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Mazinger Z
Année : 1994
Système : Arcade, Playstation 4, Playstation 5, Switch
Développeur : Banpresto
Éditeur : Banpresto
Genre : Arcade / Shooter
[voir détails]
Par JPB (18 décembre 2023)

Suite à la sortie de Goldorak : le Festin des Loups tout récemment (novembre 2023) sur PC, Switch et PS4/PS5, j'ai eu envie de vous parler du jeu... mais pas de celui-ci. D'abord parce que les tests qui fleurissent sur le net semblent indiquer qu'il est plutôt raté, mais surtout parce que je n'y ai pas joué et que je ne me suis pas fait ma propre opinion.
Je voulais plutôt vous présenter un des rares jeux dans lequel on peut incarner Goldorak : Mazinger Z, un shoot'em up sorti en salles d'arcade en 1994, principalement au Japon. Mais j'ai pas mal de choses à vous dire avant, parce que les p'tits jeunes d'aujourd'hui ne peuvent pas comprendre ce que représente Goldorak pour les français de plus de 50 ans.

Le flyer. Merci au site Arcade Flyer Archive !
Cliquez sur une image pour une version plus grande.

PREMIÈRE PARTIE : MANGAS ET ANIMÉS

Mazinger Z

Mazinger Z est à l'origine un manga de robots géants, imaginés par Go Nagai en 1972.

Le professeur Jûzô Kabuto est mortellement blessé dans l'explosion de son laboratoire (perpétrée par les sbires du Docteur Hell). Jûzô transmet à son petit-fils, Koji Kabuto (qui sera francisé plus tard en... Alcor), le secret d'un robot qu'il a conçu, à l'aide d'un matériau révolutionnaire : l'Alliage Z. La phrase emblématique du professeur à son petit-fils, est : "Un grand pouvoir implique de"... Ah non, ce n'est pas celle-là. Le professeur dit : "Koji, grâce à Mazinger, tu peux devenir un dieu ou un démon". Il donne encore quelques conseils... et meurt. Koji, aidé du professeur Gennosuke Yumi (un ami de son grand-père) et de sa fille Sayaka, va apprendre à utiliser Mazinger Z, pour arriver à combattre les robots du Docteur Hell.

Mazinger Z est le premier manga où le pilote se "greffe" directement dans le robot pour le piloter. Par la suite, de nombreux mangas ont repris ce principe (Getter Robot, Brave Raideen, Gaiking...).

L'animé est sorti en 1972 au Japon, où il a eu un énorme succès et est devenu culte. En France, contrairement à l'Italie et à l'Espagne, on n'a pratiquement pas entendu parler de Mazinger Z. En 1979, je me rappelle pourtant d'avoir acheté le tome 2 d'une BD traduite depuis la version espagnole, parce que je trouvais que le héros ressemblait à Alcor de Goldorak (je ne croyais pas si bien dire !), et pour autant que je sache il y a eu 6 tomes en tout parus en français, mais c'est tout. Quant à l'animé, il a été diffusé en 1988, soit dix ans après Goldorak, et encore : juste 25 épisodes sur 92 (remarquez, aux États-Unis, il a été diffusé en 1985 sous le nom de Trantor Z et n'a pas eu plus de succès).

Vous trouverez des infos sur Wikipedia, et des infos plus complètes sur les sites Shinryu et Toku-Onna. Le générique en VO est ici, celui en français est .
Et j'ai même trouvé un lien vers le premier épisode en français. N'hésitez pas à le regarder... pendant qu'il est disponible !

Dernière remarque : le 22 novembre 2017 est sorti au cinéma un animé d'une heure et demie, réalisé par Junji Shimizu : Mazinger Z Infinity, pour fêter les 50 ans de l'œuvre de Go Nagai. La bande-annonce est disponible ici.

Great Mazinger

Great Mazinger est la suite directe de Mazinger Z, imaginée par Go Nagai en 1974.

Le professeur Kenji Kabuto, fils du professeur Juzo Kabuto et père de Koji Kabuto, s'est fait passer pour mort afin de construire en cachette le Great Mazinger, une version améliorée du Mazinger Z. Son fils adoptif Tetsuya Tsurugi (qui sera francisé plus tard en Antarès) devient le pilote du Great Mazinger. Le Docteur Hell ayant été vaincu par Koji, mais Mazinger Z ayant été détruit par les Mycènes (des "intra-terrestres" provenant du centre de la Terre), Tetsuya arrive à pic pour prendre la relève de Koji, parti étudier à la NASA.

L'animé de 56 épisodes a été diffusé en 1974 au Japon ; il a eu du succès, mais pas autant que Mazinger Z. Cet animé n'a jamais été diffusé en France, contrairement à l'Italie et l'Espagne.

Vous trouverez des infos sur Wikipedia et des infos plus complètes toujours sur les sites Shinryu et Toku-Onna. Le générique en VO est ici.

Goldorak

Goldorak (UFO Robo Grendizer en VO) est la suite de Great Mazinger, imaginée par Go Nagai en 1975.

Actarus (Daisuke Umon en VO), le prince d'Euphor (Duke Fleed toujours en VO), s'est enfui de sa planète conquise par les forces de Véga. Arrivé sur Terre plus mort que vif, aux commandes d'une soucoupe porteuse d'un robot géant du nom de Goldorak, il est recueilli par le Professeur Procyon (Genzô Umon en VO) qui le considère comme son fils. Au début, tous deux cachent le fait qu'Actarus est un extraterrestre ; mais l'arrivée des forces de Véga sur Terre va obliger le prince d'Euphor à reprendre le combat à bord de Goldorak pour défendre la planète bleue (et ses fleurs, ses oiseaux, etc.)

Il a existé une "préversion" de Grendizer du nom de Gattaiger. C'est impressionnant de retrouver autant de similitudes, et autant de différences. Le costume d'Actarus est quasi identique côté forme, mais les couleurs sont complètement différentes. Mais surtout, le robot Gattaiger est... comment dire... je le trouve très moche, et la version soucoupe c'est encore pire. Heureusement qu'il ne s'agit que d'un brouillon ! Vous pouvez voir la bande annonce sur ce lien (dommage pour la qualité assez mauvaise), et vous aurez aussi un comparatif sur le lien du site Toku-Onna un peu plus bas.

Au Japon, la série a du succès, mais bien moins qu'on l'espérait - surtout Popy, la marque qui créait les produits dérivés, et qui comptait énormément sur ce renouveau afin de vendre de nouveaux robots aux enfants. En dehors d'un ras-le-bol de ce genre de séries, le plus gros problème est que les fans n'apprécient pas de voir que Koji Kabuto (Alcor) se retrouve personnage secondaire, en retrait de Daisuke Umon (Actarus) ; mais le fait qu'Alcor soit présent (il ne devait pas l'être au départ) était imposé par le cahier des charges de Fuji TV, qui avait constaté la baisse d'audience de Great Mazinger parce que Koji n'y était plus... et qui dit baisse d'audience dit baisse des ventes de jouets. En fait c'est compliqué : au final, Grendizer n'intéresse pas les enfants pour qui les jouets avaient été prévus, parce que le ton est trop adulte, mais la série a quand même une bonne audience car les ados regardent, mais eux ne sont pas intéressés par les jouets...

Et puis... Le 3 juillet 1978, Grendizer arrive en France. Renommé Goldorak, grâce à Michel Gatineau qui a fait un travail de dingue sur la francisation de tous les noms (personnages, robots, armes...), c'est tout simplement une révolution télévisuelle. Vous trouverez toutes les infos racontant comment a eu lieu la diffusion de la série sur Wikipedia. Vous pourrez également cliquer sur ce lien pour une vidéo de la chaîne SériesCultes sur le sujet. Pour finir, je vous recommande une fois de plus les sites Shinryu et Toku-Onna, toujours aussi complets.

Je veux pour ma part vous raconter ici ce que j'ai vécu - et par extension, ce que la plupart des gosses entre 6 et 10 ans en 1978 ont vécu - pour que vous compreniez à quel point l'impact de Goldorak a été phénoménal.

Goldorak en France

J'avais huit ans et j'étais au centre aéré dans la banlieue de Lille en cette période de juillet 1978, et un jour on s'est tous retrouvés à discuter d'un dessin animé avec un humain qui pilote un robot géant. La veille, j'étais tombé sur l'épisode totalement par hasard, en plein milieu, alors forcément je n'avais pas tout compris mais j'avais été subjugué. Et visiblement je n'étais pas le seul, on parlait avec emphase d'un "Actarus", d'un "Goldorak" mais ce n'était pas encore très clair. Le soir même j'ai foncé devant la nouvelle émission RécréA2, et là j'ai pu voir l'épisode complet, du générique de début à celui de fin. Je ne me rappelle plus lequel c'était, j'avais certainement dû en rater un ou deux, mais c'était avant le 5ème, ça j'en suis certain. Je me suis pris une claque monumentale.

Quelle classe, quand même ! Et en plus, pendant le générique de fin,
l'espace d'un instant on devine LES PLANS du robot ! TROP GÉNIAL !!
Mais on n'avait pas de magnétoscope à l'époque, dont pas moyen d'avoir un arrêt sur image...

Et à partir de là, je suis devenu immédiatement accro, comme tous les gamins de mon âge qui l'avaient vu. Je ne ratais plus aucun épisode, mes copains de la résidence non plus... C'est l'audimat qui devait être content ! À la rentrée suivante, où je retrouvais d'autres copains d'école, on ne parlait que de ça à la récré. Le merchandising commençait son œuvre : on trouvait des objets en rapport avec le dessin animé, au départ des albums BD de "Télé-Guide" (dont les dessins étaient souvent d'une qualité plus que discutable, mais on s'en fichait), d'innombrables posters soit fournis dans les BDs, soit des grands qu'on devait acheter à part, et surtout le poster en relief (que j'ai toujours, là, accroché sur le mur de mon bureau pendant que j'écris ces lignes)... puis tout s'est emballé, et pendant au moins une année (donc pendant plus longtemps que la première diffusion, qui a été un peu erratique) Goldorak est devenu LE support de si nombreuses marques qu'il était presque plus difficile de trouver des produits qui n'affichaient pas le grand cornu ! Il y avait les cartables, les tampons encreurs, le jeu des 7 familles dont les dessins provenaient des fameuses BDs "Télé Guide", les montres, les badges, les bracelets, les pulls Phildar, les bretelles, les porte-clés, l'album de stickers à coller, les puzzles, le taille-crayons en métal, les lampes de chevet, les couettes, les oreillers, les savons, les shampooings (très doux), on avait des décalcomanies dans les boîtes de La Vache qui Rit, du Camembert Le Conquérant, les verres-moutarde Amora... Pfou !

Et puis, les jouets ont débarqué : des petits robots en métal de Mattel (y compris des robots d'autres séries mais qu'on ne reconnaissait pas, parmi lesquels Mazinger Z justement), des gros en plastique également de Mattel (en France on a surtout eu Goldorak, Raydeen et Gaiking), les poupées Actarus et Alcor de Ceji... Vous trouverez plein d'extraits de catalogues de jouets à cette adresse. Ce dont je me souviens le plus, c'est que près de Lille, à Englos, il y avait un immense magasin de jouets du nom de Pick-Wick, qui avait mis au plafond le Goldorak de 60cm, harnaché dans sa soucoupe à l'échelle, soit une maquette de plus d'un mètre de large en comptant les "ailes" ! J'étais béat devant elle (qui n'était là que pour l'expo), j'en rêvais... J'avais demandé le robot pour Noël, et évidemment, dès octobre, tous les magasins étaient en rupture de stock parce que tous les gamins en voulaient un ! Je revois encore mon Papa téléphoner toutes les semaines pour demander s'ils en avaient reçu, et pour en réserver un dès qu'il serait disponible. Il en a fallu du temps, vous pouvez me croire...

Mes 3 robots : Raydeen, Goldorak et Gaiking, toujours là en 2023.
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Et puis, en avril 1979, on a eu droit au film ! Goldorak au cinéma, petite arnaque avec le recul : vous en saurez plus sur cette page. Mais comment ne pas y aller ? Ma Maman, qui m'y avait emmené, m'a raconté que pas mal d'adultes ronflaient pendant le film, mais les gosses s'en fichaient, Goldorak sur grand écran, waow ! J'ai même toujours la cassette audio du film, que j'avais demandée à mes parents - comme sûrement plein d'autres enfants. Sur la cassette est écrit : Goldorak comme au cinéma, certainement pour rappeler aux enfants leur passage dans les salles obscures... Je l'ai écoutée tellement de fois qu'en copiant le lien pour cet article, je me suis rendu compte que je peux la réciter par cœur !

Le petit Goldorak en métal, lui aussi toujours là.
Je n'ai hélas plus la soucoupe.
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Je dois avouer que j'ai eu plein de jouets Goldorak. Je pense que celui que je préférais, c'était le petit robot en métal avec sa soucoupe. Il était vraiment superbe, et n'avait que deux défauts : la soucoupe était peu solide, en plastique, et malgré le fait que j'étais soigneux elle a vite été esquintée ; et les astéro-haches ne se fixaient pas dans le corps du robot, elles étaient juste posées dans le trou sur les épaules, ce qui fait que si on inclinait Goldorak vers le bas, elles tombaient. J'en ai fait la triste expérience : j'en ai perdu une en jouant dans l'immense jardin de la résidence, et j'ai mis deux semaines à refaire mon parcours de ce jour-là dans tous les sens avant de la retrouver. J'en ai pleuré de joie.

Mais ce que vous devez comprendre, c'est que Goldorak faisait partie du quotidien des enfants de l'époque. Aucun autre dessin animé n'avait eu un pareil impact avant. On ne parlait pratiquement plus que de Goldorak, on vivait Goldorak. L'autre dessin animé qui avait du succès - quoique moins important - au même moment, aussi dans RécréA2, c'était Candy, mais bon, je ne regardais pas, c'était pour les filles !

Quand la première diffusion de Goldorak s'est arrêtée (je crois qu'on n'a pas eu droit aux derniers épisodes cette fois-là), j'ai été très, très triste. C'est Albator 78 qui l'a remplacé. Avec Albator, le ressenti a été subtilement différent. Le dessin animé a eu beaucoup de succès, là aussi il y a eu des jouets et du merchandising comme pour Goldorak (en moindre quantité tout de même), mais il n'y a pas eu cette folie, certainement parce que tout bêtement, ce n'était pas le premier dessin animé de ce genre-là qu'on découvrait. Goldorak a été, je l'ai déjà écrit quelque part, une révolution, un raz-de-marée qu'aucune force n'aurait pu arrêter, et tous les enfants de l'époque ont été happés - moi le premier. Après sont arrivées les polémiques des adultes sur la violence et les "japoniaiseries", mais nous les gosses, on s'en fichait, tout ce qu'on voulait, c'était qu'on nous laisse regarder nos épisodes du grand cornu !

Pendant des années, il y a eu quelques rediffusions sur certaines chaînes télé, et je n'en ratais aucune (enfin, j'essayais) mais on n'était pas encore dans cette logique de souvenir / Madeleine de Proust. Celle-ci est arrivée bien plus tard, au début des années 2000 avec la démocratisation du DVD : un engouement terrible pour les vieilles séries ou dessins animés qu'on s'est mis à retrouver en coffrets DVD dans les magasins : San Ku Kaï, Albator, Les Cités d'Or... Mais au début, pas trace de Goldorak, comment était-ce possible ?

Au bout de plusieurs mois, on a enfin entendu parler d'une future sortie de coffrets, et là on a assisté à une attente fébrile par tous ces mêmes gosses - qui avaient grandi entretemps, comme moi - pour enfin pouvoir les acheter, une attente qui semblait s'éterniser (j'en parlais régulièrement avec le vendeur du rayon DVD à Auchan, qui les attendait autant que moi). Les deux premiers ont finalement été disponibles début 2005 sauf erreur, puis rapidement introuvables car en rupture de stock ; mais surtout, grosse déception : le 3ème et dernier coffret est arrivé en vente au milieu de l'année, pendant à peine une ou deux semaines, avant retrait de tous les stocks de toute la France en août 2005 pour contrefaçon. Et là, on a appris qu'il y avait un procès entre Toei et Manga Distribution / Déclic Images à ce sujet. Il a fallu attendre quatre ans avant que tout soit juridiquement terminé (et le procès a été assez compliqué, mais Toei a gagné).

Les 3 coffrets DVD d'origine. Je les ai tellement attendus ! Je les ai achetés légalement, avant que
tout le monde apprenne qu'ils étaient illégaux. Vous ne pensez quand même pas que j'allais les rendre !?
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De nos jours, l'intégrale de Goldorak est dispo un peu partout, vendue légalement et officiellement par AB Vidéo, en version remasterisée et "non censurée". Je ne pense pas qu'il puisse de nouveau y avoir une attente comparable pour n'importe quelle série, parce qu'on n'est plus du tout dans le même monde qu'en 2005. Même la série Game of Thrones, qui a eu un énorme succès, n'a pas généré une telle demande, vu que les saisons se sont enchaînées, tout comme les coffrets DVD / blu-ray en magasin.

Personnellement, vous l'avez vu, il me reste des souvenirs de cette époque, mais je regrette beaucoup d'avoir échangé certains jouets contre d'autres, ou lors de déménagements d'avoir bêtement perdu - ou pire, d'avoir dû jeter pour faire moins de cartons ! - des posters, puzzles ou livres de Goldorak.

De nos jours, on trouve plein de goodies sur Goldorak, ainsi que sur plein d'autres personnages, mais ils ont été faits bien des années après ce que je vous ai raconté, pour profiter de cette mode vintage. À mon avis, le seul objet que je pourrais vous conseiller d'acheter les yeux fermés si vous avez vécu cette époque, c'est la superbe BD de cinq auteurs français, qui eux l'ont vécue, et qui ont rendu un superbe hommage à Go Nagaï et à Goldorak. L'histoire, les dessins, tout n'est qu'un vibrant cri du cœur pour le grand cornu.

Si vous voulez en savoir plus, LVD a réalisé un documentaire en deux parties, qui traite de la création et de l'impact de Goldorak au Japon et en France. La première partie est ici, la seconde .

Maintenant, vous comprenez certainement mieux l'impact de Goldorak sur tous ces enfants en 1978, et ce qui semble être une profonde déception pour tous ces fans qui ont grandi - dont je fais partie - et qui fondaient de grands espoirs sur le nouveau jeu Goldorak : le Festin des Loups...

SECONDE PARTIE : MAZINGER Z, LE JEU D'ARCADE

La marquise. Celle d'origine, j'espère, mais je n'en suis pas sûr.

Après cette grande entrée en matière, je vais maintenant en venir au sujet de cet article, c'est à dire le jeu d'arcade Mazinger Z. Même s'il a été exporté du Japon vers des pays occidentaux, je pense qu'il a plus percé aux États-Unis et qu'on ne l'a pas beaucoup vu dans les salles d'arcade françaises - mais je peux me tromper. En tout cas, à mon grand désespoir, je ne l'ai jamais croisé. Je ne savais même pas qu'il existait avant de le découvrir sur MAME !

Banpresto

La société Hoei Sangyo Co., Ltd. a vu le jour à Tokyo en 1977. En 1982, elle change de nom pour Coreland Technology Co., Ltd et commence à travailler en prestataire pour SEGA. Mais c'est en 1989, suite au rachat d'une partie du capital par Bandai, qu'elle prend le nom de Banpresto Co., Ltd. et qu'elle commence à investir dans les jouets, jeux vidéo et appareils de divertissement, ce qui va s'avérer payant car le nombre de jeux créés par la société est assez impressionnant. Son capital augmente énormément, à tel point qu'elle va ouvrir son propre parc d'attractions !

Banpresto va connaître d'autres mouvements par la suite, ce qu'il faut retenir c'est qu'en 2008 la branche "jeux vidéo" devient partie intégrante de Bandaï Namco Games, et que le reste de Banpresto devient une filiale de Namco ; et depuis 2019 Bandai Spirits a fusionné avec Banpresto, ce qui fait que la société est officiellement dissoute. Vous trouverez toutes les infos sur Wikipedia (et plus d'infos sur Wikipedia en anglais).

Introduction

Mazinger Z permet de piloter un des trois robots susnommés. Et surtout, on peut y jouer seul ou à deux en même temps !

Graphiquement c'est irréprochable.

Lors de l'attract mode, on peut voir trois petites séquences légèrement animées, présentant les trois robots. On reconnaît parfaitement les méchas et leurs environnements, mais pour Goldorak c'est un peu étrange car on place Actarus dans la tête du robot, au lieu de passer par la séquence inoubliable de "méétaamoorphoôÔôose" qui le fait arriver dans la soucoupe. Je comprends que ç'aurait fait bizarre de ne pas avoir la tête de Goldorak en gros plan, comme pour les deux autres, mais quand même...

L'image de présentation seule, puis avec le titre, et l'écran de choix.

Après avoir mis des pièces, il faut sélectionner son engin

On peut donc choisir parmi les 3 couples humain / robot. Pour chaque mecha, on voit le nom, la taille, le poids (à en croire le jeu, Goldorak est dix fois plus lourd que les deux autres), ainsi que l'image et le nom du pilote associé. Honnêtement, ça ne change pas énormément le gameplay par la suite, mais les robots, les tirs et les coups au corps-à-corps sont un peu différents visuellement. Après, c'est surtout une affaire de préférence. Rhââ, piloter Goldorak, quoi !

Mechas et bonus

Le jeu est dans le style des shoot'em up de cette période. Ici on se retrouve devant un scrolling vertical continu, qui ne s'arrête que lorsqu'on combat un des boss (intermédiaires ou finaux). Les robots se dirigent à la manette sur les 8 directions traditionnelles et tirent vers le haut, et tous trois commencent avec 3 boucliers. Leur apparence est très similaire : un mecha vu du dessus, porté par une aile ; même si Goldorak arrive dans sa soucoupe porteuse, il se retrouve immédiatement soutenu par Alcorak, pour que les trois combattants aient la même surface et le même masque de collision (la soucoupe aurait été trop large et trop exposée).

Gros plan des trois mechas jouables (Mazinger Z, Great Mazinger et Goldorak),
ainsi que des deux alliés (Aphrodite A et Venus A).

Régulièrement, des robots féminins (Aphrodite A de Sayaka Yumi (Mazinger Z) et Vénus A de Jun Hôno (Great Mazinger)) se glissent à l'écran. Les toucher libère des bonus de plusieurs sortes. Les plus importants sont les améliorations de tir : des poings de trois couleurs, qui flottent doucement pour qu'on les ramasse en les survolant, afin d'augmenter les dégâts du tir principal, voire de changer de type de tir à la volée. Ainsi, le tir rouge est le plus concentré, juste droit devant le robot ; le tir bleu est en éventail, et le tir vert est moins large que le bleu mais en contrepartie s'incline vers la direction qu'on prend. On peut cumuler jusqu'à trois poings, et heureusement changer de couleur ne remet pas la puissance du tir à zéro.

Autres types de bonus : l'aile qui augmente la vitesse, la bombe qui ajoute une super-arme, la capsule qui offre une vie supplémentaire (très rare), et le visage du Béliorak qui donne... je ne sais pas quoi.

Niveaux et ennemis

Avant toute chose, il faut savoir que la version japonaise offre deux choses que la version mondiale ne montre pas. La première, c'est qu'au moment où les boss apparaissent, on voit leur nom pendant quelques instants à l'écran. La seconde, c'est qu'elle intercale des phases narratives entre chaque niveau. Le problème pour ceux qui ne comprennent pas le japonais, c'est que c'est totalement incompréhensible... Mais c'est amusant de voir ces petites vignettes qui montrent des personnages emblématiques des trois séries.

Tokyo, reconnaissable à sa tour que Béliorak est en train d'escalader.

Dans le premier niveau, on survole Tokyo. L'action va crescendo, ce qui permet d'apprendre à se familiariser avec le maniement (qui n'a rien de particulier) mais surtout le tir. En effet, le tir principal peut être utilisé de façon standard, mais en laissant le bouton appuyé on charge un tir puissant (comme dans R-Type) qu'on libère en relâchant le bouton. Le corps-à-corps est utile pour gagner plus de points, mais nécessite d'être à portée de l'adversaire, ce qui est assez délicat (il faut vraiment apprendre par cœur le parcours pour savoir à quel moment c'est faisable). Et la super-arme est dévastatrice, mais on n'en a pas énormément, donc à utiliser aux bons moments ou lors de situations déséspérées.
Le jeu a pensé aux joueurs, car les effets visuels des armes sont différents d'un robot à l'autre. Du coup, en jouant plusieurs parties juste pour découvrir les trois mechas, on peut facilement finir par en préférer un pour ses attaques et se sentir plus à l'aise avec. Le tir principal et le tir puissant sont différents pour chaque robot et pour chaque couleur que ramasse ce robot.

Ce qui est vraiment marrant, c'est que les ennemis proviennent des trois animés. Des tout petits robots aux boss, pour peu qu'on ait vu les combats sur petit écran, on finit toujours par reconnaître des Kikaijûs du docteur Hell, des Sentôjûs des Mycènes, ou des Golgoths de Véga. J'avoue que les boss sont beaucoup, beaucoup plus gros que dans les trois séries où ils font la même taille que les héros, mais pour le jeu, ça en jette. Je suis triste de constater que je ne connais pas tous les adversaires que j'ai combattus, mais heureusement, ce site (en anglais) vous donnera la liste de tous les robots ennemis rencontrés, niveau par niveau.
Il y en a certains que je trouve emblématiques, comme le duo Garada K7 / Doublas M2 de Mazinger Z, ou le Monstrogoth de Goldorak. Pour certains d'entre vous, ils rappelleront sûrement des souvenirs.

Le Monstrogoth créé par Dantus : peut-être le pire adversaire de Goldorak. Ce sont Minos et Horos,
les chefs de Véga ne supportant pas qu'Actarus puisse être vaincu par Dantus, qui assassineront celui-ci
et permettront à Goldorak de vaincre le Monstrogoth.

Le jeu propose ainsi 8 niveaux, avec pour chacun un sous-boss vers le milieu et un boss plus virulent à la fin.

Gameplay et réalisation

Mazinger Z est difficile. Je dirais même très difficile. À partir du deuxième niveau, le joueur se retrouve souvent au milieu d'une pluie de projectiles qu'il faut éviter. S'il a déjà joué à des shoot'em up comme la série des Donpachi, Esp Ra. De. ou Esp Galuda, le joueur pourrait se dire qu'il est en terrain connu. Et il n'aurait pas tort ! En effet, Mazinger Z est réalisé avec le premier hardware de la société Cave, qui est devenue célèbre justement pour ces jeux appelés danmaku au Japon, traduits par manic shooters ou bullet hell. Je vous invite à lire le dossier de Grospixels à ce sujet.

En dehors du fait que certains passages sont remplis de boulettes, qui ont des patterns bien spécifiques, les tirs et attaques au corps-à-corps ennemis font mal également. Les ennemis qui vous visent sont précis, parfois ils tirent là où vous êtes, mais des fois ils tirent là où vous serez dans un instant en se basant sur votre déplacement. Il faut avoir des yeux partout, tout le temps, on ne peut jamais souffler.
Dès qu'un robot est touché, il perd un bouclier et se met à fumer quelques secondes, durant lesquelles il est invulnérable mais très difficile à manier. Ceci permet d'essayer de se mettre poussivement à l'abri, et l'action recommence très vite. Il est possible d'augmenter le nombre des trois boucliers de départ, mais ne vous attendez pas à en avoir plus de cinq (en tout cas je n'en ai jamais eu plus, mais je ne suis pas très doué pour eviter les boulettes).

Chaque niveau accompli donne un pourcentage en fonction de vos actions,
et dans la version japonaise on a droit à une petite séquence qui raconte l'histoire avec les protagonistes choisis par le joueur.

Un petit coup d'œil au niveau technique : Mazinger Z embarque un MC68000 à 16 Mhz, le son est géré par un Z80 épaulé par un Yamaha YMZ280B à 17 Mhz et/ou un OKIM6295. L'écran a une résolution de 240x384 pixels en 16384 couleurs. Les commandes sont doublées, pour chaque joueur on a donc la manette à huit directions et trois boutons (tir principal / tir puissant, corps-à-corps, super-arme).

Visuellement, c'est du beau travail à tous points de vue. Les présentations du début sont parfaitement explicites. Les visages dans les vignettes qui changent d'expression en fonction de l'action, et les personnages dans les séquences intermédiaires sont bien reproduits. Les robots en cours de partie sont tous très soignés, on les reconnaît rapidement (quand on a le temps de les regarder, ce qui n'arrive pas souvent au joueur). Les décors sont variés, parfois très beaux, parfois moins, mais dans l'ensemble c'est plus qu'honorable.

L'animation est fluide, mais par moments il y a tellement de choses à l'écran que ça patine un peu. Comme pour les autres productions de Banpresto basées sur des animés, on assiste à des phases d'animation des robots aussi proches que possible de celles de leurs homologues sur petit écran. Ainsi par exemple, quand Great Mazinger utilise sa super-arme (le Thunder Break), on le voit qui lève l'index et appelle la foudre. Le spectacle est assuré.

La super-arme de chacun des robots. On reconnaît le Breast Fire de Mazinger Z,
le Thunder Break de Great Mazinger, mais d'où sort cette attaque de Goldorak ??
Notez le visage des pilotes, dans le petit médaillon en haut à gauche, qui crient quand ils lancent leur attaque.

Les bruitages des explosions sont corrects. On a aussi droit à une musique par niveau, reprenant (certainement) celles des animés. Là où c'est plus marrant, c'est qu'on a droit aux voix des personnages. Au début de la partie, chacun lance sa phrase fétiche ("Mazin, gô !" pour Alcor ou "Dizer, gô !" pour Actarus), et comme j'expliquais que chaque couleur a un effet visuel différent pour chaque robot, eh bien chaque pilote va annoncer son attaque pour chaque super tir de chaque couleur, sans compter la super-arme propre à chaque mecha, ce qui fait tout de même 12 phrases différentes. De plus, quand il se fait toucher, le cri de douleur du pilote rappelle le joueur à l'ordre. Au final, le jeu a une ambiance sonore survoltée.

Pour finir...

Surfant certainement sur la vague de Goldorak : le Festin des Loups, les conversions de Mazinger Z viennent de sortir en novembre 2023 sur Switch et PS4/PS5. À 15 euros tout de même, ce qui visiblement est deux fois plus cher que les autres rééditions arcade qui sont sorties ces derniers temps.

Bref, en dehors des jeux de la série Super Robot Taisen sortie presque exclusivement au Japon, où à peu près tous les robots d'animés font leur apparition au moins à un moment, il me semble qu'on n'a jamais eu droit à un autre jeu que Mazinger Z où Goldorak est réellement jouable. De plus, la qualité de Mazinger Z et le fait qu'il soit un des premiers manic shooters lui donne une aura plus que respectable. Pour au moins ces deux raisons, sans compter l'aspect affectif, il mérite largement sa place sur Grospixels.

JPB
(18 décembre 2023)
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