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Reportage : Game On 2004
Voici le compte-rendu de l'exposition Game On tenue à Londres et à Lille. Un reportage sur les gros pixels, à la grospixels.
Par David & Phyl (01 septembre 2004)

Qu'y a t il de plus agréable, lors d'une splendide journée d'été que d'aller s'enfermer dans un hangar sombre pour regarder s'agiter d'énormes points lumineux sur des écrans préhistoriques en arborant des sourires béats? C'est très simple, y aller avec quelqu'un qui est encore plus fondu que vous!

Lorsque j'étais écolier, je me souviens clairement des rares visites au musée organisées par l'école pendant l'année scolaire ou par mes parents pendant les vacances et j'en garde un souvenir impérissable: quelle perte de temps! Lorsque je regardais un Picasso , je ne pensais qu'à une utilisation de la fonction random sur la matrice graphique de mon C64. A la vision d'un bleu de Matisse, j'étais tout juste ému par l'utilisation judicieuse de la palette de couleurs codée sur un seul bit.

On ne devrait pas emmener des enfants voir des horreurs pareilles avant qu'ils ne soient vraiment en âge de les apprécier. Personnellement, ça a failli me dégoûter de tout ce qui est artistique. Heureusement, les jeux vidéo étaient là pour me donner un véritable éveil dans cette discipline bien plus noble que la sculpture, la peinture ou le macramé (qui n'étaient pour moi rien de plus que des travaux manuels salissants)

Bien heureusement, avec l'âge, j'ai enfin pu assouvir mes désirs de bits par paquets de huit et m'adonner aux joies inénarrables du jeu vidéo dans un premier temps, et puis au fil des années passées à celles du rétro-gaming.

Il est assez singulier de partager des souvenirs de jeu à caractère ‘solitaire' avec quelqu'un qui a eu une expérience similaire mais finalement lui aussi, de son côté. C'est un peu le paradoxe de cette passion. Toujours est-il que c'est un grand privilège et même d'un certain point de vue, un soulagement de partager des souvenirs de jeu de plus de 20 ans avec quelqu'un qui parle le même langage : en effet, la plupart du temps, le retro-gamer se sent mal à l'aise lorsqu'il essaye de parler de son hobby sans déclencher dans le meilleur des cas l'hilarité, et dans le pire l'incompréhension, voire la méprise.

Bref, une exposition sur l'histoire de notre média préféré est surtout une occasion (encore bien trop rare) de justifier sa passion pour le dixième art ! Même les disciplines culturelles les plus récentes, telles que le cinéma ou la télévision rendent hommage à leurs classiques. Comment se fait-il que le jeu vidéo, qui représente chaque année une part de plus en plus importante du marché de la culture, semble vouloir oublier d'où il vient et à qui il doit...

David et moi avons décidé de réparer cette injustice, et c'est donc par cette belle journée d'été 2004, alors que le festival Lille 2004 battait son plein, que nous avons eu l'occasion de nous rendre à cette fameuse exposition Game On dont on entendait à peine parler ici en France mais qui avait eu plus de retentissement outre-manche. Il faut dire qu'il s'agit d'un évènement organisé par le Barbican, il est donc logique qu'il soit plus connu en Angleterre.

L'exposition ne durera que quelques semaines avant de se replier sur Londres où elle continuera d'accueillir des visiteurs pendant deux ans et demie. David aura d'ailleurs l'occasion de s'y rendre à nouveau, prétextant un voyage éducatif scolaire avec sa classe, tout en me dissuadant de l'accompagner (alors que j'avais l'opportunité professionnelle de me retrouver à Londres en même temps que lui), m'assurant qu'il ne retournerait sûrement pas voir l'expo là-bas. Quel vil personnage. Son attitude dans la vraie vie est encore bien plus exécrable que celle de son avatar dans les jeux de voiture...

Nous avons fait le choix d'agencer cet article comme une visite de musée. Vous pouvez vous balader au fil des images et lire les légendes qui s'y rapportent au gré de vos envies.

Pour conclure, comme à son habitude, Grospixels vous offre ce récit près de 4 ans après les faits ce qui est toute à fait conforme à son attitude rétro jusqu'au bout des ongles, et aussi un peu grâce à sa réactivité exceptionnelle... ahem (les mauvaises langues diront qu'on avait oublié l'article dans un coin).

Quoi qu'il en soit, les bons jeux sont intemporels...

Enjoy !

Le Science Museum de Londres, non loin du célèbre magasin Harrod's. C'est ici que Game On, la célèbre expo du Barbican, est venue s'installer le temps de quelques semaines. Deux ans et demi plus tôt, Game On avait traversé la Manche pour s'exposer en plein centre de Lille, pour le plus grand plaisir des Frenchies que nous sommes.
A peine entré, une borne originale de Pong nous fait face. Parfaitement jouable - comme quasiment toutes les machines présentées dans cette expo -, elle permet de mesurer les progrès accomplis par l'industrie du jeu vidéo en l'espace de trente ans.
Game On se décompose en trois zones distinctes. La première est dédiée principalement au monde de l'arcade, auquel s'invitent quelques micros et consoles domestiques particulièrement célèbres. Ci-dessus, les premières bornes d'arcade de l'Humanité : Computer Space, l'adaptation grand public de l'expérimental Space Wars. L'homme derrière ces monstres de design kitsch ? Nolan Bushnell.
Space Wars, le premier vrai jeu vidéo, ici émulé sur la superbe console mi-portable Vectrex.
Le design très primitif de cette borne est trompeur. Fabriqué en 1985 en Allemagne de l'Est, 'Poly Play' rassemble sous un même meuble sept clones très rudimentaires de grands hits d'arcade.
Dans un coin trône l'impressionnant Maneater, une borne très rare datant de 1975. Un peu plus loin, une rangée de bornes très célèbres - et en parfait état de marche - se chargent de transporter les joueurs un quart de siècle en arrière. L'illusion est totale.
Qui a dit que les gros pixels ne séduisaient que des geeks trentenaires nostalgiques ?
En face de la rangée de bornes d'arcade, quelques joueurs reposent leurs pieds fourbus en prenant place devant de superbes tables cocktail...
... tandis qu'au-dessus de leur tête est projetée, sur écran géant, une sélection de titres cultes jouables depuis un panneau de contrôle situé non loin de là. A droite, un enfant s'éclate sur l'illustre Discs of Tron.
Cette luxueuse borne Atari datant de 1983 était non jouable à Lille ; elle l'est à Londres. L'état absolument impeccable de toutes ces machines, pourtant âgées de plusieurs décennies, force le respect.
Bien avant la Wii, ce jeu de ping pong permettait à tout un chacun de faire la mariole devant son écran en s'affranchissant du traditionnel joystick.
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