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The Walking Dead
Année : 2012
Système : iOS, Mac, Windows, Playstation 3, Playstation 4, Xbox 360, Xbox One
Développeur : Telltale Games
Éditeur : Telltale Games
Genre : Aventure / Point'n click
Par chatpopeye (21 octobre 2012)

Le bruissement des feuilles caressées par le vent, quelques rares gazouillis d'oiseaux, une ou deux grenouilles, et des mouches... Voilà qui met d'emblée dans l'ambiance. C'est par ces sons très discrets, évoquant immanquablement une ambiance poisseuse à la Massacre à la tronçonneuse, que The Walking Dead vous invite à vivre une expérience rarement atteinte jusque-là.

Inspiré du comic américain éponyme, créé en 2003 par Robert Kirkman au scénario, Tony Moore puis Charlie Adlard au dessin, ce jeu en reprend le thème, l'atmosphère, quelques personnages, et surtout la qualité d'écriture pour développer une histoire parallèle.

Réalisé par les studios Telltale Games, à qui l'on doit la sortie de la naphtaline de Sam & Max et de Monkey Island entre autres, et sorti en épisodes, The Walking Dead vous met dans la peau de Lee, arrêté pour le meurtre de l'amant de sa femme. Alors qu'il est en cours de transfert vers la prison, un accident de la route lui offre l'occasion de s'échapper, mais uniquement pour découvrir que le chaos règne car les morts sont désormais debout. Il va alors rentrer fortuitement en contact avec une petite fille d'environ 10 ans, Clementine, dont les parents ont disparu, et la prendre sous son aile. La suite ne sera qu'une fuite éperdue vers un hypothétique lieu sécurisé, fuite au cours de laquelle Lee sera amené à rencontrer d'autres personnages, à rejoindre des groupes dont les membres changeront fatalement au cours de l'aventure. À l'instar du comic, c'est dans les relations entre les personnages que le jeu montre toute sa superbe, les zombies n'étant finalement là que pour servir de toile de fond.

The Walking Dead se présente avant tout sous la forme d'un Point'n Click, spécialité des studios Telltale Games. Sur console, le stick gauche permet de déplacer Lee, tandis que le droit sert de curseur. Tous les éléments avec lesquels on peut interagir sont représentés sous la forme d'un point blanc. Les actions possibles (regarder, utiliser, prendre, pour la plupart) apparaîtront alors et pourront être effectuées en pressant l'un des boutons de la manette. Parfois, vous serez amené à effectuer une action en n'ayant que trois ou quatre secondes à votre disposition, procédé connu sous le nom de Quick Time Event. À d'autres moments, ce sont des lignes de dialogues que vous aurez à choisir, là encore en quelques secondes, sachant que le jeu est intégralement en Anglais, sous-titres compris.

De ces choix d'actions ou de répliques pourront dépendre en partie la suite des événements. Tantôt anodins, ils se révèleront parfois cruciaux : si vous mentez à un personnage, ou que vous l'envoyez sur les roses, il est possible que tôt ou tard dans la partie, cela ait une influence, ne serait-ce que sur la composition de votre groupe. Une petite ligne de texte s'affiche d'ailleurs lorsque vous avez effectué un choix, vous rappelant ce que vous venez de faire (par exemple, "Vous avez choisi d'être franc avec Clementine").

Maintenant, soyons honnêtes, ces choix corneliens ne le sont pas réellement, le jeu vous emmenant de toutes manières là où les scénaristes l'ont prévu. Cependant, même si l'on devine au bout de quelques temps (disons à partir du deuxième épisode) que les choix n'ont pas réellement d'importance, la qualité d'écriture est telle que l'on joue le jeu, tant l'on se sent impliqué par ce que fait, dit, pense notre personnage. Les discussions avec Clementine sont généralement très impliquantes pour le joueur. Doit-on être être honnête avec elle sur la situation ou essayer de lui dissimuler certains éléments, afin de la préserver ? Et lorsqu'il s'agit de décider de la vie ou de la mort d'un personnage, et ce toujours en quelques secondes, la tension est à son comble. Chaque décision amène le joueur à s'interroger sur lui-même : agit-il en tant que joueur, en se mettant sciemment dans la peau de Lee, ou bien est-il tellement impliqué qu'il va essayer de réagir comme il le ferait "dans la vraie vie" ?

Les choix les plus importants de tous les joueurs apparaissent d'ailleurs à la fin de chaque épisode, sous forme de statistiques. Entre la sortie du premier épisode et le dernier en date (le quatrième au moment où j'écris ces lignes), les statistiques globales ont évolué. Même si aucun choix, dans un tel jeu, ne peut être considéré comme un "bon" choix, certaines statistiques, au début, pouvaient faire froid dans le dos et s'interroger sur la nature humaine.

Le jeu ne manque pas d'atouts. Le choix de graphismes en cell shading est particulièrement judicieux, en ce qu'il fait écho au matériau d'origine, le comic. La musique sait rester discrète, avec ce qu'il faut de tension et de mélo pour accompagner l'aventure, et les doublages sont tout simplement parfaits, de même que les bruitages. Mais c'est bien sûr la qualité d'écriture du scénario et de sa mise en scène qui font de The Walking Dead un jeu qui atteint voire dépasse en qualité bon nombre d'œuvres cinématographiques et télévisuelles, au premier rang desquelles la série télévisée The Walking Dead.

chatpopeye
(21 octobre 2012)
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"The Walking Dead", par chatpopeye
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