bombes dans le bon ordre, puis gérer en plus la pastille de multiplicateur de score (B) et le Powerball (P). Giauco Bondavalli détient le record officiel avec 20 010 960 points le 3 novembre 1984. Plus récemment, en 2013, Paul Kearns a fait un score de 73 378 560 sur émulateur M.A.M.E, après un marathon de 16h ! Bombes et dommages collatérauxCôté conversions (je ne parle pas ici des reprises dans des compilations pour d'autres systèmes bien plus récents, genre Wii ou Playstation), c'est principalement Elite qui s'en est chargé sur la plupart des micros européens de l'époque. Je n'ai pu tester que la version Amiga, qui fut sous-traitée à Paradox, et je pense sincèrement qu'ils auraient pu faire mieux, surtout quand on voit que de nos jours des conversions de ce jeu sur Amiga toujours (!) sont très fidèles à l'original : comparez la conversion d'époque avec Bomb Jack Beer Edition par McGeezer, sorti en 2018... Et encore, une autre conversion Amiga devrait arriver sous peu, réalisée par Old_Bob... Comme vous le voyez, Bomb Jack a encore la cote ! Et après ?
Après le carton de Bomb Jack, on a vu sortir en 1986-87 Bomb Jack II qui n'a rien à voir avec Tehkan : il a été développé par Elite uniquement sur les ordinateurs familiaux 8-bits européens, pour profiter de l'énorme succès de la conversion de Bomb Jack. C'est un jeu très moyen qui se sert juste de la licence pour se vendre. ConclusionComme beaucoup de jeux d'arcade de cette période, on comprend très vite ce qu'il faut faire, et on apprend petit à petit les subtilités possibles. Finalement Bomb Jack est bien plus stratégique qu'il n'en donne l'impression au premier coup d'œil... C'est une petite pépite qui sort du lot des jeux vidéo de l'époque. Et au niveau du scoring, il y a moyen de faire des parties très sympas. Je vous conseille de l'essayer, vous devriez apprécier. :) Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (8 réactions) |