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Grandia 2
Année : 2000
Système : Dreamcast, Windows, Playstation 2
Développeur : Game Arts
Éditeur : Ubisoft
Genre : RPG
Par Jika (15 novembre 2004)

Pour la plupart des gens de France, les mois de février et de mars 2001 furent totalement quelconques. Un temps froid et sec, des gens qui partent dépenser des fortunes pour gagner le droit de faire la queue au tire-fesses dans les stations de sport d’hiver et quelques grèves, histoire de pimenter le paysage social national. Rien de bien original, nous sommes en terrain connu... C’est néanmoins durant cette période de calme plat qu’est arrivé en France un événement notable dans le domaine vidéoludique. En effet, alors que les RPG nippons ont toujours été distribués dans notre beau pays au compte-gouttes (quand ils étaient distribués diront les mauvaises langues), ces deux mois bénis ont vu la parution de trois softs d’exception. Habitués aux années de vache maigre durant lesquelles nous fûmes privés de Chrono Trigger, Xenogears ou autre Final Fantasy VI, nous eûmes droit à un renversement de situation assez brutal, puisque trois RPG sortirent coup sur coup. Et comble du raffinement, ces titres appartenaient à la crème du jeu de rôle japonais. Des RPG destinés à marquer les mémoires, tous dédiés à la Dreamcast de Sega. Tels des apparitions divines, ces prophètes du RPG nippon arrivèrent alors que tout le monde attendait Final Fantasy X et le blondinet Tidus sur la toute nouvelle Playstation 2. Apôtres du jeu de rôle de qualité, Phantasy Star Online, Skies of Arcadia et Grandia 2 débarquèrent en France pour tenter de rallier les joueurs à la cause de Sega, juste avant la sortie de l’ogre de Squaresoft.

Grandia 2, ou la réponse à Squaresoft

Un des sublimes artworks du jeu

Intéressons-nous aujourd’hui au premier jeu de ce trio sorti à ce moment-là dans notre beau pays. Ce fut donc à Grandia 2 d’ouvrir le bal en débarquant sur les étals le 22 février 2001, soit quelque temps après sa commercialisation sur l’Archipel, en 2000. Les joueurs français purent alors découvrir les yeux ébahis ce nouveau jeu de rôle fortement attendu au tournant par les plus gros aficionados du RPG. Pourquoi une telle attente ? Parce que comme vous le saviez à n’en point douter (ne me le cachez pas), Grandia 2 est la suite de Grandia... Et que ce Grandia était déjà à l’époque une référence, une des meilleures alternatives à la série des Final Fantasy. L’aventure de Justin, sorte de voyage initiatique représentant le passage de l’enfance à l’âge adulte, avait séduit de nombreux joueurs, et c’est donc fort logiquement que ce second volet était attendu comme un challenger sérieux et crédible pour Final Fantasy.

Un monstre répugnant, un groupe d’aventuriers au grand cœur. Pas de doute, c’est un RPG.

Vous aviez aimé le voyage sympathique et léger auquel vous invitait le premier Grandia, cette histoire un peu puérile, ces personnages fantaisistes et ces décors aux couleurs acidulées comme les bonbons de notre enfance qui nous ruinèrent les dents ? Encore auréolé par le souvenir malgré le temps qui passe (le premier volet date de 1997), Grandia envoûtait les joueurs par cette atmosphère agréable (quoi qu’un peu niaise) et par le côté accrocheur des péripéties de Justin, ce jeune garçon au cœur pur, toujours à la recherche de la grande et belle Aventure... Et bien, ici, ça n’a rien à voir. Aujourd’hui, Grandia se veut plus mature, plus adulte. Fini le petit môme gentillet et espiègle du premier volet : place aux hommes, aux durs, aux tatoués. Grandia 2 raconte l’histoire d’un héros qui n’en est pas forcément un au premier abord. L’épopée que le jeu vous invite à découvrir est celle de Ryudo, un Geohound. Pour vous résumer cette fonction, disons qu’il s’agit d’un mercenaire sans foi ni loi, ne répondant qu’à une seule morale : celle de l’argent. Autant vous dire qu’avec une côte de sympathie n’ayant d’égal que celle d’un contrôleur d’impôts, vous ne serez pas franchement le bienvenu.

Voici Ryudo, le héros de ce Grandia 2.

Quand on découvre les réactions des PNJ vous évitant et vous fuyant comme la peste et quand on lit, amusé, les répliques ironiques et sarcastiques à souhait d’un Ryudo jouant sur cette non-popularité envers ces gens qu’il hait tout autant qu’eux ne le méprisent, on ne peut que se rappeler les autres RPG auxquels on a pu jouer : nous sommes loin des standards du genre dans lesquels le héros s’apparente la plupart du temps à une sorte d’idole, une pop star que tout le monde aime et voudrait suivre. Ici, Ryudo, épéiste sur la défensive à l’humour cinglant aussi aiguisé que sa lame, est un paria, un homme solitaire et mystérieux cachant le mépris qu’il a pour ses contemporains derrière son caractère cynique et ses réflexions cassantes. Voilà l’homme que Grandia 2 vous propose de suivre durant une cinquantaine d’heures magnifiques. Oublions si vous le voulez bien quelque temps les Tidus, Djidane et autres Justin, trop propres sur eux pour être crédibles, et suivons ensemble les pas de Ryudo, héros malgré lui...

Être Geohound, c’est pas si simple...

Le tout début des aventures de l’intrépide Geohound.

Le jeu commence lorsque Ryudo est engagé par un membre du clergé afin de servir de garde du corps à une jeune prêtresse. Comprenons-nous bien : Ryudo ne croit absolument pas à cette religion faisant de Lord Granas un Dieu tout puissant, créateur et protecteur du monde dans lequel se déroule l’histoire. Non, Ryudo, lui, croit à l’argent, et c’est la seule raison pour laquelle il a accepté ce travail. Voilà donc notre mercenaire parti pour escorter Elena, une sorte de « bonne sœur » à la foi inébranlable dont la mission consiste à prêcher la parole de Lord Granas et à chanter de par le monde ses louanges. Elena a rendez-vous avec d’autres fidèles dans un temple pour procéder à une sorte de cérémonie à laquelle Ryudo n’est pas convié à cause de son athéisme poussé. Hélas, pendant cette cérémonie, un incident se produit... Victime de sa maladresse, Elena est alors possédée par une partie de Valmar, le Dieu du Mal : de cet incident surgit Millenia, alter ego maléfique de la prêtresse, qui prendra de temps à autre possession de la jeune croyante. La mission de Ryudo est alors prolongée pour qu’il escorte Elena jusqu’à l’Etat Papal de St Heim afin de demander l’aide du Pape lui-même, en vue de secourir la pauvre enfant. C’est donc le point de départ d’une aventure captivante et c’est maintenant à vous de découvrir la suite des pérégrinations de Ryudo et de Elena, sa protégée.

Elena, la prêtresse et Millenia, la même femme possédée par Valmar.

Sous ses allures de scénario classique, la trame de Grandia 2 est nettement moins simpliste qu’elle n’en a l’air. En effet, sans vouloir entrer dans les détails, ce qui pourrait faire de moi un assassin en vous spoilant le jeu, le scénario a donc comme toile de fond le problème des religions. Comprenez par là que le jeu soulève des questions assez intéressantes et malheureusement d’actualité à propos de l’importance de la religion dans la vie des gens, de l’aveuglement des fidèles recherché par les grandes pontes des croyances et de l’interprétation erronée des textes saints. Le jeu parle d’un conflit entre deux religions (les fidèles de Lord Granas et ceux de Valmar) et surtout de la manipulation de leurs adhérents respectifs. Il est en effet amusant de voir que parmi les personnages jouant les têtes d’affiche de cette épopée, il y a un personnage complètement athée (Ryudo), une fanatique de Granas (Elena), un suppôt de Valmar (Millenia) ainsi que d’autres personnages rejoignant l’aventure dont les croyances paraissent plus floues (comme le jeune garçon Roan, dont on découvre tout en cours de jeu). Bref, alors que le scénario aurait pu être simple et manichéen, on se retrouve avec une réflexion poussée sur un des problèmes les plus marquants de nos sociétés. Ce qui donne encore plus de profondeur, et donc de crédit, à ce Grandia 2 définitivement plus mature que son prédécesseur.

De passage dans une église. Préparez-vous à en voir beaucoup.

En plus de cette intéressante problématique, Grandia 2 propose de suivre les aventures de personnages fabuleusement profonds et dont le background est suffisamment détaillé pour que leur sort nous intéresse. Ryudo cache en réalité plus d’histoires qu’il ne le montre de prime abord, Elena et Millenia proposent une double introspection assez complexe sur la même personnalité suivant deux angles différents et Roan le jeune garçon dispose d’une histoire personnelle tout à fait intéressante. Ajoutez à cela Mareg, un homme-bête attaché aux coutumes anciennes d’un peuple vivant dans le respect des traditions, ainsi que Skie, un aigle doté de la parole semblant être le seul ami de longue date du héros, et vous obtiendrez des personnages crédibles dont le délicieux character design de Youshi Kanoe finit de rendre attachants. En plus de cela, Grandia 2 propose une touche romantique très agréable avec une relation amusante due à un triangle amoureux entre Ryudo, Millenia et Elena fort bien présenté. Et puis, ne me le cachez pas, sous vos allures de gros durs élevés à la destruction massive d’aliens immondes dans les shmups que vous avez pu avaler durant votre jeunesse, vous dissimulez un petit cœur qui raffole de ces histoires à l’eau de rose, et dans Grandia 2, cette romance est présentée de manière suffisamment subtile pour devenir crédible, et donc efficace.

Appréciez ce character design inspiré.

Un bon scénario ne fait pas tout...

Ne nous attardons pas d’avantage sur les qualités d’écriture indéniables dont dispose Grandia 2. Venons-en à présent à un autre aspect primordial : le gameplay. Sachez simplement qu’il est tout autant réussi et savamment dosé. D’abord, il faut garder en tête que Grandia 2 est une production du studio japonais Game Arts et que c’est à ce studio que l’on doit des titres comme Alisia Dragoon, Silpheed, Lunar ou encore Grandia premier du nom. Une carte de visite des plus flatteuses, reconnaissons-le, et qui laisse présager d’un game design réussi. Et bien c’est effectivement le cas. Le travail de Osamu Harada (déjà game designer sur Silpheed et sur Wing Commander, par exemple) est très réussi puisque le jeu est d’une prise en main fort agréable et que les systèmes de jeu sont diablement efficaces. Tiens, tant que nous parlons de ces game mechanisms, reconnaissons que la tâche de Harada a été nettement simplifiée par les travaux effectués par ses collègues sur le premier Grandia. En effet, la plupart des mécanismes de jeu sont repris du premier opus. L’équipement avec les flèches de couleur indiquant si un objet est bénéfique ou pas, les phases d’exploration du jeu facilitées par les gâchettes permettant de faire tourner à 360 degrés la caméra ou encore la navigation dans les menus pensée sous forme d’anneau (les connaisseurs du premier opus comprendront) sont autant de bonnes idées reprises telles qu’elles du premier Grandia. Il aurait été dommage de s’en priver, tant elles paraissaient déjà brillantes dans ce premier opus.

Un des nombreux donjons que vous parcourrez. Ici un petit mécanisme basé sur des lampadaires colorés.

Si vous demandez néanmoins ce qui différencie Grandia 2 des autres productions à un vrai fan de RPG (il est facilement reconnaissable grâce à ses longs cheveux, ses t-shirts FFVI et à sa tendance à écouter du Nobuo Uematsu dans son baladeur...), il vous dira que c’est le système de combat. Et le bougre aura bien raison ! En effet, il est tout simplement à mes yeux le meilleur parmi tous ceux que les jeux de rôle ont pu proposer jusque-là. Premier avantage, et non des moindres, les ennemis sont visibles à l’écran durant vos phases d’exploration. Cela signifie que les combats aléatoires chers à la série des Final Fantasy vous coupant dans votre élan toutes les deux secondes (et qui m’ont poussé à ne plus jamais revenir sur un opus de la saga, cela dit en passant) n’ont pas leur place ici... Soulagement personnel... Quand un combat se lance, on arrive dans une des phases de jeu les plus sympathiques du soft. Ce système de combat est à la fois simple à comprendre, complexe à expliquer et suffisamment profond pour proposer au joueur une courbe de progression plus que satisfaisante. Il est basé sur une barre de temps en bas de l’écran montrant l’ordonnancement des actions. Sur cette barre, des sortes de petits pions symbolisant les personnages se déplacent de gauche à droite. Lorsqu’un pion est arrivé à l’extrémité droite de la barre, c’est au personnage correspondant de jouer et donc de faire une action. Toute la subtilité du jeu consiste à donner un grand coup (soit une magie, un coup spécial ou une attaque forte) à un ennemi juste avant que son pion n’arrive à l’extrémité de la barre : cela aura pour conséquence de ralentir sa progression sur cette barre, ou si le timing était parfait, de le repousser au tout début de celle-ci, symbole de l’annulation de l’action du personnage. Ce système qui avait déjà fait ses preuves dans le premier Grandia fonctionne encore admirablement bien ici, et c’est avec justesse que les concepteurs du jeu ont repris cette idée simple mais ô combien efficace.

Sur ce screenshot, on voit bien la barre de temps en bas à droite.

Finalement, cette Dreamcast, elle en avait sous le capot !

Vous l’aurez compris, il n’y a pas de véritable faiblesse dans les mécanismes de jeu de Grandia 2. Et ne cherchez pas non plus sur le plan de la réalisation pour déceler une faille dans l’ensemble de l’œuvre. Comme cela fut évoqué plus haut, le character design est superbe et les quelques artworks ornant cette page ne me contrediront pas. De plus, le côté manga donné au jeu est vraiment agréable et lui confère un côté dessin animé plaisant. En ce qui concerne l’aspect technique, c’est tout autant réussi. La modélisation des décors comme des personnages est globalement réussie même si on peut reconnaître une relative grossièreté dans la transposition en polygones des différents protagonistes. Néanmoins, les décors sont superbes et rappellent de temps en temps les plus beaux endroits traversés dans les jeux de rôle 2D les plus merveilleusement dessinés. Il est amusant aussi de noter l’emploi original de vidéos pour certains effets spéciaux comme les attaques les plus puissantes, qui sont directement appliquées en superposition sur le rendu 3D. À la fois déroutants et efficaces, ces petits dessins animés appuient encore le côté manga de Grandia 2...

Une attaque spéciale de Millenia, réalisée en dessin animé. Cette technique a été très peu usitée dans les autres RPG japonais.

On peut toutefois donner un joli carton jaune aux cinématiques précalculées d’une qualité plus que moyenne. Heureusement, elles sont fort rares et la plupart du temps, les cut-scenes permettant le développement de la trame scénaristique sont réalisées avec le moteur du jeu, ce qui est nettement préférable dans ce cas. Le plaisir des yeux est complété ici par celui des oreilles grâce à une musique de grande qualité composée par Noriyuki Iwadare (qui sera également au générique de Mega Man X7 quelques années plus tard). Cette BO utilise habilement de très nombreuses voix et reprend les chants d’Elena ainsi que ceux des guerriers du peuple de Mareg, afin de donner un côté humain et quasi intimiste aux compositions.

La première rencontre entre Ryudo et Elena. Le chant de la prêtresse souligne efficacement la beauté de la naissance de leur relation.

Si Panzer Dragoon avait créé le Rail Shooter, Grandia 2 innove avec le Rail RPG

Il est quand même important de signaler que le jeu propose une particularité qui peut déplaire à certains joueurs. En effet, si vous êtes de ceux habitués à Morrowind et à sa liberté totale, vous serez ébahi par la linéarité du soft : Grandia 2 ne propose aucun embranchement scénaristique et le joueur aura l’impression d’être posé sur un rail. Certes, la découverte du scénario permet de masquer plus ou moins cet aspect, mais il est important de le souligner. De plus, et là les fans de Square hurleront de colère, aussi étonnant que cela puisse paraître, Grandia 2 ne propose pas de quêtes annexes, à l’exception d’un niveau bonus vers la fin du jeu dans une forêt ne servant qu’à faire du leveling. Pour ma part, cette linéarité poussée à l’extrême ne m’a pas dérangée du tout : en se concentrant sur le scénario et sur le maintien du rythme de l’aventure, Game Arts a rendu son jeu passionnant d’un bout à l’autre et a réussi à éviter le piège toujours délicat de la baisse de régime. Je conçois néanmoins qu’un joueur puisse vraiment décrocher de ce jeu à cause de la structure même du soft, mais ce serait passer à côté d’un des RPG les plus accrocheurs auxquels j’ai pu jouer. Ajoutez à cela le fait que Grandia 2 soit le jeu de rôle le plus bavard que la Dreamcast ait pu avoir (apprêtez-vous à lire des milliers de ligne de dialogue et à voir de nombreuses cut-scenes donnant au titre un petit côté « théâtre de marionnettes ») et vous comprendrez que ce jeu peut rebuter. Néanmoins, le système de jeu fabuleux et l’excellence de l’écriture du scénario et des dialogues (savoureux de par le côté irrévérencieux de Ryudo) devraient quand même convaincre une majeure partie des joueurs.

Le jeu est ponctué par des repas assez fréquents avec les différents membres de votre groupe. Comme dans Grandia premier du nom, cela permet d’approfondir les backgrounds des personnages et leurs relations.

Puisque nous évoquions le scénario et les dialogues à proprement parler, je me dois d’aborder le côté scandaleux du jeu, étant donné que j’aime dénoncer les injustices et défendre la veuve et l’orphelin quand je trouve le temps d’enfiler mon slip rouge pour voler au-dessus de Métropolis... Malgré la surenchère de textes, les innombrables cut-scenes (certaines étant doublées) et la finesse des dialogues, Ubi Soft qui édita le jeu en France n’estima pas que la localisation totale s’imposait ! Comprenez par là que tout le jeu est en anglais, et que toutes les voix ainsi que tous les textes sont donnés dans la langue de Shakespeare ou de David Beckham (au choix). En un coup, le jeu se ferme à de très nombreux joueurs ne maîtrisant pas forcément la langue. Mais vu que je sais que les fripons que vous êtes sont de vrais petits anglophones en herbe, je ne me fais pas de soucis et je me réjouis en me disant que vous serez aptes à profiter de toutes les saveurs de ce jeu.

Déjà, un aigle qui parle, c’est pas fréquent. Mais en plus, l’animal s’exprime comme tout le monde, c’est-à-dire en anglais...

Avouons-le, j’ai bien aimé ce jeu... Si si...

Au final, Grandia 2 apparaît donc comme un incontournable, un des premiers RPG 128-bits vraiment maîtrisés. Il reste encore de nos jours un des jeux de rôle les plus beaux et les plus intéressants qu’on puisse trouver, malgré sa sortie assez ancienne maintenant datant du début de notre millénaire... Le jeu connaîtra même une sorte de seconde vie puisqu’il sera adapté quelque temps plus tard sur PC et sur Playstation 2 : tournant sur des supports ayant des parcs de machines largement plus conséquents, le jeu pouvait alors s’attendre à connaître le succès qu’il méritait. Hélas, il n’en fut rien, puisque le jeu fut assez vite éclipsé par le monstre Final Fantasy X, ce dernier bénéficiant d’un esthétique plus poussée et d’un marketing bien plus conséquent. La traditionnelle histoire du pot de fer contre le pot de terre... Cependant, sur Dreamcast tout au moins, le jeu connu un joli succès d’estime et fait partie des incontournables de la console de Maître Sega.

Le village d’Elena, point de départ de Grandia 2.

Ouille... Je la vois venir... Je perçois à l’horizon la question, le traditionnel débat entourant Grandia 2. Oui, le sujet va être abordé pas plus tard que maintenant : alors, Grandia 2 ou Skies of Arcadia ? En effet, ces deux titres ont toujours été comparés et opposés pour se disputer le titre de plus grand RPG sur Dreamcast, Phantasy Star Online ne participant pas à la course, à cause de sa différence de catégorie due à son aspect online. Alors, j’esquiverai la question par une subtile réponse de normand : les deux se valent ! En effet, les deux jeux sont des softs d’exception avec leurs forces et leurs faiblesses respectives (signalons d’ailleurs le test encensant à juste titre Skies of Arcadia de ce vieux pirate de Bruno, disponible sur le site). Le plus simple est de les prendre tous les deux, vu que la Dreamcast et ses jeux se trouvent maintenant pour une bouchée de pain, suite à l’arrêt de la fabrication de la machine. Cela donne une raison de plus de se procurer ce Grandia 2 magique, et de vous laisser porter par cette histoire magnifique, cette épopée magistrale sublimement enrobée par cette explosion technique, ce déluge de couleurs et d’effets spéciaux. Bref, si jamais lire des pages et des pages de texte ne vous effraie pas et si les jeux linéaires ne vous dérangent guère, je vous suggère de découvrir les aventures de Ryudo. En effet, il est important de garder à l’esprit que certains ne pourront pas passer outre ces légers défauts, mais ces derniers perdront alors une occasion de découvrir ce bijou, ce diamant ciselé par les orfèvres de Game Arts.

Le dynamisme des combats de Grandia 2 font partie des gros points positifs du soft.

Suite à ceci, un épisode exclusivement centré sur le Dungeon RPG sortira sur PS2 sous le nom de Grandia Xtreme, mais il est d’une qualité indiscutablement moindre comparée à ses illustres aînés, tant les aventures de Ryudo et de Justin marquent encore les esprits. Il ne reste plus qu’à se consoler en espérant voir venir un jour le MMORPG intitulé Grandia Online qui fut tout récemment annoncé au Tokyo Game Show de septembre 2004, ce jeu étant pour l’instant exclusivement destiné aux marchés asiatiques. Ou alors prier pour que le très hypothétique Grandia 3 puisse sortir prochainement, étant donné qu’il fut pressenti sur Xbox, suite à une rumeur datant de quelque temps maintenant. Mais tout cela n’est que pure spéculation, alors concentrons-nous sur du concret : aujourd’hui, si vous vivez dans le péché en ne connaissant pas Grandia 2, je vous supplie de laver l’affront au plus tôt en vous essayant à ce soft magnifique, qui m’a personnellement touché et transporté... Comme quoi, on peut découvrir des choses merveilleuses et des histoires qui vous marquent à n’importe quel moment de l’année, même pendant la grisaille et le froid d’un triste mois de février 2001...

En vrac, des exemples de sorts de magie, véritables démonstrations d’effets pyrotechniques.
Qui peut bien être ce personnage à côté de Ryudo enfant ?
Jika
(15 novembre 2004)
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