Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Marc G. (09 février 2004)
Les hommes savent pourquoiAllez les mâles, avouez : qui n'a jamais rêvé, dans sa prime jeunesse, d'incarner un illustre général en chef ? Habituellement, les premiers symptômes apparaissent lors d'un anniversaire ou d'une fête quelconque lorsque l'on reçoit sa première boîte de soldats. La maladie s'accentue assez rapidement avec l'acquisition de modèles réduits, généralement des avions ou autres tanks (échelle 1/35ème). L'engrenage se révèle être irréversible quand on prend part à une partie de Risk chez un copain. Impossible de faire demi-tour. On peut penser que la situation ne peut être pire et pourtant... Alors que l'on passe devant une vitrine des plus sympathiques, notre œil (ou les deux) est attiré par certaines boîtes des plus aguichantes. J'ai nommé Afrika et Stalingrad. De véritables wargames sur plateau. Ce type de jeu apparaît cependant assez lourd à gérer : le bottin de règles habituellement lourdes et complexes, la vaste surface de jeu, les intervenants mobilisés pendant des heures et les cartons symbolisant vos unités s'envolant sous l'action, conjurée ou non, des courants d'airs et du chat/chien/femme/enfant ont généralement raison de notre loisir favori. Mais heureusement, l'informatique vient à la rescousse : au détour d'une sombre ruelle mal famée, on découvre un jeu d'apparence anodin : Decision In The Desert pour Commodore 64. À nouveau les parties s'enchaînent et la vie sociale prend le large. Une évolution s'ensuit avec le changement de micro, notre fidèle Decision de Microprose sur C64 cédant la place au nouveau Gettysburg de SSI sur Amiga. La relance du genreAu fil du temps, les wargames au tour par tour dont on raffole tant se succèdent et, malheureusement aussi, se ressemblent. Le genre semble péricliter rapidement tant le copier/coller fait rage parmi le peu d'éditeurs intéressés par ce style : que ce soit les guerres napoléoniennes, le second conflit mondial, les batailles entre fédérés et confédérés ou le bourbier vietnamien, les titres changent mais le fond reste identique. Ajoutons la concurrence du stratégie temps réel, différent sous bien des aspects, et nous pouvons donc penser que le style s'installe inexorablement dans un marasme où il semble croupir à tout jamais. À l'ouest, rien de nouveau donc, jusqu'au moment ou l'on apprend soudain l'adaptation d'un des plus grands représentant du genre sur notre dernier support favori : Panzer General arrive sur 3DO. Ce dernier, programmé par ceux d'en haut (SSI : Strategic Simulations Incorporation, tout un programme), a été élu wargame de l'année 1994 sur compatibles PC. Comme tous les connaisseurs vous le diront, c'est un double gage de qualité, donc. Analysons sans plus tarder la cause de mon émoi (snif)... Les voyages forment la jeunessePour l'histoire, comme vous l'aurez sûrement deviné, vous endossez la casquette d'un général allemand parti combattre pour son pays dans la plus grande fosse commune qu'ait connu le siècle précédent : j'ai nommé la Seconde Guerre Mondiale. Le jeu vous propose donc de participer aux plus grands engagements livrés par les troupes du Reich aux 4 coins de l'Europe au travers de 38 scénarios. Des reconstitutions fidèles telles que les débuts en Pologne en passant par la campagne de France et l'invasion de l'URSS mais aussi des extrapolations comme le débarquement en Angleterre ou à Washington. Du tout bon donc et qui plus est, jouable à 2. On peut juste reprocher des disparités entre les forces en présence lors de certains scénarios mais il faut savoir que ce programme a d'abord été pensé pour son fabuleux mode campagne (uniquement du côté allemand) qui vous propose de combattre en Europe, en Afrique du Nord ou encore dans l'impitoyable Russie. Les différents scénarios proposés sont bien évidemment tirés de batailles s'étant déroulées durant le conflit mais aussi de situations imaginaires (fond bleu). Signalons que le type de victoire obtenu (majeure, mineure ou défaite) selon la vitesse d'exécution détermine la suite de la campagne. Le tableau ci-après classe les scénarios par ordre chronologique avec le nombre de tours accordés :
Une interface du tonnerreAprès une introduction à base de vidéos de l'époque, nous arrivons à l'écran principal. S'il est bien un aspect souvent rebutant pour ce style de programme, c'est évidemment l'accès aux divers menus et options. Dans le cas qui nous intéresse, nous naviguons aux côtés de la clarté, de l'intuitivité mais surtout, de l'abondance (j'exagère à peine). Place aux images : En sélectionnant une unité, nous accédons à diverses options, accessibles ou non selon le type : Vol au dessus d'un nid de coucouMaintenant que l'interface n'a plus aucun secret pour vous, attaquons sans plus tarder la campagne principale et survolons les premiers pas d'un joueur lambda... On commence par la cinématique d'introduction de mission suivie du briefing (l'accent allemand lors de l'allocution est particulièrement savoureux) : la Pologne sera donc votre première victime. Comme je suis un gros nul, je sélectionne la vue des troupes adverses ainsi que le pourcentage d'effectifs sous les unités. Les cases claires sont celles couvertes par le champ de visions de vos divisions. Curieux de nature, je quantifie le nombre d'unités dont je dispose : 7 divisions d'infanteries, 3 blindées et 1 d'artillerie. Tant que j'y suis, un tour sur la carte générale me permet d'apprécier les forces adverses et les objectifs dont je dois m'emparer. Je déplace courageusement ma 3ème Pz jusqu'au contact de la cavalerie polonaise : les prévisions me laisse à penser que cette attaque est sans risque pour mes blindés. La vue de la bataille qui s'ensuit me conforte dans cette idée. Victoire ! Une première attaque ne suffisant pas à annihiler l'adversaire, je me trouve dans l'obligation de faire intervenir la 2ème Pz. Le succès est ici total. La route vers Kalisz, la cité au nord, est enfin ouverte. Il suffira de positionner l'artillerie, sous le couvert de l'infanterie et de la dernière Pz, à portée de la ville pour la faire tomber au second tour. Je n'oublie cependant pas l'artillerie massée derrière la ville qui sera écartée par l'infanterie préalablement disposée à l'ouest. Après avoir déplacé toute les forces mises à ma disposition, je m'attarde dans le menu achat : infanterie, blindés, matériel de reconnaissance, canon anti-tank, artillerie... sont les types d'unités accessibles que je peux acquérir via les points de prestige (la monnaie du jeu) accumulé lors des occupations de villes ou la destruction d'unités adverses. Ceci fait, je termine enfin le tour. Après quelques tours de jeu, si les plans se sont bien déroulés, le glorieux assaut sur la dernière ville importante peut enfin être lancé. Au passage, notons les cases claires lors de l'activation d'une unité : elles représentent les différents endroits accessible par la division. La victoire est enfin mienne. Impossible de terminer ce paragraphe sans vous signaler les traditionnels paramètres pris en compte par ce wargame :
Dans le cas ou vous jouez en « aveugle », ne sous-estimez pas les unités de reconnaissance aériennes et terrestres. Indispensable. DynastieSuite à un succès plus que mérité lors de sa commercialisation, des adaptations furent mise en chantier : après le PC (1994), la 3DO (1995) et la Playstation (1996) succombèrent à leur tour. Non content de tout cela, des suites, toutes basées sur le même canevas, virent aussi le jour : Allied General (ou Panzer General II sur Playstation), Pacific General, Fantasy General et Star General naquirent et, même s'ils subirent des fortunes diverses, apportèrent chacun leur pierre à l'édifice du tour par tour. Notons que les 3 derniers n'eurent pas les honneurs d'une adaptation console. Ces 5 jeux, édités par SSI (paix à son âme), sont aussi connus sous le nom de Five Stars Series. ConclusionPanzer General mérite sans conteste l'obtention du titre de « premier wargame digne de ce nom » consacré à la Seconde Guerre Mondiale. Je ne vais pas m'attarder sur la simplicité des graphismes, l'animation minimaliste et la musique on ne peut plus répétitive qui sont indissociables, tout du moins à l'époque, de ce style du programme. La force de ce jeu réside plutôt dans son intérêt quasi-illimité, son accessibilité, la gestion de paramètres comme le type de terrain, la météo ou le ravitaillement et le souci historique apporté à l'ensemble. Si j'ajoute que les 2 premiers titres de la série sont tombés dans l'abandonware, il ne reste plus aucune excuse pour ne pas s'adonner aux plaisirs de la stratégie en chambre. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (11 réactions) |