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Le mur de Berlin va sauter
Année : 1985
Système : Apple II
Développeur : Froggy Software
Éditeur : Froggy Software
Genre : Aventure
Par Bernard (23 mai 2005)

Quelque temps avant de nous mettre dans la peau d'un Nestor Burma (cf La Java du Privé), Tristan Cazenave a créé, avec un camarade de classe (Yves Labesse) et l'aide du patron de Froggy Software Jean-Louis Le Breton, une aventure d'espionnage : Le Mur de Berlin va sauter.

Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans...

Le mur de Berlin, une infâmie divisant la capitale allemande en 2 camps retranchés à l'intérieur desquels les puissances occidentales et le bloc soviétique se sont regardés en chiens de faïence, les coups bas en plus, pendant près de 30 ans (1961-1989)...

Berlin, plaque tournante des imbroglios d'espionnage, véritable planche de salut pour tous les candidats à la liberté avec le fameux « Checkpoint Charlie », est donc le cadre de votre nouvelle mission. Vous incarnez Adolf Actif, célèbre espion que les gouvernements étrangers nous envient... Votre mission consiste tout simplement dans la traque de l'un des terroristes les plus machiavéliques de cette fin de 20ème siècle : Carlus.

Au service de sa majestueuse république...

NB : toute ressemblance ou quasi-homonymie avec des personnages et lieux historiques ne sont que le fruit délirant de l'imagination du scénariste (qui à l'époque était en classe de 1ère lorsqu'il conçut ce scénario).

Une ambiance à couper au couteau

Le mur de Berlin va sauter est donc un huis-clos. Vous ne pouvez sortir de cette ville sans avoir mené votre mission à bien, et de plus toute tentative de votre part de sortir des espaces autorisés vous sera interdite. C'est que les policiers berlinois ne rigolent pas.

Même dans le métro la discipline règne !

Comme dans tout jeu d'aventure, le scénario est plus ou moins tarabiscoté. Ici, en confiant les manettes à Yves Labesse, celui-ci nous a gratifié d'un des scénarios les plus tordus de cette époque des jeux vidéo. Explication de texte : l'ambiance du huis-clos et le petit nombre de protagonistes rencontrés (surtout au début où quasiment toutes les portes vous sont closes) ont de quoi vous faire rapidement tourner en bourrique.

Et pourtant, Ich bin ein Berliner, disait Kennedy...

Le moindre faux-pas est sans appel, ce qui correspond bien au contexte de l'époque. Si vous vous faites repérer par les puissances ennemies ou faites preuve d'un manque singulier de tact quant à l'appréhension de votre terroriste, vous finirez criblé de balles...

Une ambiance de mirador pour un trait final sur votre carrière.

Votre premier objectif : la mission

Dans la foulée de la marque de fabrique de Froggy Software (humour déjanté), vous aurez le plaisir, à travers votre personnage Adolf Actif, de laisser libre cours au côté obscur de votre psyché. À titre d'exemple, vous faites preuve apparemment d'une certaine rancœur vis-à-vis des forces de l'ordre...

Le policier de service dans ce quartier berlinois en fera les frais : outre la violence sur agent de la force publique, je vous conseille le vol systématique de ses effets personnels ainsi que l'appropriation de sa carte de police.

Le mur de Berlin va sauter, ou comment charger son casier judiciaire

Totalement désinhibé par rapport au meurtre, vos relations avec autrui tiennent limite du syndrome de « l'Ange du Mal ». S'il faut passer sur le corps de certains protagonistes pour arriver à vos fins, ce ne sont pas les remords qui vous rongent...

On ne fait pas d'omelettes...

De l'influence de ses contemporains

Le scénario du Mur de Berlin va sauter présente quelques parallèles avec d'autres jeux d'aventures Apple ][ de la même époque ou légèrement plus anciens. À titre d'exemple, en profitant d'un tour aux bains douches (malheur à celui qui se trouve sur votre chemin), vous aurez à ouvrir une trappe en fond de piscine, comme dans Sands of Egypt (1982), indispensable à la résolution de l'énigme.

"Mélodie en sous-sol" ou "La Piscine" ?

Par ailleurs, la diversité des éléments constituant votre accoutrement, seul sésame pour entrer dans la boite de nuit « Le Gay Pard » n'est pas sans rappeler la concoction d'un déguisement similaire dans Masquerade...

L'habit ne fait pas le moine.

Enfin, Le mur de Berlin va sauter partage avec Scoop de Loriciel(s) (sorti à la même époque) l'idée d'utiliser le décor affiché pour cacher des messages secrets à l'attention du héros. Ironie de la chose, dans les deux cas, le message est dissimulé parmi les graffitis des toilettes...

Coïncidence ou qui de la poule ou de l'œuf ?

De l'innovation

Contrairement aux autres jeux d'aventures graphiques de l'époque, Le mur de Berlin va sauter fait preuve d'innovations qui ne seront reprises que bien plus tard par d'autres : classiquement, lorsque votre personnage arrive dans une pièce ou cherche à savoir ce qu'il trimbale sur lui (taper I pour faire l'inventaire), le jeu vous répondait avec une liste textuelle des objets présents.

Une liste à la Prévert dans Mask of the Sun.

Le mur de Berlin va sauter apporte ici une interface plus conviviale en affichant une représentation graphique des objets. On sait au moins à quoi ressemble ce que l'on va mettre. Presque une approche digne de McGyver quant à l'utilisation de certains d'entre eux, comme le balai de votre première rencontre.

Au moins on visualise ce que l'on a sur soi.

Enfin, Tristan Cazenave nous a gratifié d'une introduction animée qui laisse augurer de la complexité de l'affaire et des possibles dénouements...

« In media res », comme dirait G.Lucas.

Véritable premier coup d'essai de Tristan Cazenave, Le mur de Berlin va sauter est dans la droite lignée des productions de Froggy Software. Peut-être un peu trop tortueux et moins abouti que La Java du Privé, il n'en reste pas moins une petite perle de la production française à l'issue inévitablement fatale...

Bernard
(23 mai 2005)
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