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GoldenEye 007
Année : 1997
Système : N64
Développeur : Rare
Éditeur : Nintendo
Genre : FPS
Par Michael (21 février 2002)

Rare, au service de sa majesté Nintendo

GoldenEye sort en décembre 1997 en France, trois mois après la sortie de la Nintendo 64. À cette période, la Playstation qui fait un carton partout dans le monde a déjà récupéré l'immense majorité des parts face à la Saturn. Autant dire que la tâche n'est pas vraiment aisée pour BigN, cependant la N64 dispose d'arguments : une supériorité technique, un prix de lancement très bas et surtout des exclusivités excellentes développées en interne (Super Mario 64, Wave Race) ou par des éditeurs restant sous l'égide de Nintendo.

Rare en est le plus brillant exemple. Cette firme anglaise, née sur les ruines d'Ultimate-Play the Game (voir cet article), a notamment développé les 3 Donkey Kong Country de la SNES, ou plus récemment sur N64, Banjo-Kazooie (et Tooie), Diddy Kong Racing, Jet Force Gemini ou le jubilatoire Conker's Bad Fur Day...

Donkey Kong Country 3, de Rare sur SNES.

Autant dire qu'avec cette cascade de hits, Rare est, en 1997 comme en 2002, une énorme chance pour Nintendo. D'ailleurs des rumeurs circulent régulièrement sur une éventuelle prise d'indépendance de la firme. La dernière en date est due à la carte de vœux de Rare représentant des colis rappelant indiscutablement les formes de toutes les consoles nouvelle génération, l'exemple le plus frappant étant le paquet de la Playstation 2 avec sa démarcation si particulière. Et qu'on ne nous dise pas que c'est le hasard. Cette dernière rumeur, comme les autres d'ailleurs, a été formellement démentie par le principal intéressé. Alors est-ce une façon pour Rare de préparer le départ ou bien un moyen de maintenir la pression ? Cependant, si cette prise d'indépendance devait se confirmer un jour, ce serait un énorme coup dur pour Nintendo. Mais revenons à ce cher James.

"Licence" to kill

GoldenEye est, vous l'aurez compris, l'adaptation du film du même nom. D'habitude, vous connaissez la chanson, les éditeurs mettent souvent tout l'argent dans les droits et se contentent ensuite de faire un jeu très moyen. Il savent que de toutes façon, celui-ci se vendra bien. C'est assez étonnant, mais on ici tient un jeu à forte licence qui est, non seulement bon, mais même carrément excellent(issime!). Tout ceux qui ont à la fois vu le film et joué au jeu pourront vous le dire aussi bien que moi, la fidélité du 2éme au 1er est hallucinante. C'est exactement pareil, au néon près et ça aide vraiment l'impression d'immersion dans cet univers.

Dès le départ la firme anglaise sort le grand jeu et lors du développement elle travaille d'après des photos de tournages. D'ailleurs le développement du jeu et le tournage sont simultanés même si le film sortira bien avant.

Un portail dans le film, puis dans le jeu

D'ailleurs, dès la fin de la première mission on retrouve le saut de l'ange. On comprends alors que c'est tout Hollywood qu'on vient de faire entrer dans son salon.

Voici l'histoire du film et donc du jeu (que je n'ai absolument pas piqué au Télé 7 jours n°2144 page 52 rubrique « Si vous avez manqué le début ») : « Un chef de l'armée russe, aidé d'un groupe de rebelles caucasiens mené par 006 (un traître des services secret anglais), s'empare du système de mise à feu d'un satellite Russe. Ce satellite, GoldenEye, est en fait une arme terrifiante, qui peut détruire tous les système électroniques présents dans la zone visée. La belle Nathalya et Boris sont les seuls rescapés de l'attaque du bunker dans lequel était gardée la clef de déclenchement du dispositif. James Bond décide de s'opposer au terrible plan des terroristes et d'aider Nathalya à leur échapper. »

Tuer n'est pas (toujours) jouer

GoldenEye est un FPS, un jeu d'action avec une vue à la première personne, « un plan séquence d'une vue subjective » dirait un cinéaste. On pourrait aussi dire Doom-like sauf qu'ici il y a peu de couloirs labyrinthiques (en mode solo du moins) et surtout il ne vaut mieux pas s'amuser à tirer sur tout ce qui bouge (toujours en mode solo, nous nous intéresserons au multijoueur plus tard). En effet, et c'est là la grande réussite du jeu, GoldenEye est subtil. Pour mener à bien votre mission, il vous faudra souvent faire preuve de discrétion : longer un mur à l'abri des regards, utiliser de préférence un silencieux (pour qu'ils ne se ramènent pas à quinze, les méchants), détruire les alarmes, éviter les caméra, ne pas tuer les pauvres innocents que sont les scientifiques ou les civils... Et surtout, tout ceci est incroyablement interactif. Le joueur peut briser toutes les vitres qu'il veut, faire exploser les ordinateurs, faire tomber les moniteurs accroché au plafonds... Même si cela n'a pas toujours d'intérêt, on peut le faire et c'est magique. C'est ça la liberté.

Toutes ces considérations donnent une profondeur de jeu incroyable. Parallèlement à cela l'action est vraiment soutenue et tout en restant précis et raffiné il faudra souvent tuer des dizaines d'ennemis en même temps à l'aide de son beretta, fusil sniper, lance-roquettes... Dans sa réserve James n'a pas que des pétoires mais également du plastic, un appareil photo, un émetteur espion, un décodeur... Tout ceci pour vous montrer la diversité des actions. Il faut tantôt récupérer des plans, des clefs, tantôt sauver des otages ou bien encore conduire un tank. Et si vous avez un trou de mémoire, pas de panique la montre de Q vous rappelle tous les objectifs. Cette tocante permet également d'avoir accès à toutes les autres infos, options, gadgets (tout sauf l'heure, quoi )...

La maniabilité est instinctive à souhait et on fait ce qu'on veut de l'espion de Fleming. Le stick assure les déplacements et les 4 boutons jaunes de droite la visée. Sinon il y'a une visée automatique sur les ennemis, bien pratique pour assurer dans le feu de l'action.

Permis de tuer... à plusieurs

N'oublions pas le légendaire mode multijoueur de GoldenEye. Il est tout simplement génial et assure des combats qui se prolongent jusqu'au bout de la nuit. Imaginez plutôt : quatre joueurs peuvent s'affronter simultanément dans plus d'une dizaine d'arènes. On a également le choix parmi les personnages rencontrés en mode mission. Ils finissent par être 12 : Natalya la douce, Boris, la pétillante Xénia (ça c'est une femme de caractère, combien de fois elle m'a dézingué dans la jungle, hum... gourmande), le baron Samedi... Et avec en plus, en bonus à débloquer, tous les persos du jeu : les scientifiques, les civils, tous les soldats des différentes forces armées (dans la version beta, Sean Connery était présent).

C'est incroyable mais plusieurs années après son achat on se surprend encore en train de se déchiqueter joyeusement en famille ou entre amis. Surtout que Rare a pensé à tout et propose même des scénarios différents qui sont autant de bonnes alternatives au classique frag « chacun pour soi » (même si on ne s'en lasse jamais vraiment ) :) : récupérer un drapeau et le garder le plus longtemps possible, création d'équipes... Seul bémol, mais c'est vraiment pour chipoter, on aurait pu espérer des bots contrôlés par la machine pour s'entraîner et toujours avoir un truc à descendre. Ce sera le cas dans Perfect Dark, toujours de Rare, un jeu du même genre ludique mais d'un autre genre scénaristique (c'est aussi un jeu de flingues en 3D vue subjective avec des missions mais cette fois, c'est un univers de science fiction).

Enfin, en ce qui concerne GoldenEye à plusieurs, encore une fois c'est une réussite totale.

Rien que pour vos yeux

Graphiquement, il étonne. Les persos sont très détaillés, même s'il est vrai qu'aujourd'hui, ils paraissent un peu géométriques avec leurs épaules bien « carrées » et leurs sabots en guise de mains. Le brouillard si cher à la 64 n'est presque pas présent et les textures sont extrêmement détaillées. Elles prouvent qu'on peut faire beaucoup mieux que les surfaces plates et unies de Super Mario 64. Les décors demeurent vraiment un des (nombreux) points forts du jeu, et comme je vous le disais, on se croirait dans le film. Selon la mission, ces décors vont du paysage st-pétersbourgeois avec des vestiges communistes aux extérieurs enneigés de Saranaya, sans oublier les rues, les bunkers, une frégate évoluant sur les eaux monégasques, la jungle cubaine... Tout ceci rien que pour vos yeux.

Et pour les oreille, le thème générique de John Barry est là, mais aussi toutes les autres musiques du film (composées par Eric Serra) qui sont reproduites de façon magistrale. Quand aux bruitages, ils accompagnent l'action à la perfection. Ils se composent essentiellement du bruit des diverses armes et des cris des vilains agonisants qui n'avaient qu'à pas être contre nous, d'abord.

Le jeu est long et varié. Le pendant virtuel de Pierce Brosnan n'en finit pas de parcourir le globe, avec pas moins de 20 missions contenant toutes de 1 à 5 objectifs à remplir selon 3 niveaux de difficulté, plus un quatrième où l'on peut choisir les paramètres des ennemis. Des cheat codes aussi sont débloquables en terminant par exemple le 3ème niveau Runway en difficulté « Agent » en moins de 6 minutes.

Qu'est devenu l'homme au pistolet d'or ?

En fait, après ce brillant opus, Rare ne conserve pas la licence et c'est EA Games qui rachète les droits et développe des jeux sur toutes les consoles d'actualités, dont un dernier très récemment sur Playstation 2. Comme il ne s'agit pas du même développeur (ni de la même qualité, pour le premier en tout cas, ça me semble tout à fait objectif) la continuité ne peut être que partielle surtout qu'à ce moment là, il faudrait aussi décrire les jeux avec l'espion sortis auparavant (je pense notamment à un 007 développé par Saffire et sorti sur GB).

Aujourd'hui, 007 espionne sur PS2

Cet article ne décrit pas la série James Bond mais juste GoldenEye. S'il devait y avoir une filiation, il faudrait parler de Perfect Dark de la même équipe de développement. Ce jeu est excellent. Maintes fois repoussé, il fut un des dernier grand jeu de la 64, beau, long, varié... Le seul ayant réussit à surpasser GoldenEye dans le genre. À croire que seul Rare pouvait y parvenir. Enfin, je n'en dis pas trop pour ne pas dispenser ce jeu d'avoir son propre article, il le mérite.

Perfect Dark

Conclusion

Attention, jeu culte. En 1998, il obtient 4 prix au salon d'Atlanta. Même si les remises de prix on s'en tamponne, là, c'est réellement mérité.

Un conseil si vous avez une N64 à disposition, récupérez ce soft, d'autant que fort de son succès, le prix fut baissé très vite (dans la série Player Choice). D'occasion il vous coûtera un prix dérisoire et il en vaut vraiment la peine (NdL : Signalons pour ne pas qu'on nous taxe d'hypocrisie qu'on le trouve en download sur certains sites d'émulation N64 ou par le biais du p2p, à vous de chercher et bon courage pour le faire fonctionner).

Même s'il commence avoir un certain âge (quoique fin 97, ce n'est rien). Même si son successeur lui a donné un petit coup de vieux, ce GoldenEye n'a rien perdu de son charme « so british ».

À croire que le temps n' a pas vraiment d'emprise sur les chefs d'œuvre. Après tout, dans les jeux vidéo comme ailleurs, il en est ainsi. Les diamants sont éternels.

Michael
(21 février 2002)
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