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Red Dead Revolver
Année : 2004
Système : Playstation 2, Xbox
Développeur : Rockstar
Éditeur : Rockstar Games
Genre : Action / Aventure
Par Tienou (30 avril 2007)

Bienvenue ! Bienvenue dans un monde sauvage, un monde de brutes ou la loi du plus fort est la seule respectée. Bienvenue dans l'Ouest Américain, le monde de Red Dead Revolver. Ce monde, on le connaît tous, c'est celui du Western, plus particulièrement du Western Spaghetti.

Red Dead Revolver est au départ un projet de Capcom. Il semble d'après certaines vidéos que l'on peut trouver sur le web, que ce projet était plutôt bien avancé quand Capcom l'a abandonné pour de mystérieuses raisons (un potentiel commercial incertain ?). Le bébé a donc échoué dans les bras de Rockstar San Diego, équipe responsable des Midnight Club ainsi que de Table Tennis, entre autres. Le jeu sort en 2004 et malgré de bonnes critiques il est loin de rencontrer un franc succès, la preuve en étant que quelques mois après sa sortie on le trouve à bas prix dans le commerce. C'est d'ailleurs la raison qui m'a poussé à l'acheter, et bien m'en a pris puisque j'ai découvert un jeu doté d'une vraie personnalité, proposant beaucoup de bonnes choses pondérées par quelques défauts, donnant un certain piment à l'ensemble.

Une fois la galette rentrée dans le lecteur de votre console, une cinématique se lance qui met tout de suite dans l'ambiance. Musique d'Ennio Morricone (tirée du film Ciel de plomb, de Giulio Petroni [1968]), grain de l'image et format d'un film en technicolor des années 60 (le jeu est compatible 16/9), présentation des personnages en action, on est bien dans un western. Red Dead Revolver est un jeu d'action à la troisième personne dans lequel il va falloir tuer beaucoup de monde, et ce en endossant plusieurs personnalités. En effet, on incarnera tour à tour six protagonistes, dont l'un des méchants.

Voici la liste des personnages :

  • Red : c'est le héros du jeu. C'est un chasseur de prime désabusé, très inspiré des personnages joués par Clint Eastwood dans sa période Sergio Leone. Le père de Red a été assassiné alors que notre héros était tout jeune et le jeu raconte l'histoire de sa vengeance. Il utilise trois styles d'armes : le pistolet, le fusil et l'arme de jet.
  • Jack Swift : Jack est un tireur d'élite anglais, venu aux États-Unis pour éviter la pendaison dans son pays. Engagé dans un cirque grâce à ses talents de tireur, il a des ennuis avec ses employeurs. Red va le sortir d'affaire et en faire un allié. L'arme de prédilection de Jack est le duo de pistolets (un dans chaque main).
  • Annie Stoakes : Jeune fermière dont la ferme et les terres sont convoitées par le gouverneur, elle va devoir se battre pour chasser les intrus de son territoire. Elle aussi va rejoindre la bande de Red. Annie utilise de préférence un fusil.
  • Shadow Wolf : C'est le frère de sang de Red. Apprenant que Red a été fait prisonnier, il n'hésite pas une seconde pour aller le secourir. Il en profitera au passage pour faire fuir une tribu ennemie. Shadow Wolf utilise bien sûr l'arc et peut jeter des couteaux.
  • Buffalo : Un soldat noir dont la compagnie a été décimée par les hommes du général Diego. Il est fait prisonnier et forcé à travailler dans une mine. Une fois libéré, il fonce en ville prévenir les autorités du complot qui se trame. Lui aussi utilise le fusil.
  • Général Diego : Un vrai méchant qui a son propre train blindé... comme tout méchant de l'ouest qui se respecte.
Le mode Dead Eye.
Jack et ses deux revolvers.

Le jeu se déroule sur 27 chapitres et on va voir du pays. Tous les lieux typiques du western vont y passer : village mexicain, canyon, saloon, mine, réserve indienne, grandes plaines, ville fantôme... Pour traverser tous ces lieux nos héros seront bien armés et bénéficieront d'actions diverses : le personnage peut sauter, monter sur les toits, faire des roulades, se cacher derrière des éléments du décor et tirer depuis cette position protégée... Par ailleurs les armes de nos héros peuvent disposer d'un tir secondaire comme un lance-grenade ou un indicateur de cible.

Mais les éléments indissociables du gameplay de Red Dead Revolver sont le Dead Eye et le duel : sous de la barre de vie se trouve une jauge, donnant la réserve de Dead Eye. Une fois enclenché en appuyant sur le stick gauche, cette fonction permet de ralentir le mouvement des ennemies mais aussi de verrouiller des points vitaux sur leur corps (ceci se fait automatiquement au passage du curseur). On peut « locker » autant de cibles qu'il reste de balles dans le chargeur du personnage incarné, et ce tant que la jauge n'est pas vide. Par contre les personnages utilisant un fusil avec un tir secondaire ne peuvent pas utiliser le Dead Eye.

La fameuse attaque du train.
Ils ont mis le feu à la grange d'Annie !

À des moments précis du jeu, la vue passera au niveau de la ceinture du héros, en gros plan sur sa main et son holster. C'est la phase de duel qui se déroule en trois temps :

  • Dégainer : on dégaine avec le stick droit, attention de bien attraper votre arme avant de relever le bras sinon cela engendrera une perte de temps pour se ressaisir de son arme, souvent fatale.
  • Viser : on passe en mode Dead Eye. La seule différence (notable) avec le mode en cours de jeu c'est qu'ici il faut verrouiller manuellement. Ceci s'explique par le fait qu'il y a trois types de cibles : égratignure, blessure et état critique.
  • Tirer : le personnage tire lorsque les six cibles sont verrouiller ou lorsque le temps de Dead Eye est terminé, ou enfin lorsqu'on relâche le stick droit. Une cinématique indique alors qui a remporté le duel.

Comme on l'a vu au dessus, le joueur verra bien des paysages différents, mais aussi diverses situations évoquant tous les poncifs du Western. On pourra en effet défendre un train d'une attaque de bandits de grand chemin, attaquer une diligence ou un train blindé depuis un cheval au galop, jouer à l'indien furtif dans la forêt, prendre part à une bagarre dans un saloon, participer à un concours de duel et rejouer une scène de Le bon, la brute et le truand en faisant sauter un pont séparant deux armées ennemies (le jeu se passe bien sûr en pleine Guerre de Sécession). Tous ces morceaux de bravoure se terminent par un affrontement contre un boss, souvent issu du bestiaire spaghettien lui aussi.

Red Dead Revolver demande une toute petite dizaine d'heure pour être terminé en mode normal. Ceci fait, un mode Tireur d'Élite est disponible, permettant de rejouer les chapitres terminés avec de nouveaux objectifs. Mais certains d'entre eux s'adressent uniquement aux joueurs hardcores tant ils sont surréalistes. Le jeu contient aussi une partie multi-joueurs en écran séparé : deux ou quatre joueurs s'affrontent en deathmatch dans diverses arènes avec de nombreux personnages (qui se débloquent en progressant dans le mode solo). Ce mode est plutôt réussi et aurait mérité de pouvoir être pratiqué en ligne. En l'état il reste plutôt anecdotique, le fait de jouer sur un coin d'image étant très préjudiciable à l'ambiance d'un bon Western.

Un magasin ou Red peut acheter de nouvelles armes ou des pages du journal dont le contenu développe le background du jeu.
Pig Josh un des boss du jeu qui donne des cheveux blancs si on a pas la méthode...

Red Dead Revolver n'est pas un jeu à la technique démentielle mais le côté artistique du travail des p'tits gars de chez Rockstar est parfait et la fluidité (60 images/seconde) constante. Comme je l'ai déjà dit on a droit à plusieurs formats d'écran et de nombreux filtres sont utilisés pour vieillir l'image, lui donner l'aspect d'un film 35mm. Quand au flou omniprésent dans le jeu (en particulier sur les côtés de l'image), certains diront que c'est pour cacher la misère, d'autres comme moi que c'est pour retranscrire cette chaleur qui écrase tout.

Enfin il ne faut pas passer à côté de cette bande-son absolument fantastique qui pousse elle aussi à avancer dans le jeu pour découvrir de nouveaux morceaux magnifiques, associés à une mise en scène d'une efficacité terrible. Certains de ces morceaux (composés entre autres par Stelvio Cipriani, Bruno Nicolai, Nino Rota et bien sûr Ennio Morricone) sont tirés de BOF de films spaghettis des années 60-70, d'autres sont plus récentes. Tous les titres sont à la fin du livret. En fait je pense que ce jeu mérite d'être acheté rien que pour sa bande-son.

Mais alors allez-vous me demander : « Dis Étienne, des scènes d'anthologie, une musique terrible, une direction artistique au poil, tout un tas de personnage différents à jouer, tu nous parles du jeu parfait là ! ». Hé bien non mes petits amis, je vous parle d'un jeu que certains, même parmi la communauté grospixellienne, ont qualifié de « vraiment mauvais » pour rester poli. En effet Red Dead Revolver fait partie de ces jeux qu'on adore ou qu'on déteste. Voici les raisons de ce bipartisme : l'intelligence artificielle peut être qualifiée de capricieuse. Un ennemi pourra penser à ce cacher derrière un élément du décor, mais si le joueur le contourne il arrivera qu'il ne bouge pas, laissant tout loisir de lui ajuster une balle dans la tête. Parfois même certains ennemis ne bougent plus. Mais surtout ce qui peut fâcher avec ce jeu, c'est son ergonomie, et là même un fan comme moi doit avouer que Rockstar San Diego n'a pas fait du très bon boulot (on en vient même à se demander si la version Capcom du jeu n'aurait pas été plus jouable étant donné qu'elle semblait assez différente). Cette maniabilité hasardeuse peut transformer un affrontement contre un boss en arrachage de cheveux à cause d'une caméra qui fait n'importe quoi ou d'un personnage qui ne répond pas parfaitement. En ce qui me concerne, le seul moment ou j'ai eu un vrai gros problème est le concours de duel puisque je n'arrive toujours pas à maîtriser cet élément du gameplay, et le boss qui le conclut m'en a fait baver.

Le seul conseil que je pourrais donner à une personne intéressée par ce jeu est de l'essayer et de ne surtout pas écouter les critiques négatives, de se faire sa propre idée. Le background et l'action trépidante sont tellement forts qu'ils permettent d'oublier tous les détails négatifs de ce jeu.

Tienou
(30 avril 2007)