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RCA Studio II
1977 - 1979
Malgré le soutien d'une grande compagnie, cette console n'a pas percé et n'a jamais traversé l'Atlantique.
Par Laurent (25 janvier 2001)

A l'époque ou Ralph Baer cherchait à imposer son concept de jeu vidéo, qui s'appelait à l'époque la Brown Box, RCA a fait partie des multiples entreprises qui ont rejeté le projet (voir article sur Ralph Baer). En janvier 1977, après avoir constaté que Magnavox ne s'en est pas si mal sorti en lançant sur le marché l'Odyssey, qui découle directement de la Brown Box de Baer, RCA tente de prendre le train en marche avec la console Studio II. A l'époque, Pong (version console "stand-alone") est encore un des jeux vidéo les plus en vue, et des dizaines de clones circulent sur le marché. L'Odyssey propose une alternative intéressante avec ses 6 jeux, stockés dans la console et paramétrés par des cavaliers contenus dans les cartouches de jeux vendues.

Tout comme Fairchild avec la Channel F sortie juste avant, RCA tente de prendre une avance technologique sur Magnavox en créant une console programmable utilisant des cartouches ROM où sont stockées les données des jeux. On est précisément à l'époque où les consoles ne sont plus de simples montages électroniques, mais deviennent de véritables petits micro-ordinateurs dédiés au jeu. La Studio II ne dispose pas de joysticks détachables, mais de deux pavés numériques situés sur la console elle-même, et qui servent à contrôler tous les jeux. Sa RAM est de 0.5Ko et son circuit graphique monochrome RCA 1861 Pixie affiche une résolution de 64x32. Son CPU est un 1802 (1.78Mhz), fabriqué par RCA à partir de 1976 et qui à connu une très grande diffusion (on le retrouve même dans la sonde spatiale Galileo en 1989). Elle est par ailleurs capable, contrairement à toutes les autres consoles sorties jusqu'à l'Atari 5200 (1982), de s'adapter à la fréquence RF du téléviseur. Nul besoin, donc, de régler un canal spécifique pour jouer. Son prix de vente au lancement est de 149$, un peu moins que la Channel F.

Bowling et Freeway, sur RCA Studio II

Hélas pour RCA, la Studio II, comme la Channel F, va très vite être dépassée par l'Atari VCS sortie peu après. Jusqu'à ce que RCA quitte le marché du jeu vidéo en 1979, seulement 9 jeux pour Studio II sortiront (auxquels il faut ajouter les 5 implémentés dans les 2Ko de ROM de la console). C'est un échec encore plus cuisant que celui de Fairchild.

Une boîte de jeu RCA Studio II, et une cartouche.

Les raisons de ce fiasco sont difficiles à déterminer, 25 ans plus tard. Le look de la console, peut-être, plus proche d'une unité Pong que d'un système plus évolué, n'indiquant donc pas le caractère ambitieux du produit. La nécessité d'être collé à la console pour jouer, aussi. Les licences de jeux d'arcade, donnée essentielle du problème que RCA a complètement négligée, et sur laquelle Atari ne s'est pas trompé en raflant toutes les plus célèbres, ont sans doute agravé la situation. On peut toutefois douter qu'une version de Pac-Man (par exemple) sur Studio II eut donné un résultat acceptable. Même si le public de l'époque n'était pas encore demandeur de versions domestiques égalant l'arcade, les sensations de jeu (à défaut des graphismes et du son) se devaient d'être fidèlement reproduites, et la Studio II n'aurait guère fait illusion dans ce domaine, avec son système de contrôle archaïque.

Aujourd'hui, la RCA Studio II, comme tout système qui ne s'est pas répandu sur le marché, est un objet de collection rare et convoité, d'autant plus que son faible nombre de jeux permet d'espérer réunir le lot complet.

Laurent
(25 janvier 2001)