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Reportage : Jaguar Connexion 2005
Le compte-rendu de la Jaguar Connexion 2005 qui s'appelle désormais Atari Connexion. Reportage 100% Grospixels.
Par David & Phyl (08 mars 2006)

Voilà, à l'occasion de la prochaine Atari Connexion, je me décide enfin à faire un compte-rendu de l'édition de 2005. Il serait en effet dommage que certains d'entre vous, ne sachant pas vraiment ce qui s'y trame et l'ambiance qui y règne, manquent ce rassemblement. Le rendez-vous était donc pris il y a presque un an le 25 avril 2005. Un tel événement ne pouvait pas rester inconnu des instances Grospixelliennes. C'est donc le coeur léger que nous partîmes aux aubes (à prononcer avec la liaison), David et moi, toujours à la recherche d'une dose de rétro un peu plus forte. En dépit de ses protestations, je décidai de prendre mon véhicule pour nous rendre sur place, ayant un souvenir douloureux de la « Black Car attitude » dans les rues étroites de Londres ou de Tokyo. Ceux qui pensent que le rassemblement a lieu dans une zone urbanisée se trompent. La Jaguar connexion 2005 se tient à la salle des fêtes de Congis sur Therouanne, petit village sympathique de Seine-et-Marne. À ce propos je recommande fortement l'emploi d'un GPS pour se rendre sur les lieux, les cartes routières n'étant pas forcément très précises avec les petites routes. Cela dit, une fois qu'on est dans le village, la salle des fêtes n'est pas très difficile à trouver.

La salle des fêtes de Congis-sur-Thérouanne. Comme la photo ne l'indique pas forcément très clairement, on vient du monde entier pour participer à la Jaguar Connexion - cf les plaques minéralogiques de ces voitures.

Après deux heures de route sans problème (sauf pour mon oreille droite qui a pendant ce temps subi les assauts répétés d'un rétro gamer pour le moins prolixe), nous arrivons aux abords de la salle des fêtes de Congis. Il y a manifestement quelque chose qui se passe dans ce bâtiment. Nous nous présentons à l'entrée et nous faisons connaître. Xirius nous accueille chaleureusement et nous invite à nous mettre à l'aise. Difficile cependant de faire autrement en pénétrant dans une telle ambiance. En effet, des quatre coins de la salle, des bits musicaux s'échappent par groupe de 8 ou 16 et viennent flatter mon oreille encore toute endolorie. Des individus étranges vont et viennent dans les lieux, le teint blafard les yeux injectés de sang, le regard vide mais animé de cette lueur indéfinissable qu'ont dans les yeux les gens passionnés.

La partie gauche de la salle est consacrée aux machines fabriquées par Atari...
... tandis que la partie droite est envahie de machines de marques très très (mais alors très) diverses.
Vue depuis l'estrade qui la surplombe à son extrêmité, la salle révèle les mille et un trésors qu'elle contient.

Pour un oeil non exercé, on pourrait penser que l'on a affaire à la cour des miracles. En effet, il saute aux yeux qu'on n'est pas la pour un défilé de mode ou la cérémonie des Césars. Mais, les retrogamers que nous sommes vont petits à petit s'émerveiller de ce que nous allons voir. La salle est petite, il peut en ressortir une impression que l'on va vite en faire le tour. Il n'en est rien, chaque centimètre carré de l'espace utilisé recèle de nombreux trésors. C'est ainsi que nous avons pu observer sous toutes leurs coutures les objets fabuleux ci-après :

- Bricolages en tout genre autour de matériel d'arcade. Notez au passage cette magnifique mamebox noire entièrement faite en bois d'arbre et peinte à la main qui semble faire toute la fierté de son concepteur. Il s'agit d'un système autonome tournant sous Linux. Celui-ci ne nous en dira cependant pas plus en ce qui concerne sa conception car il nous a semblé comprendre qu'il les commercialise.

Une Mamebox faîte maison tournant au poil. Très ergonomique, elle dispose d'un menu de sélection des jeux créé spécialement par son concepteur.
Une carte Jamma du jeu d'arcade de Sonic, injouable sans les trackballs qui vont avec !
Sonic arcade en pleine action. Juste à côté, des Megadrive I et II et, hors-champ, une Saturn, envahissent le peu de place qu'il reste à cette antre dédiée au dieu Sega.
Une autre Mamebox pour le moins étonnante!
L'arrière de la bête. Rien n'a été laissé au hasard, puisque même une prise péritel équipe cette Mamebox éminemment portable.

- Toujours dans la catégorie bricolage, un fanatique de la VCS nous fait la démonstration d'une cartouche bricolée pour accueillir une SD-Card remplie à ras-bord des roms de ses jeux favoris, évitant ainsi de trimbaler trois valises de cartouches.

La console Atari 7800, l'un des grands fiascos d'Atari. Rétrocompatible avec l'Atari 2600, elle permet de s'adonner aux grands classiques de la console phare du début des années 80 - ici, Circus.
Si on y regarde de plus près, la cartouche enfichée dans la console présente quelques singularités. Une petite fente placée à son sommet attise notre curiosité. A l'écran, un menu de sélection de jeux 2600 et 7800 apparaît.
Retirée de la console, nous découvrons une cartouche étonnante, produite en très petite quantité aux Etats-Unis, et renfermant une carte mémoire de 64MB. Elle permet à son possesseur de transporter, outre l'intégralité de la ludothèque de l'Atari, toutes sortes de productions faîtes maison. Un sacré plus!
Juste à côté de l'Atari 7800 siège une console Atari 2600 entièrement portable, puisque littéralement intégrée à une saccoche souple, et câblée en conséquence. Le moniteur Sony, de petite taille, acompagne intelligemment le duo, et permet donc de jouer à la 2600 partout. Enfin presque.

- Le rassemblement est aussi l'occasion pour les participants de se mesurer aux autres sur les jeux à accessoires qui font le bonheur des collectionneurs, mais qui mettent chaque jour leur vie sociale en danger, notamment lorsqu'ils essayent de faire partager leur passion à leur entourage proche. La Jaguar Connexion a donc aussi une vertu thérapeutique. Notez aussi la splendide gamecube en rose customisée Diddy (je sais plus le nom exact de la souris idole des écolières de 8 ans) qui a fait l'objet d'un tutoriel très détaillé sur le net. Un collector en somme...

Donkey Konga à 4: le pied intégral! On distingue le Gamecube Diddy juste à côté du téléviseur.
Samba De Amigo et ses maracas: inégalable.
Mine de rien, ce jeu vaut une petite fortune.
Un autre rhythm game, jamais importé en Europe: Taiko no Tatsujin, sur PS2.

- Nous pouvons également voir au passage que la Dreamcast fait encore l'objet de quelques projets. Vous pouvez voir ici tourner un jeu de plate-forme développé en amateur.

Le prometteur Alice Dreams, déjà bien avancé lors de la convention.
Le prometteur Ikaruga, déjà terminé lors de la convention. Sont forts, ces Japonais.

- J'ignore si le phénomène est commun à toutes les Jaguar Connexion, mais lors de cette édition, il y avait un fort engouement pour les consoles portables de nouvelle génération. La récente sortie de la Nintendo DS et celle imminente de la PSP y sont sans doute pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, des modèles plus exotiques sont bien sûrs de la partie (notamment des GP 32, et bien sûr des Lynx). Cela nous permettra d'ailleurs de nous faire une idée en avant-première de la qualité de l'écran de la PSP, mais aussi hélas de ses temps de chargement...

Des Nintendo DS...
Des PSP...
Mais aussi des Gameboy, des Game Gear, des Pokemon Mini, des (gloups) Supervision (un clône abominable du Gameboy, sorti à peu près au même moment)...
Des Neo Geo Pocket, des Wonderswan, des GP32...
Un Virtual Boy...
Des Lynx en pagaille...
... et des garçons aussi.

- Un peu plus loin, deux adorateurs de Jeff Minter s'affrontent sur le légendaire Tempest 2000 sur Jaguar, dans le mode le plus jouissif du jeu. On touche ici du doigt tous les esprits de la Jaguar Connexion...

Tout au long de la journée de dimanche fut organisé un concours sur Tempest 2000. Scandale pour moi qui découvrais cette version Jaguar: le jeu ne tournait pas en 50/60 fps. Jeff Minter ne se drogue plus, je ne vois pas d'autre explication.

- Au fur et à mesure que l'on s'intéresse aux différents stands, la mémoire s'affole, les souvenirs déferlent, beaucoup de fantasmes de notre enfance refont surface, et on se prend à nouveau à laisser divaguer son esprit sur les machines et les softs qui ont construit notre culture de gamer. La Jaguar Connexion, c'est avant tout un voyage dans le temps, un voyage organisé cependant. Il y a bien sûr nombre de machines rares ou moins rares que tout joueur qui se respecte connaît, mais c'est aussi l'occasion de découvrir des engins à la limite de la légende, ou dont on ne soupçonnait même pas l'existence... C'est ainsi que nous avons pour la première fois pu voir le très "confidentiel" Nuon, des prototypes de consoles inconnus, plusieurs versions de la 3DO dont la célèbre carte pour PC de chez Creative, un Panasonic Q, un modèle de Sega Genesis fabriqué par Pioneer, la moitié des stocks européens de GX4000 (l'autre moitié est chez Nordine - NdD), un Virtual Boy, ou encore le célèbre adaptateur de cartouches VCS pour Colecovision. La manifestation n'est donc pas raciste, mais on n'en doutait pas.

La Saturn et l'extraordinaire Radiant Silvergun.
Une vieille Famicom.
Un stand SNK absolument incroyable: ici, une quantité faramineuse de produits Neo Geo Pocket...
... et là, une Neo Geo, avec de très nombreux jeux.
Voici un stand beaucoup plus éclectique, où se cotoient la crème de la crème en matière de consoles japonaises - les PC-Engine Duo-R, GT et de base - et la meilleure console occidentale de salon depuis longtemps - la XBox, ici dans sa version japonaise DOA limitée. Beaucoup d'intégristes de l'un ou l'autre des deux camps devraient s'inspirer de cet heureux mélange des genres. Au premier plan, le monstrueux X-Arcade, idéal pour jouer sur sa XBox pucée.
Deux platines de DVD Nuon. Deux échecs retentissants.
Quelques uns des jeux disponibles sur Nuon. Comme à son habitude, Jeff Minter est sur tous les coups, même les plus improbables - après Tempest 2000 sur Jaguar, voici Tempest 3000 ! Jeff aime les consoles mortes-nées.
Perdue au fond de la salle, près des toilettes, une Master System fait tout ce qu'elle peut pour montrer qu'elle aussi, a le droit d'exister. Sa version d'R-Type disposait, malgré des scintillements omniprésents, d'un niveau totalement inédit.
La Jaguar et son lecteur de CD.
Les jeux sur Jaguar ne se sont pas résumés à Alien vs Predator et Rayman; la preuve!
Pinball Dreams sur Amiga 1000! Je veux jouer! Je veux jouer!
Une Twin Famicom - un modèle de Famicom intégrant le Disk System.
Diverses consoles Atari des années 70, dont deux Video Pinball à gauche, et un Super Pong en haut à droite. Au milieu, un énième design de l'Atari 2600; et à l'extrême droite, un truc qui sent bon la contrefaçon made in Taiwan: le Super TV Boy! Tout un programme.
Une 3DO sur mon PC? Pas possible?!
Deux 3DO accompagnées du jeu responsable de beaucoup de ses (maigres) ventes: Wing Commander III.
Grand souvenir pour beaucoup de Français; véritable cauchemar pour une poignée d'autres: l'Amstrad CPC 6128 ! A sa droite, la manette idéale pour se fouler le poignet: le Speed King, de Konix.
No comment.
L'illustre adaptateur VCS pour la rolls des consoles du début des années 80: la CBS Colecovision. A quand un adaptateur PS2 pour XBox?
Une carte Jamma Hyper NeoGeo 64, et quelques jeux à vendre. Dans un coin de la salle, un professionnel anglais spécialisé dans le retrogaming était venu proposer à la vente de très nombreux articles Atari, dont beaucoup encore sous cellophane.
Une collection quasi-complète des Sega Ages sur PS2.
La N64, qui aime à nous rappeler la qualité de son affichage vidéo.
De plus près, le Gamecube version Diddy; au-dessus, le Gamecube métallisé Made By Panasonic; à gauche, une Megadrive surmontée de son module 32X, et, juste en-dessous, l'étonnant lecteur combo laserdiscs / cartouches Megadrive de chez Pioneer.
De plus près, le CLD-A100 montre son ambivalence: console Megadrive à part entière, mais aussi console de jeux sur laserdiscs. Ce lecteur étonnant se voulait être le concurrent direct du tout nouveau CD-I de Philips.
Le Multi-Mega, console regroupant sous un seul capot de traille résuite une Megadrive et un Mega-CD.
Deux manettes Wico qui rappelleront de bons souvenirs à nombre d'entre nous.

- Cela dit, un espace de choix était tout de même réservé à une batterie d'Atari ST, et à un très puissant et mythique Falcon qui donnait toutes ses tripes (d'ailleurs, elles étaient à l'air libre) sur les meilleurs démos de la scène Atari d'hier et d'aujourd'hui.

Quelques Atari ST...
... et un Falcon suréquipé - tellement que plus rien ne rentre dans le boîtier!

- Un autre espace était dédié à une compétition à 10 joueurs sur la version Saturn en haute-définition de Bomberman, le tout projeté sur grand écran. Encore un fantasme assouvi.

- Ah oui j'oubliais : le midi, une collation rapide mais suffisante est servie par les organisateurs. À propos de ces derniers, je tiens quand même à saluer leur détermination, leur gentillesse, leur disponibilité, et surtout leur motivation pour rendre possible un tel événement chaque année.

Ainsi se termine notre visite à la Jaguar Connexion 2005, qui change de nom dès la prochaine édition pour désormais s'intituler Atari Connexion. Si le nom d'Atari évoque pour vous autre chose qu'un commercial chauve et peu scrupuleux, ou tout simplement si les blips électroniques des vieilles machines vous fascinent encore comme au premier jour, je ne saurais que trop vous recommander de faire un petit tour à cette manifestation, certes peuplée d'illuminés, mais avant tout passionnés. Voilà, il ne nous reste plus qu'à faire le chemin inverse qui se déroule sans encombre, et pour rester dans l'ambiance rétro, nous profitons du voyage retour pour se faire un petit blind test musical des années 80. Finalement, en matière de musique, David n'a pas si mauvais goût...

David & Phyl
(08 mars 2006)