Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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1 avril 1983, 00h35. Très rapidement, de nombreux autres œufs éclosent. Sauter de plate-forme en plate-forme dans le but de protéger toutes ces proies faciles n'est pas de tout repos. Mais que fait donc la mère de ces nouveaux-nés ? Je ne crois pas si bien dire. Au-dessus de moi, une forme géante plane. Soudain, elle s'approche à grande vitesse – un saut de côté, et je reconnais distinctement l'énorme patte d'un dinosaure qui vient écraser, dans un grand fracas, le sol situé à quelques centimètres de moi. Tous les murs de la grotte résonnent encore de cette effrayante intrusion. Je me souviens alors de ces morceaux de bois, gisant ci et là. Si je parvenais à allumer un feu à l'aide de quelques uns d'entre eux, sans doute pourrais-je éloigner la ‘moman dino' suffisamment longtemps pour venir au secours de ses bébés. En toute logique, je décide d'examiner les étages inférieurs - ainsi disposé-je de plus de temps pour esquiver une éventuelle contre-attaque de la mère. 1 avril 1983, 00h40. La mère est réellement en furie. Si je ne pensais pas à me déplacer en tout sens, elle m'aplatirait à tous les coups. La précision dont elle fait preuve est réellement impressionnante. Bien heureusement, je suis parvenu à récolter deux tas de bois suffisamment gros pour allumer un feu digne de ce nom. Une minute aura suffi pour que les volutes de fumée laissent place à un brasier brûlant toutes les créatures s'en approchant d'un peu trop près. 1 avril 1983, 00h45. Cela fait deux minutes que la mère dino ne donne plus signe de vie. Victoire ! Rien ni personne ne semble pouvoir résister à l'intelligence et la persévérance de Time Master Tim ! Il ne me reste plus qu'à pousser les derniers rochers de cette grotte, récolter les œufs restants et sauver, le cas échéant, les quelques dinosaures qui auraient la mauvaise idée de naître au mauvais moment. 1 avril 1983, 00h50. A mon grand étonnement, je ne suis pas mort. Je me tiens là, debout, en pleine forme et tout fringuant, dans l'encadrement de ma Porte de dématérialisation, prêt à repartir à l'assaut de cette grotte. Depuis quand se faire écraser par un dinosaure ne tue-t-il pas ? L'alcool tue ; la drogue tue ; la mort tue (aha); la tor-tue (c'est un festival) ; pourquoi diable n'en serait-il pas de même pour un pied de dinosaure taille 314 ? Disposerais-je de plusieurs vies ? L'idée parait farfelue, mais comment pourrait-il en être autrement? 1 avril 1983, 01h23. Deuxième grotte vidée. Je n'ai constaté aucun changement dans la faune et la flore habitant ce lieu. Je me lance à l'assaut d'une troisième grotte. 1 avril 1983, 01h56. Troisième grotte... vidée. Je prends le rythme, même si le nombre de plus en plus élevé de créatures m'assaillant chaque seconde m'a contraint à vivre... une seconde mort. L'incident est idiot : après avoir malencontreusement heurté un de ces fichus serpents blancs et contaminé tous les œufs en ma possession, je mis le pied, dans ma course effrénée vers la Porte, sur un bébé dinosaure que je n'avais tout simplement pas vu. Contaminé au douzième degré, mon corps dégénéra en vile créature préhistorique quelques mètres avant d'atteindre le lieu tant convoité de la guérison. 1 avril 1983, 02h00. Une nouvelle erreur fatale me force à repartir depuis ma Porte. Etrange : la grotte dans laquelle je me trouve ressemble comme deux gouttes d'eau à la toute première. Après examen plus approfondi, je confirme qu'il s'agit bien là de la toute première grotte, où sont réapparus tous les œufs que j'y avais ramassés. Mon module spatiotemporel buggerait-il ? 1 avril 1983, 23h21. ...Une journée entière que je glane mes œufs sans éprouver ni faim ni soif. Une journée entière que je répète inlassablement les mêmes actions et que j'évite, tant bien que mal, la mère dino et ses acolytes, que le feu ne semble même plus effrayer. En même temps que la lassitude me gagne, j'apprends à mieux prévoir le comportement de la faune locale et à éviter de trop nombreuses morts, apparemment synonymes, à la manière d'un jeu vidéo, de retour inévitable à la case départ. 1 avril 1983, 23h56. Je tente un retour en 1983... sans succès. Après plusieurs tentatives, je constate que mon module spatiotemporel ne réagit plus à mes injonctions. Est-ce là le prix de ma soudaine immortalité? 1 avril 2004, 13h23. Vingt ans plus tard, je suis toujours là. Je ne compte plus le nombre d'œufs amassés, ni le nombre d'échecs essuyés à vouloir quitter un monde semblant tourner sur lui-même. Fin du journal de bord de "Time-Master" Tim.(1) Le Koala Pad est une tablette graphique sortie en 1983 sur de nombreuses machines comme le Commodore 64, l'Apple II, le TRS-80 et la série des ordinateurs 8 bits d'Atari. A l'époque, seule l'utilisation de joysticks analogiques peu pratiques autorisait aux graphistes en herbe de produire des travaux graphiques de bonne qualité. Toutefois, avec l'arrivée de cette tablette graphique, le monde du DAO (Dessin Assisté par Ordinateur) grand public vécut une petite révolution. La tablette, surmontée de deux gros boutons, permettait de tracer avec une relative aisance des formes complexes à l'aide d'un crayon plastique. Bien que le logiciel fourni avec la tablette, Koala Painter (Koala Paint sur les Atari), s'avérait plutôt classique dans son fonctionnement, un certain nombre de caractéristiques extrêmement séduisantes y furent intégrées, comme de nombreux pinceaux, différents modes de zoom et, surtout, la possibilité de stocker dans la RAM de l'ordinateur deux images, permettant à l'utilisateur de passer d'une image à une autre à tout moment. Le Koala Pad n'eut aucun concurrent sérieux sur 8-bits – exception faite des ordinateurs Atari qui accueillirent l'Atari Touch Tablet, un modèle du genre surpassant la tablette du koala grâce à sa taille, sa précision, et la présence d'un bouton au sommet de son stylet, remplaçant avantageusement ceux positionnés au sommet de la tablette du Koala Pad.
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